TECHNOLOGIE DES CIRCUITS INTEGRES MICROONDE
C.Algani
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VII. TECHNOLOGIES DES CIRCUITS INTEGRES
MICROONDES :
Ce chapitre concerne le procédé de fabrication des circuits intégrés microondes
(MMIC=Monolithic Microwave Integrated Circuits) et résume les principales étapes
technologiques utilisées pour réaliser ce type de circuits. Bien évidemment il existe différentes
technologies qui ne disposent pas des mêmes étapes technologiques, mais ce cours n’a vocation que
de présenter les étapes générales utilisées dans la plupart des process.
1. DIFFERENTS SEMICONDUCTEURS : DIFFERENTS SUBSTRATS
La conception de circuits intégrés nécessite l’utilisation d’éléments passifs (résistances,
capacités, inductances,…) et d’éléments actifs (diodes, transistors). Historiquement, des composants
identiques étaient fabriqués, puis découpés et connectés ensemble par soudure ou par fil de
connexion. On avait accès à une technologie hybride, qui permettait de relier l’ensemble des
technologies différentes non processées en un seul bloc. Depuis, l’amélioration des procédés
technologiques permet de réaliser des circuits entièrement intégrés, réunissant composants passifs et
actifs sur une seule puce et selon un process technologique unique. Ce développement est
relativement récent dans le monde des très hautes fréquences, au début des années 1980, alors qu’il
est plus ancien pour les circuits fonctionnant à basses fréquences (fin des années 1960). L’essor de
la microélectronique sur silicium a bénéficié au développement des circuits MMIC sur des substrats
tels que l’arséniure de gallium (GaAs) et le phosphure d’Indium (InP). Ces semiconducteurs
présentent l’avantage non seulement d’être semi-isolants et d’avoir des pertes faibles dans le
domaine des microondes, mais également des mobilités élevées des électrons, conférant ainsi des
fréquences de coupure élevées aux composants.
Récemment des semiconducteurs tels que le GaN ou le SiC ont montré leurs potentialités pour
réaliser des composants actifs de puissance à hautes fréquences.
Semi-
conducteur
µn
(cm2/V.s)
µp
(cm2/V.s)
εr E
g (eV) Conductivité
thermique
(W/cm.°C)
Résistivité
intrinsèque
(Ω.cm)
Si 1400 450 11.7 1.12 1.3 3.2.105
GaAs 8500 400 12.8 1.424 0.55 8.6.108
InP 5400 200 12.5 1.344 0.68 8.6.107
GaN 1000 350 8.9 3.2 1.3
SiC 900 120 9.7 2.4 3.7
2. PRINCIPAUX PROCEDES TECHNOLOGIQUES
Les circuits intégrés sont fabriqués dans un environnement spécifique, des salles blanches, qui
requièrent des machines élaborées et onéreuses, tant à l’achat, qu’à la maintenance. On parle de
salle blanche car l’environnement doit y être quasiment dépoussiéré afin d’éviter l’introduction de
poussière ou d’impureté dans le circuit, lors du process, qui pourrait endommager le
fonctionnement de ce dernier.
Les technologies Silicium et GaAs ne nécessitent pas le même environnement et les mêmes
étapes technologiques. En effet, ces deux semi-conducteurs sont différents et les procédés requis
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également. Il faut également noter que le GaAs contient de l’Arsenic et doit donc être traité avec
beaucoup de rigueur afin d’éviter toute pollution pouvant entraîner des accidents.
Les semiconducteurs sont disponibles sous forme de barreaux ou lingots élaborés selon des
technologies de croissance cristalline. Ces barreaux sont ensuite sectionnés en fines tranches qui
sont polies pour devenir des substrats, ou des wafers, sur lesquels les circuits intégrés sont réalisés.
Les circuits intégrés sont le fruit de la superposition de différentes couches actives, pour la
réalisation des composants actifs, de couches passives et diélectriques, pour la réalisation des
composants passifs et de couches métalliques, pour les interconnexions entre composants, déposées
sur le substrat. Chacune de ces couches est élaborée selon un procédé particulier.
2.1 Réalisation de couches actives :
Deux procédés permettent de réaliser des couches actives qui sont des zones de semiconducteurs
dopées par des atomes ionisés.
Le premier est l’implantation ionique. Cette opération consiste à introduire des atomes ionisés
projectiles avec suffisamment d'énergie pour pénétrer dans l'échantillon cible (en général une
plaquette). Cette pénétration ne s'effectue que dans des régions de surface. Cette opération est
essentiellement utilisée pour doper le semiconducteur durant la fabrication des dispositifs (création
de zones de source ou de drain d'un transistor MOS, d'une base et d'un émetteur dans un transistor
bipolaire, etc...). Les atomes dopants sont en général : B, P, As, In, etc…Elle permet un contrôle
précis de la quantité totale d'atomes implantés (dose d'implantation) et du profil de concentration du
dopant. Cette précision permet en particulier l'ajustement de la valeur du gain en courant d'un
transistor bipolaire. Ce procédé s'effectue sous vide et donc en atmosphère sèche.
Le bombardement d'un monocristal par des atomes crée des dommages dans la structure
cristalline implantée. Il y a donc nécessité de restituer la cristallinité du matériau ; ceci est réalisé
par un recuit thermique. Ce recuit thermique permet aussi une redistribution des atomes dopants et
donc une modification du profil de dopage par phénomène de diffusion.
Le second est l’épitaxie. L'épitaxie est une étape technologique consistant à faire croître une
couche cristalline à la surface du semiconducteur. Le substrat est utilisé comme germe cristallin de
croissance et la nouvelle couche, dopée ou non, va croître par un apport d'éléments. L’avantage
principal est d’effectuer cette étape de croissance à une température 30 à 50% inférieure à la
température de fusion du matériau.
On parle d’homoépitaxie lorsque les matériaux sont identiques et l’hétéroépitaxie lorsqu’ils sont
différents, par exemple dans le cas de la réalisation d’une hétérojonction.
La croissance épitaxiale ne peut exister que si la fixation des atomes en présence près de la
surface et leur accrochage au réseau cristallin sont possibles. Il faut d'une part que les atomes
puissent se déplacer au niveau de la surface pour atteindre un site cristallin ou éventuellement
quitter cette surface. Pour cela, il est nécessaire d'apporter de l'énergie qui est en général sous forme
thermique. Les trous seront les premiers bouchés et la croissance se fera couche atomique par
couche atomique à condition que l'apport d'atomes soit bien dosé et que ces derniers aient une
énergie suffisante pour se mouvoir à la surface et atteindre les sites d'accrochage. Ces conditions
vont dépendre de la méthode expérimentale utilisée.
Il existe principalement 2 types de méthodes expérimentales. Pour chacune de ces techniques,
des appareillages spécifiques sont mis en œuvre.