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Islam
(d'après "le Dessous des Cartes" – mars 2002)
Né au 7e s. en Arabie, l'islam va s'étendre en moins d'un siècle
des frontières de la Chine à l'Espagne, donnant naissance à de grands empires
qui ont tant légué au niveau des arts, des sciences ou de la médecine.
Comment un homme, une idée, nés au cœur du désert,
ont-ils pu devenir une religion, s'étendre dans l'espace et dans le temps,
engendrer tant de spiritualité, tant de beauté artistique, et tant de malentendus ?
Tout commence au Moyen-Orient
L'histoire commence en Arabie,
dans la région du Hedjaz, au début du 7e s.
Là vivent des tribus arabes, souvent des bergers nomades.
L'Arabie est alors en pleine expansion économique,
car plus au nord, la guerre entre Perses et Byzantins
oblige une partie du commerce entre Méditerranée et Asie
à passer par la péninsule Arabique.
la Mecque , centre commercial et religieux
Le long des routes commerciales sillonnant l'Arabie,
les caravanes bédouines transportent leurs marchandises,
et des idées religieuses ramenées de Perse mazdéenne
et de l'Empire byzantin.
Au cœur de ce réseau commercial, il y a La Mecque.
C'est alors une ville commerciale active,
autant qu'un lieu de pèlerinage pour les tribus
qui convergent vers la Ka'ba, une pierre noire
située au centre d'un sanctuaire polythéiste.
Il y a aussi quelques Chrétiens, et plusieurs tribus juives.
C'est là que naît Mahomet. Il grandit au côté
d'un oncle caravanier, qu'il suit dans ses voyages
en Syrie, en Palestine, et sans doute en Irak.
l'Ange Gabriel apporte la parole divine à Mahomet
En 610 de l'ère chrétienne, Mahomet alors âgé de 40 ans,
reçoit de l'ange Gabriel sa première révélation.
Dieu l'a choisi pour transmettre sa parole à l'humanité.
Comme il la transmet oralement, Mahomet l'appelle Coran, ce
qui veut dire "récitation".
-1-
"Ceux qui s'abandonnent à Dieu"
Un petit groupe de disciples convertis au monothéisme
se forme autour du prophète.
Ce sont les "moslimoun", les Musulmans,
c'est-à-dire "ceux qui s'abandonnent à Dieu".
Comme ils sont persécutés par les dignitaires de La Mecque,
ils décident de s'exiler à Yathrib en septembre 622.
l'Hégire, an 1 du calendrier musulman
Cet exil à Yatrib est appelé "hégire",
et il exprime une idée de rupture.
Jusque-là, l'Islam était imprégné
de judaïsme, de christianisme et de diverses croyances.
Or, à Yathrib - qui devient Médine - "la ville"Mahomet précise et arabise sa doctrine,
qui devient une nouvelle religion.
Mahomet devient le chef religieux, politique et militaire
de cette nouvelle communauté musulmane, l'Oumma.
l'Islam, unificateur de l'Arabie
L'Islam est, dès le départ,
une communauté religieuse, sociale et politique.
Comme il n'y a pas d'autorité centrale en Arabie,
l'Islam va donc jouer un rôle unificateur.
Au fil des alliances et batailles contre les tribus d'Arabie,
les troupes musulmanes progressent dans la péninsule,
et avec elles, la nouvelle religion, qui acquiert ses propres rites.
Ainsi, la victoire des Musulmans sur les troupes de La Mecque
à Badr en 624 est choisie comme date pour le début du jeûne,
pratiqué jusque-là le jour de la fête juive de Kippour.
Le nom donné à ce mois de jeûne est le ramadan.
C'est aussi à ce moment-là que les musulmans
cessent de se tourner vers Jérusalem pour prier.
la Mecque, ville sainte de l'Islam
En 630, les troupes musulmanes
s'emparent définitivement de La Mecque.
Le prophète y proscrit le polythéisme,
il désigne la Ka'ba
comme le sanctuaire construit par Abraham
et fait de La Mecque une ville sainte.
