le programme 2016-2017 - Médiathèque de Saint-Fons

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PROGRAMMATION ATELIER DE PHILOSOPHIE
2016-2017 MEDIATHEQUE DE SAINT-FONS
Date*
4/10/2016
8/11/2016
13/12/2016
Auteur
Commencer une nouvelle année à
philosopher
Albert JACQUARD présenté par MOUSSA
OVIDE, Gustave FLAUBERT, Oscar WILDE
10/01/2017
Pierre DARDOT Christian LAVAL COMMUN
7/02/2017
Notions
La représentation et le commun
La science expliquée aux non-scientifiques
Quelques usages de la représentation en
littérature ?
Le commun est-il un bien donné ou un bien
à construire ?
La banalité du mal
la crise de l’éducation
Le rire et ???
Hannah ARENDT par YVETTE et
GISELE
7/03/2017
François RABELAIS par FRANÇOISE et
JOSETTE
4/04/2017
Denis DIDEROT par BERNARD
L'expérience des sens
2/05/2017
SWAMI PRAJNANPAD par ANDRE
6/06/2017
Gilles DELEUZE Georges GUATTARI
Qu'est-ce que la philosophie ?
ère
Chacune des séances, hormis la 1 sera co-animée par un participant du groupe qui choisira son auteur
et son texte et par moi.
Les séances ont lieu le mardi de 18h 30 à 20h 30 à la Médiathèque Roger MARTIN DU GARD
Une collation conclura nos travaux et sera financée ou préparée par les participants.
Jeanne GUYON de CHEMILLY nous propose une séance du problème de la représentation en art dans la
2è partie de l’année scolaire si le groupe le souhaite.
Une voie traverse ces notions philosophiques qui se répartissent en deux pôles :
- d'une part, ce n'est pas le fil de l'UN de CONFUCIUS mais le "COMMUN" des hommes ("COMMEUN" – « COMME-UNE »), le vivre-ensemble;
- d'autre part, la notion de représentation
Proposition1 : penser le « commun », « comme…un… », et pratiquer un usage réglé de cette métaphore
dans une situation où la pluralité devient conflictuelle… concevoir une voie « comme…une » pour le plus
grand nombre. Le commun est à penser comme co-activité, et non comme coappartenance, copropriété
ou copossession.
Proposition2 : penser le re-présenter en se posant à chaque fois la question de
- quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ?
- présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de
quelque chose dans l'espace.
Quels rapports entre le commun et la représentation aujourd’hui ?
Tous deux sont en crise. Crise de la représentation politique et de ses représentants depuis plus de vingt
ans. Aporie du commun (voir l’inanité des débats politiques sur l’identité nationale, il y a quelques
années jusqu’à aujourd’hui).
1
Voici quelques formulations de problèmes qui j'espère vous donneront envie (en-vie !) de méditer ces
philosophes.
2
Hannah ARENDT
"La pluralité humaine, condition fondamentale de l’action et de la parole, a le double caractère de
l’égalité et de la distinction. Si les hommes n’étaient pas égaux, ils ne pourraient se comprendre les uns
les autres, ni comprendre ceux qui les ont précédés ni préparer l’avenir et prévoir les besoins de ceux qui
viendront après eux. Si les hommes n’étaient pas distincts, chaque être humain se distinguant de tout
autre être humain présent, passé ou futur, ils n’auront besoin ni de la parole ni de l’action pour se faire
comprendre. Il suffirait de signes et de bruits pour communiquer des désirs et des besoins immédiats et
identiques." Chapitre V l’action Condition de l’homme moderne Edition Calmann-Lévy 2007 p 231-232
Denis DIDEROT
"Il y a un peu de testicule au fond de nos sentiments les plus sublimes." Lettre à DAMILAVILLE du 3
novembre 1760
"Nous voilà bien loin de nos aveugles, me direz-vous ; mais il faut que vous ayez la bonté, Madame, de
me passer toutes ces digressions."  Lettre sur les Aveugles p. 57. "Et toujours des écarts, me direz-vous !
Oui, Madame, c’est la condition de notre traité."  Lettre sur les Aveugles p. 77.
"Si je vous arrête encore un moment à la sortie du labyrinthe où je vous ai promené, c’est pour vous en
rappeler en peu de mots les détours."  Lettre sur les sourds et muets p. 132.
