Hannah ARENDT
"La pluralité humaine, condition fondamentale de l’action et de la parole, a le double caractère de
l’égalité et de la distinction. Si les hommes n’étaient pas égaux, ils ne pourraient se comprendre les uns
les autres, ni comprendre ceux qui les ont précédés ni préparer l’avenir et prévoir les besoins de ceux qui
viendront après eux. Si les hommes n’étaient pas distincts, chaque être humain se distinguant de tout
autre être humain présent, passé ou futur, ils n’auront besoin ni de la parole ni de l’action pour se faire
comprendre. Il suffirait de signes et de bruits pour communiquer des désirs et des besoins immédiats et
identiques." Chapitre V l’action Condition de l’homme moderne Edition Calmann-Lévy 2007 p 231-232
Denis DIDEROT
"Il y a un peu de testicule au fond de nos sentiments les plus sublimes." Lettre à DAMILAVILLE du 3
novembre 1760
"Nous voilà bien loin de nos aveugles, me direz-vous ; mais il faut que vous ayez la bonté, Madame, de
me passer toutes ces digressions." Lettre sur les Aveugles p. 57. "Et toujours des écarts, me direz-vous !
Oui, Madame, c’est la condition de notre traité." Lettre sur les Aveugles p. 77.
"Si je vous arrête encore un moment à la sortie du labyrinthe où je vous ai promené, c’est pour vous en
rappeler en peu de mots les détours." Lettre sur les sourds et muets p. 132.
"Non, non; il faut que, tôt ou tard, la justice soit faite. S'il en arrivait autrement, je m'adresserais à la
populace. Je lui dirais : 'Peuples, dont les rugissements ont fait trembler tant de fois vos maîtres,
qu'attendez-vous ? pour quel moment réservez-vous vous et les pierres qui pavent vos rues ? Arrachez-
les…" Histoire philosophique et politique du commerce et des établissements des Européens dans les
deux Indes 3è édition 1781 tome I livre iii p 398
« Mais les nègres, - poursuit-il – sont une espèce d’hommes nés pou l’esclavage. Ils sont bornés, fourbes,
méchants et ils conviennent eux-mêmes de la supériorité de notre intelligence, et reconnaissent presque
la justice de notre empire.
Les nègres – réplique DIDEROT courroucé et toujours plus offusqué – sont bornés parce que l’esclavage
brise tous les ressorts de l’âme. Ils sont méchants, pas assez avec vous. Ils sont fourbes, parce qu’on ne
doit pas la vérité à ses tyrans. Ils reconnaissent la supériorité de notre esprit, parce que nous avons
perpétué leur ignorance ; la justice de notre empire, parce que nous avons abusé de leur faiblesse. (…) A
qui, barbares, ferez-vous croire qu’un homme peut-être la propriété d’un souverain ; un fils la propriété
d’un père ; une femme la propriété d’un mari ; un domestique, la propriété d’un maître ; un nègre, la
propriété d’un colon ? » RAYNAL Histoire philosophique… 1781 tome VI p 130
DIDEROT prophétise l’imminente révolte et l’apparition sur la scène d’un SPARTACUS décidé à
revendiquer les droits universels de l’homme : « Eh bien ! Si l’intérêt a seul des droits sur votre âme,
nations de l’Europe, écoutez-moi encore. Vos esclaves n’ont besoin ni de votre générosité ni de vos
conseils pour briser le joug sacrilège qui les opprime (…). Il ne manque aux nègres qu’un chef assez
courageux pour les conduire à la vengeance et au carnage. Où est-il ce grand homme, que la nature doit
à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés ? Où est-il ? Il paraîtra, n’en doutons point. Il se montrera, il
lèvera l’étendard sacré de la liberté. Ce signal vénérable rassemblera autour de lui les compagnons de
son infortune. Plus impétueux que les torrents, ils laisseront partout les traces ineffaçables de leur juste
ressentiment. Espagnols, Portugais, Anglais, Français, Hollandais, tous leurs tyrans deviendront la proie
du fer et de la flamme. Les champs américains s’enivreront avec transport d’un sang qu’ils attendaient
depuis si longtemps, et les ossements de tant d’infortunés, entassés depuis trois siècles, tressailliront de
joie. L’ancien monde joindra ses applaudissements au nouveau. Partout on bénira le nom du héros qui