Introduction
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Introduction
L’activité de recherche exposée dans ce mémoire résulte d’un travail d’équipe auquel
les doctorants successifs que j’ai eu l’occasion de co-encadrer avec mes collègues ont
beaucoup apporté. J’ai rassemblé ici une partie des travaux portant sur les couches minces à
anisotropie perpendiculaire d’alliages ferromagnétiques métalliques. Les études présentées,
montrent comment le contrôle de l’élaboration des couches et leur caractérisation structurale
poussée permet la compréhension et la maîtrise des propriétés magnétiques. Avec ces couches
minces nous avons pu proposer des systèmes magnétiques modèles pour tester de nouvelles
propriétés et de nouvelles méthodes de mesure.
Outre l’intérêt pour les applications, notamment l’enregistrement magnétique [Nak99],
qui justifie l’engouement apparu dans la communauté du magnétisme, les couches minces à
anisotropie magnétique perpendiculaire sont d’excellents objets modèles pour étudier la
structuration d’un système présentant des tendances antagonistes à différentes échelles. En
effet, dans les couches minces ferromagnétiques, l’effet de forme lié au champ démagnétisant
tend à coucher l’aimantation dans le plan de la couche. D’autre part, les matériaux peuvent
présenter une tendance (anisotropie) à aligner l’aimantation dans la direction perpendiculaire
à la couche. Cet antagonisme conduit à une structure en domaines d’aimantation antiparallèle
que l’échange ferromagnétique organise vers les grandes échelles de longueur par rapport à sa
propre portée.
Les sources de l’anisotropie magnétique sont multiples : anisotropie d’interface,
anisotropie magnéto-élastique, anisotropie magnétocristalline. Pour avoir une influence sur la
structure de l’aimantation, elles doivent être d’intensité suffisante comme nous le verrons sur
un diagramme de phase des états magnétiques, §3. L’anisotropie d’interface ou de surface ne
peut se manifester que pour une épaisseur limitée car l’énergie de champ démagnétisant croît
proportionnellement à l’épaisseur et finit par dominer. L’anisotropie magnéto-élastique,
malgré son caractère volumique se comporte comme un effet d’interface, car son intensité
moyenne décroît avec l’épaisseur à cause de la relaxation plastique [Cha88]. Ces deux sources
d’anisotropie ont conduit naturellement de nombreuses recherches vers la réalisation de
multicouches [Joh95]. Par exemple, les multicouches Co/Pt [Gar88] sont largement utilisées
par de nombreuses équipes comme prototype de couches à aimantation perpendiculaire mais
aussi pour les applications en raison de leur facilité de mise en oeuvre. Néanmoins les
multicouches présentent l’inconvénient de constituer des systèmes hétérogènes et donc plus
complexes. L’aimantation moyenne est souvent limitée par les ratios d’épaisseur entre les
couches magnétiques et non-magnétiques. De plus les qualités cristallines et d’interfaces
peuvent se dégrader avec le nombre de répétitions rendant encore plus délicates les études
systématiques en fonction de l’épaisseur. L’anisotropie magnétocristalline ne présente pas ces
inconvénients, elle nécessite cependant le contrôle de la structure et de l’orientation cristalline
des couches considérées et par conséquent elle requiert des techniques d’élaboration
appropriées. Pour les métaux de transition 3d, seul le cobalt présente avec sa structure
hexagonale une anisotropie uniaxiale le long de l’axe, c. Malheureusement cette anisotropie
est insuffisante pour vaincre le champ démagnétisant à toute épaisseur. On doit donc se
tourner vers les alliages présentant une structure anisotrope, par exemple la structure
tétragonale, L10 qui sera décrite plus loin. Cette structure conduit à une anisotropie
magnétocristalline qui peut dépasser largement l’anisotropie magnétostatique. C’est le cas,
par exemple, des deux alliages que nous avons utilisés : FePt et FePd. Le défi consiste alors à
choisir le bon substrat et à orienter la croissance cristalline dans la bonne direction lors de
l’élaboration ou à la réorienter par des traitements particuliers ensuite. C’est le parti pris que
nous avons adopté pour une part importante de nos activités de recherche. Pour réaliser