PROGRAMMATION ATELIER DE PHILOSOPHIE 2016-2017 MEDIATHEQUE DE SAINT-FONS Date* 4/10/2016 8/11/2016 13/12/2016 Auteur Commencer une nouvelle année à philosopher Albert JACQUARD présenté par MOUSSA OVIDE, Gustave FLAUBERT, Oscar WILDE 10/01/2017 Pierre DARDOT Christian LAVAL COMMUN 7/02/2017 Notions La représentation et le commun La science expliquée aux non-scientifiques Quelques usages de la représentation en littérature ? Le commun est-il un bien donné ou un bien à construire ? La banalité du mal la crise de l’éducation Le rire et ??? Hannah ARENDT par YVETTE et GISELE 7/03/2017 François RABELAIS par FRANÇOISE et JOSETTE 4/04/2017 Denis DIDEROT par BERNARD L'expérience des sens 2/05/2017 SWAMI PRAJNANPAD par ANDRE 6/06/2017 Gilles DELEUZE Georges GUATTARI Qu'est-ce que la philosophie ? ère Chacune des séances, hormis la 1 sera co-animée par un participant du groupe qui choisira son auteur et son texte et par moi. Les séances ont lieu le mardi de 18h 30 à 20h 30 à la Médiathèque Roger MARTIN DU GARD Une collation conclura nos travaux et sera financée ou préparée par les participants. Jeanne GUYON de CHEMILLY nous propose une séance du problème de la représentation en art dans la 2è partie de l’année scolaire si le groupe le souhaite. Une voie traverse ces notions philosophiques qui se répartissent en deux pôles : - d'une part, ce n'est pas le fil de l'UN de CONFUCIUS mais le "COMMUN" des hommes ("COMMEUN" – « COMME-UNE »), le vivre-ensemble; - d'autre part, la notion de représentation Proposition1 : penser le « commun », « comme…un… », et pratiquer un usage réglé de cette métaphore dans une situation où la pluralité devient conflictuelle… concevoir une voie « comme…une » pour le plus grand nombre. Le commun est à penser comme co-activité, et non comme coappartenance, copropriété ou copossession. Proposition2 : penser le re-présenter en se posant à chaque fois la question de - quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ? - présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de quelque chose dans l'espace. Quels rapports entre le commun et la représentation aujourd’hui ? Tous deux sont en crise. Crise de la représentation politique et de ses représentants depuis plus de vingt ans. Aporie du commun (voir l’inanité des débats politiques sur l’identité nationale, il y a quelques années jusqu’à aujourd’hui). 1 Voici quelques formulations de problèmes qui j'espère vous donneront envie (en-vie !) de méditer ces philosophes. 2 Hannah ARENDT "La pluralité humaine, condition fondamentale de l’action et de la parole, a le double caractère de l’égalité et de la distinction. Si les hommes n’étaient pas égaux, ils ne pourraient se comprendre les uns les autres, ni comprendre ceux qui les ont précédés ni préparer l’avenir et prévoir les besoins de ceux qui viendront après eux. Si les hommes n’étaient pas distincts, chaque être humain se distinguant de tout autre être humain présent, passé ou futur, ils n’auront besoin ni de la parole ni de l’action pour se faire comprendre. Il suffirait de signes et de bruits pour communiquer des désirs et des besoins immédiats et identiques." Chapitre V l’action Condition de l’homme moderne Edition Calmann-Lévy 2007 p 231-232 Denis DIDEROT "Il y a un peu de testicule au fond de nos sentiments les plus sublimes." Lettre à DAMILAVILLE du 3 novembre 1760 "Nous voilà bien loin de nos aveugles, me direz-vous ; mais il faut que vous ayez la bonté, Madame, de me passer toutes ces digressions." Lettre sur les Aveugles p. 57. "Et toujours des écarts, me direz-vous ! Oui, Madame, c’est la condition de notre traité." Lettre sur les Aveugles p. 77. "Si je vous arrête encore un moment à la sortie du labyrinthe où je vous ai promené, c’est pour vous en rappeler en peu de mots les détours." Lettre sur les sourds et muets p. 132. "Non, non; il faut que, tôt ou tard, la justice soit faite. S'il en arrivait autrement, je m'adresserais à la populace. Je lui dirais : 'Peuples, dont les rugissements ont fait trembler tant de fois vos maîtres, qu'attendez-vous ? pour quel moment réservez-vous vous et les pierres qui pavent vos rues ? Arrachezles…" Histoire philosophique et politique du commerce et des établissements des Européens dans les deux Indes 3è édition 1781 