Effet d`un stress hydrique de début et de fin de cycle chez

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Jérémie Marolleau
M1 B2IPME 2013/2014
Effet d’un stress hydrique de début et de fin de cycle chez le pois
INRA UMR Agroécologie, pôle GEAPSI
Maîtres de stage : Marion Prudent et Vanessa Vernoud
Je remercie Marion Prudent ainsi que Vanessa Vernoud qui m’ont permis d’effectuer cette formation dans
les meilleurs conditions possibles et m’ont offert une partie de leur temps et de leur connaissance. Je tiens
aussi à remercier Christophe Salon, le directeur du pôle GEAPSI, qui m’a permis de travailler dans son
bâtiment. Enfin, je tiens à remercier toute l’équipe présente lors de mon stage pour son professionnalisme et
son amicalité.
TABLE DES MATIERES
I) LISTE DES ABREVIATIONS ........................................................................................................................................ 4
II) INTRODUCTION ...................................................................................................................................................... 4
A)
B)
C)
D)
E)
CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE .................................................................................................................................... 4
DEVELOPPEMENT DE LA PLANTE DE POIS .......................................................................................................................... 5
ACQUISITION D’AZOTE AU SEIN DE LA PLANTE ................................................................................................................... 7
LES EFFETS DU STRESS HYDRIQUE CHEZ LE POIS .................................................................................................................. 9
CONTEXTE DU STAGE ................................................................................................................................................. 11
III) MATERIELS ET METHODES ....................................................................................................................................11
A)
B)
DC, STRESS HYDRIQUE EN DEBUT DE CYCLE .................................................................................................................... 12
FC, STRESS HYDRIQUE EN FIN DE CYCLE.......................................................................................................................... 13
IV) RESULTATS ...........................................................................................................................................................14
A)
B)
RESULTATS PARTIE DC, STRESS HYDRIQUE EN DEBUT DE CYCLE ........................................................................................... 14
RESULTATS PARTIE FC, STRESS HYDRIQUE EN FIN DE CYCLE ................................................................................................ 16
V) INTERPRETATION ..................................................................................................................................................17
A)
B)
INTERPRETATION PARTIE DC, STRESS HYDRIQUE EN DEBUT DE CYCLE ................................................................................... 17
INTERPRETATION PARTIE FC, STRESS HYDRIQUE EN FIN DE CYCLE......................................................................................... 18
VI) CONCLUSION ........................................................................................................................................................19
VII) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................................................................19
I) Liste des abréviations
- C : Carbone
- N : Azote
- WW : Plantes bien arrosées, “Well Watered”
- PPHD : Plateforme de Phénotypage à Haut Débit
- WS : Plantes stressées, “Water Stressed”
- NS : Non significatif
- DC : Expérience stress hydrique en début de cycle
- FC : Expérience stress hydrique en fin de cycle
II) Introduction
A) Contexte socio-économique
En France, les cultures de légumineuses représentaient 161 000 ha (avec 55 % de haricot, et 24 % de
fèves et féverole) au début des années 1960, principalement cultivées comme source de protéine pour
l'alimentation humaine. Entre 1950 et 1985 la consommation de légumineuses à graines a chuté de 7.3 à 1.4
kg par personne et par an avec l'évolution des régimes alimentaires. La quasi absence de soutien politique et
économique a finalement rendu les surfaces cultivées inférieures à 15 000 ha (moyenne 2003-2007) en
France pour la production destinée à l'alimentation humaine (Cavaillès, 2009).
Chez le pois, malgré trente années de sélection variétale ayant permis une amélioration de son
rendement en graines, le niveau reste bien en dessous de celui des céréales. Nous pouvons aussi noter que
depuis le début des années 2000, une très forte variabilité interannuelle se fait sentir sur les rendements
agricoles. Souvent, la culture de pois disparaît des rotations ou se retrouve déplacée vers de moins bonnes
terres (Voisin et al., 2013). Qui plus est, les rendements ont été beaucoup affectés ces dernières années par le
changement climatique, en particulier par les fortes températures ou encore la fréquence et l’intensité des
stress hydriques (Vadez et al., 2012).
Les légumineuses ont la capacité à fixer l’azote de l’air lors de la symbiose avec des bactéries du sol
du genre Rhizobium. Ceci leur offre un grand potentiel d’insertion dans les systèmes de culture à faible
niveau d’émission de gaz à effet de serre et à bas niveaux d’intrants. De plus, elles sont une source de
protéines végétales possédant des caractères complémentaires à celles des céréales (Voisin et al., 2013).
Dans les systèmes de culture actuels, les légumineuses ont un rôle de culture de diversification, ce qui permet
une réduction des intrants pour l’ensemble de la culture et une rupture des cycles des bio-agresseurs. Les
légumineuses pourraient jouer un rôle majeur dans la transition écologique d’une part -vers des systèmes
plus durables via une réduction de la consommation d’énergie et d’autre part en participant à un régime
alimentaire plus sain. En effet, la réponse de l’agriculture aux besoins des neuf milliards d’individus qui
vivront sur la planète à l’horizon 2050, pourrait bien être une substitution partielle des protéines animales par
des protéines végétales offrant ainsi aux légumineuses un intérêt renouvelé (Dorin et al., 2011).
B) Développement de la plante de pois
1) Le pois, généralitées
Le pois,
Pisum sativum, est une
plante grimpante herbacée annuelle, de la
famille des Fabacées (couramment appelé
légumineuses). Le cycle végétatif du pois est
d'environ 140 jours pour les variétés de
printemps, mais pouvant descendre jusqu’à
90 jours pour les variétés ultra-précoces et
monter à 240 jours pour les variétés d'hiver.
