DIFFUSION GÉNÉRALE
OCDE/GD(93)41
MIGRATIONS ET COOPÉRATION INTERNATIONALE :
LES ENJEUX POUR LES PAYS DE L’OCDE
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR L’OCDE, LE CANADA ET L’ESPAGNE
Madrid, 29-31 mars 1993
LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION EN ALGÉRIE
ET LES FORMES NOUVELLES DE COOPÉRATION INTERNATIONALE :
IMPACTS SUR L’EMPLOI ET LA MIGRATION
par
Mohamed Tayeb KASMI
ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES
Paris 1993
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Le rapport ci-joint a été établi par Mr. Mohamed Tayeb Kasmi, Economiste
consultant, Alger. Il fait partie des documents de référence qui seront
examinés au cours de la deuxième session, point B. sur "Le développement
interne, intégration régionale : effets sur l’emploi et les migrations".
Les vues exprimées sont celles de l’auteur et n’engagent ni
l’Organisation, ni les autorités nationales concernées. Ce rapport est publié
sous la responsabilité du Secrétaire général.
Copyright OCDE, 1993
RÉSUMÉ
L’importance prise par le secteur du bâtiment et des travaux publics
(B.T.P) dans l’économie algérienne constitue un facteur d’accélération des
créations d’emplois, compte tenu des forts effets d’entraînement sur d’autres
activités en amont ou en aval. Ce secteur représente aussi un champ privilégié
pour le développement d’une coopération internationale dont l’objectif
principal consisterait à créer des emplois, notamment pour les jeunes, qui
constituent la majorité de la population.
Le B.T.P, qui vit actuellement une crise de croissance, résultant d’un
ensemble de contraintes endogènes et exogènes, recèle également des atouts de
nature à l’engager, à nouveau, dans un processus de développement mieux
équilibré. Les obstacles à surmonter concernent les dysfonctionnements dans
l’organisation des acteurs économiques et l’absence de filières de
construction, structurées et performantes, susceptibles de répondre plus
efficacement aux besoins du marché. Le cycle de production connaît aussi des
ruptures fréquentes d’approvisionnement et des arrêts de matériels et souffre
d’une maîtrise insuffisante des méthodes modernes d’organisation et de gestion
de la production.
Un bilan critique des programmes de coopération en matière de
construction fait apparaître le manque de continuité des opérations engagées et
leur limitation à la seule puissance publique, les blocages institutionnels
liés à la rigidité de la législation sur les mouvements internationaux de
capitaux en Algérie et enfin, l’absence de mécanismes appropriés d’incitation
pouvant favoriser le développement de la coopération internationale dans le
domaine de la construction malgré l’ampleur des besoins à satisfaire.
Selon l’auteur, la coopération internationale, pour atteindre l’objectif
de création d’emplois au niveau local et par là, de réduire l’incitation à
émigrer, gagnerait d’une part à être orientée vers la résolution des facteurs
de blocage du développement du secteur de la construction et d’autre part à
tendre vers la mobilisation des énergies humaines et matérielles disponibles
dans le pays et qui sont souvent importantes. Les politiques de coopération à
promouvoir en la matière pourraient revêtir des formes diverses allant du
soutien technico-financier à l’encouragement des relations de partenariat entre
entreprises algériennes et entreprises des pays de l’OCDE. L’assistance
technique, le transfert de technologies et la formation constituent aussi des
axes de coopération internationale. L’auteur souligne, en outre, que
l’encouragement à la création d’entreprises par les jeunes va de pair avec les
actions de coopération dans le domaine du développement des équipements
collectifs dans les zones rurales. L’existence de conditions d’activité et de
vie plus attrayantes représente un élément susceptible de réduire l’incitation
à émigrer.
LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION EN ALGÉRIE ET LES
FORMES NOUVELLES DE COOPéRATION INTERNATIONALE :
IMPACTS SUR L’EMPLOI ET LA MIGRATION
Mohamed Tayeb KASMI,
Dans une économie en développement, les activités de construction
revêtent une grande importance dans le domaine de l’emploi. L’extension de la
coopération internationale dans ce secteur ne pourrait que contribuer à
augmenter le niveau de l’emploi et, de manière indirecte, freiner l’incitation
à émigrer. Le cas de l’Algérie paraît, à cet égard, significatif, compte tenu
de la place déterminante qu’occupe le secteur de la construction dans
l’économie du pays, de la structure démographique de la population, à dominante
jeune et des fortes tentations d’émigration de certaines catégories de la
population, notamment à destination des pays de la Méditerranée occidentale.
