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PARTIE 1 = REPERES DE COURS
Depuis l’époque romaine, le droit civil est entièrement fondé sur une distinction fondamentale
appelée « summa divisio » et opposant la catégorie des personnes, les sujets de droit, à celle des
choses, les objets de droit. A l’époque Napoléonienne, les rédacteurs du code civil ont décidé de
reprendre cette distinction et d’articuler l’ensemble du code autour de cette classification binaire.
A l’heure où le débat sur la nature de l’enfant à naître fait grand bruit, ne serait-il pas opportun de
s’interroger sur la pertinence de cette « summa divisio » et plus particulièrement sur la notion de
personne ?
La personne envisagée par le droit correspond à la personne juridique c'est-à-dire aux personnes
physiques ou morales titulaires de droits et d’obligations pour être acteurs sur la scène juridique.
Est une personne physique, tout être humain.
I. LA PE RSONNALITE JURIDIQUE DU SUJET
La personnalité juridique est une création du droit fondée sur le principe d’égalité civile entre tous
les êtres humains. N’étant pas définie par le code civil, elle est traditionnellement considérée
comme « une aptitude à être titulaire de droits et d’obligations ». La vie gouverne la personnalité
de son commencement à sa fin permettant ainsi à tout être humain d’être une personne juridique
dès sa naissance jusqu’à sa mort et ce depuis l’abolition de l’esclavage.
L’acquisition de la personnalité reste alors subordonnée à deux conditions : une naissance en vie
et une naissance viable. En effet, tout être humain acquiert la personnalité à partir du moment où
il naît vivant et viable. La viabilité était à l’origine un critère traditionnel défini comme « l’aptitude
naturelle à vivre ». Aujourd’hui, elle est devenue un critère technique avec le développement des
progrès médicaux. L’organisation mondiale de la santé fixe deux seuils de viabilité au choix : soit
une durée de gestation d’au moins 22 semaines d’aménorrhée soit un poids minimal de 500g.
Cette notion de viabilité tend à être de plus en plus discutée en raison son caractère arbitraire dû à
l’éventuel abaissement de ces seuils dans les années à venir, facteur d’insécurité juridique. La
naissance en vie, quant à elle, est constatée grâce à la respiration postnatale de l’enfant.
Ce principe d’acquisition de la personnalité à la naissance peut être cependant atténué par l’adage
romain « infans conceptus pro nato habetur de commodis ejus agitur». Il s’agit d’une fiction
juridique permettant de faire rétroagir la personnalité de l’enfant à naître à la date de sa
conception dès qu’il y va de son intérêt.
Une fois acquise, la personnalité permet de devenir un sujet de droit titulaire de droits et
d’obligations pour être acteur sur la scène juridique grâce au bénéfice d’une capacité de jouissance
et d’exercice.