tome I livre iii p 398 « Mais les nègres, - poursuit-il – sont une espèce d’hommes nés pou l’esclavage. Ils sont bornés, fourbes, méchants et ils conviennent eux-mêmes de la supériorité de notre intelligence, et reconnaissent presque la justice de notre empire. Les nègres – réplique DIDEROT courroucé et toujours plus offusqué – sont bornés parce que l’esclavage brise tous les ressorts de l’âme. Ils sont méchants, pas assez avec vous. Ils sont fourbes, parce qu’on ne doit pas la vérité à ses tyrans. Ils reconnaissent la supériorité de notre esprit, parce que nous avons perpétué leur ignorance ; la justice de notre empire, parce que nous avons abusé de leur faiblesse. (…) A qui, barbares, ferez-vous croire qu’un homme peut-être la propriété d’un souverain ; un fils la propriété d’un père ; une femme la propriété d’un mari ; un domestique, la propriété d’un maître ; un nègre, la propriété d’un colon ? » RAYNAL Histoire philosophique… 1781 tome VI p 130 DIDEROT prophétise l’imminente révolte et l’apparition sur la scène d’un SPARTACUS décidé à revendiquer les droits universels de l’homme : « Eh bien ! Si l’intérêt a seul des droits sur votre âme, nations de l’Europe, écoutez-moi encore. Vos esclaves n’ont besoin ni de votre générosité ni de vos conseils pour briser le joug sacrilège qui les opprime (…). Il ne manque aux nègres qu’un chef assez courageux pour les conduire à la vengeance et au carnage. Où est-il ce grand homme, que la nature doit à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés ? Où est-il ? Il paraîtra, n’en doutons point. Il se montrera, il lèvera l’étendard sacré de la liberté. Ce signal vénérable rassemblera autour de lui les compagnons de son infortune. Plus impétueux que les torrents, ils laisseront partout les traces ineffaçables de leur juste ressentiment. Espagnols, Portugais, Anglais, Français, Hollandais, tous leurs tyrans deviendront la proie du fer et de la flamme. Les champs américains s’enivreront avec transport d’un sang qu’ils attendaient depuis si longtemps, et les ossements de tant d’infortunés, entassés depuis trois siècles, tressailliront de joie. L’ancien monde joindra ses applaudissements au nouveau. Partout on bénira le nom du héros qui 3 aura rétabli les droits de l’espèce humaine, partout on érigera des trophées à sa gloire. » RAYNAL Histoire philosophique… 1781 tome VI p 138-139 François RABELAIS GARGANTUA Œuvres complètes La Pléiade 1994 p 49 Un dizain gage de santé et de plénitude ! Amis lecteurs, qui ce livre lisez Despouillez vous de toute affection, Et le lisant, ne vous scandalisez. Il ne contien mal ne infection; Vray est qu'icy peu de perfection Vous apprendrez, si non en cas de rire; Aultre argument ne peut mon cueur elire, Voyant le dueil qui vous mine et consomme Mieulx est de ris que de larmes escripre Pource que le rire est le propre de l'homme. François-Marie AROUET dit VOLTAIRE "Qu’est-ce que la tolérance ? C’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature. Qu’à la bourse d’Amsterdam, de Londres, ou de Surate ou de Bassora, le guèbre, le banian, le juif, le mahométan, le déicole chinois, le bramin, le chrétien grec, le chrétien romain, le chrétien protestant, le chrétien quaker, trafiquent ensemble : ils ne lèveront pas le poignard les uns sur les autres pour gagner des âmes à leur religion. Pourquoi donc nous sommes-nous égorgés presque sans interruption depuis le premier concile de Nicée ?" Dictionnaire philosophique Extrait de l'article "Tolérance" Gilles DELEUZE Georges GUATTARI Qu'est-ce que la philosophie ? "Peut-être ne peut-on poser la question Qu’est-ce que la philosophie? que tard, quand vient la vieillesse, et l’heure de parler concrètement. C’est une question qu’on pose dans une agitation discrète, à minuit quant on m’a plus rien à demander…Il y a des cas où la vieillesse donne, non pas une éternelle jeunesse, mais au contraire une souveraine liberté, une nécessité pure où l’on jouit d’un moment de grâce entre la vie et la mort, et où toutes les pièces de la machine se combinent pour envoyer dans l’avenir un trait qui traverse les âges. (…) La philosophie est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts…Les concepts ont besoins de personnages conceptuels qui contribuent à leur définition. Ami