Le fruit par la suite se développe en 3 à 4
semaines suivant les espèces (Figure 1).
Le
phytomère,
initiée
par
le
méristème caulinaire, forme la tige de pois.
Peu importe son âge et sa position, un
phytomère est constitué :
D’un entre-nœud, c'est-à-dire la fraction de la
tige entre l’insertion du phytomère considéré
et de la feuille du phytomère précédent, et
d’une
feuille.
Pour
les
variétés
dites
Figure 1: Cycle de vie du pois (Science & Plants for Schools) ‘’feuillues’’ la feuille se compose de une à
trois paires de folioles et de vrilles ainsi que d’une paire de stipules. Chez les variétés dites ‘’afila’’, des
vrilles remplacent les folioles. Il est intéressant de noter que les stipules ne sont pas des feuilles mais des
organes mixtes folio-caulinaires (possédant une fonction de méristème) (Nougarèdes et Rondet, 1973b).
Cependant, au niveau fonctionnel, on les considère comme faisant partie de la feuille car elles possèdent la
partie principale des surfaces photosynthétiques et transpirantes.
2) Développement racinaire et nodulation
Le système racinaire du pois se compose d’une racine principale et de racines latérales primaires et
secondaires, qui sont produites de manière acropète sur la racine mère. On distingue trois phases lors de sa
mise en place (Mitchell and Russel, 1971) :
- Une phase d’élongation de la racine principale qui se déroule durant la période végétative des
parties aériennes. Pour le pois, la vitesse d’élongation de la racine est maximale durant la
germination/levée, puis elle diminue suite à l’épuisement des réserves de la semence (Tricot et al.,
1997).
- Une phase d’augmentation rapide de la biomasse racinaire. On l’observe au cours de la floraison et
de la formation des graines par un développement des racines latérales du second ordre. Chez le
pois, la profondeur maximale est en général atteinte autour de la floraison et va de 50 à 80cm dans
des conditions adéquates.
- Une phase de ralentissement, atteinte au cours du remplissage des graines.
Les légumineuses peuvent effectuer une symbiose avec des bactéries du sol du genre Rhizobium au
sein d’organes spécifiques racinaires appelés nodules ou nodosités (Figure 2A). En quelques heures le
microorganisme pénètre dans les racines de la plantule par les poils absorbants grâce à la formation d’une
structure tubulaire appelée cordon d’infection. Cette structure progresse à travers l’épiderme puis le cortex
racinaire où parallèlement les cellules se dédifférencient et se divisent activement. Les cellules issues de ces
divisions s’organisent en un méristème dont le fonctionnement est à l’origine des nodosités. Chez le pois, le
fonctionnement du méristème est permanent, les nodosités sont allongées (Figure 2A), de type
indéterminées. Les nodosités matures comprennent une zone centrale où les bactéries sont libérées hors du
cordon et envahissent les cellules végétales (Figure 2B et 2C) et qui correspond à la zone de fixation.
Figure 2 : Nodosité des
Fabaceae ; A : vue
macroscopique, B :
coupe
transversale
d'une nodosité, C :
détail de la zone
d’infection du nodule,
les cellules infectées
sont
hypertrophiées.
(http://www.plantesbotanique.org/)
3) Phase reproductrice et développement de la graine
Le début de floraison correspond au début de la phase reproductrice. Dans des conditions optimales,
une à deux fleurs apparaîtront par nœud, pour une moyenne de 8 à 10 nœuds florifères par plante. C’est
durant cette phase reproductrice que le nombre de graines est mis en place, déterminant ainsi le rendement
dans une large mesure (Doré, 1992) (le rendement se décompose généralement comme le produit du nombre
de graines par m2 et du poids d’une graine). Il est important de noter que la culture est très sensible aux stress
hydriques durant cette période, et les effets sur le rendement seront plus forts que pendant d’autres périodes
du cycle. En effet le nombre de graines mis en place sera déterminé à ce moment par l’état général de la
plante, et par la suite l’avortement des graines sera rare (Lecoeur, 1994 ; Ney et al., 1994).
Chez le pois, comme chez les autres légumineuses, le développement de la graine peut se
décomposer en trois phases :
-
La première phase correspond à l’embryogénèse. Elle débute au moment de la fécondation, et
correspond à une phase de division cellulaire et de différenciation. Durant cette phase,
l’accumulation de matière sèche est faible et le contenu en eau est élevé (>85%) (Ney et al., 1993 ;
Schlitz et al., 2004).
-
La seconde phase qui débute entre 10 et 12 jours après pollinisation (JAP) correspond à la phase de
remplissage caractérisée par l’accumulation massive de protéines de réserves dans les cotylédons de
l’embryon. La graine de pois accumule environ 25% de contenu azoté, dont 23% de protéines
(composé de 34% d’albumines, 27% de vicilines, 24% de légumines et 15% de protéines insolubles).
Cette phase marque le stade limite d’avortement, à partir duquel les possibilités d’avortements de la
graine deviennent faibles ou inexistantes, et pendant cette période, le contenu en eau de la graine
diminue progressivement de 80 à 50% (Duthion et Pigeaire, 1991 ; Schlitz et al., 2004).
-
Enfin la phase de dessiccation qui débute environ 24 JAP est caractérisée par une perte d’eau
massive et un arrêt d’accumulation de matière sèche : la graine a atteint son poids final, il y a rupture
vasculaire entre la graine et la plante. La teneur en eau va diminuer de 55% à 15% vers 35 JAP
(Dumoulin et al., 1994).
