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Le Moyen-Orient après la Guerre froide
I-L’effacement de l’ordre ancien
1 Effondrement de l’alliance soviétique
La disparition de l’URSS en 1991 scelle l’échec du système soviétique. Il avait longtemps
réussi à masquer sa faiblesse, par le secret et par une attitude agressive. Mais au Moyen-
Orient son influence était en recul depuis les années 1970.
Egypte - Elle est la première à quitter l’alliance soviétique. Depuis la crise de Suez
(1956) Nasser était resté proche de l’URSS. Il meurt en 1970. Son successeur, Anouar el
Sadate, ne croit plus, ni au socialisme arabe, ni à la fiabilité de l’alliance militaire russe.
En juillet 1972, il renvoie les 20.000 conseillers militaires soviétiques installés en
Egypte. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à recevoir des armes soviétiques, et à
bénéficier du soutien de Moscou dans la Guerre du Kippour de 1973 (voir plus haut).
Après le demi-succès égyptien dans la Guerre du Kippour, Sadate prend
résolument une nouvelle orientation politique que l’on peut résumer en trois points,
évidemment liés entre eux :
1) Retirer l’Egypte du conflit israélo-arabe, ruineux et sans perspective réelle de
victoire.
2) Moderniser l’Egypte par l’ « infitah » (ouverture), politique de libéralisation
économique et d’appel aux investissements étrangers, ce qui représente une
rupture évidente avec le « socialisme arabe ».
3) Se rapprocher des Etats-Unis, indispensables à la fois comme avec médiateurs
avec Israël, et comme pourvoyeurs d’aide économique pour l’ « infitah ».
Cette politique aboutit aux accords de Camp David (1978), signés sous le
patronage du président américain Jimmy Carter. L’Egypte reconnait Israël, se retire du
conflit, et obtient en échange la restitution du Sinaï. Désormais l’Egypte est très
clairement dans le camp des Etats-Unis.
Syrie et Irak - Les autres états arabes dénoncent comme une trahison l’accord
entre l’Egypte et Israël. Ils constituent un « front du refus » avec lequel l’URSS resserre
ses liens, surtout avec la Syrie et l’Irak. Mais cette alliance va rapidement connaitre des
déboires.
L’Irak de Saddam Hussein avait signé un traité d’amitié avec l’URSS en 1972. En
1979-80, Saddam se rêve en nouveau dirigeant du monde arabe, après que l’Egypte ait
été mise à l’écart. Il veut affronter l’Iran de la révolution islamique (voir plus bas), et
pour cela il choisit de se rapprocher de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis. Dès 1980, ce
n’est plus un allié sûr pour l’URSS.
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La Syrie est en première ligne dans la confrontation avec Israël. En juin 1982,
Israël fait entrer son armée au Liban, pour en chasser l’OLP. La Syrie, qui a toujours
considéré le Liban comme sa chasse gardée, est également présente militairement. Le 9
juin 1982 les deux aviations s’affrontent au-dessus de la plaine de la Bekaa : F15 et F16
américains pour Israël, contre MIG 21 et MIG 23 soviétiques pour la Syrie. En deux
heures, l’aviation syrienne subit une sévère défaite et perd l’essentiel de ses appareils.
On peut expliquer la défaite par l’infériorité du matériel soviétique ou par le fait que
l’URSS, qui reste dans une logique de détente Est Ouest, n’a pas livré aux Syriens son
meilleur matériel. Qu’on retienne l’une ou l’autre hypothèse, la conclusion est la même :
l’alliance militaire avec l’URSS n’offre pas de protection absolue.
Enfin l’URSS de Gorbatchev partir de 1985) est plus préoccupée par ses
problèmes intérieurs que par de grands projets au Moyen-Orient. Elle fait savoir à la
Syrie qu’il faudra désormais payer les livraisons d’armes.