Ainsi naît la tradition du Hadj, c'est à dire le "pèlerinage".
-2-
la Succession de Mahomet
Mahomet meurt en 632
et sa disparition provoque aussitôt une lutte pour la succession :
pour Ali, cousin et gendre de Mahomet,
et ses partisans, "les Chiites",
seul un membre de la famille du prophète
peut guider la communauté musulmane ;
mais pour Abou Bakr, compagnon de Mahomet,
le calife c'est-à-dire le "successeur",
doit être choisi sur la seule base de ses valeurs morales.
Finalement, Abou Bakr est élu calife.
Il poursuit la conquête de l'Arabie.
les Successeurs d'Abou Bakr
À la mort d'Abou Bakr en 634,
les Musulmans contrôlent entièrement la péninsule arabique.
Ses premiers successeurs,
Omar puis Othman vont poursuivre son œuvre.
l'Islam s'étend hors de la péninsule arabique
Omar puis Othman
gagnent la Syrie, l'Irak, la Perse, la Palestine,
puis à l'ouest l'Égypte, la Tripolitaine, Chypre
et l'Arménie.
l'Expansion de l'Islam
En moins de 20 ans,
les armées arabes ont totalement conquis
la Perse des Sassanides
et chassent les Byzantins
de Jérusalem, de la Syrie et de l'Égypte.
-3-
Ali devient calife
En 656, Ali devient le quatrième calife,
mais son pouvoir est contesté.
Quand il est assassiné en 661,
la question de sa succession
divise définitivement les Musulmans.
Sunnites et Chiites
D'un côté, les Chiites font allégeance à Hussein,
le premier fils d'Ali.
De l'autre, les Sunnites choisissent Muawiya,
le gouverneur de la Syrie / Palestine,
qui fonde la dynastie des Omeyyades
et rend le califat héréditaire.
les Omeyyades aux portes de l'Asie et de la France
Depuis Damas,
les Omeyyades dominent un empire en pleine expansion.
À l'est, ils gagnent Boukhara, Samarkand, Tachkent,
puis les frontières de la Chine.
En 711, l'empire atteint le Sind,
et de là, les contreforts de l'Himalaya.
À l'Ouest, Carthage tombe en 698,
d'où les troupes musulmanes progressent en Afrique du nord.
Elle partent ensuite conquérir l'Espagne,
en direction de la France.
l'Expansion Omeyyade
Ces conquêtes Omeyyades sont à la fois larges et rapides.
Elles sont favorisées par la maîtrise du cheval,
par la réputation de tolérance des Arabes,
(en Espagne, les populations soumises aux Wisigoths
préfèrent une domination arabe
à celle de maîtres chrétiens intransigeants)
et par la facilité et l'ampleur des conversions,
comme celle des Berbères.
-4-
le Coran transmis par l'écriture
Les Omeyyades contribuent également à l'écriture du Coran.
En effet, lorsque l'Islam sort d'Arabie,
il devient vital pour les musulmans de produire leur livre.
D'abord, les peuples convertis
ne sont pas tous de tradition orale comme les tribus bédouines.
Ensuite, face aux Musulmans,
les Byzantins chrétiens résistent
en brandissant leurs propres livres.
la Fin des Omeyyades
Fragilisés par des intrigues de palais,
par des révoltes en Irak et en Perse,
par leurs défaites à Constantinople en 717 ou à Poitiers en 732,
les Omeyyades sont renversés en 750.
les Abbassides
La dynastie des Abbassides s'empare alors du califat.
En 762, ils fondent une nouvelle capitale, Bagdad,
dont le rayonnement les
rivalise
bientôt avec celui de Byzance,
Abbassides
alors capitale de l'Empire Romain d'Orient.
Commence alors une période de grande prospérité
avec des conquêtes en Méditerranée
et l'essor de centres urbains.
Sur le plan politique, la dynastie Abbasside
instaure un organisme central de l'État, le Divan,
qui est confié à une sorte de Premier ministre, le Vizir.