Une notion importante du développement du pois est la relation organe puits/organe source. Il existe
une compétition trophique entres les organes puits pour les assimilats. En effet, l’aiguillage des assimilas est
déterminé par l’appel trophique qu’exerce un tissu. Cet appel est fonction du niveau d’utilisation des
molécules par les voies du métabolisme énergétique, leurs biosynthèses et leur stockage. La distribution des
assimilats évolue au cours du temps : lors de la période de croissance végétative, ce sont les racines, les tiges
et les bourgeons végétatifs qui sont prioritaires alors que lors de la floraison et du remplissage des graines,
les assimilats sont préférentiellement réorientés vers ces organes puits de stockage au détriment des premiers.
C) Acquisition d’azote au sein de la plante
1) Prélèvement de l’azote
Chez les légumineuses, il existe deux voies d’acquisition de l’azote : l’absorption racinaire à partir
de l’azote minéral du sol (principalement sous forme de nitrates et d’ammonium), ainsi que la fixation
symbiotique du diazote atmosphérique, grâce à la symbiose avec les bactéries su sol du genre Rhizobium au
sein des nodules (grâce à l’enzyme nitrogénase) selon l’équation :
N2 + 8 H+ + 8e- + 16 ATP + 16H2O → 2 NH3+ H2 +16 ADP + 16 Pi.
L'ammoniac formé se combine avec un sucre : un aminoacide immédiatement assimilable est
synthétisé.
La fixation du diazote dans les nodules se produit lors de situation de faible disponibilité en nitrate
dans le sol. Par conséquent l’aptitude à fixer le diazote s’ajuste en fonction de la disponibilité en azote dans
le sol. Ainsi les deux voies de nutrition azotée sont complémentaires pour une alimentation azotée optimale,
mais sont en revanche antagonistes pour l’utilisation du carbone au sein de la plante. En effet, l’énergie
nécessaire pour le développement et le fonctionnement des nodules est apportée par les photoassimilats de la
plante (Voisin et al., 2002b), et il y a donc compétition pour l’utilisation de ces composés entre les nodules
d’une part, les racines et les parties végétatives d’autre part.
2) Flux C/N
L’azote, ainsi que les autres composés, sont transportés grâce à un système de sèves composé du
xylème et du phloème.
Le xylème contient la sève brute (minérale) et transporte de grandes quantités d'eau et de nutriments
depuis le sol jusqu'aux cellules photosynthétiques. La sève va contenir généralement des composés azotés
comme des acides aminés, des amides, quelques acides organiques et éventuellement du nitrate. Dans le
xylème, le rapport carbone sur azote (quantité de carbone total sur quantité d’azote total) des composés
transportés varie de 1.5 à 6. L’asparagine est le composé azoté majeur transporté par la sève chez le pois
(Layzell et al., 1981).
Le phloème est le canal qui contient les composés élaborés et qui les distribue dans la plante. Il va
principalement transporter des sucres (surtout du saccharose), des sucres alcools (polyols) et des acides
aminés (beaucoup d’aspartate et de glutamate, ainsi que leurs amides). Il possède un rapport carbone sur
azote de 10 à 200. Sa composition peut être influencée par des facteurs abiotiques comme la température, la
disponibilité en azote et en eau (Tilsner et al., 2005).
Les composés azotés sont exportés des racines vers les parties végétatives via le xylème et le
transfert du xylème au phloème va ensuite dépendre de la charge électrique des composés. Ces transferts
xylème vers phloème se produisent principalement dans la partie haute de la plante grâce au flux de
transpiration, et permettent à l'azote d'être dirigé vers les organes de transpiration faible comme les jeunes
feuilles ou les fruits (Pate et al., 1979a). Les sucres synthétisés dans les organes photosynthétiques attirent
l'eau du xylème par osmolarité. La voie apoplastique est régulée par la quantité de sucres ou de
phytohormone (provenant des racines via le flux de transpiration ou depuis l'eau recyclée du xylème et
apportée par le phloème) afin de répondre au ratio source-puits (Minchin & Lacointe, 2005).
3) Remobilisation
Pour la croissance de la graine, deux sources d’azote existent : l’azote assimilé et intégré dans les
organes végétatifs avant l’anthèse et l’azote acquis durant la période de remplissage et de maturation de la
graine. Quand la plante arrive en phase reproductrice, les capacités d’absorption et de réduction du nitrate
sont en baisses, l’activité de la nitrate réductase décroit et il se met en place un recyclage important de
l’azote. Salon et al. (2001), ont montré que l’azote récemment absorbé par la plante ne pouvait pas répondre
à la forte demande en azote de la graine lors de son remplissage. Chez le génotype Caméor, l’azote
remobilisé des organes végétatifs représente 71% de l’azote total accumulé par les graines (Schiltz et al.,
2005). Cet azote provient principalement des feuilles (plus de 30%), des cosses pour 20% et des tiges et
racines pour 11 et 10% respectivement (Schiltz et al., 2005). La rubisco, l'enzyme clé de la photosynthèse
permettant la fixation du dioxyde de carbone, représente environ 50% des protéines totales dans les feuilles.
Il semblerait qu’elle soit une source majeure d’azote lors de la remobilisation (Matile, 1992).
D) Les effets du stress hydrique chez le pois
Environs 90% des terres cultivables souffrent de stress environnementaux, et les prédictions
semblent montrer le déficit hydrique comme un facteur abiotique majeur (Dita et al., 2006). Chez le pois, le
stress hydrique est considéré comme le facteur limitant le plus important pour le rendement, en affectant
chaque année à la fois la qualité et la quantité des récoltes.