Tout ceci est balayé par la tornade de 1989 1991 : le mur de Berlin tombe, les
démocraties populaires s’écroulent en Europe, l’URSS disparait en décembre 1991. En
1992 il n’y a évidemment plus d’alliance soviétique au Moyen-Orient. Cela laisse-t-il la
place à un ordre entièrement organisé et contrôlé par les Etats-Unis ? Non, car un nouvel
acteur est apparu : l’islamisme.
2 Emergence d’un nouvel acteur : l’islamisme
Essayons une définition. L’islamisme ne se confond pas avec l’islam. C’est le
courant porté par les musulmans qui voient dans l’islam, non seulement une religion,
mais aussi un projet de société et un programme politique. Le slogan qui pourrait le
mieux les définir est celui des Frères musulmans (organisation fondée en Egypte en
1928) : « l’islam est la solution ».
Sur cette base s’est lentement construit un mouvement multiforme, dans lequel
on trouve des états, des forces politiques, des courants intellectuels, et aussi de larges
secteurs des sociétés musulmanes partageant plus ou moins l’idée que « l’islam est la
solution ». Un courant aussi large est forcément très diversifié. Il ne faut donc pas
s’étonner d’y trouver des positions très différentes, et parfois de violents conflits.
L’islamisme a longtemps cheminé de façon souterraine, avant de surgir
brutalement au grand jour au tournant des années 1970-80. On peut donner deux
explications à cela. En premier lieu il n’est pas surprenant qu’un héritage intellectuel
aussi riche que celui de l’islam ne se soit pas dissous dans la modernité sans donner son
avis sur l’avenir du monde. En second lieu, l’échec des autres projets de modernisation
(unité arabe, socialisme arabe …) était patent à la fin des années 70. Il y avait place pour
un nouveau porteur d’espoir. Ce fut l’islamisme.
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La révolution iranienne (1978-79) marque l’irruption brutale de l’islamisme
sur la scène mondiale. Le chah d’Iran était depuis 1953 le meilleur allié des Etats-Unis
dans la région. Les revenus du pétrole, surtout depuis le choc pétrolier de 1973, lui
donnaient des moyens gigantesques. Grâce à cela, il pensait pouvoir moderniser son
pays, et dans son esprit ce ne pouvait être qu’une occidentalisation. Il ne voyait pas que
cela heurtait profondément une société restée attachée aux valeurs traditionnelles.
L’alliance avec les Etats-Unis, l’augmentation des inégalités malgré l’enrichissement,
achevaient de discréditer le régime. Toute opposition était muselée par une répression
sévère.
A la fin des années 70, le chah a contre lui une opposition multiforme :
démocrates, communistes, islamistes … Mais c’est le clergé musulman chiite qui prend le
dessus et devient le porte-parole du mécontentement. Le symbole en est l’ayatollah
Khomeiny, réfugié en France. A l’automne 1978, les manifestations sont de plus en plus
violentes et font des centaines de victimes. Le régime du chah ne pourrait être sauvé que
de deux façons. Par une intervention massive de l’armée mais elle est de plus en plus
réticente. Ou par un soutien résolu des Etats-Unis mais après le fiasco vietnamien,
l’Amérique est hésitante, et peu encline à soutenir une dictature. Découragé, le chah
quitte le pays avec sa famille en janvier 1979. L’ayatollah Khomeiny rentre
triomphalement à Téhéran le 1° février.
Quelques mois plus tard, toutes les oppositions autres que les islamistes ont été
éliminées, la République islamique d’Iran est proclamée. Elle entre immédiatement en
conflit avec les Etats-Unis, mais aussi avec l’URSS. Le temps du monde bipolaire est bien
terminé.
3 Echec du nouvel ordre américain
4 Effondrement des vestiges de l’ordre européen
II-La lutte pour un nouvel ordre : acteurs et enjeux
1 Le centre effondré
2 A la périphérie, la renaissance des puissances régionales
3 Les Grands : présence et impuissance
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