Page 1 sur 6
Chap. 2 LES PARTIS POLITIQUES
Sous-Chap. 2 TYPES ET SYSTEMES DE PARTI
- Définir : parti de cadres, parti de masses, parti minoritaire, parti rigide, parti souple ;
- Dresser une typologie des partis politiques ;
- Identifier les grands systèmes de partis politiques dans le monde tout en déclinant les
facteurs qui déterminent le nombre de partis et les sphères géographiques chacun
de systèmes prévaut.
INTRODUCTION
L’environnement politique n’est pas partout le même. Il peut présenter des caractéristiques
différentes d’un pays à un autre, d’une localité à une autre. Ces caractéristiques découlent
notamment de la diversité des partis politiques, mais aussi des systèmes de partis qui ne sont
pas uniformes.
I- TYPOLOGIE DES PARTIS POLITIQUES
Dans un pays, les partis politiques ne sont pas tous identiques. Plusieurs éléments peuvent
permettre de les distinguer : le nombre et la qualité des adhérents, la discipline de vote ou les
courants de pensée. En fonction de chaque élément, on aura plusieurs types de partis.
A- Les types de partis politiques d’après le nombre et la qualité des adhérents
La distinction la plus courante en sciences politiques reste celle qui est établie par Maurice
Duverger
1
entre parti de masse et parti de cadres, les partis communistes semblant selon cette
analyse présenter une viation originale du modèle du parti de masse. On peut y ajouter les
partis minoritaires.
1- Les partis de cadres ou partis doctrinaires
Ce sont des partis (de notables) qui ne cherchent qu’à recruter une certaine catégorie
d’adhérents. Il s’agit des élites représentatives de la société : cadres de l’économie, de la
finance, de l’administration, les intellectuels… Ces adhérents sont recrutés pour leur prestige
(ce qui donne une grande influence sur les électeurs), pour leur fortune (ce qui permet par
exemple de couvrir facilement les frais de campagne) ou pour leur influence morale (gage de
crédibilité et de mobilisation).
Les thèmes qu’ils défendent sont liés au libéralisme ; exemple : les partis conservateur en
Grande-Bretagne, républicain aux Etats-Unis, radical en France…
Les premiers partis ont été historiquement des partis de cadres. Il s’agissait initialement de
groupes de parlementaires réunis pour gagner les élections. Le rôle prépondérant dans ces
organisations est tenu par des notables qui possèdent la notoriété, le prestige et parfois
l’argent. Tous ces partis demeurent faiblement structurés. L’autorité qui s’exerce au sein des
1
Juriste et politologue français, auteur d’une typologie des partis politiques devenue un classique de la sociologie
politique.
Page 2 sur 6
partis de cadres est à la fois personnelle et décentralisée. Elle fonctionne normalement au
niveau de la circonscription et les instances nationales des partis de cadres ne sont guère autre
chose que la juxtaposition d’influences locales.
2- Les partis de masse ou partis pragmatiques
Ce sont des partis largement ouverts à toutes les catégories sociales. Ils cherchent à éduquer
politiquement les masses et à former de nouvelles élites. Ces partis ont tendance à s’identifier
plus à la personne du leader qu’aux principes idéologiques solides et cohérents. Exemple : le
parti socialiste en France, le parti travailliste en Grande-Bretagne, le parti communiste de
Chine, les partis camerounais…
À la différence des partis de cadres, qui se sont créés spontanément, les partis de masse ont
été le fruit d’une volonté consciente. Les notables des partis de cadres sont peu enclins à
défendre des thèses extrêmes, surtout si elles sont contraires à leur intérêt. Ces considérations
expliquent l’apparition à la fin du XIXe siècle des partis de masse et le fait que les premiers
d’entre eux aient été des partis socialistes. Deux objectifs rendent nécessaire la création du
parti de masse : la compensation par le nombre de la faible influence sociale des prolétaires et
la finalité pédagogique. Le fonctionnement du parti de masse applique rigoureusement les
principes démocratiques. Les adhérents y sont assimilés au corps électoral. Ils élisent des
délégués aux congrès qui se réunissent périodiquement et prennent les décisions les plus
importantes : adoption et modification des statuts, élection des instances dirigeantes.
