Il se peut que l’accroissement démographique intensifie les pressions qui
pèsent sur les ressources et ralentisse l’amélioration du niveau de vie dans les
régions où la pauvreté est endémique. S’il est vrai qu’il ne s’agit pas uniquement
d’une question démographique mais aussi de répartition des ressources, le
développement durable n’est possible que si l’évolution démographique
s’accorde avec le potentiel productif de l’écosystème.
Une société peut, de diverses manières, compromettre sa capacité de
satisfaire les besoins de ses membres – en surexploitant les ressources, par
exemple. Dans l’immédiat, le développement technologique peut certes résoudre
certains problèmes, mais il peut quelquefois en créer d’autres plus graves. Le
développement inapproprié peut en effet marginaliser des portions entières de la
population.
L’agriculture sédentaire, le détournement des cours d’eau, l’extraction
minière, l’émission de chaleur et de gaz toxiques dans l’atmosphère,
l’exploitation commerciale des forêts, les manipulations génétiques, sont des
exemples de l’intervention de l’homme dans les écosystèmes à l’occasion
d’activités de développement. Il y a peu de temps encore, ces interventions
étaient encore limitées, tant dans leur ampleur que dans leurs effets.
Aujourd’hui, elles sont plus draconiennes, et plus menaçantes aussi – localement
et mondialement. Mais ces menaces ne sont pas inévitables. Au strict minimum,
le développement durable signifie ne pas mettre en danger les systèmes naturels
qui nous font vivre : l’atmosphère, l’eau, les sols et les êtres vivants.
Sur le plan démographique ou celui de l’exploitation des ressources, il
n’existe pas de limite fixe dont le dépassement signifierait la catastrophe
écologique. Qu’il s’agisse de l’énergie, des matières premières, de l’eau, du sol,
ces limites ne sont pas les mêmes. Elles peuvent en outre se manifester autant
par une augmentation des coûts et une baisse de la rentabilité que par la
disparition soudaine d’une base de ressources. L’amélioration des connaissances
et des techniques peut permettre de consolider la base de ressources. Cela dit, les
limites existent tout de même et il faudrait, bien avant que le monde n’atteigne
ces limites, qu’il assure l’équité dans l’accès à ces ressources limitées, qu’il
réoriente les efforts technologiques afin d’alléger les pressions.
La croissance économique et le développement entraînent
inévitablement des modifications dans les écosystèmes. On ne peut en effet
maintenir intact chacun d’entre eux. Une forêt peut fort bien être épuisée en un
endroit d’un versant et très dense en un autre – ce qui n’est pas forcément un
mal, si l’on a procédé avec méthode et tenu compte des effets sur l’érosion du
sol, les régimes d’eau et l’éventuelle disparition d’espèces. De manière générale,
les ressources renouvelables telles les forêts ou les bancs de poissons peuvent ne