soucieux de métaphysique. Tout en reconnaissant que la
philosophie requiert, comme condition de son exercice,
une certaine sagesse
de
vie, je n'ai pas vu en elle une
«manière de vivre» -ce qui serait la réduire à une sagesse.
Il est plus difficile d'être un philosophe, c'est-à-dire un
amoureux inconditionnel de
la
vérité, que d'être un sage.
Les hommes
du
commun savent, en général, comment
vivre, sans avoir besoin des leçons de
la
philosophie
(les
amoureux savent même être heureux-sans elle!). Ils ont
leur sagesse -et,
si
l'on veut, une sorte de « philosophie»
spontanée. Je vois, chez
les
paysans,
les
artisans, la sagesse
fort répandue, même
si
elle est souvent obtenue au prix
de l'occultation de la vérité. Les sagesses philosophiques
de haut vol, dont chacune se fonde sur une métaphysique
originale (telles celles d'Héraclite, de Spinoza), ne sont
pas pour l'homme
du
commun.
Parce que Socrate a jugé, avec raison, que l'homme
n'aurait jamais une connaissance scientifique de la Nature
dans son ensemble comme dans ses secrets, il s'est
détourné - à tort
pour
le métaphysicien -des recherches
sur la Nature,
les
jugeant vaines et relevant
d'une«
sagesse
sans
doute
plus
qu'humaine
» (Apologie, 20
d).
Cette
sagesse est celle que les philosophes de la Nature s'attri-
buent.
«Il
s'étonnait, dit Xénophon, qu'ils ne vissent pas
qu'il est impossible à l'homme de pénétrer les secrets de la
Nature, puisque aussi bien ceux qui
se
piquent d'en parler
le plus savamment
ne
sont pas
d'accord
entre
eux»
(Mémorables,
I,
13
).
Socrate ne voit pas que, l'idée d'une
science (métaphysique) de
la
Nature étant laissée de côté,