Annexe 1 - African Development Bank

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Intégration régionale et attractivité : cas
de l’UEMOA comparé à d’autres
communautés économiques régionaux
d’Afrique et d’ailleurs
1. Introduction
Depuis deux décennies, on assiste à une montée en puissance des accords commerciaux
régionaux (ACR). Selon l’Organisation Mondiale du Commerce, près de trois cent étaient
en vigueur en 2010, dont plus de 45% ont été notifiés après 1990. Les pays en
développement participent pour une grande part à cette dynamique par la création de
plusieurs zones d’intégration sus-sud, tels le MERCOSUR1, l’ASEAN2, l’UEMOA3, la CAE4,
etc. La création de ces ACR est motivée par la volonté du groupe de pays d’améliorer
leurs positions au sein de la division internationale du travail (Abdoulahi, 2005). En n
réduisant ou supprimant les distorsions commerciales, en élargissant les marchés et en
renforçant la crédibilité des réformes politico-économiques, les ACR permettent
d’accroitre, entre autres, les investissements dans les Etats membres (Krugman 1980,
Motta et Norman, 1993, N’Kodia, 1999, CEA, 2004…), notamment les investissements
directs étrangers (IDE).
L’accroissement des IDE, au centre de la stratégique de croissance et de développement
des PED, est ainsi devenu l’un des effets les plus attendus de l’intégration régionale. Pour
cause, les IDE favoriseraient la croissance, créeraient de l'emploi, permettraient des
transferts de connaissance, amélioreraient la productivité, inciteraient aux réformes,
dans une spirale vertueuse où les bons résultats accroissent à leur tour l'attractivité et la
confiance, elles-mêmes à l'origine de nouveaux investissements (de Saint-Laurent,
2010). D’où le volume des IDE reçus est utilisé comme une mesure de résultat de
l’attractivité. Cette dernière se définit simplement comme "la capacité pour un territoire
d’offrir aux investisseurs des conditions d’accueil suffisamment intéressantes pour les
inciter à y localiser leurs projets de préférence à un autre territoire" (Hatem, 2005).
Au plan théorique, les efforts d'intégration régionale conduisent généralement à
l’augmentation de l'investissement direct étranger (IDE) tant à l’intérieur de la zone
qu’en provenance du reste du monde. Cette hausse découlerait de l'effet indirect de la
libéralisation du commerce et de l'intégration des marchés, des efforts d’harmonisation
du cadre de politique générale dans les pays membres, notamment à l'investissement et
à la coopération directe sur les projets d'investissement au niveau régional (CNUCED,
2013). Pourtant, aucun consensus ne semble se dégager dans la littérature empirique
sur un éventuel effet positif significatif des ACR sur l’attraction des IDE, même au niveau
régional (Balasubramanyam et al., 2002; Velde et Bezemer, 2004).
Depuis sa création à 2012, l’UEMOA a su jumeler reformes structurelles et réalisations
tangibles dans le but d’une intégration économique prospère, capable d’induire des
effets sur les IDE. De nombreuses modifications ont ainsi été apportées aux
1
Marché commun sud-américain
Association des nations de l'Asie du Sud-Est
3
Union économique et monétaire ouest-africaine
4
Communauté de l'Afrique de l'Est
2
2
réglementations pour attirer davantage de firmes étrangères. Mais malgré ces efforts
entrepris, l’UEMOA ne constitue pas une destination de choix pour les IDE,
comparativement à d’autres régions dans le monde. En effet, le volume d’IDE reçu
cumulé depuis 1994 s’élève à 20,6 milliards USD, soit environ 18% et 24% des seuls flux
d’IDE reçus respectivement par l’ASEAN et le MERCOSUR au cours de l’année 2012. Par
ailleurs, bien que les flux d’IDE aient suivi une évolution appréciable, passant de 238,6
millions USD en 1994 à 2,3 milliards USD en 2012, l’UEMOA représente moins de 1% des
flux mondiaux d’IDE entrants en 2012 contre 6,3% pour le MERCOSUR et 8,2% pour
l’ASEAN.
Le présent document se propose d’étudier l’évolution de l’attractivité économique de
l’UEMOA. Il s’agira spécifiquement d’examiner la tendance des flux et stock d’IDE de
l’UEMOA depuis sa création et, de ressortir les principaux facteurs qui en limitent la
croissance en comparaison avec d’autres blocs régionaux dans le monde, notamment le
MERCOSUR et l’ASEAN. Cette analyse permettra de situer l’état de l’attractivité de
l’UEMOA et de proposer des mesures correctives.
Le reste du document est structuré comme suit. La section suivante présente l’évolution
de l’attractivité économique de l’UEMOA. Elle est suivie d’une section 3 sur l’analyse
descriptive et économétrique des déterminants de cette attractivité. La section 4 fait une
conclusion et propose quelques recommandations.
2. Evolution de l’attractivité de l’UEMOA
Selon le tableau de bord de l’attractivité de la France, édition 2012, l’attractivité
économique peut être appréhendée par les indicateurs de résultats que sont : les IDE, la
capacité à attirer les compétences étrangères, les activités stratégiques de Recherche et
Développement (R&D) et l’internationalisation. Pour le l’UEMOA, le principal indicateur
de résultat de l’attractivité économique utilisé est l’IDE et l’internationalisation.
2.1 Amélioration des flux et du stock d’investissements étrangers.
La littérature économique a ressorti ces derniers années le rôle peut jouer l’ACR sur les
mouvements de capitaux, notamment les flux d’IDE à travers les accords
d’investissement et de libéralisation commerciale. Selon la théorie néo-classique, les flux
d'IDE correspondent à une adaptation des firmes aux conditions des marchés nationaux
et internationaux, en termes de coûts des facteurs résultant des dotations factorielles
(Mainguy, 2004). Les capitaux devraient, selon l’auteur, donc aller des pays où ils sont
abondants vers ceux où ils sont rares car, dans ces derniers, les rendements des
nouveaux investissements devraient être plus élevés. En se constituant en bloc regional,
les pays en développement s’offrent ainsi plus de possibilité de capter les capitaux
3
étrangers, grâce à la taille plus importante du marché et aux économies d’échelle qui en
découlent.
Dans ce sens d’idées et soucieux du bien-être de leur population, les pays de l’UEMOA
ont entrepris d'importantes réformes en vue d’accroître l’attractivité aux IDE de la zone.
