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Pour terminer, le pharmacien peut contribuer à la sécurité du processus médicament par des
activités orientées vers la clinique, que ce soit en collaboration avec les médecins (qualité de la
prescription, polymédication), les infirmiers (stockage, préparation, administration) ou les patients
(compliance, continuité des soins). Les missions principales des pharmaciens assurant ces
activités sont de contribuer à prévenir des situations à risques, en collaborant à la standardisation
des pratiques et à la prise en charge des cas particuliers, de proposer des solutions en impliquant
les autres secteurs de la pharmacie et de participer à la formation du personnel soignant.
Comment progresser ?
Les sources d’erreurs, tout comme les moyens d’action possibles pour réduire leur survenue, sont
nombreux. La maîtrise du processus passera par la mise en place des solutions décrites
précédemment, mais leur implantation nécessitera du temps et parfois une adaptation culturelle
significative. Il s’agit dans un premier temps de créer un climat propice à la gestion des risques,
par un travail interdisciplinaire, une approche systémique des incidents et la mise en place d’outils
d’analyse prospective (analyse de risque) et rétrospective (déclaration d’incidents) de la fiabilité
des processus.
Les flux de produit et d’information doivent être revus, en procédant à une analyse globale du
processus de la prescription à l’administration, en ayant pris soin d’évaluer non seulement les
intérêts potentiels, mais également les nouveaux risques pouvant être induits par les modifications.
La tâche étant d’importance, des priorités doivent être définies en fonction des éléments les plus
critiques dans le contexte local, qui peuvent conduire à débuter, par exemple, par le début du
processus (prescription), par les processus à haut risque (ex. chimiothérapies), par les services à
haut risque (ex. soins intensifs, anesthésiologie, pédiatrie), par les molécules à haut risque (ex.
potassium, héparine, insuline, morphine) ou encore par les voies d’administration les plus critiques
(ex. intrathécal, intraveineux).
Le pharmacien est un partenaire intéressant, car il dispose d’une vue large du processus
médicament au sein de l’institution. Il constitue un partenaire neutre, entre médecin et infirmier, et
il possède une motivation toute naturelle dans cette démarche, celle-ci lui permettant de
développer ou de valoriser certaines de ses activités.
Finalement, force et longueur de temps seront nécessaires à l’amélioration du processus
médicamenteux, mais ce travail devrait permettre de sécuriser la prise en charge des patients, tout
en favorisant un climat de confiance et un travail interdisciplinaire au sein de l’hôpital.
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PBy-janvier 2004