1) Généralités
Il y a stress hydrique lorsque les tissus de la plante perdent de l’eau, affectant le métabolisme entier
de la plante. Lorsque le stress hydrique apparait, la disponibilité en eau dans les cellules diminue. Ceci
résulte en une diminution du potentiel hydrique (Verslues et al., 2006) et des processus vont se mettre en
place dans les cellules afin de résister à ce changement.
La principale hormone répondant au stress hydrique est la phytohormone ABA , également engagée
dans la réponse de stress environnementaux comme le froid ou encore le stress salin (Busk et Pagés, 1998).
La principale fonction de l’ABA est la régulation de l’équilibre en eau dans la plante, ainsi que sa tolérance
au stress osmotique. Elle est également essentielle pour activer des gènes codant pour des protéines de
tolérance à la déshydratation (Zhu , 2002), pour contrôler la fermeture des stomates et pour réguler les
changements métaboliques (Seki et al., 2007).
Lors du stress hydrique, la taille des plantes est diminuée, le transport et l’assimilation des minéraux
sont perturbés, et l’activité photosynthétique baisse (Jewell et al., 2010). Des modifications physiologiques
ont lieu en même temps diminuant ainsi l’évaporation des feuilles. Le stress va s’accompagner de dommages
oxydatifs notamment de l’accumulation de formes actives d’oxygène, résultant en changements de
fluorescence de la chlorophylle, dans la stabilité de la membrane, et des niveaux de péroxidase (Anjum et al.,
2011).
Nous pouvons noter que lors d'un stress hydrique, la capacité d'absorption de l'azote est réduit due à
(1) la moindre disponibilité des ions dans le sol, (2) à la réduction du débit d'eau dans la plante (à cause de la
réduction de la transpiration) et (3) un effet sur les mécanismes de transports actifs et la perméabilité de la
membrane (Hsiao, 1973).
2) Ajustement osmotique
Lors du stress hydrique, les cellules vont accumuler des ions inorganiques et synthétiser des
osmolytes (protéines, prolines, mannitol, sorbitol …) afin que l’eau ne s’échappe pas en dehors des cellules.
La réduction de la pression hydrique va inhiber significativement l’élongation cellulaire. D’après Anjum et
al., (2011) la croissance cellulaire est de ce fait, un des processus physiologiques les plus sensible au stress
hydrique. Souvent le stress hydrique va entrainer une augmentation de la quantité de transporteur de polyols
(sucre alcool), qui sont la forme réduite d’aldose et de sucres comme le mannitol et le sorbitol. Leurs groupes
hydroxyles peuvent remplacer l’eau dans une certaine mesure, en établissant des ponds hydrogènes. Qui plus
est, ces molécules jouent un rôle dans la protection de l’activité des enzymes et des membranes (Noiraud et
al., 2001). L’accumulation de sucres dans les épicotyles du pois semble être le facteur majeur de l’ajustement
osmotique (34 à 46%).
3) Au niveau racinaire
Lors d’un stress hydrique, Benjamin et Nielsen (2006) ont montré que les racines se développaient
plus profondément dans le sol que pour des pois dans des conditions optimales d’irrigation. Cependant, il
semblerait qu’un stress osmotique (induit par du polyéthylène glycol) aurait pour résultat un
raccourcissement de la racine primaire et une augmentation du nombre de racines latérales (Kolbert et al.,
2008). Après un stress hydrique, la durée de vie du système racinaire est réduite ce qui conduit à une
augmentation de la matière organique dans le sol (Huang et Gao, 2000). Lorsqu’une réhumectation suit le
stress, la minéralisation est réactivée et amplifiée par la grande quantité de matière organique (Austin et al.,
2004).
4) Au niveau symbiotique
Lors du stress hydrique, la fixation de diazote va diminuer, associée à une diminution de la formation
de nodules et une diminution de leurs activités spécifiques et de leurs tailles (Streeter, 2003). Dans tous les
cas, la dépendance de la plante par rapport à la fixation de diazote va décroitre avec le prolongement de la
durée du stress hydrique (Kirda et al., 1989). En outre, la cessation irréversible de la fixation symbiotique de
diazote a été observée dans le cas de sévère stress hydriques (Guerin et al., 1991). Nous pouvons aussi noter
que la réponse symbiotique au stress hydrique va aussi dépendre des souches de bactérie, qui peuvent être
plus ou moins sensibles à la sécheresse (Djedidi et al., 2011).
Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer la diminution de la fixation biologique de
diazote. Une première possibilité concerne une diminution de la perméabilité corticale des nodules, limitant
la disponibilité en oxygène pour les bactéries, réduisant ainsi leur respiration. En conséquence, l'activité de la
nitrogénase est fortement réduite (Hungria et Vargas, 2000) causant des dommages oxydatifs. En outre, il a
été montré que dans des conditions de sécheresse sévère, la leghémoglobine nodulaire (hémoprotéine
fixatrice de dioxygène) est affectée négativement (Manavalan et al., 2009) et a un impact sur la disponibilité
en oxygène pour les bactéries (Marino et al., 2006).
5) Au niveau des graines
L’effet d’un stress hydrique sur le rendement dépend de son intensité, de sa durée et du moment où il
est appliqué. Un stress débutant une semaine après la formation des premières gousses entraine une
diminution du nombre de graines de 79% (De Sousa-Majer et al., 2004). La distribution des graines est aussi
affectée par un stress hydrique puisque plus de graines sont développées sur les phytomères du bas du
couvert (Guilioni et al., 2003). Le stress hydrique va induire une diminution de la période de remplissage,
conduisant à des graines plus petites. Il est intéressant de noter que les contenus en protéines ne sont pas
modifiés chez le soja (Crozat et al., 1992). L'origine de l'azote remobilisé pour le remplissage des graines est
significativement réduite dans des conditions de stress hydrique, ainsi que la quantité d'azote remobilisé à
partir des racines (Mahieu et al., 2009).