Toutefois, il a fallu les années récentes pour constater des flux significatifs d'IDE. Elle
attire en effet de plus en plus d’IDE depuis quelques années. Les flux d’IDE entrants dans
l’espace UEMOA ont atteint 2,3 milliards de dollar US, contre 422,6 millions de dollar en
1995 (figure 1).
3.0
100.0
2.5
80.0
2.0
60.0
1.5
40.0
1.0
20.0
0.5
0.0
0.0
Milliards USD
120.0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Milliards USD
Figure 1 : Evolution comparée des flux d’IDE entrants de 1990 à 2012
ANASE
MERCOSUR
UEMOA (axe de droite)
Source : CNUCED
Selon la BCEAO (2013), les flux nets d'IDE en direction de l'UEMOA ont connu une
progression régulière depuis le début des années 2000, avec une accélération de rythme
au cours des six dernières années, nonobstant le contexte de crise économique et
financière internationale. En effet, ces flux se sont accrus à un rythme moyen annuel de
18,8% sur la période 2006-2011, contre 3,5% entre 2000 et 2005. Il faut dire que le tarif
extérieur commun est entré en vigueur à partir de 2000, mais son effectivité a été
progressive selon les pays, processus qui s’est achevé en 2002 avec le Bénin. De plus,
l’UEMOA s’est doté un programme économique régional ambitieux depuis 2004. Il s’agit
de mesures et des projets d'investissement pouvant servir de levier à
l'approfondissement de l'intégration régionale. Basé sur cinq axes stratégiques, ce
programme semble avoir un effet sur l’amélioration des flux d’IDE dans la mesure où
c’est depuis 2004 que la tendance des IDE a radicalement changé. En effet, le taux de
croissance moyen des IDE entre 1995-2003 est de 15,9% contre 28,5% sur la période
2004-2010. Au total, entre 2000 et 2012, les IDE en direction de l’UEMOA ont progressé
de plus de 400%.
4
Malgré cette relative performance, le volume des flux entrants reste néanmoins faible,
voire dérisoire, en comparaison avec les flux entrants dans les communautés
économiques régionales (CER) comme l’ASEAN, et le MERCOSUR. Ces derniers ont reçu
respectivement 111,3 et 85,2 milliards USD en 2012. Avec cette réalisation, l’ASEAN et le
MERCOSUR font partie des blocs régionaux les plus dynamiques en matière d’attraction
d’IDE derrière la zone Euro et l’ALENA (respectivement 146,2 milliards USD et 225,
milliards USD en 2012).
L’impact des ACR sur les flux d’IDE dépendrait, entre autres, des caractéristiques des
pays de la zone intégrée, de la nature de l’accord, du type d’IDE et des politiques
économiques implantées dans chaque pays avant et après l’accord (Blomström et Kokko,
1997). En effet, si l’ASEAN et le MERCOSUR sont différents selon la nature de l’accord les
régissant, ils présentent toutefois des caractéristiques communes différentes de celles
de l’UEMOA. L’ASEAN est une zone de libre échange, tandis que le MERCOSUR est une
union douanière comme l’UEMOA. Mais les deux premières CER comptent en leur sein
des pays émergents très dynamiques sur le marché international tels que le Singapour,
le Brésil, l’Argentine ou la Malaisie. De plus, ces pays sont de gros producteurs de pétrole
et autres matières premières (soja, maïs, sucre, riz, jus d’orange, viande bovine, volaille,
etc.) ; ce qui n’est pas le cas de l’UEMOA, qui ne regroupe que de pays à faible revenu et
dont la production de matières est concentrée sur quelques produits (coton, café, etc.).
Cette configuration pourrait expliquer la faiblesse des flux d’IDE vers l’UEMOA.
L’augmentation des IDE par l’intégration régionale est de deux ordres : une au sein de la
zone (IDE intra régional) et l’autre en provenance du reste du monde (IDE extra
régional). On peut s’attendre en ce qui concerne les IDE intra-régionaux, qu’un ACR, se
traduisant par une suppression des barrières aux échanges, conduise à une baisse des
IDE horizontaux. Dans ce cas, la libéralisation commerciale rend les exportations plus
attractives que l’implantation de la firme sur le territoire. Toutefois, l’ACR peut stimuler
les IDE, de nature verticale, entre les pays membres, si les firmes à la recherche de coûts
de production compétitifs, opère une fragmentation du processus de production
(Blomström et Kokko, 1997). Toujours selon ces auteurs, s’agissant des flux d’IDE extra
régional, ils devraient augmenter dans la zone d’intégration, notamment si le niveau
moyen de tarification augmente, conséquence de l’ACR, ou s’il ya des craintes d’une
protection future. Les IDE extra régional vont également augmenter si le volume des IDE
entrants était initialement restreint par la taille limitée des marchés nationaux.
Contrairement aux marchés nationaux, un marché « commun » intégré peut être assez
large pour supporter les coûts fixes pour la création de nouvelles filiales à l'étranger.
Dans le cas de l’UEMOA, 95% des IDE proviennent de l’extérieur. La zone Euro est la
principale source des IDE entrants. Mais depuis 2010, elle est concurrencée par l’Asie,
en l’occurrence la Chine qui investit beaucoup dans de nombreux projets miniers dans la
sous-région. De 57,4% des flux d’IDE en 2007, la part de la zone Euro est passée à
32,9%, pendant que celle de l’Asie a atteint 32,4% contre 10,4 en 2007.
5
Quant aux flux d’IDE intra-UEMOA, ils sont assez faibles avec seulement 4,2% du total en
2012 contre 5,6% en 2006. Cette tendance s’oppose à celle de l’ASEAN où les IDE intra
zone sont plus élevés. Entre 2009 et 2011, l’ASEAN était le premier investisseur dans sa
propre zone pour une part moyenne de 18,5%5 devant l’UE (17,1%), le Japon (11,7%) et
les Etats-Unis (9,6%). De 2009 à 2010, ils ont augmenté de 131,8% et en 2011, les flux
intra-ASEAN sont estimés à 23% du total des IDE reçus. Par ailleurs, contrairement à
l’UEMOA, bon nombre de CER en Afrique ont amélioré leur part d’IDE intra zone au
cours des dernières années. A titre d’exemple, les parts des flux d’IDE intra zone de la
SADC6 et de la CAE ont plus que doublé entre 2003-2005 et 2009-2011 selon les
statistiques du CNUCED. Sur ces périodes respectives, la part de la CEA est passée de 2%
à 14%, pendant que celle de SADC a atteint 10% alors qu’elle était de 4%.