"Non, non; il faut que, tôt ou tard, la justice soit faite. S'il en arrivait autrement, je m'adresserais à la
populace. Je lui dirais : 'Peuples, dont les rugissements ont fait trembler tant de fois vos maîtres,
qu'attendez-vous ? pour quel moment réservez-vous vous et les pierres qui pavent vos rues ? Arrachezles…" Histoire philosophique et politique du commerce et des établissements des Européens dans les
deux Indes 3è édition 1781 tome I livre iii p 398
« Mais les nègres, - poursuit-il – sont une espèce d’hommes nés pou l’esclavage. Ils sont bornés, fourbes,
méchants et ils conviennent eux-mêmes de la supériorité de notre intelligence, et reconnaissent presque
la justice de notre empire.
Les nègres – réplique DIDEROT courroucé et toujours plus offusqué – sont bornés parce que l’esclavage
brise tous les ressorts de l’âme. Ils sont méchants, pas assez avec vous. Ils sont fourbes, parce qu’on ne
doit pas la vérité à ses tyrans. Ils reconnaissent la supériorité de notre esprit, parce que nous avons
perpétué leur ignorance ; la justice de notre empire, parce que nous avons abusé de leur faiblesse. (…) A
qui, barbares, ferez-vous croire qu’un homme peut-être la propriété d’un souverain ; un fils la propriété
d’un père ; une femme la propriété d’un mari ; un domestique, la propriété d’un maître ; un nègre, la
propriété d’un colon ? » RAYNAL Histoire philosophique… 1781 tome VI p 130
DIDEROT prophétise l’imminente révolte et l’apparition sur la scène d’un SPARTACUS décidé à
revendiquer les droits universels de l’homme : « Eh bien ! Si l’intérêt a seul des droits sur votre âme,
nations de l’Europe, écoutez-moi encore. Vos esclaves n’ont besoin ni de votre générosité ni de vos
conseils pour briser le joug sacrilège qui les opprime (…). Il ne manque aux nègres qu’un chef assez
courageux pour les conduire à la vengeance et au carnage. Où est-il ce grand homme, que la nature doit
à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés ? Où est-il ? Il paraîtra, n’en doutons point. Il se montrera, il
lèvera l’étendard sacré de la liberté. Ce signal vénérable rassemblera autour de lui les compagnons de
son infortune. Plus impétueux que les torrents, ils laisseront partout les traces ineffaçables de leur juste
ressentiment. Espagnols, Portugais, Anglais, Français, Hollandais, tous leurs tyrans deviendront la proie
du fer et de la flamme. Les champs américains s’enivreront avec transport d’un sang qu’ils attendaient
depuis si longtemps, et les ossements de tant d’infortunés, entassés depuis trois siècles, tressailliront de
joie. L’ancien monde joindra ses applaudissements au nouveau. Partout on bénira le nom du héros qui
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aura rétabli les droits de l’espèce humaine, partout on érigera des trophées à sa gloire. » RAYNAL Histoire
philosophique… 1781 tome VI p 138-139
François RABELAIS GARGANTUA Œuvres complètes La Pléiade 1994 p 49
Un dizain gage de santé et de plénitude !
Amis lecteurs, qui ce livre lisez
Despouillez vous de toute affection,
Et le lisant, ne vous scandalisez.
Il ne contien mal ne infection;
Vray est qu'icy peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire;
Aultre argument ne peut mon cueur elire,
Voyant le dueil qui vous mine et consomme
Mieulx est de ris que de larmes escripre
Pource que le rire est le propre de l'homme.
François-Marie AROUET dit VOLTAIRE
"Qu’est-ce que la tolérance ? C’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et
d’erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature.
Qu’à la bourse d’Amsterdam, de Londres, ou de Surate ou de Bassora, le guèbre, le banian, le juif, le
mahométan, le déicole chinois, le bramin, le chrétien grec, le chrétien romain, le chrétien protestant, le
chrétien quaker, trafiquent ensemble : ils ne lèveront pas le poignard les uns sur les autres pour gagner
des âmes à leur religion. Pourquoi donc nous sommes-nous égorgés presque sans interruption depuis le
premier concile de Nicée ?" Dictionnaire philosophique Extrait de l'article "Tolérance"
Gilles DELEUZE Georges GUATTARI Qu'est-ce que la philosophie ?
