I - Préambule – Contexte général du projet
En comparaison aux autres groupes taxonomiques, chez les Insectes, les Papillons de jour et les
Odonates ont fait l’objet de nombreuses observations et recherches au cours des siècles passés.
Pourtant, faute de pouvoir mobiliser des informations souvent dispersées, ils demeurent actuellement
des groupes assez méconnus, trop délaissés par les projets de conservation. En effet, il est
aujourd’hui bien difficile de préciser la répartition exacte de bon nombre de ces espèces
emblématiques et par conséquent d’évaluer l’évolution de leurs populations. L’attrait du grand public
pour ces insectes reste pourtant important et une somme considérable d’informations détenues par
des naturalistes sont dispersées et rendent la connaissance diffuse.
Enfin, ces espèces ombrelles (ils traduisent la présence de tout un cortège de faune, de flore et
d’habitats) et sentinelles (ils réagissent à l’altération de leurs biotopes), constituent d’excellents
bioindicateurs de l’état des milieux et présentent un fort intérêt comme support pour la sensibilisation
des publics.
Les Papillons de jour
Riche en espèces de papillons Rhopalocères (appelés communément papillons de jour), la région
Languedoc-Roussillon accueille à elle seule près de 75 % des espèces connues en France
métropolitaine. Entre pelouses sommitales des Pyrénées, causses, dunes littorales et garrigues, la
diversité de milieux présents et le contexte géographique livrent un large éventail de conditions
climatiques et d’espèces végétales qui permettent le développement d’un grand nombre d’espèces.
C’est ainsi que l'on rencontre dans la région des espèces xérothermophiles (la Proserpine, l’Hermite,
le Fadet des garrigues, la Thécla de l'Arbousier…), des espèces forestières (les Mars changeant…),
des espèces de tourbières particulièrement menacées (le Nacré et le Cuivré de la bistorte…) ou
encore des papillons d’altitude (l’Apollon, le Moiré cantabrique…), dont certaines sont endémiques
des Pyrénées.
On sait également, depuis les études de monitoring menées notamment en Grande-Bretagne, que les
papillons de jour sont de bons indicateurs du maintien de l’ouverture des milieux, mais aussi de leur
conservation. Leur mobilité permet de suivre leur réactivité aux modifications de leurs milieux de vie,
et s’avère être un bon indicateur de l’état de santé des biotopes. Si la structuration de la végétation
est un facteur majeur dans l’apparition ou le développement de certaines espèces de papillons, la
composition floristique est également primordiale. L’absence des plantes nourricières (plantes hôtes)
est un facteur limitant pour le développement des Lépidoptères dans une station donnée. Leur
présence, l’abondance et la diversité des espèces de papillons constituent des paramètres pertinents
pour l’évaluation de la valeur écologique des milieux naturels.
Les Libellules et Demoiselles
Le Languedoc-Roussillon est également très riche pour ce groupe puisque la région abrite 73 espèces
sur les 94 présentes en France continentale. Cette grande diversité s’explique par la présence de très
nombreux milieux aquatiques répartis selon des gradients climatiques et altitudinaux importants. Ainsi,
du littoral à la montagne, s’étagent des cortèges liés aux eaux stagnantes (lagunes, mares), aux cours
d’eau lents et méditerranéens, aux eaux courantes des Cévennes et des Pyrénées, aux zones de
sources ainsi qu’aux milieux de tourbières.
De plus la région abrite des populations très importantes d’espèces inscrites dans les annexes de la
Directive Habitats, comme la Macromie splendide, le Gomphe de Graslin, la Cordulie à corps fin,
l’Agrion de Mercure, dont il convient, en priorité, de bien connaître la répartition et le statut de
conservation.
Tout comme les Papillons, les cortèges d'odonates peuvent constituer des indicateurs de la qualité
des milieux aquatiques, ce qui n’est pas négligeable au regard de la mise en œuvre de la Directive
Cadre sur l’Eau et de l’évaluation de la qualité des masses d’eau.