La première partie du document mettra en évidence l’importance et le
poids du secteur du bâtiment et des travaux publics (B.T.P) dans l’économie
algérienne, notamment en termes de croissance et d’emploi. La deuxième sera
consacrée à l’analyse des perspectives d’évolution du marché de la construction
et les effets induits sur l’emploi et les migrations. Enfin, la troisième
présentera quelques propositions d’actions de coopération internationale, mieux
adaptées au développement des activités de construction, susceptibles de
générer des emplois locaux et de réduire, à terme, l’incitation à émigrer.
1. Importance du secteur de la construction dans la dynamique de l’emploi
et de la croissance économique en Algérie
Le secteur du bâtiment et des travaux publics (B.T.P) occupe une place
stratégique dans l’économie algérienne et joue un rôle déterminant dans le
processus de développement. Il exerce, de par sa production et ses
consommations intermédiaires, des effets d’entrainement sur de nombreuses
activités, en amont et en aval du cycle productif (1). Il contribue de ce fait,
à la satisfaction des besoins économiques et sociaux et constitue un vecteur
décisif de croissance et de création d’emplois. Les activités de ce secteur
couvrent l’habitat, qui représente la part dominante du marché, du bâtiment non
résidentiel (éducation, santé, tourisme) et des travaux publics (routes,
barrages, etc.). Le bâtiment, au sens large, qui absorbe 75 pour cent de
l’investissement du B.T.P. est celui qui, de par la nature et les
caractéristiques technico-économiques de son processus de production, utilise
le plus de main-d’oeuvre. Le poids relatif des facteurs travail et capital
s’élève respectivement à 73 et 27 pour cent. Il est, par conséquent, un champ
potentiel privilégié pour la création d’emplois (2).
{Poids du secteur dans l’économie algérienne}
La production du B.T.P en 1990 atteint environ 88 milliards de dinars
algériens (DA). Ce qui représente près de 20 pour cent de la production
intérieure brute (PIB), contre 12 pour cent en 1978 et 8.5 pour cent en
1970 (3). La branche B.T.P occupe également en 1990 la première place en termes
d’emploi pour les activités non agricoles, avec 682 000 personnes occupées,
soit 30 pour cent de la population totale employée (hors agriculture et
administration) (4).
L’importance prise par le secteur de la construction dans la dynamique
du développement a été un facteur d’accélération des créations d’emplois.
Ainsi, au cours des deux dernières décennies, le B.T.P a participé pour près de
30 pour cent à la création d’emplois. En valeur absolue, le niveau de l’emploi
dans le B.T.P a évolué de la manière suivante, en milliers :
••• 1967• 1977• 1987 1990
Effectif employé• 71• 364• 661 682
••• 1967/77 1977/87• 1987/90
Emplois créés par
période•• 293• 297• 21
L’essentiel de l’emploi B.T.P est fortement concentré dans le bâtiment,
avec 70 pour cent, respectivement, de l’effectif global et de la valeur
ajoutée.
{Evolution de la structure du secteur et dynamique du développement}
Le développement du secteur de la construction peut être caractérisé par
quatre étapes ayant influé de manière significative sur l’emploi et les
migrations.
{Période 1962}-{1969 : secteur de faible importance}
Cette période était marquée par une faiblesse de l’investissement, d’une
manière générale, et dans le B.T.P en particulier, compte tenu de
l’insuffisance, à la fois, de la demande et de la solvabilité du marché.
L’outil de production, peu développé, était composé essentiellement de petites
entreprises. Ce secteur, encore au stade embryonnaire, comptait en 1969,
81 600 personnes, soit 8.5 pour cent de la population totale occupée (hors
agriculture) et dégageait près de 8 pour cent de la production intérieure brute
(P.I.B). Au cours de cette période, à l’exclusion des transports et de la
communication, ce secteur était classé en dernière position pour les créations
d’emplois. Durant cette période, des mouvements migratoires étaient déjà
observés, sous l’effet essentiellement de la paupérisation des campagnes. Leurs
flux étaient néanmoins réduits : 11 500 personnes, en moyenne par an,
quittaient les campagnes entre 1962 et 1969.
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