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partis de cadres est à la fois personnelle et décentralisée. Elle fonctionne normalement au
niveau de la circonscription et les instances nationales des partis de cadres ne sont guère autre
chose que la juxtaposition d’influences locales.
2- Les partis de masse ou partis pragmatiques
Ce sont des partis largement ouverts à toutes les catégories sociales. Ils cherchent à éduquer
politiquement les masses et à former de nouvelles élites. Ces partis ont tendance à s’identifier
plus à la personne du leader qu’aux principes idéologiques solides et cohérents. Exemple : le
parti socialiste en France, le parti travailliste en Grande-Bretagne, le parti communiste de
Chine, les partis camerounais…
À la différence des partis de cadres, qui se sont créés spontanément, les partis de masse ont
été le fruit d’une volonté consciente. Les notables des partis de cadres sont peu enclins à
défendre des thèses extrêmes, surtout si elles sont contraires à leur intérêt. Ces considérations
expliquent l’apparition à la fin du XIXe siècle des partis de masse et le fait que les premiers
d’entre eux aient été des partis socialistes. Deux objectifs rendent nécessaire la création du
parti de masse : la compensation par le nombre de la faible influence sociale des prolétaires et
la finalité pédagogique. Le fonctionnement du parti de masse applique rigoureusement les
principes démocratiques. Les adhérents y sont assimilés au corps électoral. Ils élisent des
délégués aux congrès qui se réunissent périodiquement et prennent les décisions les plus
importantes : adoption et modification des statuts, élection des instances dirigeantes.
Robert Michels
a noté qu’en pratique la démocratie fonctionne très imparfaitement au sein
des partis de masse. Ceux-ci sont en proie à des tendances oligarchiques : les dirigeants en
place y jouissent d’un pouvoir considérable et difficile à remettre en question. La lettre des
statuts et les procédés démocratiques qu’ils instituent sont formellement respectés mais ils
aboutissent le plus souvent à faire ratifier par des militants des orientations préalablement
définies au sommet.
3- Les partis communistes
Les partis communistes, qui sont des partis de masse, ont finalement évolué de manière
particulière. Ils doivent leur spécificité à l’idéologie qu’ils prétendent mettre en œuvre : le
marxisme dans sa version léniniste. Le centralisme démocratique est un effort pour concilier
la démocratie (à laquelle, pour des raisons de propagande probablement, les partis n’entendent
pas renoncer explicitement) et les nécessités, tenues pour objectives du combat politique.
Dans la première phase s’appliquent les règles démocratiques : liberté des discussions et
liberté de vote. Mais, dans la seconde, une discipline de type militaire s’impose. Les militants
qui ont adopté le point de vue minoritaire doivent recourir à celui-ci pour adopter sans réserve
l’opinion majoritaire. Toute tentative de militants minoritaires pour se concerter est dénoncée
comme fractionniste et les intéressés sont immédiatement exclus. La pratique va encore plus
loin dans le sens de la négation de la démocratie. L’observation externe suffit à montrer que
Michels, Robert (1876-1936), sociologue italien d'origine allemande, l'un des fondateurs de la sociologie
politique. Né à Cologne, en Allemagne, d'un père allemand et d'une mère italienne, Robert Michels fut un
membre actif du Parti socialiste allemand entre 1900 et 1907. Après des études en Allemagne, en Grande-
Bretagne et en France, il enseigna à l'université de Marburg en Allemagne puis à Turin. S'intéressant à
l'économie et à la sociologie, il publia en allemand, en 1911, un ouvrage pionnier en sociologie politique, qui lui
apporta la célébrité. Il fut traduit en 1914 en français sous le titre les Partis politiques. S'il fut influencé par les
thèses anarchistes ou marxistes, c'est l'apport du sociologue allemand Max Weber sur la bureaucratie qui le
marqua profondément.