"Peut-être ne peut-on poser la question Qu’est-ce que la philosophie? que tard, quand vient la vieillesse,
et l’heure de parler concrètement. C’est une question qu’on pose dans une agitation discrète, à minuit
quant on m’a plus rien à demander…Il y a des cas où la vieillesse donne, non pas une éternelle jeunesse,
mais au contraire une souveraine liberté, une nécessité pure où l’on jouit d’un moment de grâce entre la
vie et la mort, et où toutes les pièces de la machine se combinent pour envoyer dans l’avenir un trait qui
traverse les âges. (…)
La philosophie est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts…Les concepts ont besoins de
personnages conceptuels qui contribuent à leur définition. Ami est un tel personnage, dont on dit même
qu’il témoigne pour une origine grecque de la philosophie: les autres civilisations avait des Sages, mais
les Grecs présentant ces “amis” qui ne sont pas simplement des sages plus modestes. Ce serait les Grecs
qui auraient entériné la mort du Sage, et l’auraient remplacé par les philosophes, les amis de la sagesse,
ceux qui cherchent la sagesse, mais ne la possèdent pas formellement. Mais il n’y aurait pas seulement
différence de degrés, comme sur une échelle, entre le philosophe et le sage: le vieux sage venu d’Orient
pense peut-être par Figure, tandis que le philosophe invente et pense par Concept. (…)
Qu’est-ce qu’un concept? Il n’y a pas de concept simple. Tout concept a des composantes, et il se définit
par elles. Il a donc un chiffre. C’est une multiplicité, bien que toute multiplicité ne soit pas conceptuelle. Il
n’y a pas de concept à une seule composante…Il n’y a pas non plus de concept ayant toutes les
composantes, puisque ce serait un pur et simple chaos: même les prétendus universaux comme concept
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ultime doivent sortir du chaos en circonscrivant un univers qui explique (contemplation, réflexion,
communication…). (…)"
Voici quelques extraits qui critiquent les "ouvriers" de la représentation : les philosophes…
Karl MARX (L'article de tête du numéro 179 de la « Kölnische Zeitung », Rheinische Zeitung, juillet 1842)
"La philosophie, et plus particulièrement la philosophie allemande, a un penchant pour la solitude, pour
l'isolement systématique, pour l'austère introspection qui d'emblée l'oppose et la rend étrangère aux
journaux, prompts à la riposte et au tapage, passionnés de la seule information. Saisie dans son
élaboration systématique, la philosophie est impopulaire ; son tisser intime apparaît au regard du
profane comme un exercice aussi peu sensé que peu pratique. On voit en elle une maîtresse de magie,
dont les incantations prennent un ton de solennité du fait qu'on ne les comprend pas. Fidèle à son
caractère, la philosophie n'a jamais fait le premier pas pour troquer l'ascétique soutane contre la mise
légère et conventionnelle des journaux. Seulement, les philosophes ne sortent pas de terre comme des
champignons ; ils sont les fruits de leur temps, de leur peuple, dont la sève la plus subtile, la plus
précieuse et la plus secrète circule dans les idées philosophiques. Le même esprit qui construit les
systèmes philosophiques dans les cerveaux des philosophes construit les chemins de fer avec les bras des
ouvriers."
(People's Paper, 19 avril 1856)
"De nos jours, chaque chose paraît grosse de son contraire. Nous constatons que les inventions
mécaniques douées du merveilleux pouvoir de réduire et de féconder le travail humain ne font que
l'exténuer et le surcharger. Par un étrange sortilège du destin, les sources de richesse nouvellement
découvertes se changent en sources de détresse. C'est comme si les triomphes des arts industriels
devaient s'acheter au prix de la déchéance morale. À mesure que l'humanité parvient à maîtriser la
nature, l'homme semble se laisser asservir par d'autres hommes ou par sa propre infamie. La pure
lumière de la science elle-même semble incapable de rayonner autrement que sur le fond obscur de
l'ignorance. Toutes nos inventions et tous nos progrès paraissent conduire à un seul résultat : doter de
vie et d'intelligence les forces matérielles et rabaisser la vie humaine à l'état de force brute..."
(L’idéologie allemande)
«"La lutte des philosophes contre la « substance » et leur totale négligence de la division du travail, base
matérielle dont est issu le fantôme de la substance, prouve simplement que ces héros ne se préoccupent
que d’anéantir des phrases, et nullement de changer les conditions sociales qui sont forcément à l’origine
de cette phraséologie."
11è Thèse sur FEURBACH : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières,
ce qui importe c'est de le transformer."
Guy DEBORD La société du spectacle Gallimard
"1 - Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce
comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans
une représentation."
TIMON de PHLIONTE (325-235 av. J.C., disciple direct de Pyrrhon d’Elis)
"L'apparence où qu'elle se présente l'emporte sur tout."