Or, en choisissant non pas des Arabes,
mais des Perses comme vizir,
les Abbassides contribuent à "désarabiser" l'empire musulman.
Sur le plan religieux,
l'Islam s'enrichit de textes et de croyances
des populations perses, byzantines et égyptiennes.
les Quatre écoles de l'Islam
Sur le plan juridique, "la loi coranique" qu'on appelle la charia,
intègre de nouvelles sources du droit.
Car la loi établie à Médine pour les tribus bédouines,
se révélait inadaptée
dans les milieux urbains ou agricoles du nouvel empire.
Elle fut donc complétée par quatre Imams,
c'est-à-dire des "chefs de prière",
qui, entre la fin du 8e et le début du 9e s.
ont donné leur nom aux quatre grandes écoles sunnites.
-5-
l'Empire commence à se fragmenter
A partir du 10e s.
l'empire se fragmente en plusieurs centres régionaux.
Plusieurs émirats cohabitent au Moyen-Orient,
et à l'ouest, on trouve le califat de Cordoue,
fondé en 929 par un descendant des Omeyyades.
Il attire vers l'Andalousie de nombreux savants et artistes,
dont témoigne encore aujourd'hui
l'extraordinaire mosquée de Cordoue.
les Fatimides contrôlent l'Égypte
En 969, des Chiites d'origine tunisienne,
les Fatimides, s'emparent de l'Égypte.
Ils la contrôleront jusqu'en 1179,
quand leur califat est remplacé par Saladin
sous l'autorité de Bagdad...
l'Arrivée des Seldjoukides
Les Turcs Seldjoukides
prennent l'Anatolie aux Byzantins au 12e s.
l'Expansion de l'Islam reprend
Au 12e s. les Almohades d'origine berbère contrôlent l'Espagne.
En Afrique du nord, l'Égypte est contrôlée par les Mamelouks.
L'essor se poursuit vers l'Asie,
depuis le sultanat de Delhi, fondé en 1206.
Des marchands, des missionnaires,
des mystiques musulmans, qu'on appelle les Soufis,
convertissent ensuite des peuples de l'Inde à l'Islam.
Plus tard, à partir de là,
marchands et voyageurs convertiront la Malaisie et l'Indonésie.
-6-
l'Empire Moghol
Le prince turco-mongol venu d'Afghanistan, Babur,
après avoir vaincu les troupes du sultan de Delhi,
fonde la dynastie des Moghols.
Ce grand empire va favoriser la rencontre
entre monde indien et monde musulman,
dont les miniatures ou le Taj Mahal sont de superbes exemples.
la Perse séfévide chiite
A l'Ouest, la Perse est dominée par les Shahs Séfévides.
Les Séfévides unifient sous leur autorité,
un territoire compris entre l'Euphrate et l'Afghanistan.
Ils convertissent la société iranienne du Sunnisme au Chiisme
et fondent en 1501,
le premier État iranien théocratique.
les Ottomans
A partir du 14e s. les Turcs Ottomans vont reconstituer
un empire musulman autour de la Méditerranée.
Il va étendre son influence :
à l'Anatolie, la Bulgarie, la Serbie,
puis la Hongrie, l'Albanie et la Bosnie
et plus au sud, à la Syrie, l'Égypte, l'Irak.
Ces trois Empires (moghol, perse et ottoman)
dynamiques, prospères,
dominent le monde musulman, du 15e au 17e s.
le Monde ottoman
Ce sont les Ottomans
qui réunifient le monde arabe et le monde islamique,
de l'Europe à l'Afrique, en passant par l'Asie et le Proche-Orient.
-7-
le Choc de la colonisation
De Mahomet à la fin des Ottomans,
le monde musulman a vécu simultanément,
dimension religieuse
et construction politique militaire, artistique, politique.
