122 HENRI PALLARD
Est-il alors possible d'assurer l'universalité des droits fondamentaux tout
en respectant la diversité culturelle ? Nous retrouvons-là une véritable dis-
sonance. Certains chercheurs croient qu'il y a un fondement aux droits, fon-
dement qu'il faut aller découvrir dans une ontologie ou une métaphysique.
Quant aux spécificités culturelles, elles sont contingentes et doivent céder le
pas devant la nécessité des droits fondamentaux.
Les autres chercheurs rejettent la possibilité d'une vérité universelle à
laquelle l'être humain peut accéder. En conséquence, les droits fondamen-
taux ne possèdent aucune validité universelle.
S'étant
mis d'accord sur ce
point, ces chercheurs se divisent sur la démarche à emprunter par la suite.
Un premier groupe reste ferme et refuse toute nécessité aux droits fonda-
mentaux. Le deuxième croit qu'il y a une nécessité, une universalité qui se
creuse dans l'expérience humaine et qui surmonte la diversité culturelle.
Quelle signification devons-nous attacher aux droits fondamentaux ? Là,
nous retrouvons une véritable polyphonie, chaque chercheur épousant un
point de vue différent. Cette polyphonie porte sur une idée commune, la per-
sonne
;
mais de quelle
«
personne
»
s'agit-il ?
A.
—
Nécessité et universalité des droits fondamentaux
Selon Hassan Abdelhamid2, le fondement apodictique des droits de
l'homme se retrouve dans leur unité métaphysique, l'idée de justice qui
existe dans l'homme en tant qu'elle est vertu 3. Cette recherche récuse l'ap-
proche moderne et sa réduction de l'humain à son aspect empirique pour
retrouver la signification des droits fondamentaux dans une nature humaine
où sa dimension métaphysique est reconnue. Il faut retrouver l'unité ontolo-
gique de la personne si on veut assurer les fondements des droits de la per-
sonne 4, les garantir contre des interprétations diverses propres à chaque
culture. En recourant à l'individualité pour définir la personne, la Modernité
deviendrait incapable de découvrir un élément commun à la personne qui
dépasse les données culturelles spécifiques car elle aurait universalisé ce qu'il
y a de particulier chez l'individu
—
sa liberté. Il faut plutôt universaliser
l'être humain en tant que tel. L'universalité des droits de la personne peut
être garantie seulement par la nature universelle de l'être humain. C'est seu-
lement en retrouvant F« Homme universel
»
comme archétype idéal que l'on
peut y parvenir.
La raison universelle en tant que principe transcendantal de la nature
humaine nous permet de saisir la dimension universelle de la nature
2.
«
Les droits de l'homme et l'Homme universel
»,
dans Droits fondamentaux et spécificités
culturelles, pp. 63-80.
3.
Ibid.,
pp. 79-80.
4.
Ibid.,
p. 66.