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A distinguer de la représentation, apparence, idéologie, forme, spectacle, etc. La condition de toute
représentation est la perception… l'imagination… l'entendement… la mémoire…
Gaston BACHELARD L'Air et les songes José CORTO 1943 p 98
"Imaginer, c'est hausser le réel d'un ton."
Arthur SCHOPENHAUER
« Il faut bien qu’un livre ait un commencement et une fin, et il différera toujours en cela d’un organisme ;
mais, d’autre part, le contenu [de ce livre] devra ressembler à un système organique : d’où il suit qu’il y a
contradiction entre la forme et la matière. »
Sigmund FREUD
« Très rares sont sans doute les hommes qui ont aperçu clairement les conséquences considérables du
pas que constituerait, pour la science et la vie, l’hypothèse de processus psychiques inconscients. Mais
hâtons-nous d’ajouter que ce n’est pas la psychanalyse qui a été la première à faire ce pas. On peut citer
comme précurseurs des philosophes de renom, au premier chef le grand penseur Schopenhauer, dont la
« volonté » inconsciente peut être considérée comme l’équivalent des pulsions psychiques de la
psychanalyse. » [Freud 1917, 187]
Charles BAUDELAIRE Mon cœur mis à nu
« Avis aux non-communistes :
Tout est commun, même Dieu. »
Walt WITHMAN « The common place » Leaves of grass
« Commun le jour la nuit – communes la terre les eaux,
Votre ferme – votre travail, métier, occupation,
La sagesse démocratique en-dessous comme base solide pour tous. »
Jean FERRAT La Commune
Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis en chantier
Ils se levèrent pour la Commune
En écoutant chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament
Ils faisaient vivre la Commune
En écoutant chanter Clément
Il y a cent ans commun commune
Comme artisans et ouvriers
Ils se battaient pour la Commune
En écoutant chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme ouvriers et artisans
Ils se battaient pour la Commune
En écoutant chanter Clément
C'étaient des ferronniers
Aux enseignes fragiles
C'étaient des menuisiers
Aux cent coups de rabots
Pour défendre Paris
Ils se firent mobiles
C'étaient des forgerons
Devenus des moblots
Devenus des soldats
Aux consciences civiles
C'étaient des fédérés
Qui plantaient un drapeau
Disputant l'avenir
Aux pavés de la ville
C'étaient des forgerons
Devenus des héros
Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis au charnier
Ils voyaient mourir la Commune
Ah ! Laissez-moi chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament
Ils s'éteignaient pour la Commune
Écoute bien chanter Clément
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SOPHOCLE ELECTRE
« Le Chœur : Ton père, tu ne le feras pas ressortir du havre souterrain
Refranchir les limites du royaume commun à tous »
Jacques DERRIDA La carte postale
« Pour ce que je l’aime encore, je préviens alors l’impatience du mauvais lecteur : j’appelle ou j’accuse
ainsi le lecteur apeuré, pressé de se déterminer, décidé à se décider (pour annuler, autrement dit
ramener à soi, on veut ainsi savoir d’avance à quoi s’attendre, on veut s’attendre à ce qui s’est passé, on
veut s’attendre). Or il est mauvais, du mauvais je ne connais pas d’autre définition, il est mauvais de
prédestiner sa lecture, il est toujours mauvais de présager. Il est mauvais de ne plus aimer à revenir en
arrière. »
Martin HEIDEGGER Être et Temps
« Tout questionner est un chercher. Tout chercher tire de ce qu’il recherche la direction qui précède et
guide sa démarche. Questionner, c’est, sur le plan de la connaissance, chercher, chercher l’étant quant
au fait qu’il soit et quant à son être tel. »
Re-présenter :
- quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ?
- présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de quelque
chose dans l'espace.
Je rapproche cette définition de celle de supplément-suppléer que nous avons étudiée chez ROUSSEAU.
De "ce dangereux supplément" de la Grammatologie de Jacques DERRIDA que j'avais lu et crayonné en
1970 à la "vignette idéo-biographique" que j'ai élaboré pour comprendre la pensée de Søren
KIERKEGAARD dans les années 2000 et que je reprends aujourd'hui pour l'étude de celle de ROUSSEAU.