E) Contexte du stage
Il existe encore de nombreuses zones d’ombre sur l’effet d’un stress hydrique pendant la période de
mise en place des structures racinaires (début de cycle) et lors du remplissage des graines (fin de cycle).
Deux expériences ont été menées.
- La première expérience que nous nommerons DC, pour stress hydrique en Début de Cycle, a pour
but d’évaluer l’effet d’un stress hydrique en phase végétative ainsi que l’effet d’une ré-humectation sur le
compartiment racinaire (racine et nodules). Cette expérience a été réalisé avant mon arrivée au laboratoire et
mon stage a porté sur l’analyse d’image de feuilles et de racines stressées et non stressées ainsi que sur la
quantification en éléments carbone et azote des différents compartiments.
- La seconde expérience nommée FC pour stress hydrique en Fin de Cycle, a pour but d'évaluer
l’effet d’un stress hydrique sur le remplissage de la graine et sur la remobilisation des assimilats des parties
végétatives. J’ai lors de mon stage suivi la mise en place de l’expérience FC et réalisé les prélèvements qui
m’ont permis d’évaluer la biomasse des différents compartiments de la plante (en condition stressées et non
stressées) et qui permettront également d’extraire les ARN et les métabolites des tissus. En effet, lors de ces
deux expériences (FC et DC), une approche intégrative de type écophysiologique transcriptomique et
métabolomique est menée afin de mieux comprendre l’effet du stress.
III) Matériels et méthodes
La PPHD, Plateforme de Phénotypage Haut Débit, est composée de serres modulables et climatisées,
équipées de convoyeurs, permettant d’étudier le développement des plantes et leurs fonctionnements dans
des conditions très contrôlées (température, humidité, arrosage).
Durant les deux expériences, l’arrosage automatisé de la plateforme a été utilisé, permettant ainsi de
mettre en place un stress hydrique précis en contrôlant et réajustant la teneur en eau du substrat trois fois par
jour.
A) DC, Stress hydrique en début de cycle
1) Conditions de croissance
L’expérimentation s’est déroulée en à l’automne 2013 sur la PPHD. Cette plateforme est composée
de serres modulables et climatisées, équipées de convoyeurs, permettant d’étudier le développement des
plantes et leurs fonctionnements dans des conditions très contrôlées (température, humidité). Dans notre cas,
les conditions de croissances ont été les suivantes : température de nuit de 15°C, température de jour de 18°C
et humidité de 50%.
Le 17 septembre, 418 graines de pois génotype Caméor ont étés semées, et inoculées avec
Rhizobium. La solution nutritive ne possédait pas d’azote, permettant d'avoir une acquisition d'azote
exclusivement par la fixation symbiotique. Le 8 octobre (A), un stress hydrique est effectué durant deux
semaines (jusqu’au 22 octobre : C) sur les plantes WS (water stress pour « stress hydrique ») (Figure 3). Le
stress hydrique sera de 40%, c'est à dire que le substrat ne retiendra que 40% de l'eau par rapport à sa
capacité maximum de rétention en eau. La fin de période de stress correspondait au début de la floraison, le
stress hydrique était donc en phase végétative. Suite à la période de stress, les plantes sont réarrosées jusqu’à
la récolte des plantes à maturité physiologique. Les WW (well watered pour « bien arrosés ») servent de
témoin et seront arrosés de manière à maintenir une rétention en eau dans le substrat de 100%.
Des prélèvements sont effectués sur les plantes WS et WW à chacune des dates A, B, C, D, E et I.
Pour chaque plante, une analyse d'image est réalisée sur les feuilles et les racines, la biomasse des différents
organes est mesurée, après séchage pendant 48 heures à 80°C. Les échantillons sont ensuite broyés avant leur
analyse ultérieure en analyseur d’éléments.
Figure 3 : Stress hydrique en début de cycle, récapitulatif. Le stress (en rouge) va de A à C pour WS. Les
analyses d’images effectuées sont encadrées en vert. En bleu, les analyses C/N sont effectuées à la fin du stress
et une semaine après réhumectation.
2) Dosage C/N des différents organes
L’analyse élémentaire consiste en une analyse de l’azote et du carbone d’une matrice organique par
combustion totale sous oxygène.
Les échantillons de végétaux séchés et broyés sont pesés sur une balance de précision Mettler (5mg)
dans une capsule en étain tarée. La capsule est scellée puis placée dans l’analyseur. L’échantillon est injecté
avec de l’oxygène par un flux d’hélium dans un tube à combustion à 1021°C. La combustion de la nacelle
porte temporairement la température à 1800°C, les éléments C et N sont oxydés en présence d’oxygène et de
catalyseurs (Co3O4 et NiO) suivant les réactions suivantes :
C+O2 => CO2
2N+O2 => 2NO
N+O2 => NO2
Les oxydes d’azote sont réduit en N2, et l’excès d’oxygène est piégé par du cuivre à 650°C.
2NO+2Cu => N2+2CuO
2NO2+4Cu => N2+4CuO
O2+2Cu => 2CuO
Le mélange azote, dioxyde de carbone et gaz vecteur (hélium) sont entraînés à 50°C dans une
colonne remplie de porapak (support poreux sur lequel est imprégnée la phase stationnaire). Les composés
de la phase mobile sont plus ou moins retenus par la phase stationnaire et sortent donc de la colonne à des
temps différents. Les différents temps de sortie sont collectés et les données sont ensuite comparées à partir
d'une courbe de calibration, déterminée par des échantillons au poids connu.
