Le verbe Le présent de l’indicatif Le présent = le moment où l’on parle. Le présent occupe une place centrale, en opérant la distinction fondamentale entre le passé et le futur. La valeur fondamentale du présent est de marquer la coïncidence temporelle entre le moment où l’on parle et l’action dont on parle. Différentes valeurs : - Présent d’actualité : les actions se déroulent au moment où je parle, mais leur durée est plus longue que celle de mon discours. Enoncé performatifs : sert à accomplir un acte de langage, il coïncide avec le moment de l’énonciation, coïncidence absolue entre les limites temporelles de l’action et celles de la phrase. Ex. je déclare la séance ouverte, j’effectue par là-même l’action d’ouvrir la séance. - Présent de validité permanente ou de vérité générale : les limites temporelles des actions dont on parle sont très éloignées (occupe un intervalle temporel très vaste, englobant aussi le passé et l’avenir). L’action d’énoncer la phrase se situe nécessairement entre ces limites, souvent si éloignées ou si difficiles à envisager que la phrase prend une valeur intemporelles. C’est le cas : Des faits d’expérience (La Terre tourne autour du Soleil) Des définitions (Un épigramme est un petit poème satirique) Des proverbes ou des maximes (La fortune et l’humeur gouvernent le monde, La Rochefoucauld) On parle de présent omnitemporel ou gnomique - Présent de répétition et d’habitude : l’action se répète au cours d’une période, plus ou moins longue, qui englobe le moment où l’on parle. On parle de présent de répétition quand le sujet est non animé : ex. Le téléphone sonne Quand le sujet est un être animé, on parle généralement de présent d’habitude qui indique un procès qui se répète (aspect itératif) grâce à un complément de temps : ex. Je vais à la piscine deux fois par semaine. - Passé récent et futur proche : l’action est présentée par la personne qui parle comme proche dans le passé ou dans l’avenir, grâce à un complément de temps. ( La certitude de la réalisation est plus forte qu’avec le futur qui indique un fait probable.)=> futur proche Complément de temps + sens du verbe, exprime souvent un mouvement (Je quitte le restaurant à l’instant) => passé proche Le futur proche est considéré comme totalement programmé au moment de l’énonciation, même si, objectivement, l’action peut être éloigné dans l’avenir (Je prends ma retraite dans dix ans) Le présent s’utilise aussi pour une action future dans la subordonnée conditionnelle d’une phrase dont le verbe principal est au futur (Si tu viens demain, j’en serai ravi) - Présent de narration ou présent historique : dans un récit littéraire, le présent historique évoque des faits passé. L’action décrite n’est pas contemporaine de la phrase par laquelle on la décrit. Le présent historique permet de rendre présent les événements passés. - Présent injonctif : il arrive parfois que le présent prenne la valeur modale d’un impératif, ex. On se calme = un ordre et non pas une constatation. L’imparfait de l’indicatif L’imparfait situe un procès dans le passé avec une valeur aspectuelle qui l’oppose au passé simple et au passé composé. L’imparfait n’envisage pas les limites du procès, qu’il présente sans début ni fin (l’imparfait ne s’intéresse pas aux moments qui ont marqué le début et la fin de l’action), ce qui lui permet de s’accorder avec l’expression de la durée. En l’absence de limite final, le procès à l’imparfait peut être interrompu par un procès au passé simple. Comme le procès n’est pas borné, l’imparfait peut difficilement introduire à lui seul un repère temporel. Dans un récit, l’imparfait est employé pour exprimer des faits en arrière-plan, par rapport aux événements exprimés au passé simple. L’imparfait indique normalement des actions simultanées ou alternatives L’imparfait s’emploie, à l’oral et à l’écrit, à toutes les personnes. Les valeurs modales de l’imparfait : - La valeur modale d’irréel ou de potentiel qu’il prend dans la subordonnée des systèmes hypothétiques, des systèmes conditionnels. L’imparfait employé dans la subordonnée introduite par si, en corrélation avec le conditionnel présent de la principale exprime un fait possible ou impossible selon le contexte, situé dans le présent ou l’avenir, qui conditionne la réalisation du procès principal. (Si j’avais de l’argent, je t’en donnerais) - L’imparfait d’imminence contrecarrée ou contrefactuel : l’imparfait peut signifier qu’une action ne s’est pas réalisée, il équivaut à un conditionnel passé. (Un peu plus, la bombe explosait) - L’imparfait peut aussi exprimer une demande polie ou une supplique, dont la force est atténué parce qu’elle est fictivement rejetée das le passé (Je venais vous demander…) Le passé simple Le passé simple donne une vision globale du procès qu’il présente nettement délimité dans son déroulement et clos par une borne final, il indique que l’action a un début et une fin. Le passé simple est, dans la langue contemporaine, à peu près exclusivement réservé à la 3e personne. Sans être absolument absent à l’oral, le passé simple caractérise surtout l’usage écrit, c’est le temps de base du récit littéraire classique. Dans un récit, comme le passé simple présente un procès bien délimité, il sert à introduire un repère temporel nouveau, tout en donnant au procès une certaine importance. Le passé simple présente les faits de premier plan, les événements qui engagent la suite du récit. Une série de verbes au passé simple, qui introduisent chacun un nouveau repère temporel, marque la succession chronologique des événements. Cette valeur narrative rapproche le passé simple du passé composé. Mais leur valeur d’énonciation est différente : le passé simple présente des faits dans le passé coupés de la situation d’énonciation, donnant l’impression que les événements sont éloignés dans le temps, comme