Cellule SRAM 12 transistors à ultra faible courant de fuite
Julien De Vos, David Bol, Denis Flandre
Laboratoire de microélectronique
Université catholique de Louvain
Louvain-la-Neuve, Belgique
1. INTRODUCTION
La diminution continue de la taille des transistors permet
d’atteindre des densités d’intégration et des performances
de plus en plus élevées, mais elle augmente également de
manière importante les courants de fuite des transistors.
Ainsi, une des préoccupations principales des concepteurs
de circuits intégrés pour produits portables est devenue la
réduction de la puissance dissipée. De manière plus particu-
lière, les mémoires statiques à accès aléatoire (SRAM) re-
présentent une partie importante de la surface totale et de la
puissance consommée, par de nombreux systèmes sur puce
(SoC) [1]. De plus, contrairement aux autres blocs logiques,
il est impossible de déconnecter l’alimentation des SRAMs
afin de réduire leur courant de fuite durant les périodes de
mise en veille ou
“
standby
”.
De nombreuses approches ont été proposées pour ré-
duire la consommation des cellules SRAMs. Actuellement,
il est possible de classer les développements de la littérature
en trois catégories [2]. La première observe que le courant
sous-seuil est une des principales sources de courant de
fuite des transistors actuels. L’idée consiste alors à utiliser
des MOSFETs à haute tension de seuil V
th
[3]. Malheureu-
sement, pour maintenir un temps de lecture acceptable, il
est alors nécessaire de modifier certains niveaux de tension
(wordline, alimentation de la cellule, précharge de bitli-
nes…) [4]. La seconde famille suppose que les cellules
mémoires subiront de longues périodes d’inactivité. Le mé-
canisme de réduction des fuites est alors axé sur deux mo-
des d’opération, le fonctionnement normal et le mode
standby. Celui-ci est souvent implémenté par une réduction
de la tension de rail à rail de la cellule [3], [5], [6]. Malheu-
reusement, le passage d’un mode à l’autre requiert du temps
et de l’énergie. Cette solution ne trouve donc son utilité que
dans un nombre limité d’applications. Enfin, de nombreuses
propositions visent à réduire la tension d’alimentation de la
SRAM de manière à obtenir un fonctionnement sous seuil,
c'est-à-dire avec une tension d’alimentation V
DD
inférieure à
la tension de seuil V
th
des transistors. Toutefois, le bon
fonctionnement de la cellule et sa stabilité requièrent
l’utilisation de nouveaux types d’architecture et de circuits
annexes [7]-[9].
Toutes ces techniques ne permettent pas de réduire dras-
tiquement la consommation de la cellule sans faire de sacri-
fices importants en termes de stabilité ou de performance.
Nous proposons ici un nouveau design basé sur l’inverseur
ULP (
“
Ultra-Low Power
”
) qui a été introduit dans [10]. La
cellule SRAM ULP étudiée comporte 12 transistors et per-
met de réduire les courants de fuite de la cellule de plu-
sieurs ordres de grandeur. La cellule mémoire (fig.1) est
composée d’un latch basé sur la combinaison de deux in-
verseurs ULP. Le mécanisme de réduction du courant de
fuite est lié à l’application auto-induite d’une tension V
GS
négative des transistors à l’état bloqué.
La section 2 de ce document décrit le latch ULP et la
cellule SRAM. Les résultats de simulations sont présentés
et commentés à la section 3. La section 4 étudie la robus-
tesse de la cellule face aux perturbations environnementales
et aux variations technologiques. L’étude du rapport
I
READ
/I
STAT
permettra de justifier le bien-fondé de la cellule
dans la section 5. La section 6 donne un exemple de layout.
Enfin, les conclusions sont tirées à la section 7.
2. LA CELLULE SRAM ULP 12T
B. Courbe de transfert de l’inverseur ULP
Deux inverseurs ULP montés en tête-bêche (latch ULP)
forment le cœur de la cellule proposée. Ces inverseurs sont
chacun composés de quatre transistors (fig. 1). Lorsque
l’entrée de l’inverseur ULP est haute (resp. basse), le cou-
rant statique est minimisé grâce à une tension V
GS
négative
auto-induite à P2 et N2 (resp. P1 et N1), environ égale à
V
dd
/2 [10]. La stabilité de l’inverseur est également amélio-
rée grâce à une hystérèse présente dans sa caractéristique
statique [10]. Néanmoins, cet inverseur ne peut délivrer
qu’un courant
ON
limité par le courant de fuite du transistor
P1 (resp. N2).
Pour comprendre la courbe caractéristique de l’inverseur
ULP, examinons son comportement lors d’un flanc montant
de la tension d’entrée. Un raisonnement similaire peut être
réalisé pour un flanc descendant. La courbe caractéristique
de l’inverseur est représentée à la figure 2. Les tensions des
nœuds internes X1 et X2 sont également données pour faci-
liter l’explication.
• Lorsque V
IN
=0, V
OUT
est proche de V
X2
. En effet,
P2 possède un V
GS
élevé et présente donc une im-
pédance équivalente très faible. De plus, N2 a une
faible impédance équivalente comparée à N1-P1.
En effet, le V
GS
de N2 est nul alors que N1 et P1
possèdent un V
GS
largement négatif [2,10]. Dès
lors V
X2
et V
OUT
sont proche de V
DD
.
• Alors que V
IN
augmente, la tension V
X1
reste com-
prise entre V
IN
et V
OUT
, ce qui implique une ten-