est un tel personnage, dont on dit même qu’il témoigne pour une origine grecque de la philosophie: les autres civilisations avait des Sages, mais les Grecs présentant ces “amis” qui ne sont pas simplement des sages plus modestes. Ce serait les Grecs qui auraient entériné la mort du Sage, et l’auraient remplacé par les philosophes, les amis de la sagesse, ceux qui cherchent la sagesse, mais ne la possèdent pas formellement. Mais il n’y aurait pas seulement différence de degrés, comme sur une échelle, entre le philosophe et le sage: le vieux sage venu d’Orient pense peut-être par Figure, tandis que le philosophe invente et pense par Concept. (…) Qu’est-ce qu’un concept? Il n’y a pas de concept simple. Tout concept a des composantes, et il se définit par elles. Il a donc un chiffre. C’est une multiplicité, bien que toute multiplicité ne soit pas conceptuelle. Il n’y a pas de concept à une seule composante…Il n’y a pas non plus de concept ayant toutes les composantes, puisque ce serait un pur et simple chaos: même les prétendus universaux comme concept 4 ultime doivent sortir du chaos en circonscrivant un univers qui explique (contemplation, réflexion, communication…). (…)" Voici quelques extraits qui critiquent les "ouvriers" de la représentation : les philosophes… Karl MARX (L'article de tête du numéro 179 de la « Kölnische Zeitung », Rheinische Zeitung, juillet 1842) "La philosophie, et plus particulièrement la philosophie allemande, a un penchant pour la solitude, pour l'isolement systématique, pour l'austère introspection qui d'emblée l'oppose et la rend étrangère aux journaux, prompts à la riposte et au tapage, passionnés de la seule information. Saisie dans son élaboration systématique, la philosophie est impopulaire ; son tisser intime apparaît au regard du profane comme un exercice aussi peu sensé que peu pratique. On voit en elle une maîtresse de magie, dont les incantations prennent un ton de solennité du fait qu'on ne les comprend pas. Fidèle à son caractère, la philosophie n'a jamais fait le premier pas pour troquer l'ascétique soutane contre la mise légère et conventionnelle des journaux. Seulement, les philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons ; ils sont les fruits de leur temps, de leur peuple, dont la sève la plus subtile, la plus précieuse et la plus secrète circule dans les idées philosophiques. Le même esprit qui construit les systèmes philosophiques dans les cerveaux des philosophes construit les chemins de fer avec les bras des ouvriers." (People's Paper, 19 avril 1856) "De nos jours, chaque chose paraît grosse de son contraire. Nous constatons que les inventions mécaniques douées du merveilleux pouvoir de réduire et de féconder le travail humain ne font que l'exténuer et le surcharger. Par un étrange sortilège du destin, les sources de richesse nouvellement découvertes se changent en sources de détresse. C'est comme si les triomphes des arts industriels devaient s'acheter au prix de la déchéance morale. À mesure que l'humanité parvient à maîtriser la nature, l'homme semble se laisser asservir par d'autres hommes ou par sa propre infamie. La pure lumière de la science elle-même semble incapable de rayonner autrement que sur le fond obscur de l'ignorance. Toutes nos inventions et tous nos progrès paraissent conduire à un seul résultat : doter de vie et d'intelligence les forces matérielles et rabaisser la vie humaine à l'état de force brute..." (L’idéologie allemande) «"La lutte des philosophes contre la « substance » et leur totale négligence de la division du travail, base matérielle dont est issu le fantôme de la substance, prouve simplement que ces héros ne se préoccupent que d’anéantir des phrases, et nullement de changer les conditions sociales qui sont forcément à l’origine de cette phraséologie." 