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s'agit soit d'une visualisation, soit d'une récitation de son nom. Cette seconde forme
développée au Japon sous le nom de
nembutsu
(littéralement
«
commémoration du
bouddha
»)
représente la pratique essentielle
des écoles dites amidistes (Jôdoshu et jôdo
shinshû). Les fidèles récitent l'invocation namu amida butsu, ce qui signifie simplement «
Hommage au Bouddha Amitâbha
».
Les formules récitatives ne sont pas limitées au seul hommage rendu au Bouddha. Les
fidèles peuvent réciter des formules équivalentes qui rendent hommage
à
des bodhisattvas,
voire
à
des livres saints où se trouve déposée la parole du Bouddha. Nichiren, un prophète
mystique, qui vivait au XIII' siècle au Japon, proposait par exemple la récitation du Sûtra du
Lotus comme pratique fondamentale. Cette récitation tout entière pouvait être condensée
dans la seule récitation de la formule d'hommage au livre, namu myôhô renge kyô,
littéralement «Hommage au Sûtra du Lotus de la merveilleuse doctrine
».
La récitation de
mantras participe également de ces formes de dévotion. Le mantra de T chenrezi, la forme
tibétaine d'Avalokiteshvara, est le plus connu: om mani padme hum
«<
Om, le joyau, le lotus,
hum
») ..•
Toutes ces pratiques sont soutenues par une foi (shraddhâ)et notamment la foi dans les
«
trois joyaux
» :
le Bouddha s'est bien éveillé, la doctrine est réelle et efficace, la communauté
noble. Les bouddhas et les bodhisattvas sont perçus comme des sauveurs ou des
intercesseurs que l'on peut prier, chaque bodhisattva se spécialisant même dans un
domaine particulier! Au Japon, Ksitigarbha (en japonais, jizô) est l'un des bodhisattvas les
plus vénérés ; il prend notamment soin des enfants morts en bas âge qui errent entre les
paradis et les enfers" Cet aspect de dévotion est particulièrement développé dans le
bouddhisme du Grand Véhicule. La théorie des trois corps de Bouddha permet que les
prières soient réellement adressées à quelqu'un, tous ces êtres continuant d' œuvrer dans
des dimensions certes inaccessibles mais bien réelles.
Pûjâ : l'offrande
La méditation et la plupart des exercices spirituels sont réservés aux moines et aux
moniales. Les fidèles s'engagent plus simplement
à
suivre cinq préceptes : s'abstenir de
tuer, de voler, de mentir, d'inconduite sexuelle (l'adultère) et de consommer de l'alcool.
I.:interdit des boissons alcoolisées peut surprendre. Mais la pratique bouddhique se veut
avant tout un exercice sur la conscience. Tout ce qui peut la limiter est donc proscrit. Ces
cinq engagements sont le plus souvent pris pour un temps limité au cours d'un simple
cérémonial. Dans la vie quotidienne, le fidèle s'exerce surtout au don, considéré comme la
première vertu bouddhique. La structure
même de la communauté (sangha), séparée en
une communauté de moines et de moniales, d'une part, et de laïques, d'autre part, est
fondée sur une économie de dons réciproques. Les fidèles subviennent totalement aux
besoins des moines et ceux-ci, en retour, offrent le don de l'enseignement.
On fait des offrandes aux bouddhas, aux bodhisattvas
,
mais également aux maîtres
spirituels qui sont la présence vivante de la doctrine, ainsi qu'aux moines. Lors de ces
hommages, on offre le plus couramment des fleurs, de l'eau, de l'encens, des
nourritures, des bougies. Les grands cérémonials d'offrande
(pûjâ)
permettent
à
tous de
manifester l'esprit oblatif. La
pûjâ
est un rituel d'origine prébouddhique toujours en usage
dans l'hindouisme. Dans sa forme originale hindoue, elle consiste
à
inviter une divinité
dans une aire consacrée. Le rituel, souvent complexe, est quadripartite: la préparation
de l'aire, l'invocation de la divinité
à
venir se joindre au cercle des participants, l'offrande
elle-même, puis le départ de la divinité.
Dans l'école Theravâda, la pûjâ
est un élément central de la vie du laïque. Certaines
pûjâs
sont dédiées au Bouddha lui-même. Même si la
pûjâ
suit la forme ritualisée de
l'hommage prébouddhique
à
la divinité, la présence du Bouddha reste symbolique et
n'est pas perçue comme réelle. rhommage
à
la communauté des moines, au
sangha