dans les contes. Le futur - Valeurs temporelles Le futur marque que le procès signifié par le verbe est situé dans l’avenir par rapport au moment (de l’énonciation) où l’on parle, seul ou accompagné d’un adverbe ou d’un complément de temps. Selon les cas, le futur envisage ou non les limites temporelles de l’action. (C’est ce qui explique qu’une série de verbes au futur peut selon le cas viser des actions successives, simultanées ou alternatives.) - Des verbes au futur qui se suivent peuvent indiquer : La succession des procès (J’irai à la bibliothèque, (puis) j’irai retirer mes billets de train à la gare) La simultanéité des procès (Qui vivra verra) - Dans l’expression de l’avenir, le futur simple est concurrencé : Par le présent de l’indicatif, obligatoirement accompagné d’un complément de temps (Je reviens demain) Par le semi-auxiliaire aller au présent suivi de l’infinitif du verbe (Je vais revenir) le procès à venir est imminent Par les semi-auxiliaires pouvoir et devoir qui expriment respectivement la possibilité et la probabilité - Le futur historique : il permet de raconter des événements passés comme s’ils étaient ultérieurs au moment de l’énonciation. Valeurs modales du futur : il existe toujours une dose d’incertitude dans les emplois du futur : on ne peut jamais être certain de la réalisation d’une action située dans l’avenir. Selon que l’action est considérée comme plus ou moins certaine, le futur peut donner lieu à des emplois divers, parfois aussi proche du mode que du temps. Futur injonctif : Le futur est souvent utilisé comme équivalent de l’impératif (Vous me remettrez vos devoirs mardi prochain) Futur d’atténuation : Le futur sert souvent à exprimer une idée de façon atténuée (Je ne vous cacherai pas…) Futur de promesse : en employant je, le locuteur peut s’engager à accomplir une action dans l’avenir (Je ferai des réformes pour moderniser le pays) Le futur marque parfois la probabilité, surtout avec le verbe être Les formes composées Les deux valeurs fondamentales des formes composées : Par rapport aux formes simples qui leur correspondent, les formes composées sont pourvues alternativement de deux valeurs. - Valeur d’accompli : elles marquent la valeur aspectuelle d’accompli. (J’ai écrit ma lettre de réclamation) => on veut montrer l’action accomplie. - Antériorité temporelle : mise en perspective, dans la même phrase, avec la forme simple qui lui correspond, la forme composée marque l’antériorité par rapport à la forme simple. Valeurs spécifiques : - Le plus-que-parfait : il comporte certaines valeurs analogues à celles de l’imparfait, par exemple l’emploi dans des demandes présentées de façon atténuée. Le plus-que-parfait a la valeur modale d’irréel du passé dans la subordonnée introduite par si d’une phrase hypothétique. - Le passé antérieur : il comporte les mêmes limitations d’emploi que le passé simple : son emploi aux deux premières personnes est devenu très rare, et la troisième personne s’observe surtout dans l’usage écrit. - Le futur antérieur : comme le futur simple, il est apte à marquer la probabilité, exprimer une supposition portant sur le passé et non sur l’avenir. Le passé composé : Il cumule deux valeurs nettement différentes. - L’expression d’une action accomplie dans le présent : (= valeur aspectuelle première) il est impossible de lui substituer une forme de passé (imparfait et passé simple). Les indications temporelles fournies par la subordonnée au présent indiquent que l’action décrite se situe dans le présent. Cette valeur d’accomplie exprime davantage le résultat présent que l’action passée. On a donc affaire à la valeur aspectuelle d’accompli de présent, comme tout temps composé. - L’expression du passé : la même forme du passé composé est apte à marquer une action passée. Le passé composé peut alors, sans différence de sens appréciable, être remplacé par le passé simple. Le passé composé donne, par opposition au passé simple, l’impression de la présence de la personne qui parle. Grâce à son auxiliaire au présent, le passé composé marque un lien entre cet événement et le moment présent où il est évoqué. Le locuteur relie le fait passé qu’il évoque à son acte d’énonciation. - Un antérieur du présent : en relation avec l’idée d’accompli, le passé composé peut aussi exprimer un antérieur du présent, en particulier dans une phrase complexe en corrélation avec le présent. Le conditionnel - Le conditionnel présent Valeurs modales : Avec le conditionnel présent, le procès à venir est envisagé avec une forte dose d’incertitude. Le conditionnel présent est une sorte de futur hypothétique. Au conditionnel, la réalisation de l’action est envisagée négativement. Cette valeur du conditionnel se manifeste nettement dans les systèmes hypothétiques. En corrélation avec une subordonnée à l’imparfait introduite par si, le conditionnel de la principale présente une action possible dans l’avenir ou impossible dans le présent, en fonction du contexte. = irréel du présent et potentiel - Le conditionnel peut aussi exprimer une opinion illusoire - Il peut aussi atténuer une demande, une volonté ou un conseil - La presse emploie souvent le conditionnel pour indiquer une information incertaine Valeurs temporelles - Emplois en subordonné : le conditionnel est le substitut du futur quand l’action est envisagé à partir du passé (Iseult espérait que Tristan reviendrai) - Emplois en indépendante : la même valeur temporelle du conditionnel s’observe, dans des propositions indépendantes, pour marquer des actions futures par rapport à un récit au passé. - Le conditionnel passé Valeurs modales : dans un système hypothétique, le conditionnel passé marque, dans la principale, l’irréel du passé. Valeurs temporelles : dans une subordonnée dépendant d’un verbe au passé, le conditionnel passé se substitue au futur antérieur.