La dévotion au Sacré Coeur de Jésus.
Le premier Traité de cette dévotion.
Le livre 12e du Coeur Admirable
de Saint Jean Eudes.
Document-Recherche no 17.
Jean Rémi Côté c.j.m.
Montréal, QC.
Mars 1995.
http://www.liberius.net
Numérisé par [email protected]
1 Le Premier Traité de la dévotion au sacré coeur de
Jésus(1681)
Présentation
Résumé et appréciation du P.Lebrun dans l’introduction du
Coeur Admirable (t.6,pp.19-21)
Le Coeur de Jésus est uni au Coeur de Marie par des liens trop étroits pour qu'il
soit possible de les séparer. Aussi le P. Eudes, après avoir "amplement " parlé du
Coeur de Marie, crut devoir dire "quelque chose" du Coeur de Jésus. Dans le corps de
son ouvrage, il avait été amené bien souvent à en parler, à propos du Coeur de Marie.
Mais il voulut en traiter part, et il lui consacra le douzième livre du Coeur admirable.
Dans le cadre restreint où il devait se renfermer, le Vénérable ne pouvait
traiter toutes les questions relatives la dévotion au Coeur de Jésus. C'est en vain,
par exemple, qu'on y chercherait l'histoire du culte privé du Sacré Coeur, ou les
approbations que le Vénérable avait obtenues pour en inaugurer le culte public 1.
C'est en vain même qu'on y chercherait une étude complète sur les perfections du
Coeur du divin Maître. Une pareille étude aurait exigé de trop longs développements,
et aurait amené l'auteur à répéter en partie ce qu'il avait écrit au sujet du saint
Coeur de Marie. Dans ce que l'on peut appeler la partie dogmatique de ce douzième
livre, le P. Eudes ne traite que de l'amour du Coeur de Jésus à l'égard de son Père, de
sa divine Mère, et surtout à l'égard des hommes. Mais cette question, il la traite si
largement et avec tant de profondeur, qu'aucun des écrivains qui, depuis, se sont
occupés du Sacré Coeur, ne l'a surpassé, du moins à notre avis.
2
A la suite de cette étude dogmatique, on trouve quelques citations
empruntées à Lansperge, saint Bonaventure, à sainte Gertrude et à la soeur
Marguerite de Beaune. Puis viennent deux séries de méditations pour la fête du
Coeur de Jésus et les huit jours de l'octave. On
y trouve appliqués au Coeur du divin
Maître des aperçus longuement développés dans le corps de l'ouvrage à propos du
Coeur de Marie. Il n'y a pas lieu d'en être surpris, car les sacrés Coeurs de Jésus e t
de Marie étant la parfaite image l'un de l'autre, ce que l'on dit de l'un, on peut
d'ordinaire, toute proportion gardée, le redire de l'autre.
Pour avoir été incorporé au Coeur admirable, ce douzième livre n'en
constitue pas moins un véritable traité de la dévotion au Coeur de Jésus. En y
1Nous publierons ces approbations en appendice, à la fin du Coeur admirable.
joignant, comme il est juste de le faire, les notions exposées dans le premier livre, on
y trouve à la fois, dans ce qu'elles ont d'essentiel, la théorie et la pratique de la
dévotion au Sacré Coeur. C'est d'ailleurs le premier traité qui ait été écrit sur cette
matière, puisqu'il est antérieur de dix ans au livre du P. Croiset (1691), et de dix-huit
à celui du P. Froment (1699). De l'avis d'écrivains sans parti pris, tel que le Cardinal
Pitra 2, et tout récemment le P. Bainvel 3, il assure au P. Eudes l'honneur d'avoir été
le premier théologien du Sacré Coeur, comme il en fut le premier apôtre et le
premier chantre liturgique.(cf.Bulle de canonisation)
N.B.
Nous avons omis les longues citations latines dans les textes qui suivent.
Raisons de cette présentation:
1) Elle est plus agréable à lire que celle que l'on trouve au tome 8 des
Oeuvres Complètes.
2) Plusieurs personnes n'ont pas facilement en mains les Oeuvres
Complètes de St Jean-Eudes.
3) Cette présentation comprend donc le Livre 12 du Coeur Admirable,
quelques extraits du Liv.1 sur les notions de Coeur et la célèbre Prière Ave, Cor
sanctissimum. VIII-206
2Vie du P. Libermann, 1. 3, ch. 3.
3La dévotion au Sacré Coeurs p. 267. Paris, 1906.
LIVRE DOUZIÈME
DU DIVIN COEUR DE JÉSUS.
CHAPITRE I.--Que le divin Coeur de Jésus est la Couronne de la gloire du
très saint Coeur de Marie.
