4 AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
LES NOUVEAUX RAPPORTS INDUSTRIE/SERVICES
À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE1
Avis
Introduction
L’urgence de la ré-industrialisation de la France doit être une préoccupation majeure de
tous les responsables politiques, économiques et sociaux du pays.
Comme dans les pays de développement économique similaire, les grandes réussites
économiques sont liées aux synergies mises en œuvre dans un secteur industriel donné.
Elles furent portées, souvent sous l’impulsion de l’Etat, par une approche cohérente,
partenariale, pérenne, des acteurs de ce secteur, en dépit de leurs diérences de taille, de
métier, de culture, d’actionnariat…
Mais, en peu de temps, de nombreuses données se sont modiées. La France de 2015
n’est plus celle de 2009, celle des États généraux de l’industrie.
La traditionnelle vision segmentée de l’industrie et des services ne résiste plus à la
réalité économique de ces dernières années. Une vision de moins en moins pertinente face
à la révolution numérique dont la montée en puissance annoncée surprend encore par sa
rapidité, nous a obligé à inéchir, en cours de construction, la démarche initiale de la saisine.
Le numérique inverse tous les paradigmes du système productif: le client, l’usager devient à
la fois producteur et consommateur et l’ecacité se centre autour de la qualité, de la sécurité
du produit et des services qui lui sont liés.
L’imbrication des objets manufacturés et équipements industriels et des services
qui leurs sont associés - de mise en œuvre, d’utilisation et d’application, d’installation,
d’exploitation et de maintenance… - fait que désormais c’est souvent une fonction ou
une solution, y compris assurées dans le temps, qui sont vendues, plutôt qu’un seul objet
manufacturé ou qu’un seul service.
On observe un développement de la «tertiarisation» de l’industrie à travers la mise
en place de services au cœur des processus industriels, avec la fabrication de produits et la
conception de services qui leur sont liés, le client devenant prescripteur.
En prenant en compte les conséquences de l’évolution des processus industriels, de la
tertiarisation de l’industrie et du bouleversement des frontières industrie/services, il s’agit
de voir comment la dynamique production-services, tout en conservant un lien solide avec
le socle de production, peut être le vecteur d’un rebond industriel.
L’imbrication de l’industrie et des services va-t-elle permettre de répondre au triple dé
actuel: la gestion de la raréfaction des ressources naturelles, le dé climatique avec l’enjeu
que représente une économie décarbonée et l’anticipation de nouveaux besoins, y compris
industriels, générés par les aspirations sociétales?
1 L’ensemble du projet d’avis a été adopté au scrutin public par 144 voix et 27 abstentions
(voir l’ensemble du scrutin en annexe).