A la mort de Mahomet, celui qu’il avait désigné comme Calif, Ali, pendant qu’il était occupé
à la préparation des funérailles, s’est fait piquer le pouvoir par Abu Bakr,. Si dans un premier
temps Ali s’est rangé aux côtés de l’usurpateur, le conflit de succession à Mahomet ne tarda
pas à surgir, engendrant de facto une scission fondamentale au sein de l’islam.
D’un côté les chiites qui se rallient à Ali et de l’autre les sunnites, fidèles à la révélation
prophétique de Mahomet.
Ces deux courants religieux se sont donc construits sur un socle politique.
Premier indice qui pourrait contribuer à la thèse de Reza, historiquement les perses ont choisi
le rebelle Ali aux yeux des sunnites majoritaires, comme référent spirituel.
Fondamentalement, (outre la similitude exposée ci-dessus) les perses auraient pu également
choisir le chiisme, mais ce n’est qu’une interprétation de ma part, parce qu’il laissait une
grande part de liberté individuelle dans la volonté de chacun d’étudier le coran qui, selon ce
courant de pensée, aurait un sens caché qu’il faut rechercher et un sens évident, l’existence de
dieu.
Si on se replace dans le contexte historique on peut comprendre, par exemple, l’adhésion du
peuple perse, certes forcée, à l’arrivée du Messi (le Mahdi en arabe) qui, selon le coran,
comblera la terre de justice et d’équité autant qu’elle est remplie d’injustice et de tyrannie.
Par contre, les chiites sont très attachés à la hiérarchie religieuse, de manière plus importante
que les sunnites qui élisent leur calife, alors que la communauté chiite ne peut être dirigée que
par des imams qui tirent leur autorité directement de Dieu et qui sont désignés par la
hiérarchie religieuse (le calife).
De même, le martyre est pour eux un symbole de la lutte contre l’injustice : c’est donc le
culte des martyres, que l’on retrouve aujourd’hui dans le djihad qui s’est internationalisé.
Pourquoi l’adhésion perse, aujourd’hui iranienne, à cette affection particulière pour les
martyres. Serait-ce dû à une assimilation à cette catégorie de l’humanité, prise sous le joug
d’une domination subie ?
Mon interrogation grandit lorsqu’on sait que les chiites considèrent que l’intellect humain est
inné, qu’une connaissance intuitive du bien et du mal est donnée par dieu lui-même et que,
par conséquent, elle est indépendante de l’instruction. Seul le prophète et ses successeurs
désignés par lui sont garants de l’évolution intellectuelle des fidèles.
Alors que la civilisation perse accordait une extrême importance aux philosophes et aux
savants cette conversion au chiisme constitue une véritable rupture culturelle. En effet,
comment comprendre qu’un peuple éclairé et en avance sur son temps ait pu se laisser
enfermer dans un processus de non évolution intellectuelle destiné à maintenir les fidèles
ignorants dans la religion.
Aujourd’hui encore, l’Iran est le grand centre du chiisme, non pas dans une version iranienne
à part, mais dans une parfaite orthodoxie à la soumission à l’imam, le gardien du sens caché
de la révélation de dieu.
Contrairement à l’Irak, qui pratique une variante du chiisme, où les musulmans font la
distinction entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, même si le chiite irakien ne peut se
démettre de l’autorité spirituelle.
J’en arrive à la conclusion, qui n’en sera pas une mais plutôt des interrogation : en choisissant
le chiisme lors de leur conversion forcée à l’islam, les Iraniens ne se sont-ils pas enfermés
dans un carcan religieux duquel il leur sera difficile de sortir aujourd’hui ?
Et dans la mesure où le pouvoir temporel se confond avec le pouvoir spirituel, est-ce qu’une
solution politique est encore possible pour revenir à plus de démocratie ?
Est-ce que l’émancipation du religieux impulsée par la jeunesse, notamment féminine, en
Algérie, en Tunisie, en Egypte, en Jordanie mais aussi en Iran comme nous l’a révélé Reza
lors de sa conférence, au nom d’une réelle liberté revendiquée, est-ce que cette émancipation