
PROPOSITION DE CORRIGE SUJET N°1
(ne pas oublier que c’est un corrigé de prof, pas l’intégralité des attentes)
Pour étudier la croissance dans les grandes puissances, le document proposé est un graphique
composé de plusieurs courbes. Il permet d’observer l’évolution du PIB/habitant pour cinq grandes puissances
du monde actuel (Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine, Inde et Brésil) ainsi que pour l’ensemble du monde. Pour
réaliser ce graphique son auteur a puisé à plusieurs sources : les chiffres les plus anciens proviennent de
l’étude d’Angus Maddison sur L’économie mondiale, une perspective millénaire paru en 2002 tandis que pour
aller jusqu’en 2008 on a fait appel à des données provenant de l’université canadienne de Sherbrooke. Dans
tous les cas, ce sont des sources fiables qui, comme le document, sont essentiellement destinées à des
spécialistes plus qu’au grand public.
L’observation du document permet de constater que la croissance économique est un phénomène qui
a concerné toutes les grandes puissances mais pas forcément de la même manière. On peut en effet voir que
pour chacun des cinq pays étudiés, le PIB/habitant est très supérieur en 2008 à son niveau de 1850 (il passe
par exemple de 2500 $ à 32000 $ pour les Etats-Unis). Cette augmentation du PIB/habitant traduit
l’augmentation de la quantité de biens et de services, c’est-à-dire la croissance économique dont on peut donc
dire qu’elle est constante sur toute la période (y compris pour l’ensemble du monde). Cette croissance
s’explique par les transformations économiques connues dans le monde à partir du XIXème siècle à savoir
l’entrée dans une phase d’industrialisation ; celle-ci a conduit à une augmentation de la production d’objets, à
un développement du commerce et finalement à une amélioration du niveau de vie des populations (par
abaissement du coût des produits). Toutefois, on peut constater que dans l’ensemble cette croissance a
surtout été forte après 1940 (les Etats-Unis passent de 2500 $ à 7500 $ en 90 ans (x3), puis de 7500 $ à 32000
$ (x4.5) en 68 ans). Il s’agit ici de l’effet de nouvelles phases d’industrialisation (seconde puis troisième
révolution industrielle) débouchant sur la naissance d’une société de consommation (que peuvent symboliser
les produits jetables). Dans le même temps, les activités se tertiarisent.
Si la croissance est constante pour les grandes puissances étudiées, celle-ci ne s’effectue pas au même
rythme. On voit nettement que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont une croissance beaucoup plus précoce
que les autres puissances (ils atteignent un PIB/habitant d’environ 5000 $ vers 1900 quand la Chine et le Brésil
ne l’atteignent que dans les années 1990… et l’Inde n’y est pas encore). Cette précocité s’explique par une
entrée plus rapide dans l’industrialisation ayant permis un développement économique qui font des Etats-Unis
et du Royaume-Uni, comme les autres pays « occidentaux », des pays du Nord. Au contraire, la situation de la
Chine, de l’Inde et du Brésil est marquée par une longue faiblesse du PIB/habitant (inférieur à 1000 $) ce qui
est caractéristique du sous-développement. Ces territoires, plus ou moins colonisés sont encore loin d’être de
grandes puissances ; ils appartiennent à ce qu’on appelle aujourd’hui les pays du Sud. Ils ne commencent
vraiment à connaître la croissance que lorsque celle-ci devient générale à partir des années 40 (le Brésil passe
d’environ 1000 $ à 5000 $ au cours de cette période) ; ce sont les fameuses Trente Glorieuses, période longue
de croissance à plus de 5% par an faisant suite à la Seconde Guerre mondiale. Cette croissance commence à
faire d’eux des pays émergents, c’est-à-dire des pays dont la situation économique s’améliore sans que
toutefois le niveau de développement progresse pour tous.
L’observation de la croissance à travers le document permet de voir apparaître une succession
d’économies-monde. Sur la seconde moitié du XIXème siècle, on constate que le PIB/habitant est le plus élevé
au Royaume-Uni parmi les grandes puissances étudiées. Cela correspond à l’époque de l’économie-monde
britannique dont le centre était Londres et qui s’explique par la précocité de l’industrialisation du Royaume-
Uni ; en 1850, celui-ci, véritable « atelier du monde », produisait ainsi la moitié de la production industrielle
mondiale. Cette forte domination économique s’accompagnait par une présence partout dans le monde à
travers un vaste empire colonial (l’Inde y appartenait) mais aussi un « empire informel » auxquels des
territoires indépendants comme le Brésil ou la Chine appartenaient.
A partir du début du XXème siècle, on constate que la courbe du PIB/habitant des Etats-Unis dépasse
celle du Royaume-Uni et s’en détache nettement à partir de 1940. C’est le début de la période de l’économie-
monde centrée sur les Etats-Unis. Ce basculement s’explique par la puissance économique des Etats-Unis,
pays vaste aux grandes ressources et dont le territoire n’a pas été touché par les deux guerres mondiales ; au