SEPTEMBRE 2012 DES ÉTUDES QUI
VOUS CONCERNENT
Influence de la végétation urbaine >
Mieux prévoir les événements
extrêmes autour de la Méditerranée
la lerede
Climat du passé, temps présent,
climat du futur
Météo-France
Météo-France scrute en permanence la planète
et notre territoire pour apporter un diagnostic
fiable et répondre aux besoins des décideurs
En juillet, Météo-France et ses partenaires ont ouvert Drias,
Les futurs du climat, un site internet qui permet
àchacun d’acder aux simulations climatiques affinées sur
la France. Temratures, précipitations et autres paramètres, simulés
pour les décennies à venir en fonction de différentes hypotses,
Drias facilite l’accès à ces informations indispensables aux études
d’impact et d’adaptation au changement climatique.
Météo-France, service météorologique dont chacun connaît
l’expertise en matière de prévision du temps, est aussi
un service climatique organisé pour informer sur les climats
du passé et du futur. Cette capacité s’explique par ses missions.
Météo-France déploie des réseaux de mesures tant en métropole
qu’outre-mer dont les données servent tout autant aux services
de prévision qu’à enrichir les bases de données de la climatologie.
Cette mission de « mémoire du climat » confiée à l’établissement
impose d’établir en permanence un diagnostic sur l’évolution
du climat.
Pour ce faire, les climatologues font appel aux outils de simulation
de l’atmosphère. Les services de recherche de Météo-France ont
développé et améliorent continuellement des modèles de prévision
du temps qui sont parmi les meilleurs : Arpège à l’échelle mondiale,
Arome et Aladin sur la France métropolitaine et les domaines
d’outre-mer. Or, ces mêmes modèles – paramétrés différemment
et enrichis pour représenter toute la complexité du « système
Terre » – sont utilisés tant pour simuler le climat futur, que pour
effectuer des « réanalyses » du temps sur les 50 dernières années
ou reconstituer les climats du passé lointain.
Ainsi, grâce aux multiples compétences dont dispose l’établissement
(spécialistes de l’observation, de la prévision,
de la climatologie, chercheurs…), en favorisant les échanges entre
ces diverses disciplines, Méo-France maîtrise le continuum des
climats passés aux climats futurs. Il peut ainsi proposer et
développer les « services climatiques » dont notre socié a besoin.
Des informations indispensables aux décideurs pour relever le défi
de l’adaptation au changement climatique.
François Jacq
Président-directeur
général
Drias, Les futurs
du climat, le site
internet des
simulations
climatiques
ÉDITORIAL
«
«
© Philip Plisson
Du temps
passé
au temps futur
Des observations en tous points
du territoire
Un mât de 10 mètres portant girouette et
anémomètre, un entonnoir destiné à re-
cueillir la pluie, une ou deux armoires
blanches, vous avez peut-être déjà ren-
contré ces équipements de Méo-France
au milieu d’un champ, d’une vigne, en
haute montagne ou en bord de mer. Il
s’agit d’une station météo automatique
mesurant pression, vent, température, hu-
midité, précipitation… Il y en a plus de
550 de ce type en France métropolitaine
transmettant leurs mesures toutes les
6 minutes. Ces données serviront tout
d’abord à connaitre en détail le temps
qu’il fait. Elles seront aussi le point de dé-
part de la prévision numérique du temps
mise en œuvre sur le supercalculateur de
Météo-France.
Puis, une fois contrôlées, validées et ar-
chies, elles commenceront une seconde
vie. Elles seront de toutes les demandes
de renseignements, de toutes les études :
risque de feu, sécheresse des sols, condi-
tions de développement d'une épidémie,
etc. Les exemples d’utilisation sont in-
nombrables et parfois inattendus.