Que signifie le concept de supplément ? P 208 "Le supplément s'ajoute, il est un surplus, une plénitude
enrichissant une autre plénitude, le comble de la présence. C'est ainsi que l'art, la technè, l'image, la
représentation, la convention, etc. viennent en supplément de la nature et sont riches de toute cette
fonction de cumul. Cette espèce de la supplémentarité détermine d'une certaine manière toutes les
oppositions conceptuelles dans lesquelles ROUSSEAU inscrit la notion de nature en tant qu'elle devrait se
suffire à elle-même. Mais le supplément supplée. Il ne s'ajoute que pour remplacer. Il intervient ou
s'insinue à-la-place-de; s'il comble, c'est comme on comble un vide. S'il représente et fait image, c'est par
le défaut antérieur d'une présence. Suppléant et vicaire, le supplément est un adjoint, une instance
subalterne qui tient-lieu. En tant que substitut, il ne s'ajoute pas simplement à la positivité d'une
présence, il ne produit aucun relief, sa place est assignée dans la structure par la marque d'un vide.
Quelque part, quelque chose ne peut se remplir de soi-même, ne peut s'accompli qu'en se laissant
combler par signe et procuration. Le signe est toujours le supplément de la chose même."
Ce supplément se meut dans la seule réalité textuelle. Il est tout à la fois représentation et crise de la
représentation. De même, le concept de vignette idéo-biographique en tant que vignette et en tant
qu'idée est intra-textuel et intertextuel. Comment puis-je écrire ma vie, mon existence et plus
particulièrement comment puis-je représenter des situations de ma vie ? Le petit pas que je fais à la
place du supplément de DERRIDA, c'est celui de situation comme reprise au sens de KIERKEGAARD. Le
sens de reprise apporte un sème de création par rapport au supplément et à son sème mimétique.
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Mise en abîme de la représentation comme présentation de la représentation et représentation de la
présentation : lire le Portrait de Dorian GRAY d’Oscar WILDE et analyser la dialectique de la
confrontation du héros à son portrait et le drame de la jeune actrice (être talentueuse à jouer les
héroïnes amoureuses de SHAKESPEARE et être amoureuse de Dorian et perdre son talent).
ARENDT Hannah Condition de l’homme moderne Editions Calmann-Lévy p 211
Le théâtre est « l’art politique par excellence » parce que « nulle part ailleurs la sphèe politique de la vie
humaine n’est transposée en art », elle se réfère implicitement au fait que l’art de l’acteur, le jeu
dramatique, fait partie de ces arts d’exécution comme celui de la flûte, la danse qui ont « une grande
affinité avec la politique ». Car ils « ont besoin d’une audience pour montrer leur virtuosité, exactement
comme les hommes qui agissent ont besoin de la présence d’autres hommes devant lesquels ils peuvent
apparaître ; les deux ont besoin d’un espace publiquement organisé pour leur ‘œuvre’ et les deux
dépendent d’autrui pour l’exécution elle-même. » La Crise de la culture Gallimard p 200.
ARISTOTE Poétique traduction R. DUPONT-ROC et J. LALO Seuil 1980 chapitre 4, 1448b p 43.
« Dès l’enfance les hommes ont, inscrites, dans leur nature, à la fois une tendance à représenter
(mimesthai)- et l’homme se différencie des autres animaux parce qu’il est particulièrement enclin à
représenter dans es premiers apprentissages et qu’il a recours à la représentation dans ses premiers
apprentissages – et une tendance à trouver du plaisir aux représentations. »
Friedrich NIETZSCHE
« Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. » Crépuscule des idoles.
« Ah ! ces Grecs ! Ils savaient vivre ! Pour cela, il faut bravement, s’en tenir à la surface, au pli, à
l’épiderme, adorer l’apparence, croire aux formes, aux sons, aux mots, à tout l’Olympe de l’apparence !
Ces Grecs étaient superficiels – par profondeur… » Préface de 1882 au Gai Savoir
LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY - Oscar WILDE
Philosopher par la littérature, philosopher en pensant « Le portrait de Dorian GRAY ».
Exercice : lisez et analysez soit le chapitre 1, soit le chapitre 2, soit le chapitre 7, en déroulant les deux fils du
« commun » et « de la représentation ». Vous vous aiderez des aphorismes de WILDE de sa préface et de la
définition des deux notions que je vous propose :
Proposition1 : penser le « commun », « comme…un… », et pratiquer un usage réglé de cette métaphore
dans une situation où la pluralité devient conflictuelle… concevoir une voie « comme…une » pour le plus
grand nombre. Le commun est à penser comme co-activité, et non comme coappartenance, copropriété
ou copossession.
Proposition2 : penser le re-présenter en se posant à chaque fois la question de
- quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ?
- présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de
quelque chose dans l'espace. Deux grands axes organisent les significations de la représentation :
1« la présence » (rendre présent, rendre sensible 2 « logique de substitution » ou « de délégation »
(représenter quelqu’un, c’est le remplacer, agir à sa place, en son nom, fonction de lieutenance).
Vous analyserez ces deux notions et leur développement en repérant l’évènement comme changement critique
qui les manifeste. Tout le chapitre 1 met en scène la crise et la création, la crise de Basil HALLWARD comme
artiste et comme personne face à Dorian GRAY et à son œuvre-portrait.
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RESSOURCES
REPRESENTATION
- MARIN Louis Politiques de la représentation
- FOUCAULT Les mots et les choses Gallimard La Pléiade
- FONTAINE Philippe La représentation les figures de la représentation Ellipses
- ELISSALDE Yvan La réflexion La Philothèque Bréal 2015
- BRAUN Lucien Philosophes et Philosophies en représentation P.U. de Strasbourg
- Vocabulaire Européen des Philosophies sous la direction de Barbara CASSIN
- Dictionnaire historique de la langue française sous la direction d’Alain REY
- Dictionnaire international de la psychanalyse s/direction d’Alain MIJOLLA
Hannah ARENDT
Qu'est-ce que la politique (Seuil)
Politique
1963 : Essai sur la révolution (publié en français chez Gallimard, 1967)
1961 : Condition de l’homme moderne (publié en français chez Calmann-Lévy en 1961,
puis en édition de poche chez Pocket).
1961-68 : La Crise de la culture (publié en français chez Gallimard, 1972)
EICHMAN à Jérusalem Un rapport sur la banalité du mal
François RABELAIS
Gargantua Chapitres de LII à LVIII
Utopie
Mikhaïl BAKHTINE L'œuvre de François RABELAIS et la culture populaire au Moyen âge et
sous la Renaissance Editions Gallimard 1970
EUROPE Regards sur l'utopie 2011
Pierre MACHEREY De l’utopie ! De l’incident éditeur 2011
Rire
Histoire du rire et de la dérision de G. Minois. 637 p. Fayard 2000.
Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Sigmund FREUD 1905, 128 p
Le Rire. Essai sur la signification du comique (1900), Henri BERGSON, préface d'Antoine de
BAECQUE, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2012
De l'humour, Simon CRITCHLEY Editions KIME Le Collège international de philosophie 2004
Métaphysique du rire, Sylvie PAILLAT Editions L'Harmattan Ouverture philosophique 2014
Pourquoi rire ?, sous la direction de Jean BIRNBAUM Editions folio essais 2011
La Joie spacieuse Essai sur la dilatation, Jean-Louis CHRETIEN Les Editions de Minuit 2007
Esthétique du rire, sous la direction d'Alain VAILLANT Presses Universitaires de Paris Ouest
2012
Le rire des Grecs Anthropologie du rire en Grèce ancienne, sous la direction de MarieLaurence DESCLOS Collection Horos Jérôme MILLON
Eclats de rire variations sur le corps comique, Olivier MONGIN Le Seuil 2002
L'étonnement philosophique une histoire de la philosophie Jeanne HERSCH Folio 1981
Denis DIDEROT
Lettre sur les Aveugles
Les sens du sens
Lettre sur les sourds et muets
Colas DUFLO DIDEROT Du matérialisme à la politique CNRS Editions 2013
Yves BENOT DIDEROT de l'athéisme à l'anticolonialisme François MASPERO 1970
Gilles DELEUZE
Mille Plateaux – Capitalisme et schizophrénie 2, en collaboration avec Félix Guattari, Les
Georges GUATTARI éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1980, p 645
De la ritournelle
Qu'est-ce que la philosophie ?, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit
Créer en arts, en
(coll. « Critique »), Paris, 1991, p 206
philosophie et en
L'Abécédaire de Gilles Deleuze, de Pierre-André Boutang, entretiens avec Claire
sciences
Parnet réalisés en 1988, Éditions Montparnasse, 2004.
Pierre DARDOT Christian LAVAL COMMUN Essai sur la révolution au 21ème siècle Editions La Découverte2014
Nouvelles représentations de la vie en biologie et philosophie du vivant – La sculpture du vivant à l’épreuve de
l’interdisciplinarité sous la direction de Laurent CHERLONNEIX Editions DE BOECK
André PICHOT Expliquer la vie de l’âme à la molécule Editions QUAE 2011
9
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