Où nous situons nous ? Vraisemblablement plutôt du côté de cet

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Où nous situons nous ?
Vraisemblablement plutôt du côté de cet homme, plein de bons sentiments, de
bonnes dispositions, mais qui au dernier moment, au moment d’accomplir ce
pas supplémentaire que le Seigneur l’invite à faire, cale, recule et s’en va.
Oui, nous serions de son côté ! Et même du côté de Pierre dont la remarque à
la fin de cette rencontre traduit, me semble-t-il, quelque peu ce qui nous
habite. Nous dirions bien volontiers que la barre est bien trop haute pour nous.
Cependant, frères et sœurs, allons nous rester sur ce constat d’échec ? Nous
dire en quelque sorte que ce que le Seigneur nous propose est bien au dessus
de nos forces, et attendre des jours meilleurs, une page d’Evangile, une autre
parole bien plus facile à mettre en œuvre ? Oui, c’est vrai, nous pouvons vivre
ainsi et dans ce cas-là je vais m’arrêter, fermer le livre et aller m’assoir.
Vous l’aurez compris, c’est tout autre chose que j’aimerai vous proposer, et,
sans minorer la difficulté de la proposition, je voudrai vous inviter à prendre le
chemin de l’impossible, de l’impossible à vue humaine, à nous risquer donc à
entrer dans le projet de Dieu, dans le projet du Père. Mais à y entrer comme
des fils, y entrer à la manière de son Fils, de Jésus le Christ lui-même, qui, une
fois encore, sur ce chemin-là nous précède.
N’est-il pas le premier, en effet, à avoir tout quitté, à avoir renoncé à tout,
abandonnant jusqu'à sa divinité, acceptant même d’en être dépossédé pour
devenir comme nous, l’un de nous, un homme parmi les hommes, vivant se
comportant non comme un maître mais comme un serviteur, pour accomplir ce
que le Père veut. C’est la seule chose qui compte pour lui .
Oui, il nous faut tout quitter ; particulièrement tout ce qui nous habite et qui
est contraire à l’appel du Seigneur, cet instinct de propriété. Croire même que
nous sommes indispensables, avoir du mal à changer, garder nos habitudes : on
a toujours fait comme ça ! Abandonner, consentir à tout lâcher, risquer notre
place, ou l’idée que nous nous en faisons, pour la recevoir autrement.
L’homme riche n’est pas chassé, mais aimé. Un amour qui demeure. Et même
s’il ne semble pas répondre, il n’en reste pas moins vrai que c’est cet amour qui
ouvre pour lui un chemin nouveau.
Tout quitter pour entrer dans l’attitude même de Jésus-Christ, l’attitude du
serviteur, du disciple. Et accepter de nous mettre au service de la mission, de
celle qui nous est confiée.
Tout quitter c’est nous rappeler que nous ne sommes pas propriétaires de ce
que nous faisons, là où nous le faisons ; même si nous le faisons bien ; même
s’il y a longtemps que nous le faisons : nous l’avons reçu, reçu du Père et de
l’Eglise, de la communauté à laquelle nous appartenons .
Père Bernard Laurent, 10/10/15
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