La baignade: pour le meilleur… et pour le pire! Jean-François Roussy, MD Résident 5 microbiologie-infectiologie Université de Sherbrooke Qu’est-ce qu’un microbiologisteinfectiologue? A) Un rat de laboratoire B) Un spécialiste des « bibittes C) Un gars qui « trippe » voir du pain passé date car c’est plein de champignons D) Un vendeur d’antibiotiques sur internet E) Un médecin qui exerce la plus belle spécialité médicale Réponse + sérieuse! • Le médecin microbiologiste-infectiologue est spécialisé dans le diagnostic clinique et de laboratoire, l’épidémiologie, le traitement et la prévention des maladies infectieuses. • La microbiologie-infectiologie s’intéresse notamment à la nature et aux effets des maladies causées par les microorganismes. • Elle comprend plusieurs sub-divisions dont la bactériologie, la mycologie, la parasitologie, la virologie, la mycobactériologie, la sérologie et l’infectiologie collective. La raison d’être de cette conférence • La baignade est une activité sportive fort populaire. • Aux USA,la natation est la deuxième activité récréative la plus pratiquée. • 7.4 millions de piscines publiques ou privées • 360 millions de visiteurs dans les points d’eau publics. Risques de maladies associées à l’eau • L’infection est l’une des plus communes • Les pathogènes pénètrent le corps par inhalation, aspiration, application directe sur la peau ou blessure. • Invasion des muqueuses intestinales et ou gastrointestinales Risques de maladies associées à l’eau • X 20 ans, augmentation entre autre via certains microorganismes résistants au chlore. • Les pathogènes proviennent de l’environnement ou peuvent proliférer à cause de l’humain ou ses déchets • Gastrointestinales surtout! • Le plus souvent une nuisance passagère mais parfois plus sérieux. Comment l'eau devient-elle contaminée ? • Les lacs, les rivières et la mer peuvent être contaminés par des déversements d'eaux usées, des déjections animales ou des eaux de ruissellement. • Les piscines peuvent être contaminées par des gens qui se baignent alors qu'ils souffrent de diarrhée et ont un accident fécal, mais également par des microorganismes provenant du corps de baigneurs http://www.msss.gouv.qc.ca Objectifs 1) Être capable de définir ce qu’est une infection 2) Reconnaître l’importance du système immunitaire face à l’infection 3) Différencier un virus, une bactérie et un parasite 4) Reconnaître la différence de risque infectieux associée à différents milieux aquatiques 5) Nommer quelques moyens de diminuer le risque d’infection en milieu aquatique Objectif prioritaire: vous faire peur!! Objectif 1 : définir l’infection Définition • Désigne l'invasion d'un organisme vivant par des germes, plus précisément des micro-organismes pathogènes, comme des bactéries, des virus, des champignons ou encore des parasites. • Le terme pathogène désigne ce qui est susceptible d'entraîner une maladie. • Les infections sont classées en deux: exogènes: le patient est exposé au micro-organisme via des sources externes (influenza, gonorrhée, hépatite) endogènes: lorsque la maladie est causé un organisme faisant parti de la propre flore du patient. • Un organisme ne produira pas toujours nécessairement une infection ou pourra au contraire causer différentes manifestations cliniques. « Les planètes doivent être alignées pour que l’infection se produise » Relation complexe entre l’organisme et l’homme! • L’interaction peut résulter en: - Colonisation souvent transitoire - Relation symbiotique à long terme - Maladie • Dépendra de l’organisme = virulence, site d’exposition, inoculum. • Dépendra aussi de l’hôte = système immunitaire, âge, comorbidités. • L’humain est remarquablement bien adapté pour contrôler l’exposition aux microbes pathogènes. Réponse immune face aux agents infectieux • Trois lignes de défenses de base contre l’invasion par les agents infectieux: 1) Barrières naturelles 2) Inné, défenses immunitaires non spécifiques 3) Adaptatif, réponses immunitaires spécifiques Barrières naturelles Mécanismes de défenses innés ou non spécifiques Mécanismes de défenses adaptatifs ou spécifiques Réponse face à l’infection Réponse inflammatoire • Mécanisme de défense rapide. • Permet de contenir l’infection • Éviter la dissémination à partir d’un foyer local d’infection • Mettre en marche les réponses immunitaires spécifiques subséquentes Trois événements majeurs • Expansion des capillaires pour augmenter le flot sanguin. ROUGEUR ET CHALEUR • Augmentation de la perméabilité des microvaisseaux permettant sortie de liquide, plasma, protéines et leucocytes de la circulation • Recrutement et accumulation des neutrophiles au foyer de l’infection Un gros événement ! Inflammation cutanée Objectif 3: Différencier un virus, une bactérie et un parasite Bactérie Bactérie Bactérie Spore Virus • Parasite intracellulaire obligé • Agents filtrables car ++++ petits • Ne peuvent pas produire leurs propre énergie ou protéines sans l’aide de la cellule hôte • Sont constitués d’ARN ou d’ADN • Ils sont enveloppés ou non • Les composantes virales sont assemblés pièce par