Méthodes expérimentales de la physique Physique des surfaces 4. Sources et détecteurs Jean-Marc Bonard Année académique 08-09 4. Sources et détecteurs 4.1. Sources UV/X Sources pour la spectroscopie de photoélectrons ! Sources UV à 21.2 eV (He) " Décharge électrique dans un gaz " Forte intensité " Quasiment monochromatique ! Sources rayons X " Bombardement d’une surface métallique par des électrons de haute énergie " Sources à ~1.5keV: Al, Mg… " Monochromatisation souvent nécessaire ! Rayonnement synchrotron " Meilleure brillance que les sources X conventionnelles " Lumière cohérente, polarisée " Énergie variable " Permet de couvrir la zone où le libre parcours moyen est le plus faible 3 Rayonnement synchrotron # Électron émet de la lumière “synchrotron” quand il est dévié ! Spectre continu ! Électrons de basse énergie: émission isotrope ! Électrons relativistes: émission dans un cône de faible divergence tangent à la trajectoire # Synchrotron: Déviation d’électrons de haute énergie (> 600 MeV) par des aimants déflecteurs Spectre d’émission synchrotron 4 Rayonnement synchrotron II # Utilisation d’onduleurs ! Champ magnétique transverse périodique ! Interférence constructive/destructive entre les faisceaux émis à chaque déflection ! Émission cohérente ! Faisceau ~1000 fois plus intense qu’avec un simple déflecteur ! Plage d’émission en énergie plus faible 5 La “Swiss Light Source” # Un synchrotron au PSI à Villigen (AG) ! Anneau de stockage ! Six arcs " Aimants déflecteurs ! Six sections droites " Onduleurs ! Neuf “beamlines” en opération " SIS: Spectroscopie de surfaces/interfaces " IR/VUV: Spectroscope IR/UV " SIM: Microscopie de surfaces/interfaces " PX: Cristallographie de protéines " MS: Science des matériaux (diffraction) "… ! http://sls.web.psi.ch 6 Exemple d’une “beamline” # Ligne de spectromicroscopie ! Source: onduleur ! Optique d’alignement ! Monochromateur ! Instruments montés sur une plateforme rotative 7 4. Sources et détecteurs 4.2. Spectrométrie 10-5 Photons 10-6 Electrons ! Deux étapes ! Détection ! Produits d’interaction ! Photons IR-VIS ! Photons X 10 Longueur d'onde [m] ! Tri en énergie/masse 10-9 Protons Neutrons He Ar XRD LEED RHEED 10-11 10-12 ! Ions 10-13 10-14 10-6 XPS STM AS -10 ! Électrons ! Particules neutres UPS -7 10-8 10 LM SEM TEM ISS SIMS 10-4 10-2 100 102 104 Energie d'excitation [eV] RBS 106 4. Sources et détecteurs 4.2.1. Spectrométrie de photons X Détecteur EDX Kratos !EDX1400 Détection de rayons X # Photon X produit des paires électron-trou dans un semi-conducteur ! Nombre des charges libérées proportionnel à l’énergie du photon (5 keV " 1300 charges) ! Pulse de charges converti en différence de tension par un circuit électronique " Amplification par un FET " Tension à la sortie du FET est constante jusqu’à l’arrivée du rayon X suivant " Remise à zéro par une LED dès que le circuit atteint une tension limite ! Permet également de détecter des protons et des particules ! 10 4. Sources et détecteurs 4.2.2. Spectrométrie d’électrons Détecteur d’électrons “Channeltron” Détection d’électrons I # Courant d’électrons très faible (XPS: 10-15 A " 104 e–/s) ! Cage de Faraday connectée à un électromètre " Bruit: #10-16 A " Donne une mesure absolue ! Multiplicateur d’électrons " Bruit: #10-20 A " Rapide " Donne une mesure relative 12 Détection d’électrons II # Dynode ! Série de 10-20 plaques interconnectées par une chaîne de résistances ! Plaques recouvertes d’un matériau à haut taux d’émission d’électrons secondaires ! Électron arrive sur la première dynode provoque l’émission de nombreux électrons secondaires ! Électrons sont accélérés vers la dynode suivante ! Amplification de dynode en dynode 13 Détection d’électrons III # Channeltron / Channelplate ! Dynode continue ! Tube semiconducteur à haute résistance (109 ") et fort taux d’émission d’électrons secondaires ! Limité à ~107 détections/s ! Détection résolue spatialement: channelplate ! Permet également la détection de " Ions " Rayons X 14 Analyseur cylindrique # Trajectoire des électrons perpendiculaire aux équipotentielles ! E = 1.31 eV / ln(r2/r1) ! Angle d’acceptance précis (42.3°): géométrie contraignante ! Cylindre intérieur à la terre ! Cylindre extérieur à -V ! Résolution moyenne (E/$E " 100) " Spectroscopie Auger: un analyseur " Spectroscopie de photoélectrons: deux analyseurs en série 15 Analyseur hémisphérique # Trajectoire des électrons parallèle aux équipotentielles ! E = e%(V2-V1)/(r2/r1-r1/r2) ! Système de lentilles avant l’entrée de l’analyseur " Meilleure collection des électrons " Décélération des électrons avant analyse: améliore la résolution ! Avantages " Meilleure résolution que l’analyseur cylindrique (E/$E " 1000) " Mesure en fonction de l’angle possible 16 Résolution en énergie # Analyse en énergie ! Énergie cinétique Ekin permet de déterminer l’énergie de liaison EB " Ekin = h# - EB - !s " !s: travail de sortie de l’échantillon ! Résolution maximale d’un analyseur: quelques meV ! Exemple: Distribution des électrons autour du niveau de Fermi dans le Nb 17 4. Sources et détecteurs 4.3. Détection d’atomes et molécules 4. Sources et détecteurs 4.3.1. Ionisation Détection de particules neutres # Particules énergétiques ! Production d’électrons secondaires sur une cible ! Détection avec un channeltron # Particules de faible énergie: Production d’ions ! Ionisation électronique " Faisceau d’électrons de ~100 eV ! Photoionisation !… 20 Méthodes d’ionisation Méthode d'ionisation Echantillon Forme de l'échantillon Masse Avantages Electron Impact (EI) faible masse, volatile gaz, liquide ou solide <1,000 amu Méthode dure, largement applicable Photoionization faible masse, volatile gaz <1,000 amu Méthode dure Chemical Ionization (CI) faible masse, volatile gaz, liquide ou solide <1,000 amu Méthode douce peptides, protéines, non-volatile hydrates de carbone, organométalliques, peptides peptides, protéines, nucléotides chromatographie liquide <200,000 amu Méthode douce, ionisation multiple dispersé dans une matrice visqueuse <6,000 amu Méthode douce dispersé dans une matrice solide <500,000 amu Méthode douce, très hautes masses Electrospray (ESI) Fast Atom Bombardment (FAB) Matrix Assisted Laser Desorption (MALDI) 21 4. Sources et détecteurs 4.3.2. Spectrométrie de masse - historique John J. Thomson Francis Aston Spectrométrie de masse # But ! Détecter des particules en fonction de leur rapport charge/masse: q/m r r r r ! Force de Lorentz: F = q (E + v ! B ) " Accélération radiale "$Gaz dans la chambre C "$“Rayons cathodiques” (électrons) produisent des “Kanalstrahlen” (ions) "$Accélérés par la cathode K " Rayon de courbure r, vitesse v m / q = Er1 /v 2 !