11è Thèse sur FEURBACH : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer." Guy DEBORD La société du spectacle Gallimard "1 - Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation." TIMON de PHLIONTE (325-235 av. J.C., disciple direct de Pyrrhon d’Elis) "L'apparence où qu'elle se présente l'emporte sur tout." 5 A distinguer de la représentation, apparence, idéologie, forme, spectacle, etc. La condition de toute représentation est la perception… l'imagination… l'entendement… la mémoire… Gaston BACHELARD L'Air et les songes José CORTO 1943 p 98 "Imaginer, c'est hausser le réel d'un ton." Arthur SCHOPENHAUER « Il faut bien qu’un livre ait un commencement et une fin, et il différera toujours en cela d’un organisme ; mais, d’autre part, le contenu [de ce livre] devra ressembler à un système organique : d’où il suit qu’il y a contradiction entre la forme et la matière. » Sigmund FREUD « Très rares sont sans doute les hommes qui ont aperçu clairement les conséquences considérables du pas que constituerait, pour la science et la vie, l’hypothèse de processus psychiques inconscients. Mais hâtons-nous d’ajouter que ce n’est pas la psychanalyse qui a été la première à faire ce pas. On peut citer comme précurseurs des philosophes de renom, au premier chef le grand penseur Schopenhauer, dont la « volonté » inconsciente peut être considérée comme l’équivalent des pulsions psychiques de la psychanalyse. » [Freud 1917, 187] Charles BAUDELAIRE Mon cœur mis à nu « Avis aux non-communistes : Tout est commun, même Dieu. » Walt WITHMAN « The common place » Leaves of grass « Commun le jour la nuit – communes la terre les eaux, Votre ferme – votre travail, métier, occupation, La sagesse démocratique en-dessous comme base solide pour tous. » Jean FERRAT La Commune Il y a cent ans commun commune Comme un espoir mis en chantier Ils se levèrent pour la Commune En écoutant chanter Pottier Il y a cent ans commun commune Comme une étoile au firmament Ils faisaient vivre la Commune En écoutant chanter Clément Il y a cent ans commun commune Comme artisans et ouvriers Ils se battaient pour la Commune En écoutant chanter Pottier Il y a cent ans commun commune Comme ouvriers et artisans Ils se battaient pour la Commune En écoutant chanter Clément C'étaient des ferronniers Aux enseignes fragiles C'étaient des menuisiers Aux cent coups de rabots Pour défendre Paris Ils se firent mobiles C'étaient des forgerons Devenus des moblots Devenus des soldats Aux consciences civiles C'étaient des fédérés Qui plantaient un drapeau Disputant l'avenir Aux pavés de la ville C'étaient des forgerons Devenus des héros Il y a cent ans commun commune Comme un espoir mis au charnier Ils voyaient mourir la Commune Ah ! Laissez-moi chanter Pottier Il y a cent ans commun commune Comme une étoile au firmament Ils s'éteignaient pour la Commune Écoute bien chanter Clément 6 SOPHOCLE ELECTRE « Le Chœur : Ton père, tu ne le feras pas ressortir du havre souterrain Refranchir les limites du royaume commun à tous » Jacques DERRIDA La carte postale « Pour ce que je l’aime encore, je préviens alors l’impatience du mauvais lecteur : j’appelle ou j’accuse ainsi le lecteur apeuré, pressé de se déterminer, décidé à se décider (pour annuler, autrement dit ramener à soi, on veut ainsi savoir d’avance à quoi s’attendre, on veut s’attendre à ce qui s’est passé, on veut s’attendre). Or il est mauvais, du mauvais je ne connais pas d’autre définition, il est mauvais de prédestiner sa lecture, il est toujours mauvais de présager. Il est mauvais de ne plus aimer à revenir en arrière. » Martin HEIDEGGER Être et Temps « Tout questionner est un chercher. Tout chercher tire de ce qu’il recherche la direction qui précède et guide sa démarche. Questionner, c’est, sur le plan de la connaissance, chercher, chercher l’étant quant au fait qu’il soit et quant à son être tel. » Re-présenter : - quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ? - présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de quelque chose dans l'espace. Je rapproche cette définition de celle de supplément-suppléer que nous avons étudiée chez ROUSSEAU. De "ce dangereux supplément" de la Grammatologie de Jacques DERRIDA que j'avais lu et crayonné en 1970 à la "vignette idéo-biographique" que j'ai élaboré pour comprendre la pensée de Søren KIERKEGAARD dans les années 2000 et que je reprends aujourd'hui pour l'étude de celle de ROUSSEAU. Que signifie le concept de supplément ? P 208 "Le supplément s'ajoute, il est un surplus, une plénitude enrichissant une autre plénitude, le comble de la présence. C'est ainsi que l'art, la technè, l'image, la représentation, la convention, etc. viennent en supplément de la nature