Une climatologie à maille fine
Aussi nombreux soient-ils, les points de
mesures sont toujours insuffisants, no-
tamment en montagne ou en mer. Cer-
tains paramètres, par exemple l’humi-
dité des sols ou la stabilité du manteau
neigeux, sont rarement mesurés directe-
ment. Aussi, pour établir des cartogra-
phies précises, pour conntre en tout
point du territoire les valeurs des para-
mètres utiles aux agriculteurs, ingé-
nieurs, aménageurs… les climatologues
font appel à des modèles numériques
scialisés – atmosphère, végétation,
LE DOSSIER la lere Météo-France |3
AVANT 1854 :
Étude du climat d’après les écrits
anciens, les cernes des arbres,
les carottages de glace et de
sédiments, l’archéologie, etc.
1854 :
Création du service
météorologique français
et début des mesures
météorologiques en continu
RECONSTITUTION
DES CLIMATS
DU PASSÉ
RÉANALYSES (POUR
LES 50 DERNIÈRES
ANNÉES)
PRÉVISION DU
TEMPS (POUR LES
10 JOURS À VENIR)
PRÉVISION
CLIMATIQUE
MENSUELLE
PRÉVISION
CLIMATIQUE
DÉCENNALE
SCÉNARIOS
CLIMATIQUES
DU FUTUR
1854 2012
© Météo-France/Pascal Taburet
écoulement de l’eau de surface, manteau
neigeux, vagues…
Ces modèles permettent de reconstituer
des périodes ou des événements, d’ef-
fectuer des « réanalyses » précieuses
pour mieux décrire le passé. On reconsti-
tue ainsi, avec les outils et la puissance
de calcul d’aujourd’hui, la cartographie
à échelle fine des paramètres qu’il n’a pas
été possible de faire en son temps. Par
exemple, la réanalyse de l’humidité des
sols de 1958 à 2008 a permis d’établir
une climatologie des sécheresses en
France à une résolution de 8 kilomètres.
La réanalyse des précipitations observées
par les radars depuis 1997 offre une car-
tographie des pluies, heure par heure et
kilomètre par kilomètre. Le modèle uti-
lisé pour la prévision des avalanches a
été mis à contribution pour effectuer une
réanalyse sur 50 ans du manteau neigeux
afin d’en déduire une climatologie des
avalanches naturelles.
Le changement climatique
taillé
Incarnant tout le savoir des spécialistes, in-
terpolant au mieux les données disponi-
bles, les réanalyses pallient les données
manquantes et démultiplient les possibili-
tés des services climatologiques. Avec les
mesures archivées, elles contribuent à
mieux cerner l’évolution du climat au cours
des 50 ou 100 dernières années.
Cette connaissance est indispensable à
toute étude sur le changement clima-
tique. Avant de simuler le climat du futur,
il faut en effet s’assurer que le modèle
climatique utilisé représente bien l’évo-
lution connue du climat passé. Pour éta-
blir les simulations climatiques qui servi-
ront au Giec (Groupe intergouvernemental
sur l’évolution du climat) à rédiger son
prochain rapport de synthèse (5erapport,
2013), Météo-France a décliné son mo-
dèle mondial d’atmosphère, Arpège, dans
une version « climat », enrichie d’un mo-
dèle d’océan, d’un modèle de glaces de
mer, intégrant les interactions avec les
sols, la végétation, et la chimie de l’atmo-
sphère. De même, une version du modèle
de prévision du temps à maille fine Aladin
est utilisée pour affiner les simulations
climatiques sur le territoire national. Des
projections climatiques sont ainsi pro-
duites pour caractériser le climat futur,
alimentant des diagnostics sur la nature et
l’ampleur du changement climatique pour
la métropole et l’outre-mer, des analyses
d’impact, des études d’adaptation et d’au-
tres services climatiques.
Cette connaissance fine de l’évolution du
climat, tant au cours du siècle passé qu’au
cours des décennies à venir, rend possible
l’étude des conséquences du changement
climatique. En croisant les données clima-
tologiques du passé avec lévolution
concomitante d’un phénomène « météo-
sensible » (fréquence des sécheresses,
des inondations, des feux de forêt, répar-
tition d’une espèce végétale ou animale,
rendements agricoles…), on détermine pré-
cisément le lien entre le phénomène et le
climat. Il est alors possible d’en déduire
son évolution probable en fonction des
changements à venir.
Aujourd’hui, ces résultats, bien qu’encore
entachés d’une incertitude importante,
sont suffisamment robustes pour être uti-
lisés en planification.