Comme souligné dans le rapport mondial sur l’investissement 2011, les IDE intrarégional dans l’Afrique augmente, mais n’a pas encore atteint son potentiel. Or, dans une
perspective de développement, cette faiblesse est évocatrice d'une opportunité
manquée. Il existerait un potentiel d’investissement non exploité par les citoyens de la
zone. En effet, la proximité géographique et les affinités culturelles sont censées donner
aux sociétés régionales transnationales un avantage en termes de familiarité avec
l'environnement opérationnel et avec les besoins d'affaires dans le pays d'accueil. Du
point de vue du pays d'accueil, ces sociétés sont susceptibles d'être en possession de
technologies plus appropriées - avec un plus grand potentiel pour le transfert de
technologie - et sont mieux en mesure de répondre aux besoins des consommateurs
locaux, en particulier les pauvres (CNUCED, 2011).
Figure 2 : Comparaison de la part des IDE intra régionaux entre 2009-2011 (en %)
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
MERCOSUR
UEMOA
SADC
ASEAN
CEA
UE
Source : CNUCED
5
6
ASEAN Foreign Direct Investment Statistics Database
Communauté de Développement de l'Afrique australe
6
Outre les flux d’IDE, il est aussi important de s’intéresser au stock d’IDE en pourcentage
du PIB. Son analyse fait ressortir l’effort d’ouverture de l’UEMOA ces dernières années.
Le ratio stock IDE/PIB est passé de 12,6% en 2000 à 24,9% en 2012. Mais une fois de
plus, en comparaison avec les autres CER, beaucoup d’efforts restent à réaliser. Alors
qu’au début des années 90, l’écart entre les ratios des régions était relativement peu
important, il s’est creusé au fur et à mesure, notamment avec l’ASEAN. En 2012, ce
dernier a réalisé un ratio de 56,6% pendant que ceux du MERCOSUR, de la CEA, du SADC
et de l’UEMOA s’affichent respectivement à 27,8%, 30,4%, 22,2% et 24,9%. Née en 1967
et devenu zone de libre échange en 1992, le ratio de l’ASEAN passe au dessus de 20% en
1994. Pour ce qui concerne le MERCOSUR, cette limite sera atteinte en 1999, soit huit
après sa création. Le SADC a dépassé les 20% de stock d’IDE en 1998, environ vingt ans
après sa naissance, en liaison avec l’entrée de l’Afrique du Sud, locomotive de la région.
Quant à l’UEMOA, elle mettra plus d’une décennie pour atteindre ce niveau. Depuis
2009, il est passé au dessus de 20% se rapprochant de la performance du MERCOSUR.
Les régions comme le COMESA et le SADC accumulent plus d’IDE que l’UEMOA, ce qui est
normal au regard de la concentration des flux d’IDE dans les secteurs miniers en Afrique.
Figure 3 : Evolution comparée du stock d’IDE en pourcentage du PIB
70
60
50
40
30
20
10
ASEAN
MERCOSUR
UEMOA
SADC
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
0
CAE
Source : CNUCED
Mais, la structure du stock d'IDE révèle une faible diversification des sources de
provenance (BCEAO, 2013). En effet, la zone Euro demeure toujours la source principale
du stock des IDE dans l’UEMOA, suivi par l’Asie dont la part a beaucoup progressé entre
2007 et 2012. La Zone euro détient 41,9% du stock d’IDE de l’UEMOA en 2012, tandis
que la part de l'Asie a enregistré une progression significative entre 2007 et 2012,
passant de 10,8% à 20,0%, en liaison avec l'implantation de plusieurs entreprises
chinoises dans le domaine des mines et du pétrole dans la sous-région, notamment au
Niger. L’Afrique (hors UEMOA) aussi tient aussi une place importante dans les IDE de
l’UEMOA puisqu’elle vient en troisième position avec 14,6% des stocks d’IDE en 2012.
7
L’évolution appréciable des flux et stock d’IDE de l’UEMOA cache néanmoins une réalité
bien persistance dans toute l’Afrique en générale.
2.2 Persistance de la concentration des IDE dans l’industrie minière.
Selon le dernier rapport Ernst & Young sur l’attractivité de l’Afrique, aucun pays de
l’UEMOA ne fait partie des principales destinations en Afrique qui concentrent les 82%
des projets d’investissement depuis 2003. A contrario, cinq des quatorze pays de la
SADC font partie de ce classement notamment l'Afrique du Sud, l'Angola, etc. Selon le
même rapport, ces flux reçus sont essentiellement concentrés dans quelques pays gros
exportateurs de matières premières minérales. Toutefois, les activités du secteur
manufacturier et des infrastructures y comptent pour une proportion significative.
Figure 4 : Ventilation sectorielle des flux
d’IDE dans l’UEMOA
Figure 5 : Ventilation sectorielle du stock
d’IDE dans l’UEMOA
60
35
50
30
25
40
20
30
15
20
10
10
5
0
0
2006
2012
2006
2012
Source : BCEAO
Mais dans l’UEMOA, l’étude de la ventilation des IDE par secteur fait ressortir la
prédominance de ceux-ci dans l’industrie minière. La répartition par branches d'activité
montre que sur la période 2007-2011, les IDE reçus sont principalement orientés vers
les secteurs minier et pétrolier, avec 49,9% du total, suivi dans l'ordre par les transports
et télécommunications (14,8%), les industries manufacturières (11,9%), les sociétés
d'intermédiation financière (9,4%) et le commerce de gros et de détail (7,1%). En
comparant les ventilations par flux et par stock entre les années 2006 et 2012 (figures 4
et 5), il apparait que les IDE vers les industries manufacturières ont beaucoup baissé,
alors que la part du secteur minier a cru. Il en est de même des secteurs commerce, et
intermédiation financière. Seul le secteur transport et communication échappe à la
baisse du stock d’IDE, en dehors du secteur minier.
8
Cette situation démontre le peu d’engouement qu’ont les investisseurs pour les secteurs
productifs capables de transformer l’économie régionale. Or, le développement du
secteur manufacturier constitue un élément important de la croissance économique. En
effet, c’est dans le secteur manufacturier que l’on peut espérer observer des effets
externes d’apprentissage par la pratique et des innovations technologiques liées à la
diversification des produits qui constituent le support de la croissance de la productivité
(Latreille et Varoudakis, 1996).