3) Analyse de l'architecture racinaire et de la surface foliaire
Un scan des feuilles et des racines à été effectué au moment des prélèvements. Les données ont été
collectées et une analyse d’image à été effectuée par le logiciel WinRHIZO 2012b. La surface projetée des
feuilles à été déterminée. Les valeurs de la surface racinaire, de la surface projetée, du diamètre moyen, du
nombre de pointes racinaires et de la longueur totale des parties racinaires ont été récoltées.
4) Analyses statistiques des données
Le test de Mann-Whitney (test bilatéral) à été utilisé pour analyser les données. Le seuil de significativité est
de 5% (alpha = 0.05). Les pourcentages relatifs sont calculé selon la formule : % relatif = (WWWS)*100/WW.
B) FC, stress hydrique en fin de cycle
L’expérience se déroule sur 170 plants de pois Caméor. Les conditions de croissances des plantes
sont identiques à l’expérience DC (température de nuit de 15°C, température de jour de 18°C et humidité de
50%). La solution nutritive est dépourvue d’azote, permettant ainsi une acquisition d'azote exclusivement par
fixation symbiotique. Les plantes sont placées en PPHD jusqu’aux prélèvements. Des relevés de floraison
journaliers sont réalisés afin de déterminer le début de remplissage des graines (qui débute environ à 12
Figure 4: Stress hydrique en fin de cycle. En bleu, les expériences sur les échantillons récoltés.
jours après floraison) (Figure 4). Un stress hydrique de 50% (c'est à dire que le substrat ne retiendra que 50%
de l'eau par rapport à sa capacité maximum de rétention en eau) est appliqué pour les plantes WS au moment
du début de remplissage des graines (T=0). A T=0, un prélèvement est effectué pour vérifier que le début de
remplissage a commencé (étude du Water Content). Le stress hydrique dure une semaine, il se fini à T=+8.
Pour chaque stade et traitement, quatre répétitions de trois plantes sont réalisés. Pour chaque plante les
biomasses des différents organes (feuilles, tiges, graines et gousses, racines) est pesée : le poids frais est pesé
dans un premier temps, puis les organes sont disposés dans une étuve à 80°C durant 48-72h, éliminant ainsi
l’eau dans les cellules afin de ne calculer ensuite que le poids sec. Les graines de chaque nœud sont récoltées
séparément. Pour les analyses transcriptome et métabolomique le premier ou second nœud florifère est
récolté car la floraison n’est pas synchrone entre plantes. De ce fait, selon les plantes, le début du stress pour
le nœud choisi à commencé entre 11 et 14 jours après le début de floraison.
IV) Résultats
A) Résultats partie DC, stress hydrique en début de cycle
1) Analyse d’images
La surface foliaire (figure 5)
présente
des
différences
significatives entre les échantillons
stressés et non stressés : les WS ont
des surfaces foliaires plus faibles.
La différence entre les plantes WW
et WS est de 19% ; 30,2% ;
32.3% et 30.5% pour B, C, D et E
respectivement (exprimée en %
relatif). Les écarts commencent dès
Les étoiles correspondent à une différence significative entre la
surface foliaire de WW et WS.
la première semaine du stress (B), s’accroissent à la fin
de la seconde semaine (C) pour finir à un maximum de
différence au niveau de D malgré la réhydratation. La
croissance atteint un plateau entre D et E pour WW et
WS, la différence de surface foliaire reste stable.
La longueur racinaire totale a été analysée. Elle
présente une différence significative uniquement pour B,
avec une longueur plus faible pour WS que pour WW. La
Les étoiles correspondent à une différence
significative entre les surfaces projetée de WW et
pour B, C, D et E. La différence entre les plantes WW et WS.
WS est de 16.7% ; 15.8% ; 26.9% et 17.3% pour B, C, D
surface projetée (Figure 6) montre des écarts significatifs
et E, respectivement. A chaque fois, WS présente les valeurs les plus faibles. La surface racinaire présente
des écarts significatifs entre WW et WS pour B, D et E, WS ayant à chaque fois les valeurs les plus faibles.
Le diamètre moyen racinaire ainsi que le nombre de pointes racinaires ne présentent aucune différence
significative entre WW et WS au cours du temps. Le nombre de nodules ne représente pas de différences
significatives entre WW et WS aux stades C et D.
2) Analyses élémentaires
Le pourcentage et la quantité d’azote et de carbone a été analysé pour les différents organes (figure 7
et 8). Le pourcentage d'azote dans les racines, les gousses et fleurs et les tiges ne présente aucune différences
significatives entre WW et WS pour C, contrairement aux feuilles et aux nodules dans lesquelles WS aura les
valeurs les plus basses. Pour D, seules les racines ne présentent pas d'écarts de pourcentage d'azote entre les
deux échantillons : WS a les valeurs les plus basses pour les tiges, feuilles, gousses et fleurs et nodules.
Le pourcentage de carbone présent dans les tiges, racines et nodules ne présente pas de différence
significative entre WW et WS pour D et pour C. En revanche, le pourcentage de carbone présent dans les
feuilles présente des écarts pour C et D, WS ayant une valeur plus basse dans les deux cas. Pour les gousses
et fleurs, aucune différence significative n'est présente pour D, en revanche pour C le pourcentage de carbone
est plus élevé chez WS.
La quantité d'azote présente dans les tiges, feuilles, racines ainsi que sur la plante dans son ensemble
(figure 9 et 10) présente des différences significatives entre WW et WS pour C, WS a systématiquement les
valeurs les plus faibles. Il n'y a aucune différence de quantité dans les gousses et graine pour C et D, et les
nodules présentent une différence de quantité de carbone uniquement pour C (WS ayant les valeurs les plus
faibles).
