Une grande partie des manuscrits se trouve à Amsterdam, à l’Institut interna-
tional d’histoire sociale. Une autre partie se trouve à Moscou dans ce qui fut, du
temps de l’U.R.S.S., le célèbre Institut du marxisme-léninisme.
Il est hors de question, ici, de donner les références des nombreuses éditions
des œuvres de Marx. On mentionnera simplement les principales éditions en
langue allemande ainsi que les références françaises de qualité disponibles
aujourd’hui.
Les trois éditions allemandes au XXe siècle
• Karl Marx. Friedrich Engels. Historisch-kritische Gesammtausgabe. Werke. Schrif-
ten. Briefe. Également notée MEGA (pour Marx-Engels […] Gesammtausgabe), cette
entreprise ambitieuse de publication débuta en 1927 à l’Institut Marx-Engels de
Moscou placé sous la direction de David Riazanov jusqu’en 1931, puis de
V. V. Adoratski une fois Riazanov éliminé par Staline. Elle s’interrompit en 1935.
Treize volumes furent publiés.
• Marx-Engels : Werke. Souvent notée MEW (Dietz Verlag, Berlin), cette édition
fut publiée à partir de 1957 par les Instituts du marxisme-léninisme de Moscou et
de Berlin-Est. De 1957 à 1968, 43 volumes sortirent des presses. L’effort de Riaza-
nov était renouvelé mais l’édition n’en demeura pas moins incomplète, de nom-
breux manuscrits n’y figurant pas.
• La nouvelle Marx-Engels Gesammtausgabe (nouvelle MEGA ou MEGA 2). Les
mêmes instituts mirent en chantier une nouvelle édition devant inclure plus de
cent volumes (le premier fut publié en 1975). L’édition, cette fois, avait bien pour
but d’être exhaustive et devait disposer d’un appareil critique exceptionnel. Mais
les bouleversements politiques en Europe de l’Est dans la deuxième moitié
des années 80 ont provoqué la suspension de l’entreprise. En 1990, cependant,
une Fondation internationale Marx-Engels fut créée à Amsterdam, dont le but est,
précisément, de poursuivre cette publication.
Les éditions françaises
Il faut distinguer les œuvres publiées du vivant de Marx de celles, nombreu-
ses, qui le furent après sa mort. Il faut également faire le partage, selon les édi-
teurs et les traducteurs, entre les éditions, car toutes ne procurent pas le même
degré de sérieux et de fidélité aux textes. C’est ainsi qu’on écartera l’ancienne
édition de Jules Molitor, publiée chez Costes (1927-1950 : les traductions sont de
valeurs inégales, mais l’édition joua cependant un rôle important en France) ;
ainsi que les traductions publiées — celle des Grundrisse notamment — dans un
passé récent chez Anthropos puis rééditées dans la collection UGE 10/18.
Mentionnons simplement deux corpus importants. Le premier a été édité par
les Éditions sociales et reprend, notamment, les versions d’Engels des livres II et
III du Capital. L’autre est celui publié par Maximilien Rubel dans la Bibliothèque
de la Péiade (Éditions Gallimard). Les deux éditions se valent pour ce qui
concerne les œuvres parues du vivant même de Marx : toutes deux, en particu-
lier, reprennent la traduction du livre I du Capital par Joseph Roy (texte qui,
comme l’indique Marx lui-même, est remanié par rapport à la première édition
allemande et constitue de fait la deuxième édition du livre I). En revanche, pour
ce qui est des œuvres publiées de manière posthume (y compris les livres II et III
du Capital), il peut y avoir des différences importantes dans le choix des manus-
crits, dans leur agencement et dans la numérotation des chapitres (c’est ainsi que
le célèbre chapitre 9 du livre III du Capital de l’édition Engels devient le