Les Ottomans sont à leur apogée,
et leur empire va être démantelé à partir du 19e s.
par l'expansion des puissances européennes :
d'abord, les Russes en Crimée et dans le Caucase,
puis les Français en Algérie, à partir de 1830.
l'Expansion européenne dans le monde musulman
Les Européens s'emparent
du Maghreb, de la Libye, de l'Égypte, de Chypre, du Koweït,
avant que le Moyen-Orient ne soit à son tour placé
sous le mandat des puissances européennes
après la première guerre mondiale.
Un monde musulman presque entièrement soumis
Avec la colonisation et en quelques décennies,
Un monde
musulman
presque
entièrement
soumis
l'ensemble
du monde
musulman,
ou presque,
se trouve placé sous autorité étrangère,
des rives du Maghreb à celles de l'Indonésie devenue hollandaise,
en passant par l'Empire Moghol, conquis par les Anglais.
En quelques années,
la civilisation islamique se retrouve confrontée
à la modernité des techniques
et de la pensée politique de l'Europe,
mais aussi à l'équipement de ses armées.
Les guerres coloniales ne sont pas seulement militaires,
elles ne recherchent pas seulement l'accès aux richesses,
elles se veulent aussi missionnaires, porteuses de message.
Elles sont convaincues de détenir une supériorité morale.
les Réformistes
Après mille ans de conquêtes et d'empires,
le choc est évidemment immense pour les musulmans.
Ce choc va conduire, dès la seconde moitié du 19e s. un certain
nombre d'intellectuels, qu'on appelle les "réformistes",
à vouloir inventer leur propre version de la modernité.
Leur analyse, c'est que les peuples musulmans
doivent la perte de leurs territoires
à la perte de leur ferveur religieuse.
Ils ne pourront les reconquérir
qu'en purifiant l'Islam de ce qu'ils appellent la tradition,
c'est-à-dire les évolutions juridiques et pratiques,
que l'Islam a connu au fil des siècles.
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la Naissance de l'islamisme
Il faut nettement distinguer
l'islamisme de la religion musulmane.
Il ne s'agit pas d'un courant religieux
comme le Chiisme ou le Sunnisme,
mais d'une doctrine politique.
C'est d'abord un courant d'opposition au colonialisme
mais aussi à la tradition musulmane.
L'islamisme lui, oppose en effet les seuls textes fondateurs :
la parole de Dieu dans le Coran,
et celle du prophète dans les Hadiths.
Devenu au fil des siècles une véritable civilisation,
l'islam se retrouvera confronté au 19e s. aux ambitions européennes
qui vont être source de malentendus, d'amalgames
et de rancœurs encore vivaces aujourd'hui.
Il n'y a pas de lien direct entre colonisation,
et les mouvements islamistes actuels.
Mais on peut avancer trois facteurs
qui expliquent au moins le succès de cette doctrine réactionnaire,
au sens premier du terme.
Premier facteur : l'islamisme a bénéficié des échecs
du nationalisme arabe, des démocratisations,
du socialisme en Égypte ou en Algérie,
difficultés économiques des nouveaux États indépendants,
échec aussi face à Israël.
Deuxième facteur : la transformation accélérée
de ces sociétés traditionnelles.
En deux décennies à peine, elles ont dû absorber
ce que les sociétés occidentales ont assimilé bien plus lentement.
Perte des solidarités rurales, urbanisation, chômage,
émigration, modernisation…
Face à la perte de ces repères les États ont répondu absents
et l'islamisme a proposé comme un retour aux sources.
Autrement dit, "la modernité sans perdre son âme".
Et puis le troisième facteur : le pétrole.
Les pays musulmans contrôlent 70 % des réserves mondiales de pétrole,
ils bénéficient d'un niveau de richesse
qui stimule leur appétit de pouvoir sur la scène internationale.
Alors avec cette énorme ressource financière,
qui est régulière comme une rente,
un pays comme l'Arabie Saoudite, a pu financer
la construction de mosquées, d'écoles coraniques,
mais aussi la résistance afghane anti-soviétique,
ou encore, des mouvements islamistes.
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