et sont riches de toute cette fonction de cumul. Cette espèce de la supplémentarité détermine d'une certaine manière toutes les oppositions conceptuelles dans lesquelles ROUSSEAU inscrit la notion de nature en tant qu'elle devrait se suffire à elle-même. Mais le supplément supplée. Il ne s'ajoute que pour remplacer. Il intervient ou s'insinue à-la-place-de; s'il comble, c'est comme on comble un vide. S'il représente et fait image, c'est par le défaut antérieur d'une présence. Suppléant et vicaire, le supplément est un adjoint, une instance subalterne qui tient-lieu. En tant que substitut, il ne s'ajoute pas simplement à la positivité d'une présence, il ne produit aucun relief, sa place est assignée dans la structure par la marque d'un vide. Quelque part, quelque chose ne peut se remplir de soi-même, ne peut s'accompli qu'en se laissant combler par signe et procuration. Le signe est toujours le supplément de la chose même." Ce supplément se meut dans la seule réalité textuelle. Il est tout à la fois représentation et crise de la représentation. De même, le concept de vignette idéo-biographique en tant que vignette et en tant qu'idée est intra-textuel et intertextuel. Comment puis-je écrire ma vie, mon existence et plus particulièrement comment puis-je représenter des situations de ma vie ? Le petit pas que je fais à la place du supplément de DERRIDA, c'est celui de situation comme reprise au sens de KIERKEGAARD. Le sens de reprise apporte un sème de création par rapport au supplément et à son sème mimétique. 7 Mise en abîme de la représentation comme présentation de la représentation et représentation de la présentation : lire le Portrait de Dorian GRAY d’Oscar WILDE et analyser la dialectique de la confrontation du héros à son portrait et le drame de la jeune actrice (être talentueuse à jouer les héroïnes amoureuses de SHAKESPEARE et être amoureuse de Dorian et perdre son talent). ARENDT Hannah Condition de l’homme moderne Editions Calmann-Lévy p 211 Le théâtre est « l’art politique par excellence » parce que « nulle part ailleurs la sphèe politique de la vie humaine n’est transposée en art », elle se réfère implicitement au fait que l’art de l’acteur, le jeu dramatique, fait partie de ces arts d’exécution comme celui de la flûte, la danse qui ont « une grande affinité avec la politique ». Car ils « ont besoin d’une audience pour montrer leur virtuosité, exactement comme les hommes qui agissent ont besoin de la présence d’autres hommes devant lesquels ils peuvent apparaître ; les deux ont besoin d’un espace publiquement organisé pour leur ‘œuvre’ et les deux dépendent d’autrui pour l’exécution elle-même. » La Crise de la culture Gallimard p 200. ARISTOTE Poétique traduction R. DUPONT-ROC et J. LALO Seuil 1980 chapitre 4, 1448b p 43. « Dès l’enfance les hommes ont, inscrites, dans leur nature, à la fois une tendance à représenter (mimesthai)- et l’homme se différencie des autres animaux parce qu’il est particulièrement enclin à représenter dans es premiers apprentissages et qu’il a recours à la représentation dans ses premiers apprentissages – et une tendance à trouver du plaisir aux représentations. » Friedrich NIETZSCHE « Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. » Crépuscule des idoles. « Ah ! ces Grecs ! Ils savaient vivre ! Pour cela, il faut bravement, s’en tenir à la surface, au pli, à l’épiderme, adorer l’apparence, croire aux formes, aux sons, aux mots, à tout l’Olympe de l’apparence ! Ces Grecs étaient superficiels – par profondeur… » Préface de 1882 au Gai Savoir LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY - Oscar WILDE Philosopher par la littérature, philosopher en pensant « Le portrait de Dorian GRAY ». Exercice : lisez et analysez soit le chapitre 1, soit le chapitre 2, soit le chapitre 7, en déroulant les deux fils du « commun » et « de la représentation ». Vous vous aiderez des aphorismes de WILDE de sa préface et de la définition des deux notions que je vous propose : Proposition1 : penser le « commun », « comme…un… », et pratiquer un usage réglé de cette métaphore dans une situation où la pluralité devient conflictuelle… concevoir une voie « comme…une » pour le plus grand nombre. Le commun est à penser comme co-activité, et non comme