ELEMENTS D’ALGEBRE COMMUTATIVE
Maˆıtrise de Math´ematiques
Universit´e d’Angers
2003/04
D. Schaub
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Chapitre 1
Rappels sur les anneaux
1.1 Anneaux
D´efinition 1.1.1 Un anneau est un ensemble A, muni de deux lois, not´ees en g´en´eral par +
et ×telles que (A, +) soit un groupe ab´elien, (A, ×)un mono¨ıde (ie. la loi est associative) et
v´erifiant de plus une propri´et´e de distributivit´e de l’addition par rapport `a la multiplication.
Si, de plus, la multiplication admet un ´el´ement neutre, not´e 1 en g´en´eral, on dira que
l’anneau Aest unitaire et si cette mˆeme multiplication est commutative, on dira que l’anneau
est commutatif.
En fait, dans toute la suite, sauf mention expresse du contraire, tous les anneaux consid´er´es
seront commutatifs unitaires.
Exemples : Z,Q,R,C,K[X], K[X1, . . . , Xn], mais aussi, dans le cas non commutatif,
EndK(E) o`u Eest un K-espace vectoriel, l’ensemble des matrices carr´ees `a coefficients dans K,
l’ensemble des fonctions de Rdans R, etc . . . . On peut aussi consid´erer que A={0}est un
anneau.
D´efinition 1.1.2 Un homomorphisme d’anneaux est une application f:ABo`u A, B sont
deux anneaux telle que, pour tous a, a0A, on ait f(a+a0) = f(a) + f(a0)et f(a×a0) =
f(a)×f(a0). Si Aet Bsont unitaires, On dira que fest unitaire si f(1) = 1.
D´efinition 1.1.3 Un sous-anneau d’un anneau Aest un sous-groupe Bde (A, +) tel que, pour
tous x, y B,x×yB(et, dans le cas unitaire, 1B).
Donnons encore quelques d´efinitions utiles :
- le centre d’un anneau Aest l’ensemble des xAtels que, pour tout yA,x×y=y×x.
Le centre est un sous-anneau de A.
- Un ´el´ement xAest dit inversible s’il existe yAtel que x×y=y×x= 1. Les
´el´ements inversibles de Aforment un groupe pour la multiplication. Exemple : quels sont les
´el´ements inversibles de Z/nZ? Si tout ´el´ement, non nul, de Aest inversible, nous dirons que A
est un corps.
- Un ´el´ement x6= 0 de Apour lequel il existe y6= 0 dans Atel que xy =yx = 0 est appel´e
diviseur de z´ero. Un anneau qui ne poss`ede aucun diviseur de z´ero est dit int`egre. Exemples :
Zest int`egre, un corps Kest int`egre, Z/6Zne l’est pas. Un type particulier de diviseur de z´ero
est donn´e par les ´el´ements xAtels qu’il existe un entier navec xn= 0. Un tel ´el´ement est dit
nilpotent. L’ensemble des ´el´ements nilpotents est appel´e nilradical de A.
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4CHAPITRE 1. RAPPELS SUR LES ANNEAUX
1.2 Id´eaux
Nous pourrions donner la d´efinition g´en´erale dans le cas d’anneaux non commutatifs d’id´eal
`a droite, `a gauche et bilat`ere, mais, comme rappel´e ci-dessus, les anneaux consid´er´es seront
(presque) toujours commutatifs.
D´efinition 1.2.1 Un id´eal Id’un anneau Aest un sous-ensemble de Atel que :
1. (I, +) est un sous-groupe de (A, +) ;
2. pour tout aAet tout xI,a×xI.
Exemples : Si Kest un corps, Kn’a que deux id´eaux {0}et Klui-mˆeme. Si f:ABest
un homomorphisme d’anneaux, alors ker(f) est un id´eal de A. Le nilradical d’un anneau est un
id´eal.
Soit aA, alors l’ensemble des ´el´ements {ax|xA}est un id´eal de A, not´e aA ou Aa,
un tel id´eal est dit principal. Un anneau int`egre dans lequel tout id´eal est principal est appel´e
anneau principal.
Exemples : Zou K[X] sont des anneaux principaux.
D´efinition 1.2.2 soient I, J deux id´eaux de A. L’ensemble I+J={a+b|aI, b J}est un
id´eal de Aappel´e somme de Iet J.
L’ensemble IJ ={sommes finies de produits : ab |aI, b J}est un id´eal de Aappel´e
produit de Iet J.
On peut encore noter que l’intersection IJest un id´eal de Aet on a IJ IJtandis
que la r´eunion IJn’ est pas en g´en´eral un id´eal, mais on a IJI+J.
D´efinition 1.2.3 Soit Sune partie d’un anneau A, alors l’intersection de tous les id´eaux de A
contenant Sest un id´eal. On dit que c’est l’id´eal engendr´e par Sou encore que les ´el´ements de
Ssont des g´en´erateurs de cet id´eal
Exemple : L’id´eal principal Aa est l’id´eal engendr´e par a. Si S={a1, . . . , an}est une partie
finie, on notera (a1, . . . , an) l’id´eal engendr´e par S. On peut par exemple v´erifier que I+Jest
l’id´eal engendr´e par IJ.
