MC3-Network:
Mediterranean Cities
and Climate Change.
Un Réseau Méditerranéen
sur l'Urbanisme et le
Changement Climatique
Face au phénomène de concentration urbaine sur les deux rives de la
Méditerranée, il est important, en suivant les recommandations de UN-Habitat et
du GIEC, d'évaluer la contribution de l'urbain dans le changement climatique, et
l'impact de ce même changement sur les pratiques urbaines. Il existe cependant
peu de dispositifs de mesure du climat à une échelle intra urbaine, et peu de
programme sur une compréhension mutuelle du changement climatique et des
pratiques de l'urbanisme. Ce projet se propose d'établir à partir d'un réseau
d'institutions sur le pourtour méditerranéen un bilan des connaissances et des
dispositifs de mesures à l'interface entre changement climatique et urbanisme.
Ce réseau sera constitué d'institutions de recherches, d'observatoires urbains, et
d'organismes liés à la conception, la planification et la gestion urbaine. Il proposera
deux bilans de connaissance. Le premier concerne les dispositifs de mesure et les
indicateurs utilisés et utilisables en matière de climatologie et micro climatologie
urbaine. Le second se basera sur un recensement et une analyse des programmes
existants, ainsi que d'expériences d'urbanisme incluant des préoccupations liées au
changement climatique. Une synthèse proposera un livre blanc de l'urbanisme en
méditerranée, ainsi que des perspectives de recherche et une proposition de
programme à l'échelle euro-méditerranéenne.
Les quatre objectifs sont: 1- Développer les collaborations avec les institutions de recherche, observatoires et réseaux en
Méditerranée, afin d'échanger les expériences et développer de nouveaux programmes de recherches ; 2- Développer
des stratégies de relations institutionnelles entre les observatoires et les laboratoires de recherche sur le thème de
l'urbanisme et du changement climatique ; 3- Rénover et développer les dispositifs d'observation et de connaissance des
villes sur la base de programmes ciblés ; 4- Générer une dynamique pour le montage d'un programme euro-
méditerranéen sur cette thématique.
Le programme est essentiellement destiné à la coordination scientifique, et à l'organisation d'échanges entre les
différentes institutions participantes. A partir d'un noyau initial d'institutions, la première tâche sera d'étendre le réseau
et de construire un outil web collaboratif; la seconde tâche explorera les dispositifs de mesure du changement
climatique; la troisième les outils et les innovations en matière d'urbanisme; la dernière sera une synthèse visant à
mettre en valeur les spécificités méditerranéennes dans cette interface changement climatique - urbanisme.
"Ce travail bénéficie d'une aide du gouvernement français, gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du projet
Investissements d’Avenir A*MIDEX portant la référence n°ANR-11-IDEX-0001-02"
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Est-il encore nécessaire de dire que ville et
croissance urbaine sont au centre des
préoccupations actuelles sur le développement
durable? Les rapports récents du GIEC (Revi et al.,
2014) et ceux du Plan Bleu pour la Méditerranée
(Chaline, 2001; Pan-Bleu, 2012) rappellent avec
insistance l'énorme défi que constitue la maîtrise
de la croissance urbaine. "Adaptation to climate
change depends centrally on what is done in urban
centers - which now house more than half the
world's population and concentrate most of its
assets and economic activities" (Revi et al., 2014,
chapter 8, p.5).
Le monde s'urbanise de plus en plus, avec une
tendance qui ne s'infléchit pas, concentrant
chaque fois plus les activités à la source des
problèmes du changement climatique: transport,
activité industrielle, rejet de contaminants,
dispersion de l'énergie, réverbération,
imperméabilisation, etc. (Oke, 1973; Mills, 2007;
Desplat et al., 2009; Colombert et al., 2012);
activités souvent accompagnées d'une absence de
maîtrise de leur expansion, dans les pays du Sud en
particulier. Les conséquences des aléas climatiques
sont directes sur les populations les plus
vulnérables du point de vue de l'habitat ou de la
santé (United-Nations, 2011b; a); elles sont aussi
indirectes, agissant sur les ressources (eau, air,
alimentation), générant de la vulnérabilité liée à
l'inégalité dans leur accès.
Les zones urbaines méditerranéennes sont
particulièrement sensibles à ces conséquences.
