André Ménard, Marie au miroir de François
Salut, toi sa maison ;
Salut, toi son vêtement ;
Salut, toi sa servante ;
Salut, toi sa mère ;
et vous toutes, saintes vertus,
qui par la grâce et l'illumination de l'Esprit Saint,
êtes répandues dans les cœurs des fidèles,
pour rendre les infidèles fidèles envers Dieu.
A la façon d'une icône, la figure de Marie ne nous fixe pas sur elle-même, mais nous renvoie,
au contraire, au mystère qu'elle porte en elle, à Jésus.
François se laisse porter par l'élan poétique de sa contemplation et donne libre cours aux
associations qui remontent du plus profond de sa mémoire biblique :
JÉSUS, c'est l'Homme, le Nouvel Adam, le Roi messie, le Christ…
MARIE, c'est la Femme, la Nouvelle Eve, la Reine pauvre, Notre-Dame...
JÉSUS, c'est le Fils Bien-aimé en qui le Père a mis toutes ses complaisances...
MARIE, c'est la Fille pleine de grâce et en qui réside tout bien...
JÉSUS, c'est le Serviteur dont la nourriture est de faire la volonté du Père...
MARIE, c'est la servante qui prononce un fiat qu'elle ne reniera jamais...
Tout dans cette prière de François, y compris l'usage littéraire du parallélisme, nous montre
l'enracinement biblique de la piété mariale de François. Les images utilisées nous renvoient à nos
origines et nous annoncent notre avenir. A travers les images du Nouvel Adam nous sommes appelés
à contempler dans la Nouvelle Eve, nous sommes appelés à devenir à l'image et ressemblance de
Dieu. /76/ *
Avec François contemplant la réussite du plan divin en Jésus et Marie, saurons-nous renaître
à l'Espérance, accueillir l'appel à la sainteté et devenir, par notre conversion, une création nouvelle à
la gloire du Père.
LA SERVANTE
Pour François, Marie est la servante de Dieu, celle qui s'est mise au service du dessein
d'amour du Père. Dans sa méditation François ne va cesser de ramener son regard intérieur sur
l'événement originel et exemplaire de l'Annonciation. Il y cherche la lumière capable d'éclairer les
relations que Dieu entretient avec les humains. Le rôle de Marie, en cette occasion historique, se
révèle exemplaire de toute collaboration humaine à l'oeuvre du salut : Dieu vient au monde grâce au
consentement et à la médiation de Marie.
Marie, le prêtre et pareillement tout fidèle, sont la ROUTE que prend Jésus pour se rendre
présent à notre monde, historiquement, sacramentellement et mystiquement.
MARIE accueille le Verbe en son sein et donne aux hommes le Jésus de l'histoire.
Le PRÊTRE reçoit Jésus en ses mains et distribue aux autres l'Eucharistie, présence
sacramentelle de Jésus.
Tout FIDÈLE, sous la mouvance de l'Esprit, donne corps à la présence de Jésus en sa vie et
l'offre aux autres dans son agir.
Ainsi, pour François, toute médiation, tout service est, à la manière de Marie, maternel. Dieu
vient toujours au monde grâce au consentement des hommes. Son chemin passe toujours par le libre
consentement du serviteur ou de la servante à l'action de l'Esprit, source de toute vie. La fécondité de
l'histoire du salut, c'est d'accueillir pour donner. Inutile de souligner que l'échange d'amour est