$Expérience de Thomson et Aston spectrographe à parabole m / q = Br2 / v "$Champs électrique et magnétique croisés ! Thomson (1897): électron ! Dempster (1918): secteur magnétique ! Aston et Thomson (1920): découverte des isotopes 23 24 Les spectromètres de masse Analyseur Avantages Quadrupôle Balayage rapide, pas d'accélération nécessaire, résolution (M/!M) de ~1034 Secteur (magnétique et/ou électrostatique) Haute résolution (105) Temps de vol (Timeof-Flight - TOF) Pas de masse limite (en théorie), haut courant, résolution de 103 (104 avec un réflectron) Résonance cyclotron d'ions (Ion Cyclotron Resonance - ICR) Très haute résolution (106), masse exacte 25 Spectrométrie de masse # Identification des molécules ! Fragments ! Isotopes ! Ionisation multiple… # Utilisation très large ! Chromatographie en phase gazeuse ! Spectroscopie d’ions secondaires (SIMS) ! Analyse de gaz résiduels ! …de l’atome aux protéines à haut poids moléculaire… 26 4. Sources et détecteurs 4.3.3. Spectrométrie de masse: spectromètre à secteur Spectromètre à secteur # Développement des spectromètres d’Aston et Dempster ! Analyseur à secteur " Rayon de courbure fixe " Énergie d’accélération constante " On balaye les masses en variant E ou B ! Secteur magnétique introduit des abbérations chromatiques " Ions de même masse n’ont pas tous la même énergie " Focalisation en énergie et en masse: double secteur 28 Spectromètre à secteur II # Utilisé principalement pour SIMS dynamique ! Résolution typique de M/$M = 20000 ! Étendue en masse limitée (#500 amu) # Optique ionique se comporte comme une série de lentilles: imagerie directe ! Résolution: ~50 nm # Permet de détecter seulement une masse à la fois ! Géométrie Mattauch-Herzog: détection de plusieurs masses simultanément 29 4. Sources et détecteurs 4.3.4. Spectrométrie de masse: spectromètre à quadrupôle Spectromètre à quadrupôle # Principe ! Gaz ionisé par des électrons (émis par une cathode chaude) !$Tri en charge/masse par un quadrupôle !$Détection par une cage de Faraday, channelplate… ! Ions sont collectés dans le spectromètre 31 Spectromètre à quadrupôle II y # Champ hyperbolique ! Instable pour les particules ! Potentiel U égal sur les électrodes se faisant face (distantes de 2%r0) x ! Potentiel opposé sur les deux autres ! On superpose à U un potentiel V alternatif $ = [U + V cos(%t)]%(x2 – y2)/r02 ! Idéalement: électrodes à section hyperbolique ! En pratique: électrodes cylindriques ! Fonctionne selon le même principe: trappe à ions 32 Spectromètre à quadrupôle III # Principe ! Électrodes +: laissent passer les ions avec m/q > M1 ! Électrodes –: laissent passer les ions avec m/q < M1 ! M1 = V / (14.4 !2 r02) ! Résolution: déterminée par " Le rapport U/V " La longueur et le rayon du quadrupôle ! En général " ! est constante " On trie les ions en variant U, V avec U/V constant 33 Spectromètre à quadrupôle IV # Principe simple, coût modéré # Limites ! Résolution moyenne (M/$M " 500) ! Masse limitée à ~500 amu ! Transmission faible (moins de <1% des ions de la masse sélectionnée arrivent au détecteur) ! Acquisition du spectre en balayant U et V: très grosse perte d’information 34 4. Sources et détecteurs 4.3.5. Spectrométrie de masse: spectromètre à temps de vol (ToF) Spectromètre de masse à temps de vol # Permet de pallier aux défauts du quadrupôle ! Hautes masses ! Tri/détection efficace # Accélération d’ions à U0 = 2-8 keV ! Ions ont tous la même énergie ! Vitesse varie avec (m/q)0.5 ! Mesure du temps de vol sur une distance L donnée: t2 = (m%L2)/(2q%U0) m/q ! Dispersion en vitesse initiale des ions " Compensation en utilisant un réflectron 36 Spectromètre de masse à temps de vol II # Mesure du temps de vol ! Ne fonctionne qu’en régime pulsé ! Faisceau