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écoulement de l’eau de surface, manteau
neigeux, vagues…
Ces modèles permettent de reconstituer
des périodes ou des événements, d’ef-
fectuer des « réanalyses » précieuses
pour mieux décrire le passé. On reconsti-
tue ainsi, avec les outils et la puissance
de calcul d’aujourd’hui, la cartographie
à échelle fine des paramètres qu’il n’a pas
été possible de faire en son temps. Par
exemple, la réanalyse de l’humidité des
sols de 1958 à 2008 a permis d’établir
une climatologie des sécheresses en
France à une résolution de 8 kilomètres.
La réanalyse des précipitations observées
par les radars depuis 1997 offre une car-
tographie des pluies, heure par heure et
kilomètre par kilomètre. Le modèle uti-
lisé pour la prévision des avalanches a
été mis à contribution pour effectuer une
réanalyse sur 50 ans du manteau neigeux
afin d’en déduire une climatologie des
avalanches naturelles.
Le changement climatique
détaillé
Incarnant tout le savoir des spécialistes, in-
terpolant au mieux les données disponi-
bles, les réanalyses pallient les données
manquantes et démultiplient les possibili-
tés des services climatologiques. Avec les
mesures archivées, elles contribuent à
mieux cerner l’évolution du climat au cours
des 50 ou 100 dernières années.
Cette connaissance est indispensable à
toute étude sur le changement clima-
tique. Avant de simuler le climat du futur,
il faut en effet s’assurer que le modèle
climatique utilisé représente bien l’évo-
lution connue du climat passé. Pour éta-
blir les simulations climatiques qui servi-
ront au Giec (Groupe intergouvernemental
sur l’évolution du climat) à rédiger son
prochain rapport de synthèse (5erapport,
2013), Météo-France a décliné son mo-
dèle mondial d’atmosphère, Arpège, dans
une version « climat », enrichie d’un mo-
dèle d’océan, d’un modèle de glaces de
mer, intégrant les interactions avec les
sols, la végétation, et la chimie de l’atmo-
sphère. De même, une version du modèle
de prévision du temps à maille fine Aladin
est utilisée pour affiner les simulations
climatiques sur le territoire national. Des
projections climatiques sont ainsi pro-
duites pour caractériser le climat futur,
alimentant des diagnostics sur la nature et
l’ampleur du changement climatique pour
la métropole et l’outre-mer, des analyses
d’impact, des études d’adaptation et d’au-
tres services climatiques.
Cette connaissance fine de l’évolution du
climat, tant au cours du siècle passé qu’au
cours des décennies à venir, rend possible
l’étude des conséquences du changement
climatique. En croisant les données clima-
tologiques du passé avec l’évolution
concomitante d’un phénomène « météo-
sensible » (fréquence des sécheresses,
des inondations, des feux de forêt, répar-
tition d’une espèce végétale ou animale,
rendements agricoles…), on détermine pré-
cisément le lien entre le phénomène et le
climat. Il est alors possible d’en déduire
son évolution probable en fonction des
changements à venir.
Aujourd’hui, ces résultats, bien qu’encore
entachés d’une incertitude importante,
sont suffisamment robustes pour être uti-
lisés en planification.
4|la lere Météo-France
LE DOSSIER
Carte des précipitations annuelles
moyennes sur la période de référence
1981-2010
ZOOM SUR
La banque de données
climatologiques
de Météo-France comprend
environ 18 000 postes, en
métropole et outre-mer, toujours
en service ou fermés depuis
longtemps (les mesures les plus
anciennes remontent à 1677).
Elle s’enrichit de plus
d’un million de données par jour
en provenance des réseaux
de mesures de Météo-France.
Météo-France participe également
à des programmes internationaux
visant à maintenir 1500 bouées
dérivantes dans les océans,
à équiper des avions de ligne
pour mesurer les paramètres
météorologiques en cours de vol,
à entretenir le réseau des satellites
météorologiques. (Chiffres 2012)
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Le climat de la Terre est
un continuum d’espace
et de temps. Le maîtriser
nécessite des outils
complexes en constant
développement.
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