Histoire des techniques
De l’Antiquité à la Renaissance
La naissance de la physique comme science résulte de l'accumulation d'innombrables observations et théories qui, grâce à une
intense circulation des idées sur le continent Eurasien et autour de la Méditerranée, ont pu peu à peu se compléter et former un
tout cohérent.
Nos références culturelles, plus centrées sur l’Europe, nous conduisent à situer les origines de ce processus sur les bords de la mer
Egée, environ au Ve siècle avant JC. Alors qu’une majorité d’habitants pense que l’univers est gouverné par les dieux (Zeus règne
sur le ciel, Poséidon sur la mer...), quelques penseurs cherchent une explication rationnelle du monde, en ne faisant intervenir que
des causes naturelles. Ils ne sont ni physiciens ni chimistes mais philosophes, et construisent des raisonnements en observant
la nature. Ils tentent en particulier de percer les secrets de la matière : son origine, sa structure, sa variété, ses transformations.
De l’Antiquité à la Renaissance
w LA BOUSSOLE
Les grecs s'étaient déjà familiarisés avec les mystères des actions à distance en découvrant les
propriétés d'attraction de l'ambre jaune (dont le nom grec, « êlektron », est à l'origine du mot
électricité). Cependant, ils n'en avaient pas tiré d'utilité. En Chine, la première boussole connue,
décrite dans un livre de 1044, est constituée d’une feuille de fer aimantée en forme de poisson :
« On découpe une pièce de fer très fine en forme de poisson... On la porte au rouge dans un feu de
charbon et on la retire avec une pince. La queue restant orientée vers le Nord, on la trempe dans
l’eau pendant quelques minutes. »
Ces premières boussoles étaient appelées Si Nan (le gouverneur
du Sud), car la cuillère pointe vers le Sud. Elles seront remplacées plus tard par une aiguille
pivotant sur son axe : le Shen Kuo, compas marin flottant dans un récipient d’eau pour atténuer les
mouvements du navire, mis au point pendant la dynastie des Song. Les 24 graduations du Si Nan
ou du Shen Kuo sont toujours utilisées de nos jours sur les compas des navires de pêche chinois.
La boussole sera introduite en Europe par les Arabes vers le XIIe siècle.
Source : http://www.ifremer.fr.
w LES PHILOSOPHES GRECS, LA MATIÈRE, ET LE VIDE
Les philosophes grecs sont partagés sur l'existence du vide et la nature de la matière. Ainsi, selon
Empédocle, Platon, ou encore Aristote (respectivement actifs vers 460, 400 et 350 avant J.C.), les
substances présentes dans l’univers découlent de quatre éléments que sont le feu, l’air, l’eau et la terre
[plus un cinquième, l’éther, dont la voûte céleste est formée]. Ces éléments primordiaux se combinent
dans des proportions variables, et remplissent le monde sans laisser le moindre espace vide. Par
exemple : « l’os est composé d’eau, de terre et de feu dans la proportion de deux parts d’eau et de
terre pour quatre parts de feu ».
A cette théorie des quatre éléments s'oppose la théorie atomiste, dont les principaux représentants
de l'époque sont Leucippe, Démocrite, Epicure, (440, 400 et 300 avant J.C.). Selon eux, la matière ne
peut se diviser à l’infini, sinon elle serait sans consistance. Elle est faite de petites particules invisibles
et insécables, les « atomes ». Les atomes sont solides, compacts (ils ne renferment aucun vide), en nombre infini, de formes multiples,
indestructibles et perpétuellement réutilisés : quand un arbre ou un animal meurt, leurs atomes se dispersent, puis se regroupent
pour former de nouveaux corps, parce qu’ils se déplacent dans le vide. « Si le vide n’existait pas, les atomes n’auraient pas d’endroit où
être ni se mouvoir, comme manifestement ils se meuvent » (Epicure, lettre à Hérodote). Le vide est donc la condition du mouvement ;
il est infini et permet aux atomes de changer de lieu ; il rend possible la division des corps, leur désagrégation puis leur re-formation.
De la combinaison des atomes découle la variété du monde.
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Raphaël : L'école d'Athènes
(détail)
A la fin de l'Antiquité, les savoirs grecs se perdent en Europe (destruction de la bibliothèque d'Alexandrie en 415, fermeture des
écoles d'Athènes pour paganisme par Justinien en 529). Au Moyen-âge (du Ve au XVe siècle), la vie scientifique occidentale est quasi
inexistante : les invasions barbares ne sont guère propices à son développement et la culture qui s’installe dans les monastères est
littéraire et religieuse. En revanche, la vie scientifique est particulièrement active dans les pays méditerranéens et en Extrême-Orient.
En Chine, les savants se livrent à une observation attentive de la Nature (astronomie, physique, biologie) sans idée préconçue ni
volonté de théoriser. Cette démarche les pousse à accumuler un grand nombre de connaissances empiriques, par exemple dans
le domaine des vibrations sonores et du magnétisme. C'est ainsi que, très tôt, les Chinois se sont rendu compte que la magnétite
attirait les objets de fer, et que, présentée sous la forme d’une aiguille, elle pointait toujours dans une direction fixe.
Boussole chinoise du IIe siècle
av. JC - Epoque Han.
(Photo Michel Houdard)