Elles cumulent des vulnérabilités liées au climat
même (fortes chaleurs et faible disponibilité de
l'eau), à la forte expansion urbaine sur les zones
littorales (évènements climatiques, pollutions), et
à l'absence de régulation urbaine (importance de
l'habitat précaire, dérégulation de la construction,
mauvaise gestion des déchets); à cela s'ajoute la
forte probabilité de catastrophes naturelles. Selon
le Plan Bleu (Pan-Bleu, 2012) ces vulnérabilités
sont renforcées par des déséquilibres socio-
spatiaux très forts dans l'accès aux services et aux
ressources, que les politiques aujourd'hui
n'arrivent pas à réguler.
La question de la ville durable (ou plutôt à
croissance soutenable), sous influence du
changement climatique, ne se résout pas
seulement par la maîtrise de l'énergie, ou de la
réduction des effets, mais par la question plus
générale de l'amélioration des conditions de vie
par l'intermédiaire d'une ville mieux pensée et
mieux gérée, sur la base de l'équité spatiale (Theys
& Emelianoff, 2001; Desjardins, 2011; Mancebo,
2011). Beaucoup d'études ont été réalisées sur ce
thème, insistant sur le fait que la ville est aussi le
lieu de l'innovation, c'est à dire lieu où se créent de
meilleures opportunités pour une adaptation au
changement climatique, surtout dans les high-
income countries (Satterthwaite, 2013; Revi et al.,
2014). Cavin & Bourg, 2010, nous indiquent que ce
débat tourne autour de deux conceptions de la
durabilité, qui ne sont pas sans conséquences sur
la manière de créer de la résilience face aux
impacts environnementaux.
La première conception, "prométhéenne", relève
d'une course à la maîtrise technologique du tout
urbain face à la nature. Ce sont les villes "zéro
carbone", de type Abu Dhabi, Masdar City, Dubaï,
qui basent la durabilité sur une réduction des
émissions de carbone, au travers de la maîtrise du
thermique, de l'énergétique, des transports ou des
déchets. Même si le "vert" est inclus dans cette
conception, il n'en reste pas moins que
l'artificialisation et le contrôle par la technologie
restent des facteurs de vulnérabilité intrinsèque.
Cette approche constitue souvent un modèle pour
les pays de la Méditerranée Sud, très loin des
situations et particularités locales, comme le
montre les expériences du Parc El Aznar en Égypte,
ou celles des villes de Anfa ou Zenata au Maroc
(Pan-Bleu, 2012), mais aussi pour la rive Nord
comme l'indique quelques "regards" autour de
Marseille (AGAM, 2013).
La seconde, "orphique", est une réponse à l'échec
prévisible de cette modernité. La préservation du
capital naturel, par le moyen des services éco-
systémiques, est privilégiée dans la construction
d'une durabilité, associée à une notion de "bien
vivre ensemble" et incluant des mécanismes de
démocratie participative. Ce sont les corridors
écologiques, les trames vertes et bleues, les éco-
quartiers, etc. qui impliquent une reconsidération
de l'organisation de l'espace urbain et la
revalorisation des espaces à caractère naturel
(Bonard & Matthey, 2010; Clergeau, 2012;
Clergeau & Blanc, 2013). Dans ce cas aussi, il est
impératif de prendre en considération les zones
péri-urbaines, capables de constituer des espaces
"tampons" face à l'étalement urbain, (Djellouli et
al., 2010) propices au développement de services
écosystémiques (Delattre & Napoléone, 2001;
Napoléone & Geniaux, 2009; Zasada, 2011).
Il y a sans doute un intermédiaire possible entre
ces deux situations, mais dont la logique n'est pas
encore bien claire. La ville de demain, celle qui
devra affronter les conséquences des
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changements, se construit aujourd'hui, et nous
devons prendre les options rapidement.
Nous serions bien en mal actuellement de
proposer des modèles de comportement
climatique des quartiers urbains, adaptés à des
situations locales ; comme il est impossible de
définir avec pertinence les modalités d'un nouvel
urbanisme se préparant à des évènements
climatiques ou simplement à leur variabilité. Ces
concepts existent en théorie (Calthorpe, 2011)
mais les données empiriques restent faibles.
De plus, pour définir ces options, ce dont nous
avons le plus besoin ce n'est pas d'un diagnostic
des sources ni des conséquences des changements
climatiques déjà très bien établi par ailleurs
(Calthorpe, 2011; Bulkeley, 2013; Revi et al., 2014),
ni sans doute des décisions trop limitées des
conférences internationales (Mancebo, 2011). Il
s'agit avant tout de rassembler les expériences, les
potentiels et les contraintes que certaines villes
peuvent mettre en œuvre, en particulier dans les
pays du Sud, en relation avec leurs propres
conditions et caractéristiques locales.