B) Résultats partie FC, stress hydrique en fin de cycle
Afin de déterminer l’effet du
stress hydrique sur la biomasse, des
prélèvements ont été effectués à T=+8,
c'est-à-dire 8 jours après le début du
stress pour 6 plantes WW et 6 plantes
WS (Figure 4). Aucune différence
significative n’a été observée entre les
échantillons stressés et non stressés. La
biomasse des différents organes ne
présente
pas
de
variations
significatives (Figure 11).
La différence de taille entre les
graines des WW et WS a aussi été
étudiée pour notre expérience. Le
développement des graines a été évalué
visuellement et les graines ont été classées en trois groupes : « avortées » (petites et sèches), « petites » ou
« normales ». Aucune différence significative entre le nombre de graines réparties dans chaque groupe n’a
été observée.
La quantité d’eau présente dans les graines est directement en lien avec le début de remplissage. En
effet, le début du remplissage est caractérisé par une teneur en eau de la graine descendant en dessous de
85% d’eau. La figure 12 nous montre la quantité d’eau et le poids sec des graines prélevées à la fin du stress
à T=+8. L’axe des abscisses représente le nombre de jours après floraison au moment de la fin du stress
(T=+8). Les carrés de couleur grise représentent les graines des nœuds 1 et 2 qui étaient au début de
remplissage au moment de l’application
du stress. Les carrés de couleur bleu
représentent
les
graines
des
nœuds
supérieurs qui étaient encore en phase
d’embryogenèse à T=0. On remarque que
ceux-ci ont débuté le remplissage (mis en
évidence par une teneur en eau relative
inférieure à 85%) de manière identique,
qu’elles soient stressées ou non. La
quantité
d’eau
ne
présente
aucune
différence significative au niveau des
graines lors du prélèvement (Figure 12).
Directement relié à la présence en eau,
l’augmentation du poids sec en fonction
du moment du stress
V) Interprétation
A) Interprétation partie DC, stress
hydrique en début de cycle
Kolbert et al. (2008) ont montré
qu’un stress osmotique chez le pois avait
pour résultat un raccourcissement de la
racine primaire, et une augmentation du
nombre de racines latérales. Après un
stress hydrique, la longévité du système racinaire est réduite, ce qui conduit à une augmentation de la
quantité de matière organique dans le sol (Huang et Gao, 2000).
Il est intéressant de noter que la surface projetée racinaire montre des résultats significativement
différents entre WW et WS, et ce même après la fin du stress hydrique, nous montrant une persistance de
l’écart racinaire généré par le stress. Cependant, bien que l’écart de la surface foliaire entre WW et WS
s’agrandisse entre C et D (et donc après la fin du stress), celui-ci ne croît plus entre D et E. Au niveau de la
quantité et du pourcentage d’azote et de carbone dans les feuilles, WS est toujours en dessous de WW, ce qui
conforte les résultats de la surface foliaire. Il aurait été intéressant de continuer les analyses C/N pour E et I,
afin de voir si la différence de l’écart entre WW et WS s’amenuise comme pour la surface foliaire.
La quantité d’azote et de carbone présent dans les cosses et graines pour C et D ne présentent
aucunes différences significatives. Nous ne pouvons cependant conclure si le stress hydrique à entrainé ou
non une modification au niveau du remplissage des graines car nous ne savons pas s’il y a eu, ou non, un
décalage de la durée de remplissage. Pour conclure sur ce point, il faudrait procéder à une étude lors de la
maturité physiologique. La fin de période de stress (C) correspondait au début de floraison. La fécondation a
donc eu lieu durant la période de stress. Le poids sec total des graines de WW est supérieur au poids sec total
des graines WS, on peut donc poser l’hypothèse que la plante a avorté certaines graines dans le cas de WS,
afin de garder un remplissage des graines existantes toujours optimal.
On remarque que la quantité d’azote et de carbone pour les feuilles, les tiges et les racines est moins
élevée pour WS pour C et D. En effet, le stress hydrique ne permet pas à la plante de synthétiser des
molécules nécessaires à sa croissance, par le biais de la photosynthèse. En revanche, on remarque que pour
D, la quantité C/N dans les nodules ne présente plus de différences significatives, montrant un certain retour
à l’équilibre. L’effet du stress hydrique sur le pourcentage de carbone dans les nodules n’est pas significatif
pour C et D, alors que le pourcentage d’azote présente des valeurs plus basses pour WS pour les deux
périodes. Les feuilles WS ont une quantité et un pourcentage de C/N en dessous de WW pour C et D. Ceci
peut s’expliquer par le fait qu’elles ont un rôle d’organe source, produisant plus de sucres et acides aminés en
condition d’irrigation normale. Le pourcentage d’azote moins élevé dans les tiges pour D pourrait
s’expliquer par l’accumulation de sucres solubles en réponse à un ajustement osmotique (Sorensen et al.,
2003) cependant la différence n’est pas significative pour C.
B) Interprétation partie FC, stress hydrique en fin de cycle
Lors de longues périodes de stress hydrique, la croissance des plantes est inhibé et l'activité
photosynthétique décroit (Jewell et al., 2010). Les résultats de la figure 1 montrent que le stress n’était pas
suffisamment long ou fort pour avoir un résultat significatif observable au niveau morphologique. Cela ne
signifie pas qu’il n’y a pas de réaction du pois. En effet, les processus métaboliques se mettant en place dès
la perception du stress ne sont simplement pas encore visibles à notre niveau d’analyse.