A contrario, dans l’ASEAN par exemple, ce sont les industries manufacturières qui
reçoivent la majorité des IDE à savoir : métallurgie, produits électriques et
électroniques, chimie, équipements, etc. Le secteur des services réalise une bonne
performance tant en terme de valeur qu'en terme d'IDE, avec un montant de 49,2
milliards de dollars soit 65,7% des IDE totaux de l'ASEAN en 2010. La même année, le
secteur manufacturier est arrivé deuxième avec 21 milliards de dollars correspondant à
28,1% de l'ensemble des IDE. La part du secteur minier a été seulement de 5,5% en
2010. Dans le cas particulier de Singapour, le secteur des services financiers et
d’assurance ainsi que le commerce bénéficient également d’une grande part des IDE
entrants (MINEFI, 2007).
2.3 Lente internationalisation de l’UEMOA
L’autre indicateur de l’attractivité est l’internationalisation. Il mesure aussi la capacité à
attirer sur son territoire les capitaux étrangers. Pour l’analyser dans le cas de l’UEMOA,
il est fait usage de l’indice de mondialisation construit par l’Institut de Technologie de la
Suisse. Cet indice prend en compte plusieurs aspects comme la globalisation
économique (commerce en pourcentage du PIB, stock d’IDE, taux de taxation moyen, les
taxes sur le commerce international, les barrières aux importations, etc.), la
globalisation sociale (les transferts, le tourisme international, la population étrangère en
pourcentage de la population totale, nombre d’utilisateurs de télévision et d’internet,
commerce de livres…) et la globalisation politique (nombre d’ambassades, nombre de
traités internationaux, membre d’organisation internationale…).
Le tableau 1 rend compte de l’évolution de cet indice, sous sa forme agrégée et
désagrégée, pour l’UEMOA et d’autres CER. Plus est élevé l’indice, plus inséré est
l’économie dans la dynamique mondiale des échanges (politique, économique et social).
De notables progrès ont été réalisés entre 1990 et 2009 au regard des chiffres pour
l’UEMOA. Mais l’analyse de la variation des indices la place en deçà des performances de
la CAE et de l’ASEAN, même si en terme absolu, l’UEMOA a fait mieux que la CAE. Cette
dernière a un indice global de mondialisation de 42,2 en 2009 contre 46,3 pour
l’UEMOA.
9
Tableau 1 : Variation de l’indice de mondialisation7 entre 1990 et 2009
UEMOA
Indice global de
mondialisation
a - globalisation
économique
ai - flux actuels
aii – restrictions
CAE
ASEAN
1990
2009
var
1990
2009
var
1990
2009
var
30.1
46.3
+16.2
23.3
42.2
+18.9
51.4
68.7
+17.4
30.7
45.2
+14.4
19.6
39.7
+20.2
56.7
71.9
+15.2
36.6
48.8
+12.2
23.5
33.9
+10.4
67.0
76.1
+9.2
24.0
40.6
+16.6
15.9
45.2
+29.3
46.4
67.8
+21.3
+9.1
14.9
24.9
+10.0
42.4
55.8
+13.4
+5.3
24.0
25.8
+1.8
42.2
46.6
+4.4
+21.7
15.7
42.5
+26.8
43.8
62.2
+18.5
-1.8
5.3
6.8
+1.5
40.9
58.4
+17.5
+28.8
40.4
70.1
+29.8
56.8
82.8
+26.0
b - globalisation
18.6
27.8
sociale
bi -données sur les
29.7
35.0
contacts personnels
bii- données sur
20.4
42.0
les flux d'information
bii- données sur
7.4
5.6
la proximité culturelle
c - globalisation
45.5
74.3
politique
Source: KOF Index of Globalization, ETH.
En poussant dans le détail de cet indice, on constate que pour la globalisation
économique, la CAE a progressé relativement mieux par rapport à l’UEMOA, puisque la
variation entre les deux périodes est respectivement de 20,2 contre 19,6. C’est au niveau
des restrictions (du taux moyen des droits de douanes, des barrières à l’importation
voilées…) en particulier que l’UEMOA a le moins évolué (+29,3 pour la CEA contre +16,6
pour l’UEMOA). Le Rwanda, membre de la CAE est connu pour être un modèle en
matière de reformes abouties en Afrique subsaharienne au cours des dernières années.
Même au niveau de la globalisation sociale, l’UEMOA n’a évolué que 9,1 points contre
10,0 et 13,4 respectivement pour la CAE et l’ASEAN. Ceci peut être dû à plusieurs
facteurs comme l’instabilité politique dans certains pays de l’UEMOA et à la barrière
linguistique avec les grandes firmes internationales. En effet, l’UEMOA est exclusivement
francophone, ce qui n’est pas le cas de la CAE où l’anglais domine, assurant une
proximité avec ces firmes. Elle a d’ailleurs perdu en termes de proximité culturelle entre
1990 et 2009 (-1,8). Par ailleurs, certains pays de la CEA comme le Kenya sont des
destinations de tourisme international et disposent depuis peu des projets ambitieux
attirant les plus grandes entreprises du monde (Google, Samsung, etc.).
En conclusion, les flux d’IDE sont en hausse ces dernières années en direction de
l’UEMOA, mais des efforts restent encore à fournir pour améliorer son attractivité. Pour
ce faire, nous allons étudier les principaux facteurs qui freinent cette en comparaison
avec ceux d’autres blocs régionaux.
Il s’agit de la moyenne arithmétique des indices des pays fondateurs de chaque zone, sauf pour la CAE pour
lequel les cinq pays ont été considérés.
7
10
3. Déterminants de l’attractivité de l’UEMOA
L’analyse, plus description qu’économétrique, des facteurs qui freine l’attractivité de
l’UEMOA est faite à la fois sur la base des travaux existants sur les pays de l’UEMOA et
des résultats de nos tests économétriques. L’originalité de ce modèle réside dans
l’utilisation de deux variables, peu employées dans la modélisation relative aux
déterminants de l’IDE sinon pas du tout dans le cas de l’UEMOA (cf. annexe 1).
3.1 Insuffisance du dynamisme économique
La taille du marché appréhendé par le PIB et son dynamisme mesuré par le taux de
croissance économique constituent un des déterminants de la délocalisation des firmes
internationales (Krugman, 1980 ; Dunning, 1993 ; Obwona, 1998 ; Morrisset, 2000 ;
etc.). Les résultats de nos tests économétriques montrent que le PIB par tête moyen
contribue à l’attractivité. Une hausse de 1% de celui-ci permettrait d’augmenter les flux
de 1,48% et le stock de 3,22%.