d’ions pulsé: primaire ou secondaire # Résolution en masse m/$m " 10000 ! Parcours de vol long (1 - 1.5 m) ! Mesure du temps de vol précise à 0.1 ns # Avantages ! Pas de limite en masse ! Détection simultanée de toutes les masses de la même polarité ! Possibilité de détecter les ions en fonction de la position sur l’échantillon 37 Comparaison Spectres ions négatifs # Molécule Irganox1010 C(CH3)3 O C O H2 C C H2 H2 OH C(CH3)3 ! Masse: 1176.78 amu 4 ! Quadrupôle " Ions caractéristiques, mais aux masses basses seulement " Intensité diminue rapidement quand la masse augmente ! Temps de vol " Fragments caractéristiques et ion moléculaire sont détectés www.minisims.com 38 Comparaison Quadrupôle - ToF # Surface avec contaminant inconnu # Quadrupôle ! Limité en masse à m/q ~ 160 dans ce cas ! Perte d’intensité d’un facteur 10 entre pics à 57 et 127 amu # Temps de vol ! Fragments caractéristiques de haute masse # Identification ! Base de données ! Analyse de contaminants potentiels ! Fragments de haute masse déterminants pour l’identification www.minisims.com 4. Sources et détecteurs 4.4. Intermède : les “Calutrons” 39 Un peu d’histoire… # 1920 ! Travaux de Thomson et Aston ! Existence d’isotopes # 1938 ! O. Hahn et F. Strassman découvrent la fission nucléaire de l’uranium ! Moins d’une semaine plus tard la possibilité d’une bombe atomique est évoquée # 1939 ! E. Fermi et J. Dunning demandent à A. Nier de séparer les isotopes de l’uranium # 1941 ! La faisabilité d’une bombe à fission est largement acceptée (1/11/1941) ! Masse critique: entre 2 et 100 kg de 235U (abondance naturelle 0.7%) ! Aucune séparation, aucun modérateur # 1942 ! Le site d’Oak Ridge est choisi pour conduire les opérations d’enrichissement41de l’U Enrichissement d’uranium I Réacteur graphite pour la production de plutonium ! Fission de ! 238U + n0 235U & produit des neutrons 239Pu 42 Enrichissement d’uranium II # Diffusion gazeuse ! Taux de diffusion varie avec le poids des molécules ! UF6 diffuse à travers des filtres fins et poreux (10 – 100 nm) ! Différence de poids entre et 238UF6: moins de 1% 235UF 6 ! Facteur d’enrichissement de ~0.14% par cycle " Uranium naturel: 0.7% de 235U " Uranium militaire: 88% de 235U " 4000 étages de diffusion ! 12’000 employés Usine de diffusion gazeuse à Oak Ridge 43 Enrichissement d’uranium III # Séparation électromagnétique ! Proposé par E.O. Lawrence en 1942 ! Instrument à secteur magnétique de 180° ! Séparation de ~2.5mm après un arc de 45cm de rayon ! “Calutron” CALifornia University cycloTRON 44 Les “Calutrons” # Aimant de 4.6 m de diamètre ! Prévu à la base pour un cyclotron de 100 MeV ! Utilisé pour les premiers essais 45 Les “Calutrons” II ! 864 unités !: enrichissement à 12% ! 216 unités ': enrichissement à 88% 46 Les “Calutrons” III ! Matériau de base: UCl4 ! Traitement de 1-4 g/h ! Collecteurs récoltés toutes les ~100h " Graphite brûlé " Uranium métallique extrait des cendres ! ~90% du matériau évaporé “perdu” sur les parois " Nettoyage périodique de l’enceinte 47 Les “Calutrons” IV Salle des commandes Salle des pompes 48 Les “Calutrons” V # Performances ! Août 1945: 42 kg de 235U à 88% " 5100 kg d’uranium naturel ! 22’000 employés # Après la guerre ! Utilisés pour la séparation d’isotopes stables " Cinq calutrons originaux en service jusqu’en mars 1999 " Recherche, médecine, industrie… " P.ex. 700 g/an de thallium 203 pour l’imagerie cardiaque ! Refait surface en Irak en 1992… Service d’un calutron 49