Le stress ne semble pas assez long pour avoir réduit significativement la durée entre la floraison et le
début du remplissage des graines entre WW et WS. Crozat et al., (1992) ont montré que les contenus en
protéines dans les graines de soja n’étaient pas modifiés à la suite d’un stress après l’anthèse. Nous pourrons
conclure plus en profondeur pour le pois lors de l’obtention des valeurs à maturité physiologique.
L’absence de différence significative entre la morphologie des plantes stressées et non stressées peut
s’expliquer par la période choisie par le stress. En effet, l’expérience DC présente des différences
significatives entre plantes stressées et non stressées, dès la première semaine de stress (au niveau de la
surface projetée des racines, des feuilles notamment). L’une des explications de ce phénomène est la relation
organe source/puits qui diffère selon les expériences. Dans l’expérience DC la plante est en phase végétative.
Les organes puits sont les racines, les tiges et les bourgeons. Dans l’expérience FC, la phase végétative est
finie, la phase reproductrice est amorcée et l’organe puits majeur est l’organe reproducteur. Il est donc
normal d’observer une diminution de la masse sèche pour l’expérience en phase végétative car la réduction
de la pression hydrique va inhiber significativement l’élongation cellulaire (Anjum et al., 2011).
VI) Conclusion
Lors d’un stress hydrique avant floraison, l’impact au niveau des taux C/N semble continuer durant
la première et seconde semaine après la fin du stress. La différence de répartition semble moindre au niveau
des racines et la plus élevée chez les feuilles et les nodules. Etonnamment, le pourcentage d’azote chez les
tiges ne semble pas affecté après deux semaines de stress, mais son niveau descend après la première
semaine qui suit la réhydratation. Cela met sans doute en avant un mécanisme lié à la modification du
contenu des sèves lors du retour à la normale. Au niveau physiologique, on constate de manière générale
une continuité de l’impact du stress après son arrêt. La surface foliaire semble revenir à une croissance
normale dès le début de la deuxième semaine après arrêt du stress. Ce retard entre la perception de la fin du
stress et la mise en place d’un retour à la normale au niveau C/N et enfin au niveau physiologique peut
s’expliquer par la latence entre la réaction moléculaire, cellulaire de la plante, et sa mise en place à l’échelle
de l’organisme. Par analyse des mécanismes cellulaires, et plus particulièrement au niveau de l’expression
des gènes, les observations pourront être affinées afin de dégager de nouvelles hypothèses quant aux
mécanismes sous-jacents.
Il semblerait qu’un stress modéré appliqué au début de remplissage pendant une semaine n’a pas
d’effet sur l’accumulation de la biomasse dans les différents compartiments. Il parait évident que ces
analyses physiologiques ne suffisent pas. Les plantes à maturité doivent êtres étudiées. Avec les
prélèvements des différents organes de l’expérience FC, une analyse transcriptomique et métabolomique sera
effectuée. L’analyse transcriptomique sera effectuée par hybridation d'un microarray (qui permet d'analyser
le niveau d'expression des gènes transcrits) alors que les changements métaboliques seront analysés par
spectroscopie RMN 1H.
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Effet d’un stress hydrique de début et de fin de cycle chez le pois
Mots clefs : pois, stress hydrique, remplissage de la graine, taux carbone azote, remobilisation.
La sécheresse est un des facteurs limitant le plus important pour les cultures de pois et affecte chaque
année la qualité et la quantité des récoltes. Dans le but de mieux comprendre les réactions du pois au stress
hydrique, deux expériences ont été menées. Une première expérience qui a pour but d’évaluer l’effet d’un
stress hydrique en phase végétative ainsi que l’effet d’une ré-humectation sur le compartiment racinaire
(racine et nodules). Le stage a porté sur l’analyse d’image de feuilles et de racines stressées et non stressées
ainsi que sur la quantification en éléments carbone et azote des différents compartiments. Une seconde
expérience qui a pour but d'évaluer l’effet d’un stress hydrique sur le remplissage de la graine et sur la
remobilisation des assimilats des parties végétatives. Le stage était porté sur la mise en place de l’expérience
et la réalisation des prélèvements pour évaluer la biomasse des différents compartiments de la plante et qui
permettront également d’extraire les ARN et les métabolites des tissus. Lors d’un stress hydrique avant
floraison, l’impact au niveau des taux C/N semble continuer durant la première et seconde semaine après la
fin du stress. Il semblerait qu’un stress modéré appliqué au début de remplissage pendant une semaine n’a
pas d’effet sur l’accumulation de la biomasse dans les différents compartiments.
Effect of water stress at the beginning and at the end of cycle in pea
Key-words : pea, water stress, remobilization, seed filling, C/N rate.
Drought is the most important limiting factor for pea in the world, affecting every year the quality
and quantity of crops. However, there are still many gray areas on water stress and its effect on pea. Two
experiments were performed on pea : - Water stress on peas at the beginning of cycle, which aims to
evaluate, in vegetative phase, the effect (i) of water stress and (ii) re-wetting, on the acquisition of carbon
and nitrogen and their distribution in pea. The mission of the training focused on image analysis in leaves
and roots, as well as the quantification of carbon and nitrogen elements in each organ.
- Water stress on peas at the end of cycle, which aims to (i) assess the development and characterization of
seed filling (ii) analyze the morphology of the stressed peas. The mission of the training was focused on the
follow of growth, flowering and physiological characterization. During water stress before flowering, the
impact for the rate C/N seems to continue during the first and second week after the end of stress. It
appears that a moderate stress applied at the beginning of filling for one week had no effect on the
accumulation of biomass in the different compartments.
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