1.3 Anneaux quotients
Soit Aun anneau (commutatif !) et Iun id´eal. D´efinissons sur Ala relation Rpar xRy ssi
xyI. On v´erifie facilement que Rest une relation d’´equivalence ; on peut donc consid´erer
l’ensemble quotient, ensemble des classes d’´equivalence pour R, qu’on notera ici A/I, on notera
x, dans un premier temps et pour simplifier, la classe qui contient l’´el´ement xA, par la suite,
on ´ecrira plus egitimement a+I.
On peut munir A/I d’une structure “naturelle” d’anneau en d´efinissant deux lois :
- addition : x+y=x+y, dont on v´erifie la coh´erence !
- multiplication : x×y=x×y, pour laquelle ´egalement, on v´erifie la l´egitimit´e.
On v´erifie ensuite facilement que ces deux lois conf`erent `a A/I une structure d’anneau et
que la surjection naturelle π:AA/I,x7→ x, est un homomorphisme d’anneaux.
Th´eor`eme 1.3.1 Pour tout homomorphisme d’anneaux g:ABet tout id´eal Ide Atel que
Iker(g)se factorise `a travers un unique homomorphisme d’anneaux h:A/I B.
1.4. ID ´
EAUX PREMIERS. ID ´
EAUX MAXIMAUX 5
Preuve : Il n’y a pas de choix pour d´efinir hcar “factoriser” signifie que l’on doit avoir hπ=g
o`u π:AA/I est la surjection naturelle ; on doit donc avoir h((x)) = g(x) pour tout xA. Il
suffit de voir que cette application est bien d´efinie, c’est-`a-dire qu’elle n’envoie pas un ´el´emnent
de A/I sur plusieurs ´el´ements de B: en effet, on d´efinit l’image de la classe de xAcomme
l’image de n’importe quel ´el´ement x0qui se trouve dans la mˆeme classe, modulo I, que x. En
somme, il faut v´erifier que si xRx0alors g(x) = g(x0) ; mais c’est pr´ecis´ement ce que donne la
condition Iker(g), puisque xRx0xx0Iker(g)g(xx0) = 0 g(x) = g(x0).
L’unicit´e provient du fait que l’on n’a eu aucun choix pour d´efinir h.
Remarque : un cas particulier tr`es important est le cas o`u pr´ecis´ement I= ker(g) ; dans ce cas,
hdevient injective.
Proposition 1.3.1 Il y a une correspondance biunivoque entre les id´eaux de Acontenant un
id´eal Iet les id´eaux de A/I.
La preuve est laiss´ee en exercice.
1.4 Id´eaux premiers. Id´eaux maximaux
D´efinition 1.4.1 Un id´eal p6=Ad’un anneau Aest dit premier si x×ypxpou yp.
Un id´eal m6=Aest dit maximal si, pour tout id´eal propre I,ImI=m.
Lemme 1.4.1 pest premier ssi A/pest int`egre.
Preuve : Supposons ppremier, alors xy = 0 xy pxpou yp, d’o`u x= 0 ou y= 0.
Inversement, si A/pest int`egre, on a xy pxy =xy = 0 dans le quotient, d’o`u x= 0
ou y= 0, c’est-`a-dire xpou yp.
Lemme 1.4.2 1. mest maximal ssi A/mest un corps.
2. Si mest maximal, alors mest premier.
Preuve : 2. est une cons´equence imm´ediate de 1.
1. Supposons d’abord mmaximal et soit x6= 0 un ´el´ement du quotient. Alors x/m, d’o`u
l’id´eal engendr´e par xet mest l’anneau Atout entier, donc 1 Apeut s’´ecrire 1 = λx +mo`u
mm, ce qui nous donne dans le quotient : λx = 1 ie. xadmet un inverse λ.
Inversement, supposons que A/msoit un corps. Consid´erons un id´eal propre Iet supposons
que Imstrictement, alors, il existe xItel que x6= 0, il existe donc ytel que xy = 1,
ce qui se traduit dans A, par xy 1mou encore 1 = xy +m,mm. Mais, mpIet
xIxy Ice qui implique 1 I, d’o`u I=A.
Exemples : Tous les id´eaux de Zsont de la forme nZ. Lesquels sont premiers ? Lesquels sont
maximaux ? De mˆeme, pour k[X] o`u kest un corps. Donner des exemples d’id´eaux, d’id´eaux
premeirs, d’id´eaux maximaux de k[X, Y ], de k[X, Y, Z].
Th´eor`eme 1.4.1 Tout id´eal propre Ide Aest contenu dans un id´eal maximal.
Avant de prouver ce th´eor`eme, il nous faut faire un rappel sur un axiome de la th´eorie des
ensembles (´equivalent `a l’axiome du choix) qu’on appelle le
Lemme 1.4.3 de Zorn Tout ensemble inductivement ordonn´e non vide admet des ´el´ements
maximaux.
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