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UNIVERSITE DE PARIS 8
Ecole doctorale Théories et pratiques du sens
Doctorat
Sciences de l’éducation
L’enfant, l’Ecole et la crise de la Modernité
Marie-Hélène FRÈRE DUBOST
Thèse préparée sous la direction de Élisabeth BAUTIER,
soutenue le 27 novembre 2008
JURY
Élisabeth BAUTIER, Professeur des Universités à l’Université Paris 8
Marie-Claude BLAIS, Maître de conférence à l’Université de Rouen
Dominique OTTAVI, Professeur des Universités à l’Université de Caen, rapporteur
Pierre-Henri TAVOILLOT,
Maître de conférence
à l’Université
Paris
IV, rapporteur
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L’enfant, l’Ecole et la crise de la Modernité
Au cœur de la double question de l’assujettissement - obéissance et liberté - qui structure la
Modernité, une théorie de la pratique scolaire que nous analysons à partir des textes des
historiens de l’éducation, d’un corpus législatif, et de textes institutionnels participe de
manière privilégiée à la construction du sujet que définit l’idée centrale d’autonomie. Dès lors
l’homme est homme par l’éducation, ouvrant à l’Ecole la voie d’une normalisation spécifique,
par intériorisation de la norme, qui fait du sujet libre et raisonnable l’assujetti d’un pouvoir.
Mais l’Ecole moderne qu’incarne en majesté l’Ecole républicaine, révèle ici son talon
d’Achille. Elle doit répondre à la crise de la culture humaniste qui est à son principe, tension
qui prend toute sa mesure avec le rayonnement des théories qui, dès la fin du XIX
e
siècle,
cherchent à établir les impasses des philosophies du sujet et attaquent, dans la déclinaison du
relativisme, l’idée d’universel.
Lorsque dans ce contexte vient croiser le développement de l’individualisme qui dissout
l’enfance dans l’auto-affirmation de l’individu-enfant, et lorsque s’exaspèrent les
revendications égalitaires qui obèrent la relation éducative comme relation d’autorité, l’Ecole
est saisie par le doute.
Car la difficulté à laquelle l’action éducative a le sentiment d’être aujourd’hui confrontée
est alors imputée à la crise de l’autorité de l’Ecole, à laquelle fait écho une idéologie
éducative qui collabore à problématiser la transmission, faisant ainsi obstacle à la
démocratisation de l’accès aux savoirs dont souvent cette idéologie se revendique
explicitement…
Mots-clés : enfant, école, crise de la Modernité, sujet, autonomie, individu, autorité,
légitimité, savoir, démocratisation
The child, the School and the crisis of Modernity
At the heart of the issue of double question about subjection, - obedience and freedom
which structures Modernity, a theory of school practice that we analyse from educational
historians’ works, a legislative corpus and institutional texts, is taking part in a privileged way
in elaboration of the subject defined as the main idea of autonomy. Therefore, the man is man
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through education, and this clause opens up to the School the establishment of a specific
principle of normalization, by internalizing standard, which is the subject as free and rational
subject of a power.
But modern School that republican school brilliantly personifies here reveals his Achilles
heel. It must meet the crisis of humanistic culture that is principle, which takes its full
potential with the spread of theories which, from the late nineteenth century, seek to establish
the dead philosophies of the subject and attack in the declination of relativism, the idea of
universal. When in this context is the development of individualism, which dissolves children
in self-affirmation of the individual child, when egalitarian claims exacerbate and burden
educational relationship as the relationship of authority, the School is seized by doubt.
Because the difficulty educational action is facing today, is attributed to the crisis of the
authority of school, crisis echoes an educational ideology that works to problematize
transmission, that makes obstacle to the democratization of access to knowledge that this
ideology is often claimed explicitly.
Keywords : child, school, crisis of Modernity, subject, autonomy, individual, authority,
legitimacy, knowledge, democratization
Cette thèse a été préparée au laboratoire ESSI (Education Socialisation
Subjectivation Institution), Université Paris 8
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Table des matières
Résumé, abstract
p.3
Table des matières
p.5
Introduction
p.11
I Première partie : La scolarisation, comme mode de socialisation des enfants,
est bien au centre de la double question de l’assujettissement
I 1 La scolarisation participe de manière privilégiée à la construction du sujet
dans une temporalité longue
p.36
I 11 L’humanisme propose la figure d’un homme architecte de son propre devenir, condition
d’un humanisme éducatif p.36
I 111 La remise en cause de la cosmologie aristotélicienne et scolastique p.38
I 112 L’homme de l’humanisme p.40
I 113 Le paradoxe d’un retour à l’Antique p.41
I 114 L’homme, architecte de lui-même… p.42
I 115 L’enfant de l’Ecole p.42
I 116 Le sacre du collège p.48
I 117 Des écoles et des livres p.53
I 12 A l’âge classique s’impose le sujet autour duquel s’articule la philosophie des
Modernes… p.56
I 121 Le sujet cartésien p.56
I 122 …et Leibniz p.57
I 123 Le sujet dans l’histoire p.60
I 13 Homme par l’éducation… p.61
I 131 L’impossible pédagogie cartésienne p.62
I 132 L’éducation comme fondement anthropologique p.65
I 133 De la théorie de la connaissance à la théorie de l’apprentissage p.69
I 134 Sujet transcendantal p.72
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I 135 L’enfant moderne p.74
I 136 La problématisation des fins de l’éducation et l’Ecole p.78
I 2 La normalisation paradoxale
p.85
I 21 La recomposition de la famille fait sa place à l’Ecole p.85
I 211 De l’autorité absolue du pater familias à la libération moderne p.85
I 212 La désinstitutionnalisation de la famille p.90
I 22 Cette reconnaissance de l’enfance solidarise, à partir du XVII
e
siècle l’Ecole et l’enfant
p.98
I 221 L’Ecole, entre Eglise et Modernité p.98
I 222 Un collège refondé, centré sur l’éducation p.101
I 223 L’école lasalienne p.105
I 224 L’école lasalienne et la question de la « forme scolaire » p.108
I 23 Mais l’école moderne ne s’impose progressivement qu’avec la laïcité p.114
I 231 Echec à l’hétéronomie : le plan Le Peletier de Saint-Fargeau p.114
I 232 L’école d’Etat : autonomie et laïcité p.120
I 233 Travail scolaire et normalisation p.133
I 234 Moralité et égalité : l’éducation de tous ? p.139
I 24 De fait, la violence scolaire change de forme p.149
I 241 La terrible violence de l’Ecole p.150
I 242 Pour une problématisation de l’éducation : la condamnation de la violence
éducative p.155
I 243 La pédoplégie régresse p.160
I 244 S’impose l’autorité, ressort moderne de la contrainte scolaire p 163
I 245 La discipline de l’« exercice »
p 168
I 246 Entre hygiène et gymnastique p.173
Conclusion : l’Ecole, fer de lance de la conquête moderne
p.181
II La crise de la Modernité, à travers la remise en cause de ses catégories
fondatrices, frappe au cœur de l’Ecole ses assises culturelles et son principe de
légitimité
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