Tableau 2 : Quelques indicateurs socioéconomiques de l’UEMOA et de ses concurrents
Bloc régional
ASEAN
MERCOSUR
Type
d’intégration
Nombre
de pays
membres
ALE
UD
UD
ALE
UD
108
510
811
512
1513
Date de
création
91992
1991
1994
1999
1992
Superficie
* (2011)
3,049
13,912
3,472
1,716
9,275
Population
(2011)**
598,879
286,892
98,598
141,855
280,054
UEMOA
CAE
SADC
NB: * million de km2./ ** millions d’habitants / *** en milliards USD /
PIB***
courant
(2011)
2205,386
3334,258
77,551
86,424
658,562
PIB réel
par tête
(2011)
2095,6
5685,5
573,9
469,3
1658,4
ALE : accord de libre-échange et UD : union douanière
Source : CNUCED et sites officiels
Pourtant, la taille du marché constitue un sérieux handicap pour l’UEMOA. En effet, avec
98,6 millions d’habitants et un PIB de 77,5 milliards USD en 2011, l’UEMOA fait partie
des CER à faible performance économique. Le marché de l’UEMOA reste un marché peu
attractif par rapport à ces concurrents, même si le PIB réel par tête y est plus élevé que
8
Indonésie, Singapour, Thaïlande, Malaisie, philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Cambodge et Myanmar.
L’ASEAN existait depuis 1967, date de sa création. Nous considérons 1992 parce que c’est avec la signature de
l’accord de libre échange que l’ASEAN devient une communauté régionale plutôt qu’une association de pays.
10
Cinq pays permanents (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, et Venezuela). Ce dernier a été exclu.
11
Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
12
Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda
13
Angola, Botswana, R. Dém du Congo, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie,
Seychelles, Afrique du Sud, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.
9
11
dans la CAE comme l’indique le tableau 2. Les productions du MERCOSUR et de l’ASEAN
représentent respectivement 43 et 28 fois celle de toute l’UEMOA. La SADC quant à elle,
produit trois fois plus l’UEMOA. En termes de PIB par habitant, elle demeure toujours
peu attractive, ce qui peut paraître normal au regard des caractéristiques économiques
des pays membres. Mais l’UEMOA dispose des avantages significatifs (quatre pays ont
accès sur la côte maritime, les risque-pays sont moyens, etc. et ils ont mis en place une
politique de convergence pour la stabilisation macroéconomique et des réformes
structurelles presque harmonisées dans plusieurs domaines).
De plus, le dynamisme de la production économique de l’UEMOA a baissé contrairement
aux autres CER. Entre 1990 et 2010, le taux de croissance moyen s’est infléchi passant
de 3,6% à 3,2% (figure 6). Elle est la seule région dont le PIB réel par habitant a cru à un
rythme lent (figure 7). Pendant que celui de la CAE s’affiche à 459 en 2010 contre 332
USD en 1990, soit une croissance de 38,4%, celui de l’UEMOA a crû seulement de 6,4%,
soit de 551 à 586 USD. Dans la même période, le PIB par tête dans l’ASEAN a fait un bond
de 103,8% et celui du MERCOSUR de 42,6%. Ce faible rythme de croissance ne peut être
de nature à attirer les IDE, même si l’Afrique en général connait un engouement pour les
flux de capitaux étrangers. Toutefois, cette perte de performance peut s’expliquer par
l’instabilité économique qu’ont traversé certains pays de la région comme la Côte
d’Ivoire qui contribue à elle seule pour près de 40% du PIB de la région.
Figure 6 : Evolution du taux de croissance
annuel moyen du PIB
7.0
6.0
6000
6.1
5.0
5.4
5000
4.9
5.0
4.0
4.1
3.2
3.0
Figure 7 : Evolution du PIB réel par habitant
(en USD constant)
3.6
2.8
2.1
4000
3.2
3000
2.0
2000
1.0
1000
0.0
0
1990 - 2000
2000 - 2010
1990
2000
2010
Source : CNUCED
Cette insuffisance du dynamisme n’est pas sans conséquence sur la capacité de l’union à
capter des parts de marché et à développer le commerce en son sein.
12
3.2 Lente croissance des échanges commerciaux
Le degré d’ouverture mesure le dynamisme des échanges d’un pays ou d’une zone, et
peut susciter l’intérêt des investisseurs, d’autant plus si les barrières tarifaires sont
levées. Certains auteurs rejettent le rôle de l'ouverture économique sur les IDE pour les
pays africains, considérant que les réformes commerciales africaines seraient jugées peu
crédibles par les investisseurs étrangers (Asiedu, 2002; Kamaly, 2003). Dans le cas de
l’UEMOA, différentes études ont montré l’importance de cet indicateur sur l’attractivité
des IDE (Koupko, 2005 et Djé, 2007). Les résultats économétriques confirment ces
résultats, mais seulement pour le stock d’IDE. Les flux d’Ide ne sont sensibles au taux
d’ouverture. Le résultat peut parait surprenant, mais il s’agit d’un panel de trois régions
dont les comportements économiques ne sont pas identiques. Le MERCOSUR par
exemple possède à la fois un taux d’ouverture intra-zone faible et un taux d’ouverture en
général peu élevé. Les investisseurs s’y installent donc non pas forcement pour des
marchés extérieurs, mais pour le marché intérieur riche de près de 300 millions
d’habitants dont le revenu par tête est deux plus élevé que dans l’ASEAN (voir tableau
2). Par ailleurs, la période couverte par l’estimation de quinze ans par région.
Figure 8 : Comparaison des taux d’ouverture intra-groupe
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
MERCOSUR
SADC
UEMOA
ASEAN
Source : CNUCED
L’analyse de l’ouverture montre que l’UEMOA est fortement distancé par l’ASEAN qui
réalisé des performances au-delà de 100% depuis 1993, révélant le dynamisme du
commerce dans cette zone. Toutefois sa performance est proche de la SADC. Elle n’est
d’ailleurs distancée que par l’ASEAN. Quant au taux d’ouverture intra groupe (figure 8),
il est de l’ordre de 7% pendant que celui de l’ASEAN est en moyenne de 25%. Ce qui
signifie que les pays de l’UEMOA échangent très peu entre eux, mais davantage avec le
reste du monde. Mais, avec la même tendance et sans atteindre la réalisation de
l’UEMOA, le MERCOSUR attire pourtant d’importants flux d’IDE. Ceci tendrait à
13
minimiser le rôle des échanges intra-zone pour l’attractivité. Mais les résultats
économétriques prouvent le contraire en ce sens qu’une hausse de 1% du taux
d’ouverture intra-zone contribue à augmenter le stock d’IDE de 1,63%.
La faiblesse de la production et la faible croissance du volume des échanges ne
permettent de capter des parts de marchés étrangers. L’ouverture de l’UEMOA au
marché mondial reste limitée malgré les mesures de politique mises en œuvres
(harmonisation des politiques, reformes des institutions, …). Pour preuve, l’UEMOA ne
pèse que pour 0,12% dans les exportations mondiales contre 6,8% pour l’ASEAN et
2,4% pour le MERCOSUR en 2012. Il faut relever qu’à partir de 1994, la part de marché
est demeurée constante et ne poursuit pas la tendance baissière constatée depuis les
années 1980. Cette stabilisation est due en partie à la hausse des exportations des
marchandises en l’occurrence.
Les exportations de marchandises ont beaucoup progressé en valeur passant de 5,1
milliards USD en 1994 à 23,8 milliards USD en 2011. Il en est de même des exportations
des services dont la valeur est passée de 1,3 milliard USD à 3,8 milliards USD en 2011
Mais considérées en pourcentage des exportations mondiales de marchandises et de
services, la part de l’UEMOA est non seulement très faible, mais en plus elle suit une
tendance à la baisse (cf. annexe 2). En le comparant aux CER qui font moins de 1% des
exportations mondiales, à savoir la CAE et le CEMAC en Afrique, on peut constater que
même à ce niveau, l’UEMOA a une performance moyenne. Elle est certes plus présente
sur le marché mondial en matière de marchandises que la CAE, mais elle est de loin
derrière celle-ci sur le marché des services.
Toutefois, en matière d’IDE, l’UEMOA a beaucoup renforcé sa présence extérieure au
cours des dernières années, au même titre que les autres blocs régionaux, même si le
volume n’est pas identique. Depuis 2001 en effet, la courbe du stock d’IDE sortant de
l’UEMOA suit une progression à la hausse pour atteindre 833,4 millions USD en 2012
contre 13 millions USD en 2001.
Outre le manque de dynamisme économique et la faiblesse des échanges commerciaux
dans l’union, il y a aussi le problème très important du niveau du capital humain.
3.3 Faible niveau de capital humain et d’innovation
Selon Koukpo (2005), le capital humain apparaît comme le facteur d’attraction des IDE
le plus important dans les pays de l’Union. Une amélioration de son niveau pourrait donc
constituer une potentialité pour l’UEMOA pour renforcer son attractivité. Dans les
études portant sur l’UEMOA, le capital humain est appréhendé par le taux brut de
scolarisation notamment au primaire, faute de données suffisantes et disponibles pour
le secondaire et surtout le tertiaire. Ici, l’analyse est faite plutôt sur le nombre moyen
d’années d’instruction. Cet indicateur est plus révélateur de la performance du système
14
éducatif et de sa capacité à retenir suffisamment les futurs travailleurs sur les bancs de
l’apprentissage et de la connaissance. La durée moyenne de scolarisation, bien qu’elle se
soit améliorée depuis les années 2000, reste en deçà du niveau de l’ASEAN ou du
MERCOSUR. Ces deux régions enregistrent une durée moyenne de scolarisation par
individu, en 2010, de 8,2 années pour l’ASEAN et le MERCOSUR pendant que le niveau
de l’UEMOA est seulement de 3,1 années. Autrement dit, le citoyen de l’espace UEMOA
passe en moyenne 3 années en formation scolaire contre 8 pour ceux de l’ASEAN et du
MERCOSUR. L’écart est encore important et la productivité s’en trouvera forcement
affectée.
Figure 9 : Durée moyenne de scolarisation par région14
ANASE
UEMOA
MERCOSUR
1980
10.0
8.0
6.0
4.0
2.0
2010
1990
0.0
2000
Source : PNUD et calcul de l’auteur.
Selon la théorie de la croissance endogène (Lucas 1988 ; Romer, 1989 ; etc.), l’éducation
et le niveau de formation du capital humain contribuent à une accumulation de la
connaissance disponible dans la population et une amélioration qualitative de la maind’œuvre dans le temps conduisant ainsi à une meilleure productivité (Tchokpon, 2012).
L’analyse de la productivité du travail dans l’UEMOA montre le faible rendement du
travailleur de la zone par rapport à ses semblables d’autres régions. La production par
travailleur dans l’UEMOA est cinq fois (au moins) plus faible que celle de la seule Chine
ou du Brésil et elle n’a pas surtout assez progressé au cours des années. En effet, la
production par travailleur en 1980 était de 2734,515 en moyenne, alors que celle de la
Chine était de 1268,2. Mais en 2008, la tendance est à l’avantage de la Chine dont la
productivité a atteint 10929,3 tandis que celle de l’UEMOA a baissé à 2641,4. La
corrélation entre la productivité moyenne par CER et les flux d’IDE comme le montre la
14
15
Le nombre moyen par région est obtenu par moyenne simple et porte seulement les pays fondateurs.
Pen World Table 7.0. Idem pour les autres statistiques sur la productivité dans ce paragraphe.
15
figure ci-dessous est positive. Dans le cercle se trouve les valeurs de l’UEMOA, tandis que
pour des niveaux plus élevé de productivité moyenne (ASEAN et MERCOSUR), les flux
d’IDE sont aussi plus importants que dans l’UEMOA.
Figure 10 : Corrélation entre la productivité et l’attractivité
90000
Flux d'IDE en millions USD
80000
70000
60000
50000
40000
30000
UEMOA
20000
10000
0
0
5000
10000
15000
20000
25000
Production par travailleur
Source : WDI et CNUCED
Cette insuffisance du capital humain affecte naturellement le nombre de chercheurs en
R&D disponibles au sein de la zone. Or les ressources humaines en science et
technologie sont considérées comme l’un des principaux moteurs des économies
fondées sur la connaissance. Avec un tel niveau d’année d’instruction, cela signifie que
peu de personnes ont accès aux hautes études ou de niveau universitaire. Les données
relatives au nombre de chercheurs dans les blocs régionaux n’existent pas et sont aussi
difficile à calculer en raison du manque de données pour certains pays. En conséquence,
l’analyse est sur les données disponibles des pays. Ainsi, en 2005, la Côte d’Ivoire
comptait environ 70 chercheurs en R&D, pendant que le Singapour en compte plus de
5000, le Brésil plus de 500 et le Chine près de mille. La concurrence en termes
d’innovation est donc perdue d’avance pour l’UEMOA et ses exportations de biens
manufacturés de haute technologie s’en trouvent aussi limitées (cf. annexe 3). Or dans
un monde de plus en plus innovant, la R&D est essentielle à la fois pour devancer ses
concurrents, mais aussi et surtout pour conserver les parts de marché.
De même, le nombre de techniciens pour un million d’habitants en 2008 est de 52 pour
le Sénégal16, alors qu’il est de plus 500 respectivement pour le Brésil et le Singapour. Ces
statistiques affectent aussi directement la capacité à déposer des brevets. A titre
d’exemple, la Chine a fait une demande de près de 14000 de marque déposées rien qu’au
cours de l’année 2011.
16
Les statistiques ne sont disponibles que pour ce pays.
16
Le niveau d’instruction facilite de plus la capacité d’adoption des technologies de
l’information et de la communication. Le commerce des services est en hausse constante
au niveau mondial. En conséquence, pour capter des parts de marché et s’intégrer
davantage dans le commerce mondial, l’accès aux TIC doit être porté à un niveau plus
élevé qu’il ne l’est actuellement dans l’UEMOA. En effet, l’accès aux TIC mesuré par le
nombre d’utilisateurs d’internet est actuellement faible. Ainsi, le Sénégal, qui représente
le pays de l’Union ayant l’indicateur le plus élevé, reste largement en deçà des
performances de l’Uruguay et de la Malaisie, qui eux ne sont pas les meilleurs de leur
région (Tchokpon, 2012). En 2008, alors qu’au Sénégal, à peine un dixième de la
population a accès à l’internet, en Uruguay ou en Malaisie, cette proportion est
multipliée par quatre, voire six.
De manière générale, les indicateurs qui facilitent l’adoption des nouvelles technologies
et qui pourraient influencer les IDE sont encore très faibles dans l’UEMOA. Mais l’autre
problème crucial auquel l’UEMOA doit faire face est le manque d’agressivité de sa
politique fiscale
3.4 Manque d’agressivité de la politique fiscale
La problématique de l'attractivité des IDE et du rôle joué à cet effet par les ACR est au
cœur des réflexions stratégiques des pays en voie de développement. Pour ce faire, les
pays constitués en zone commerciale mettent en œuvre des politiques plus ou moins
agressives afin d’attirer davantage d’IDE que possible sur leur territoire.
Les incitations fiscales font partie de cette batterie de mesures mises en œuvre par les
pays pour attirer les IDE. En comparant les pays de chaque zone en matière de taux
d’imposition et de taxation, il ressort que les pays de l’UEMOA sont ceux dont les taxes
sur le commerce international représentent une part importante des revenus.
Autrement, soit le niveau des taxes est élevé, soit les revenus trop exigus. En 2011, le
ratio des taxes sur le commerce international en pourcentage des revenus était de
19,6% pour le Bénin, 18,3% pour le Togo, 10,6% pour le Burkina. Au même moment, le
ratio est seulement de 2,2% en Malaisie, 2,7% au Brésil et 4,4% respectivement en
Thaïlande et au Indonésie.
De même, le taux d’imposition total (en pourcentage des bénéfices commerciaux) est
élevé dans pays de l’UEMOA. Celui-ci est d’au moins 40% dans tous les pays de l’UEMOA
en 2011pendant qu’au Singapour, il est seulement de 27,1%. Seuls le Brésil (67,1%) et
l’Argentine (108,2%) font pire que les pays de l’UEMOA.
17
Figure 11 : Taux d’imposition total
(en % des bénéfices commerciaux)
Figure 12 : Taxes sur le commerce
International (en % des revenus)
Argentine
Bénin
Brésil
Philippines
Bénin
Mali
Togo
Togo
Burkina Faso
Philippines
Paraguay
Sénégal
Côte d'Ivoire
Indonésie
Niger
Thaïlande
Burkina Faso
Uruguay
Indonésie
Brésil
Malaisie
Malaisie
Singapour
0
40
80
120
0
5
10
15
20
Source : WDI
Dans son étude sur les pays de l’UEMOA, Djé (2007) a montré que le taux de pression
fiscal n’a pas un effet significatif sur les IDE. Mais l’auteur reconnait toutefois qu’une
fiscalité sur les entreprises trop lourde découragerait les investisseurs. Et compte tenu
du peu d’intérêt accordé aux secteurs manufacturier dans ces pays, il urge d’alléger la
charge des entreprises, en développant une stratégie plus agressive en matière fiscale.
Le marché de travail est assez rigide dans l’UEMOA et la politique fiscale encore trop
contraignante pour les investisseurs et les entreprises. A cela, il faut ajouter un niveau
de protection encore élevé à l’ère de la mondialisation.
4. Conclusion
La présente étude a permis d’étudier, à partir d'une analyse descriptive soutenue par un
modèle économétrique estimé sur données de panel, l’évolution de l’attractivité de
l’UEMOA comparée à d’autres communautés économiques régionales. Elle a ainsi permis
d’étudier l’évolution des facteurs qui constituent encore un frein pour de celle-ci.
L’analyse de l’attractivité est basée sur les flux d’investissement direct étranger, dans sa
répartition sectorielle et géographique et sur l’effort d’internationalisation. Quant à
l’examen des déterminants, elle est principalement basée sur la taille du marché et son
dynamisme, les échanges commerciaux internes en l’occurrence, sur le capital humain et
la politique fiscale
18
Les analyses descriptives ont montré que l’attractivité de l’UEMOA s’améliore depuis
quelques années. Les variables qui constituent souvent les déterminants de cette
attractivité ont aussi enregistré de progrès, mais ceux-ci restent encore insuffisants par
rapport à l’avance prise par les autres communautés régionales. La taille du marché
demeure un handicap. Le revenu par habitant n’a pas beaucoup progressé et la
croissance moyenne a ralenti. Mais la tendance pourrait être changée si les actions
politiques parviennent à la stabilisation politique et à la pacification de la zone, seules
gages d’une construction de croissance durable.
Les échanges commerciaux au sein de l’union sont encore faibles et le test
économétrique a montré son importance dans l’accumulation du stock d’investissement
direct étranger. Les barrières et obstacles au développement du commerce à l’intérieur
de la zone devraient combattus par les autorités avec vigueur, car l’indice de
mondialisation économique a révélé que l’UEMOA possède encore de barrières au
commerce et aux mouvements de capitaux.