pièce et non pas par réplication par fission binaire La Familia… Virus Microscopie électronique Virus aquatiques ADÉNOVIRUS HÉPATITE A NORWALK Parasites Ce n’est pas de la ficelle!!! Objectif 4: Reconnaître la différence de risque infectieux associée à différents milieux aquatiques Objectif 4: Reconnaître la différence de risque infectieux associée à différents milieux aquatiques • Infections à Pseudomonas aeruginosa ex: otite du baigneur, folliculite associée au spa • Diarrhées (Cryptosporium parvum, Giardiase, shigella) • Infection aux cyanobactéries (algues bleus) • • • • • Vibrios (ex: cholera) Hépatite A Salmonelle Cellulites « Near drowning » pneumonia Dermatite du baigneur (swimmer’s itch) Dermatite du baigneur Dermatite du baigneur Otite du baigneur Folliculite à Pseudomonas Difficile de maintenir de bons niveaux de chlore libre à cause de la plus haute température, agitation mécanique et aération par les jets à pression. Plus haute concentration de matériel organique à cause du nb plus élevé de baigneurs par volume d’eau. Dilatation des pores de la peau favorisant l’entrée des bactéries Folliculite Pseudomonas • Incubation de 48 heures environ • Papules pruritiques puis pustules aux zones avec glandes apocrines • Résolution en 2-5 jours sans cicatrice. • Recommande pas de donner ATB ni cortisone Principes de prévention • Trois concepts clés: 1) Stérilisation 2) Désinfection 3) Antiseptiques Stérilisation • Utilisation de procédures physiques ou d’agents chimiques pour détruire toutes les formes microbiennes, incluant les spores bactériennes, virus, champignons. • Ex: Vapeur chaude, radiation, rayon UV, oxyde d’éthylène, peroxyde d’hydrogène Stérilisation de la piscine!!! Désinfection • Utilisation de procédures chimiques ou physiques pour détruire la majorité des formes microbiennes • Pas excellent contre les spores et certains virus ou champignons • Gradée en niveaux d’intensité • Ex: chaleur (75 à 100 degrés), acide péracétique, glutaraldehyde, iodophores Désinfection: haut niveau • Un agent germicide tuant TOUS les pathogènes microbiens sauf une trop grande quantité de spores • Inclus: Chaleur Chlore (100-1000ppm libre) Peroxyde d’hydrogène 325% Le chlore • Rapidement bactéricide • Mécanisme d’action toutefois non défini, mais possiblement via altération du métabolisme cellulaire. • Trois formes: l'acide hypochloreux (HOCl), l'ion hypochlorite (ClO-) et l'ion chlorure (Cl-) • C'est essentiellement l'acide hypochloreux qui est le composé le plus actif dans les mécanismes de la désinfection ( l'ion hypochlorite est peu oxydant et peu bactéricide), c'est pourquoi il est aussi appelé "chlore actif"; il est majoritaire en milieu acide. Mécanisme d’action Différents produits chlorés • Le chlore gazeux : c’est un gaz très toxique. • • Les hypochlorites de sodium (eau ou extrait de Javel) : il n’est pas stable à l’état sec ; • Les hypochlorites de calcium : il est utilisé qu’exceptionnellement ; • Les chlorocyanuriques : il s’agit du « dichloroisocyanurate de sodium » (DCCNa), solide blanc sous forme de granulés très solubles dans l’eau ou de « l’acide trichloroisocyanurique » (ATCC) solide blanc sous forme de galets ou de blocs très peu solubles dans l’eau ; • • Le brome liquide ; L’ozone. Du chlore dans l’eau: « quossé ça donne? » Facteurs altérant efficacité du chlore • pH de l’eau • Température de l’eau • Quantité de matières organiques (urée sécrété dans la sueur, débris cutanés par ex) • Le soleil (les rayons UV) pH Matières organiques Température Rayons UV Dois-je présumer que l'eau est exempte de tout microorganisme ? • Non. • Même les piscines les mieux entretenues peuvent propager la maladie. Donc, les piscines les plus sécuritaires sont les piscines qui sont non seulement bien entretenues, mais également celles où les utilisateurs ont des comportements sains lors de la baignade. Rappelez-vous, le chlore détruit en effet tous les microorganismes, mais cela peut prendre quelque temps. Certains pathogènes peuvent survivre de quelques heures à plusieurs jours dans les piscines. Soyez conscient qu'en tant que baigneuse ou baigneur, vous jouez un rôle capital dans la prévention des MTEB. « L’étiquette » aquatique 1. 2. 3. 4. 5. 6. Se doucher « convenablement » avant l’utilisation d’une piscine publique. Évitez de vous baigner si vous avez une plaie ouverte. Vérifiez fréquemment les enfants en couche pour souillures et changer la couche si besoin À LA TOILETTE! NE PAS VOUS BAIGNEZ SI VOUS AVEZ LA DIARRHÉE! Évitez d’avaler l’eau de la piscine. Lavez-vous les mains après l’utilisation de la toilette. Conclusion • La baignade est une activité fort populaire. • Elle n’est pas sans risque! • Différentes bactéries et parasites présentes dans l’environnement aquatique ou chez le baigneur peuvent causer des maladies. • Un bon entretien de la piscine est vital mais pas suffisante… les baigneurs doivent aussi se responsabiliser! • Le chlore est très efficace contre les microorganismes mais son efficacité est limité par divers facteurs (pH, température, débris organiques, rayons UV). Merci!