Il n'est pas juste de séparer deux choses que Dieu a conjointes si étroitement
par les liens les plus forts et par les noeuds les plus serrés de la nature, de la grâce
et de la gloire: je veux dire le divin Coeur de Jésus Fils unique de Marie, et le Coeur
virginal de Marie Mère de Jésus; le Coeur du meilleur Père qui puisse être, et de la
meilleure Fille qui fut ni qui sera jamais; le Coeur du plus divin de tous les Époux, e t
de la plus sainte de toutes les Épouses; le Coeur du plus aimable de tous les enfants,
et de la plus aimante de toutes les Mères: deux Coeurs qui sont unis ensemble par le
même esprit et par le même amour qui unit le Père de Jésus avec son Fils bien-aimé,
pour n'en faire qu'un Coeur: non pas en unité d'essence, telle qu'est l'unité du Père e t
du Fils, mais en unité de sentiment, d'affection et de volonté.
Ces deux Coeurs de Jésus et de Marie sont unis si intimement, que le Coeur de
Jésus est le principe du Coeur de Marie, comme le Créateur est le principe de sa
créature; et que le Coeur de Marie est l'origine du Coeur de Jésus, comme la mère
est l'origine du coeur de son enfant.
VIII-207
Chose admirable le Coeur de Jésus est le Coeur, l'âme, l'esprit et la vie du Coeur
de Marie, qui n'a ni mouvement, ni sentiment que par le Coeur de Jésus; et le Coeur
de Marie est la source de la vie du Coeur de Jésus, résidant dans ses bénites
entrailles, comme le coeur de la mère est le principe de la vie du coeur de son
enfant.
Enfin le Coeur adorable de Jésus est la couronne et la gloire de l'aimable Coeur
de la Reine des Saints, puisqu'il est la gloire et la couronne de tous les Saints:
Coron
a
Sanctorum omnium
. Comme aussi le Coeur de Marie est la gloire et la couronne du
Coeur de Jésus, parce qu'il lui rend plus d'honneur et plus de gloire que tous les
coeurs du paradis ensemble.
C'est pourquoi, après avoir parlé si amplement du Coeur auguste de Marie, il est
bien raisonnable de ne pas terminer cet ouvrage sans dire quelque chose du Coeur
admirable de Jésus. Mais que peut-on dire sur un sujet qui est indicible, immense,
incompréhensible et infiniment élevé au-dessus de toutes les lumières des
Chérubins? Certainement toutes les langues des Séraphins seraient trop faibles pour
parler dignement de la plus petite étincelle de cette fournaise embrasée du divin
amour. Comment donc un misérable pécheur, plein de ténèbres et d'iniquités, osera-
t-il approcher de cet abîme de sainteté? Comment osera-t-il regarder ce formidable
sanctuaire, entendant frapper à ses oreilles ces terribles paroles:
Pavete a
d
sanctuarium meum
4: « Tremblez à la vue de mon sanctuaire » O mon Seigneur Jesus,
aufer a me iniquitates meas, ut ad Sancta sanctorum pura mente merear introire
, «
effacez en moi toutes mes iniquités, afin que je mérite d'entrer dans le Saint des
saints avec un esprit pur », avec des pensées saintes, et avec des paroles
enflammées de ce feu du ciel que vous avez apporté en la terre, qui enflamment les
coeurs de ceux qui les liront.
VIII-208
CHAPITRE II.--Que le divin Coeur de Jésus est une Fournaise d'amour très
ardente au regard du Père éternel.
Une infinité de raisons nous obligent de rendre nos adorations et nos honneurs
au divin Coeur de notre très aimable Sauveur, avec une dévotion et un respect
extraordinaire. Toutes ces raisons sont comprises dans trois paroles du bienheureux
saint Bernardin de Sienne, qui appelle ce très aimable Coeur:
Fornacem
ardentissimae charitatis, ad inflammandum et incendendum orbem universum
5, «
Fournaise d'une charité très ardente pour enflammer et embraser tout l'univers. »
VIII-209
Oui certainement ce Coeur admirable de Jésus est une fournaise d'amour au
regard de son divin Père, au regard de sa très sainte Mère, au regard de son Église
triomphante, militante et souffrante, et au regard de chacun de nous en particulier.
C'est ce que nous allons voir dans les chapitres suivants.
Voyons maintenant les flammes très ardentes de cette grande fournaise au
4Levit.. XXVI, 2.
5Serm. 514, de Passione Dom., p. 2, tit. 1. A diverses reprises, le Coeur de Jésus, se
manifesta à la bienheureuse Marguerite-Marie sous l'emblème d'une fournaise d'amour.
Voici comment elle raconte une de ces manifestations: « Une fois que le Saint-
Sacrement était exposé, dit-elle, après m'être sentie retirée toute au-dedans de moi-
même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-
Christ, mon doux Maître, se présenta à moi tout éclatant de gloire, avec ses cinq
plaies, brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée humanité sortaient des
flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait à une
fournaise et s'étant ouverte, me découvrit son tout aimant et tout aimable Coeur qui
était la vive source de ces flammes » Vie et Oeuvres, tom. 2, p. 327. Edit. 1867. On
sait que, dans l'image dite de Notre-Dame des Coeurs le Vénérable P. Eudes a
représenté les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie sous l'emblème d'une fournaise
d'amonr, ou ses disciples vont allumer des torches pour embraser l'univers. Ce n'est
au fond qu'une belle application de la parole de Notre-Seigneur dans saint Luc,
XII, 49: Ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut accendatur.
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