Les observatoires sont de bons outils pour cela, et
il en existe un grand nombre autour de la
Méditerranée, mais comme le signale le diagnostic
élaboré par le LABEX "Futurs Urbains", il est
nécessaire de rénover les dispositifs d'observation
et de connaissance des villes, pour les orienter vers
des enjeux d'actualité.
Dans ce projet, nous voudrions mobiliser les compétences existantes au sein des institutions de
recherches de l'Université Aix Marseille, et des partenariats méditerranéens déjà constitués, pour
structurer un réseau destiné à développer des recherches à l'interface entre urbanisme et
changement climatique.
Le LPED, par l'intermédiaire de l'OPEU1 (Observatoire Pluridisciplinaire de l'Environnement Urbain),
développe de multiples compétences autour des questions de l'environnement en ville, associant de
multiples partenaires de recherche ainsi que des collectivités publiques. D'autres laboratoires de
l'OSU-Institut Pytheas2 travaillent sur ces questions, au sein des OHM (Bassin minier de Provence,
Littoral, Vallée du Rhône), et surtout du LABEX OT-MED3 qui démarre un programme "Big City" sur
Marseille dont le projet MC3-Network sera un point fort. Le LABEX Med4 "Les sciences sociales au
cœur de l'interdisciplinari en Méditerranée" mène également des projets de recherches sur les
interfaces environnement - ville qu'il sera important d'associer.
Par ailleurs, il existe un potentiel important dans les nombreux observatoires en Méditerranée, bien
que la problématique du changement climatique en zone urbaine ne soit pas toujours prise en
compte. Des réseaux européens comme CAT-MED ou "The Mediterranean City 2014" sont orientés
vers la recherche de modèle de développement urbain durable. D'autres programmes comme
MISTRALS ou le Plan Bleu, bien qu'orientés résolument vers le changement climatique, prennent peu
en compte la question intra urbaine de manière globale mais plutôt de manière sectorielle (énergie,
tourisme, zone côtière, etc.).
1 http://lped.org/-Observatoires-Societe-.html
2 http://www.pytheas.univ-amu.fr/
3 http://www.otmed.fr/
4 http://labexmed.mmsh.univ-aix.fr/Pages/home.aspx
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Objectif
Positionner les laboratoires d'Aix Marseille Université comme élément central d'un réseau
méditerranéen de recherches sur les interfaces urbanisme - changement climatique.
Objectifs secondaires
1 - Développer les collaborations entre les institutions de recherche, les observatoires et les réseaux en
Méditerranée, afin d'échanger les expériences et développer de nouveaux programmes de recherches;
2 - Développer des stratégies de relations institutionnelles entre les observatoires, les laboratoires de
recherche et les collectivités locales, sur le thème de l'urbanisme et du changement climatique;
3 - Rénover et développer les dispositifs d'observation et de connaissance des villes sur la base de programmes
ciblés;
4 - Générer une dynamique pour le montage d'un programme euro-méditerranéen sur cette thématique.
Programme de travail
Trois grandes questions:
Les systèmes de mesure du changement climatique en ville, incluant la mesure de la contribution de la
ville au changement climatique et inversement de l'impact du changement global sur le climat intra-
urbain;
L'intégration des préoccupations du changement climatique dans les questions d'urbanisme, du point
de vue technique, normatif, politique et social;
Les spécificités diterranéennes dans le choix des interfaces urbanisme - Changement climatique,
c'est à dire la réflexion sur un urbanisme proche des pratiques de la société, et incluant des stratégies
péri-urbaines.
Chaque question est abordée sous l'angle théorique, sous forme de compilation et de comparaison
d'expériences, et sous l'angle de l'analyse des acteurs (institution, experts et praticiens) susceptibles de
composer un réseau de réflexion sur cette thématique.
Pour entreprendre ce programme, les équipes s'appuieront sur trois types d'actions de recherche:
une compilation d'expériences de
recherches (monde académique) et
d'applications en urbanisme
(pratiques professionnelles), en
dégageant les indicateurs et
processus utilisés dans la
compréhension ou la résolution de
l'interface changement climatique -
urbanisme;
des ateliers d'écriture virtuels
regroupant et synthétisant les
résultats de cette compilation par
plusieurs observatoires; Ces ateliers
seront renforcés par des séminaires
thématiques;
des travaux de recherche
collaborative pour la définition d'un
programme méditerranéen sur ville
et changement climatique.
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