4|la lere Météo-France
LE DOSSIER
Carte des précipitations annuelles
moyennes sur la période de référence
1981-2010
ZOOM SUR
La banque de données
climatologiques
de Météo-France comprend
environ 18 000 postes, en
métropole et outre-mer, toujours
en service ou fermés depuis
longtemps (les mesures les plus
anciennes remontent à 1677).
Elle s’enrichit de plus
d’un million de données par jour
en provenance des réseaux
de mesures de Méo-France.
o-France participe également
à des programmes internationaux
visant à maintenir 1500 bouées
rivantes dans les océans,
à équiper des avions de ligne
pour mesurer les paramètres
orologiques en cours de vol,
à entretenir le réseau des satellites
orologiques. (Chiffres 2012)
Le climat de la Terre est
un continuum d’espace
et de temps. Le maîtriser
nécessite des outils
complexes en constant
développement.
«
«
Pourquoi EDF a-t-il
besoin de pvisions
orologiques à
long terme ?
Comment EDF utilise
les données
météorologiques
pour gérer son parc
de production ?
Que peuvent apporter
les prévisions
mensuelle et
saisonnière ?
La connaissance des
conditions météorologiques
à venir est essentielle pour
optimiser le parc de
production d’EDF car elles
vont déterminer la
consommation électrique.
Pour l’éolien et le
photovoltaïque, elles seront
également déterminantes
pour la production. Pour
l’hydro-électrique, il s’agit de
gérer le stock d’eau des
barrages, de façon à avoir
assez d’eau pour faire face
aux pics de consommation
électrique, notamment à
l’automne et en hiver, mais
pas trop. Un lâcher d’eau
sans production électrique,
pour évacuer un trop plein,
est en quelque sorte un
gâchis de la ressource.
Au-delà d’une quinzaine de
jours, la démarche actuelle
ne fait plus appel aux
prévisions méo, mais
consiste globalement à
rejouer les conditions du
passé. Pour la gestion des
barrages par exemple, les
modèles hydrologiques,
chargés in fine de prévoir les
débits des fleuves, utilisent
comme conditions initiales
les températures et
précipitations mesurées par
nos réseaux et, en guise de
prévision, un scénario du
passé analogue à la situation
actuelle.
Mon travail consiste
notamment à « qualifier »
la qualité des prévisions
climatiques aux échelles
mensuelle et saisonnière,
soit par des études internes,
soit en participant à des
programmes de recherche
français et européens.
Les scores à l’échelle
mensuelle ont nettement
progressé ces dernières
années. Nos études montrent
que les prévisions de
température peuvent
apporter une information
pertinente jusqu’à trois, voire
quatre semaines d’échéance,
particulièrement en hiver et
en été. Par ailleurs, le post-
traitement des prévisions
issues des modèles permet
d’en améliorer les
performances. Nous avons
montré que l’introduction
des prévisions mensuelles de
précipitations dans nos
modèles hydrologiques
aboutissait à de meilleures
prévisions de débit des
rivières.
Les prévisions saisonnières,
qui constituent un enjeu
important, sont encore
actuellement peu utilisées en
raison de leurs performances
très mitigées sur l’Europe.
Des travaux en cours à EDF, à
Météo-France et dans
l’ensemble des centres de
recherche européens laissent
toutefois espérer des
améliorations sensibles dans
les années à venir.
?
la lere Météo-France |5
LE DOSSIER
TROIS QUESTIONS À
Laurent Dubus, chercheur expert à EDF
La prévision du temps au-delà de dix jours relève des « services climatiques ». En
effet, il ne s’agit plus de prévoir la valeur d’un paramètre tel jour à telle heure, mais
de définir des tendances par comparaison à la normale climatique (en termes de
température, d’humidité…).
Si, sous les tropiques, prévisions mensuelles et saisonnières donnent d’assez bons
résultats, en métropole, elles sont encore peu utilisées et restent un enjeu de re-
cherche pour tenter d’améliorer leur fiabilité.
Barrage de Migouélou | © EDF/DE FAYET GILLES
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !