
Même si au terme de cette recherche  les Wimps ne sont
toujours pas détectées, d'autres  particules candidates pour-
raient prendre le relais pour rendre compte de la matière
noire. Parmi celles les plus étudiées, figurent les neutrinos
stériles, dont la masse pourrait être environ 100 fois plus
petite que celle d'un électron. Ces neutrinos sont appelés
stériles car ils n'interagissent pas avec le reste de la matière
comme les neutrinos  connus auiourd'hui,  appelés " actit's" '
Les axions (particules de masse infiniment petite' inventées
pour résoudre un problème de violation de symétrie dans
les particules élémentaires classiques) pourraient aussi
jouer un rôle. D'autres particules encore plus exotiques
ont été imaginées par les physiciens,  avec des propriétés
qui s'éloignent encore plus des extensions du modèle stan-
dard des particules et de Ia physique'  Des solutions d'un
autre genre font appel à des dimensions  supplémentaires  de
I'espace-temps,  où seule la gravitation pourrait se propa-
ger. Les particules nous apparaÎtraient  alors plus massives
qu'elles ne sont en réalité.
Enfin, dans l'état de crise où se trouve le problème de
1a matière noire, certains sont même prêts à faire revivre
l'hypothèse  des trous noirs primordiaux (voir article précé-
dent). Il y a vingt ans déjà, au terme de recherches d'objets
sombres par des expériences de microlentilles gravitation-
nelles, elle était pourtant apparue  comme très peu pro-
bable. Ces expériences  s'appuyaient sur le fait que, si des
objets compacts existent en grand nombre, ils devraient
dévier les rayons lumineux en leur voisinage' En observant
les Nuages  de Magellan  pendant  plusieurs  années, les expé-
riences Machos ou Eros avaient éliminé toute une gamme
de masses pour des objets compacts.  Ne restaient plus que
des masses très petites, confinées dans une gamme res-
[einte... que I'on explore aujourd'hui.
Et si finalement  cette matière noire n'existait pas ? Si la
,J1-namique  des galaxies  et des amas de galaxies  s'expliquait
par une très légère modification  de Ia loi de Ia gravité' dans
Ces régimes où celle-ci est très faible, plutôt que par l'ajout
d'une masse inconnue ? Ces régimes faibles n'existant pas
sur Terre, cela expliquerait pourquoi nous n'aurions  pas pu
Èncore détecter les effets de cette modification de la loi de
\e$ton. Les observations  détaillées des vitesses de rotation
rles galaxies nous indiquent comment  elle doit être modi-
ilée : à chaque fois que I'accélération devient plus petite
qu'une constante universelle égale à 1 A par seconde  car-
:ee. alors Ia force de gravitation ne décroÎt plus comme le
-arré de la distance. mais seulenent  comme la distance' Et
-a force d'a$racti",n n'est plus proportlonnelle  à la masse
du corps qui attire, mais à sa racine carrée' La force de gra-
vité reste alors d.ans ce régime plus intense que ce que pré-
voit la loi de Newton. Si nous interprétons  les observations
à Ia lumière de la loi de Newton non modifiée,  ceci nous
fait croire qu'il y a plus de masse qu'il n'y a en réalité' Bien
sûr, la modification de Ia loi de la gravitation impliquerait
beaucoup de conséquences, dont I'impact n'est encore pas
totalement compris, que ce soit pour les amas de galaxies
à grande échelle, ou pour le début de I'Univers' Cette piste
est aujourd'hui explorée activement,  même si elle est ardue
car il n'est pas facile de modifier Ia version actuelle de Ia loi
de la gravitation, la théorie de la relativité générale d'Eins-
tein. Il faut noter toutefois qu'elle a reçu un fort encou-
ragement par Ia découverte en 1998 de I'accélération de
I'expansion de I'Univers. Cette découverte a en effet obligé
les astronomes  à inventer un nouveau composant  de I'Uni-
vers, l'énergie noire, dont 1'effet répulsif pourrait expliquer
I'accélération de l'expansion (car Ia matière seule doit au
contraire la ralentir)' Une gravité modifiée, elle, pourrait
expliquer  I'accélération de l'expansion sans recours à un
hypothétique  secteur noir de I'Univers, énergie et matière'
comptant aujourd'hui pour 95 % de son contenu total'
Quelle que soit la direction privilégiée par les ph1'si-
ciens ou les astronomes pour leurs études, il est certain
maintenant que le problème de la matière noire ne va pas
être résolu demain, Même si des particules  nouvelles sotlt
détectées au LHC, il faudra prouver qu'elles possèdent ia
stabilité requise et existent en nombre suffisant dans l'Lni-
vers pour compter pour B0 % de la matière  totale. Il existait
pour le Wimp un "miracle", une coïncidence,  qui le faisait
exactement  correspondre à toutes les propriétés  recher-
chées. Apparemment,  ce n'est toutefois pas la solution
choisie par la nature.,. De même, si des particules étaient
enfin trouvées  par les détecteurs  souterrains comrne LL\'
il faudrait un certain temps pour comprendre quelle es:
leur nature, et à quelle extension de la théorie des pa:::-
cules elles correspondent, Les théories d'une grat-ité nt'-c'-
fiée ne sont elles aussi qu'au début de leur développenen:'
Au milieu d'une telle incertitude, il est difficile de prir iie-
gier une piste plutôt qu'une autre I  e
Spécialiste de la formation ei :e
l'évolution  des galaxies.  Francoise Cor:'bes
est titulai'e de la cha're -3= : ' :: ::
cosmologie au Col à:= ==i-=---z -= z
est menbte celÀc:::-  = :::  :::-:::
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