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ÉDUCATION THERAPEUTIQUE :
CONTRE-PROPOSITIONS AU RAPPORT JACQUAT
Position Paper – Septembre 2010
Erreur sur le remède, remède à l’erreur
Pour une éducation thérapeutique intégrée dans un programme personnalisé
d’accompagnement et de suivi des patients souffrant d’affections chroniques
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« L’éducation thérapeutique a
le mérite immense de donner
consistance au principe de
solidarité qui unit soignants et
soignés.
Il s’agit pour les patients
d’une avancée considérable.»
Roselyne Bachelot-Narquin
Discours de remise du rapport du CISS
« Mission Éducation thérapeutique du Patient »
2 septembre 2008
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QUELQUES MOTS DE SYNTHESE …
econnue par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires, l’éducation
thérapeutique doit constituer une priorité de santé publique et
devrait être équitablement accessible à toute personne souffrant d’une
pathologie chronique. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, loin s’en
faut. « La plupart des malades chroniques ne bénéficient d’aucun programme
d’éducation thérapeutique », déplore la Société française de santé publique (1),
regrettant que les programmes proposés soient essentiellement hospitaliers
«alors que les patients atteints de pathologies chroniques résident à domicile ».
Faute de reconnaître le rôle propre des infirmiers en matière
d’éducation, la France a pris un retard préoccupant dans l’accessibilité des
programmes d’éducation thérapeutique. Si ce retard ne constitue pas une
fatalité, les recommandations formulées par Denis Jacquat ne permettent
toutefois aucunement de répondre à cette exigence de déploiement rapide et
pérenne. Elles sont totalement irréalistes, comme la FNI le montre dans ces
quelques pages.
Ainsi, et à en juger aux faits, l’exception française dans le concert international
consisterait-elle à systématiquement renier et sous employer ses propres talents,
pour créer ex nihilo des maisons de santé dont la généralisation chimérique sur le
territoire serait un préalable à l’accès à l’éducation thérapeutique ?
Eu égard à la formation et aux compétences des infirmières, ainsi qu’à leur
proximité et à leur présence quasi quotidienne sur le lieu de vie de leurs patients,
et eu égard à l’impérieux besoin de cohérence entre soins et éducation, entre
soins et suivi personnalisé, l’accompagnement par les infirmiers libéraux
des patients atteints de pathologies chroniques constitue une véritable
opportunité pour la collectivité nationale.
Sur cette évidence et de l’aveu même de Denis Jacquat, auteur du rapport remis
au Premier Ministre et lui-même médecin, « Seule la formation d’infirmier intègre
aujourd’hui l’éducation thérapeutique. La formation conduisant au diplôme d’État
assure à l’infirmier la compétence nécessaire pour concevoir, formaliser et mettre
en œuvre une démarche d’éducation thérapeutique. ». L’éducation
thérapeutique est donc bien une affaire de soignants !
R
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Dès lors, pourquoi s’obstiner à cloisonner, à fantasmer sur la montée en
puissance de nouvelles et dispendieuses structures ou à spéculer sur la formation
d’une prochaine génération de médecins à l’éducation thérapeutique ? La FNI,
première organisation représentative des 70.000 infirmiers libéraux, propose, au
contraire, d’apporter de la cohérence au système de santé en reliant l’éducation
avec le suivi personnalisé des patients. Ce faisant, la France pourra enfin
rejoindre les options prises par tous les autres pays du G5 et répondre aux
recommandations de ses propres autorités compétentes de santé publique en
intégrant l’éducation dans la stratégie de traitement et de soins.
Cette éducation, qui sera curisée avec l’appui des technologies de
communication aujourd’hui disponibles bien que non encore déployées, s’inscrit
dans la prise en charge au long cours des personnes atteintes de pathologies
chroniques pour leur bien-être, et permettra subsidiairement de maîtriser le
risque inflationniste des dépenses de soins consacrées aux ALD. Dans un
contexte budgétaire délétère et face au déficit abyssal de la sécurité sociale,
notre pays est contraint par l’impérieuse nécessité de contenir la hausse des
dépenses liées au vieillissement de la population sans altérer la qualité des
prestations de santé.
Dans ce contexte, les programmes hautement efficients, qui améliorent à
budgets maîtrisés la qualité des soins, sont les seuls qui doivent
conduire la politique de la santé publique. C’est ce type de programme au
service de la collectivité que propose la FNI, dont la présente note précise la
pertinence et l’urgence de mise en œuvre. Suivi personnalisé et éducation
réduisent les hospitalisations, limitent la progression de la maladie et le risque
de complications, et constituent autant de dépenses inutiles évitées.
L’appui avisé sur les infirmiers libéraux permettra de cibler le suivi personnalisé
au bénéfice de près d’un million de patients en ALD qui génèrent à eux
seuls plus de 50 milliards d’euros de dépenses de santé (3), soit près du
tiers de l’ONDAM !
Consciente de ses responsabilités et de sa mission, la FNI formule dans la
présente note une série de contre-propositions simples, réalistes et sans
surcoûts, qui constituent un gisement d’efficience au service du patient et de la
collectivité.
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Ces propositions alternatives sont au reste parfaitement en ligne avec les
recommandations du Conseil de la CNAMTS qui plaçait, en juillet 2010, en tête de
liste de ses propositions pour améliorer l’efficience du système de santé
« l’accompagnement des personnes souffrant de pathologies chroniques ».
Pour la sécurité et le bien-être équitables des patients, l’éducation
thérapeutique doit rester un domaine d’exercice des professionnels de
santé. Le rapport Jacquat, qui encourage et invite les industriels à financer
directement les programmes d’éducation, soulève de graves questions d’éthique,
dont la presse et les assureurs complémentaires se sont largement fait l’écho.
D’ailleurs, est-il raisonnable de les confier aux firmes pharmaceutiques et de leur
déléguer des missions au service supposé de l’intérêt des patients ? Est-on prêt à
prendre le risque de soumettre la santé de nos concitoyens aux conflits d’intérêts
auxquels ces firmes sont régulièrement confrontées ?
Au final, comme le réclament les Associations de patients, l’éducation, le suivi
personnalisé doivent être rapidement et équitablement rendus accessibles pour
améliorer la qualité de vie de tous, pour prévenir les complications, et pour
maîtriser la hausse des dépenses de santé sans sacrifier la qualité des soins. La
présente note a été rédigée en ce sens, afin que la France comble enfin le
retard dramatique qu’elle affiche en matière d’éducation thérapeutique
dans le concert international.
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