coappartenance, copropriété ou copossession. Proposition2 : penser le re-présenter en se posant à chaque fois la question de - quelle est la valeur du préfixe "re" dans "représenter" ? - présenter à nouveau ou à la place de quelque chose, à nouveau dans le temps ou à la place de quelque chose dans l'espace. Deux grands axes organisent les significations de la représentation : 1« la présence » (rendre présent, rendre sensible 2 « logique de substitution » ou « de délégation » (représenter quelqu’un, c’est le remplacer, agir à sa place, en son nom, fonction de lieutenance). Vous analyserez ces deux notions et leur développement en repérant l’évènement comme changement critique qui les manifeste. Tout le chapitre 1 met en scène la crise et la création, la crise de Basil HALLWARD comme artiste et comme personne face à Dorian GRAY et à son œuvre-portrait. 8 RESSOURCES REPRESENTATION - MARIN Louis Politiques de la représentation - FOUCAULT Les mots et les choses Gallimard La Pléiade - FONTAINE Philippe La représentation les figures de la représentation Ellipses - ELISSALDE Yvan La réflexion La Philothèque Bréal 2015 - BRAUN Lucien Philosophes et Philosophies en représentation P.U. de Strasbourg - Vocabulaire Européen des Philosophies sous la direction de Barbara CASSIN - Dictionnaire historique de la langue française sous la direction d’Alain REY - Dictionnaire international de la psychanalyse s/direction d’Alain MIJOLLA Hannah ARENDT Qu'est-ce que la politique (Seuil) Politique 1963 : Essai sur la révolution (publié en français chez Gallimard, 1967) 1961 : Condition de l’homme moderne (publié en français chez Calmann-Lévy en 1961, puis en édition de poche chez Pocket). 1961-68 : La Crise de la culture (publié en français chez Gallimard, 1972) EICHMAN à Jérusalem Un rapport sur la banalité du mal François RABELAIS Gargantua Chapitres de LII à LVIII Utopie Mikhaïl BAKHTINE L'œuvre de François RABELAIS et la culture populaire au Moyen âge et sous la Renaissance Editions Gallimard 1970 EUROPE Regards sur l'utopie 2011 Pierre MACHEREY De l’utopie ! De l’incident éditeur 2011 Rire Histoire du rire et de la dérision de G. Minois. 637 p. Fayard 2000. Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Sigmund FREUD 1905, 128 p Le Rire. Essai sur la signification du comique (1900), Henri BERGSON, préface d'Antoine de BAECQUE, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2012 De l'humour, Simon CRITCHLEY Editions KIME Le Collège international de philosophie 2004 Métaphysique du rire, Sylvie PAILLAT Editions L'Harmattan Ouverture philosophique 2014 Pourquoi rire ?, sous la direction de Jean BIRNBAUM Editions folio essais 2011 La Joie spacieuse Essai sur la dilatation, Jean-Louis CHRETIEN Les Editions de Minuit 2007 Esthétique du rire, sous la direction d'Alain VAILLANT Presses Universitaires de Paris Ouest 2012 Le rire des Grecs Anthropologie du rire en Grèce ancienne, sous la direction de MarieLaurence DESCLOS Collection Horos Jérôme MILLON Eclats de rire variations sur le corps comique, Olivier MONGIN Le Seuil 2002 L'étonnement philosophique une histoire de la philosophie Jeanne HERSCH Folio 1981 Denis DIDEROT Lettre sur les Aveugles Les sens du sens Lettre sur les sourds et muets Colas DUFLO DIDEROT Du matérialisme à la politique CNRS Editions 2013 Yves BENOT DIDEROT de l'athéisme à l'anticolonialisme François MASPERO 1970 Gilles DELEUZE Mille Plateaux – Capitalisme et schizophrénie 2, en collaboration avec Félix Guattari, Les Georges GUATTARI éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1980, p 645 De la ritournelle Qu'est-ce que la philosophie ?, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit Créer en arts, en (coll. « Critique »), Paris, 1991, p 206 philosophie et en L'Abécédaire de Gilles Deleuze, de Pierre-André Boutang, entretiens avec Claire sciences Parnet réalisés en 1988, Éditions Montparnasse, 2004. Pierre DARDOT Christian LAVAL COMMUN Essai sur la révolution au 21ème siècle Editions La Découverte2014 Nouvelles représentations de la vie en biologie et philosophie du vivant – La sculpture du vivant à l’épreuve de l’interdisciplinarité sous la direction de Laurent CHERLONNEIX Editions DE BOECK André PICHOT Expliquer la vie de l’âme à la molécule Editions QUAE 2011 9