invalidées), ou encore l’histoire (si on admet qu’elle est une science) que
défient les négationnistes de toutes obédiences. On pourrait sans risque
parier que l’importance d’un tel sentiment anti-science enfle
proportionnellement à la place démesurée qu’ont prises les sciences et les
techniques dans nos vies. (Pour mesurer cette importance, représentez-vous
par exemple toute la concentration d’activités scientifiques logée dans le
simple acte de regarder les prévisions météo du week-end sur son iPhone...)
Les auteurs qui étudient la méfiance envers la science ont donc tendance à
mettre les climatosceptiques dans le même sac que les partisans des
médecines alternatives – ce qui inclut les ennemis de la vaccination -, les
créationnistes ou les anti-OGM. Un site web au demeurant fort bien fait
consacré à fournir des bréviaires à tous ceux qui se demandent quoi
répondre à de tels discours, www.rationalwiki.org, résume ainsi les grandes
tendances de l’ ‘anti-science’ : « Les cibles les plus communes de l’anti-
science sont la biologie de l’évolution, le réchauffement climatique, les
OGM et diverses formes de médecine, même si d’autres sciences en conflit
avec l’idéologie anti-science sont parfois prises pour cibles. Tandis qu’on
associe l’anti-science souvent à des positions politiques conservatrices, le
refus de la vaccination, les médecines alternatives (particulièrement
médecine par les plantes ou la médecine asiatique), le mouvement de
l’alimentation biologique tout entier, la phobie de la chimie et l’opposition à
une multitude de recherches génétiques est souvent associées à la gauche. »
De fait, ces attitudes sont souvent corrélées entre elles : aux USA, les
créationnistes sont très probablement climatosceptiques et réciproquement ;
les anti-vaccins ne croient pas au changement climatique etc.
Ce sont là certes des corrélations sociologiques, mais on peut
toutefois hésiter à mettre dans le même panier « l’agriculture biologique »,
les anti-OGM, et les climatosceptiques. Au demeurant tout semble
distinguer un faucheur d’OGM, fan de José Bové, d’un sectateur de Claude
Allègre qui rit des prophéties climatocatastrophistes. Politiquement, le
premier est généralement de gauche (en France) ou démocrate (aux USA), le
second républicain (en France) ou Républicain (aux USA). Corrélativement,
là où le premier pense décroissance, anti productivisme, écologie politique,
le second jure par l’industrie et la technique. Le premier semble pessimiste
pour l’avenir de la planète, le second, au contraire, renoue avec l’optimisme
des premiers temps du libéralisme: la technologie, dont nous savourons
indéniablement les bienfaits dans tous les domaines (santé, longévité,
natalité, pouvoir d’achat, transports, information, etc.) trouvera sûrement
des voies pour surmonter les petits problèmes actuels d’émission gazeuses,
et le système économique capitaliste qui la promeut finira bien par distribuer
à tous les surplus de richesse qu’il génère. Si du moins des rousseauistes
barbus ne viennent pas trop souvent contrecarrer son allure…