Le nombre d’années de scolarisation dans l’UEMOA est très faible affectant la
productivité et la capacité d’innovation. Dans un monde de plus en plus créatif, il est
impérieux de poursuivre les politique de relèvement des taux brut de scolarisation et la
formation d’une main-d’œuvre compétitive. Les cycles courts de formations
professionnels pourraient être mis en place. L’UEMOA devrait mettre en place un
mécanisme d’échanges sur les opportunités d’affaires tant au niveau national qu’au
niveau régional, afin de permettre l’exploitation réelle des possibilités de commerce.
Quant à la politique fiscale dans les pays de l’UEMOA, il a été montré que le taux
d’imposition total en pourcentage des bénéfices commerciaux est fort élevé par rapport
à la majorité d’autres régions. Dans un monde de plus en plus libéral, la transition fiscale
s’impose afin de pouvoir mener sans complaisance une politique fiscale plus agressive.
19
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22
6. Annexes
Annexe 1
Le modèle économétrique
𝐼𝐷𝐸𝑖𝑡 = 𝛼0 + 𝛼1 . 𝐼𝐺𝐸 + 𝛼2 . 𝐼𝑁𝑉𝑖𝑡 + 𝛼3 . 𝑇𝑂𝐼𝑍𝑖𝑡 + 𝛼4 . 𝑃𝐼𝐵𝑃𝐶𝑖𝑡 + 𝛼5 . 𝐼𝐻𝑃𝐶 + 𝜀𝑡
IDE représente l’indice d’attractivité et est mesuré à la fois par les flux (IDEF) et le stock
(IDES) de la zone i ;
IGE est l’indice moyen de mondialisation économique de la zone i, mesure les flux de
capitaux de de commerce ainsi que et les restrictions à l’encontre des échanges
internationaux ;
TOIZ le taux d’ouverture intra-zone. Il mesure le dynamisme du commerce entre les
pays de la région i. Dans une seconde optique, le taux d’ouverture usuel sera utilisé ;
PIBPC le PIB par habitant constant et mesure la taille ainsi que le dynamisme de
production de la zone i ;
INV est le taux d’investissement moyen de la zone i, mesuré par la formation brute de
capital fixe en pourcentage du PIB ;
IHPC, l’indice harmonisé des prix pour tenir compte de l’effet inflation sur l’attractivité ;
i est mis pour la zone (soit i= 1, 2 et 3) et t =année. La période de l’estimation, compte
tenu de la disponibilité des données couvre 1995 à 2009 et porte sur les trois zones que
l’UEMOA, l’ASEAN et le MERCOSUR. Deux principales sources à savoir celle du CNUCED
et
Nous faisons les hypothèses selon lesquelles α1 , α2 , 𝛼3 , α4 > 0 et 𝛼5 < 0.
Toutes les variables sont exprimées en logarithme.
Les données proviennent des bases du CNUCEDet de la Banque mondiale (WDI). L’IGE
est fournie par l’Institut de Technologie de Zurich.
Les variables IGE et TOIZ constituent l’originalité de ce modèle.
Correlation entre IGE et IDE
Figure 14 : UEMOA
70000
3000
60000
2500
Flux IDe en millions USD
Flux IDe en millions USD
Figure 13 : Mercosur
50000
40000
30000
20000
2000
1500
1000
500
10000
0
0
0
20
40
60
80
0
20
IGE
60
IGE
Figure 15 : ASEAN
Flux IDE en millions USD
40
Figure 16 : Ensemble des 3 régions
90000
90000
80000
80000
70000
70000
60000
60000
50000
50000
40000
40000
30000
20000
30000
10000
20000
0
10000
0
20
40
60
80
IGE
0
0
20
40
60
80
Source : CNUCED et KOF Index of Globalization
Résultats des tests
Les résultats du test d’Hausman suggèrent que le modèle à effet aléatoire est préférable
au modèle à effet fixe. Dans la première optique, seule le taux d’ouverture intra région
est pris en compte, alors que dans la deuxième c’est le taux d’ouverture total qui est pris
en compte.
Un des variables essentielles de notre modèle est l’indice de mondialisation économique
(IGE) utilisé. Les résultats suggèrent qu’il est significatif pour les flux d’IDE. Les figures
13 à 16 ci-dessous montrent la forte corrélation entre l’indice de mondialisation et flux
d’IDE.
24
Tableau 3 : Résultats des estimations
l_idef
l_ides
l_idef
1
l_ides
2
l_ige
2.37 (0.061)
1.67 (0.447)
l_toiz
0.42 (0.170)
1.63 (0.002)
l_to
3.73 (0.002)
1.03 (0.317)
0.09 (0.809)
2.19 (0.001)
l_pibpc
1.48 (0.000)
3.22 (0.000)
1.19 (0.001)
3.68 (0.000)
l_inv
1.24 (0.005)
0.58 (0.446)
1.25 (0.005)
0.58 (0.444)
l_ihpc
0.12 (0.588)
0.09 (0.804)
0.14 (0.551)
0.56 (0.168)
_cons
15.21 (0.000)
25.80 (0.000)
17.93 (0.000)
34.08 (0.000)
Test de Hausman
Prob>chi2 =
0.4698
Prob>chi2 =
0.2863
N = 45
Annexe 2
Figure 17 : Exportations de marchandises
en % des exportations mondiales
0.3
Figure 18 : Exportations de services
en % des exportations mondiales
0.25
0.25
0.2
0.2
0.15
0.15
0.1
0.1
0.05
0.05
CEMAC
UEMOA
CAE
CEMAC
UEMOA
2010
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
2010
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
0
1990
0
CAE
Source : CNUCED
25
Annexe 3
Figure 19 : Exportations de haute technologie (en % des exportations des biens manufacturés)
70
60
50
40
30
20
10
0
2005
2006
Brésil
2007
Côte d'Ivoire
2008
2009
Singapour
2010
2011
Afrique du Sud
Source : WDI et CNUCED
Figure 20 : Evolution comparée des taux d’ouverture
180
160
140
ASEAN
120
UEMOA
100
CAE
80
MERCOSUR
60
SADC
40
CEMAC
20
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
0
Source : CNUCED
26
Figure 21 : Evolution du stock d’IDE sortant (en millions USD)
700000
900
800
600000
700
500000
600
400000
500
300000
400
300
200000
200
100000
100
0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
0
ANASE
MERCOSUR
SADC
UEMOA (axe de droite)
Source : CNUCED
27
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