Robert Michels
2
a noté qu’en pratique la démocratie fonctionne très imparfaitement au sein
des partis de masse. Ceux-ci sont en proie à des tendances oligarchiques : les dirigeants en
place y jouissent d’un pouvoir considérable et difficile à remettre en question. La lettre des
statuts et les procédés démocratiques qu’ils instituent sont formellement respectés mais ils
aboutissent le plus souvent à faire ratifier par des militants des orientations préalablement
définies au sommet.
3- Les partis communistes
Les partis communistes, qui sont des partis de masse, ont finalement évolué de manière
particulière. Ils doivent leur spécificité à l’idéologie qu’ils prétendent mettre en œuvre : le
marxisme dans sa version léniniste. Le centralisme démocratique est un effort pour concilier
la démocratie (à laquelle, pour des raisons de propagande probablement, les partis n’entendent
pas renoncer explicitement) et les nécessités, tenues pour objectives du combat politique.
Dans la première phase s’appliquent les règles démocratiques : liberté des discussions et
liberté de vote. Mais, dans la seconde, une discipline de type militaire s’impose. Les militants
qui ont adopté le point de vue minoritaire doivent recourir à celui-ci pour adopter sans réserve
l’opinion majoritaire. Toute tentative de militants minoritaires pour se concerter est dénoncée
comme fractionniste et les intéressés sont immédiatement exclus. La pratique va encore plus
loin dans le sens de la négation de la démocratie. L’observation externe suffit à montrer que
2
Michels, Robert (1876-1936), sociologue italien d'origine allemande, l'un des fondateurs de la sociologie
politique. à Cologne, en Allemagne, d'un père allemand et d'une mère italienne, Robert Michels fut un
membre actif du Parti socialiste allemand entre 1900 et 1907. Après des études en Allemagne, en Grande-
Bretagne et en France, il enseigna à l'université de Marburg en Allemagne puis à Turin. S'intéressant à
l'économie et à la sociologie, il publia en allemand, en 1911, un ouvrage pionnier en sociologie politique, qui lui
apporta la lébrité. Il fut traduit en 1914 en français sous le titre les Partis politiques. S'il fut influencé par les
thèses anarchistes ou marxistes, c'est l'apport du sociologue allemand Max Weber sur la bureaucratie qui le
marqua profondément.
Page 3 sur 6
les décisions, tant en ce qui concerne les grandes orientations politiques que le choix des
hommes, sont prises au sommet et seulement ratifiées par la base.
4- Les partis minoritaires
Ce sont des partis qui défendent les intérêts de certaines minorités. Ces intérêts peuvent être
ethniques ou régionaux ou ceux d’un secteur d’activités. Exemple : le parti des fermiers en
Suisse, la majorité des partis africains ou camerounais.
5- L’évolution de la typologie
La thèse de Maurice Duverger était porteuse d’un pronostic plus ou moins explicite. Les partis
de masse, plus puissants, mieux adaptés, allaient éliminer les partis de cadres. Or l’on constate
la survie et même la relative prospérité des partis de cadres. Le Parti conservateur en Grande-
Bretagne et l’Union pour la démocratie française (UDF) en France en constituent la preuve.
Les partis de masse ont par ailleurs évolué. Ils ont cessé de s’adresser uniquement à la classe
ouvrière. Ils ont renoncé aux programmes de transformation radicale de la société.
B- Les types de partis d’après la discipline de vote
La discipline de vote est l’exigence faite à l’élu de voter selon les indications de ce parti. Son
existence ou sa non-existence permet de distinguer d’une part les partis rigides, d’autre part
les partis souples (exemples : partis républicain et démocrate aux Etats-Unis, l’Union pour la
Majorité Populaire en France…) Exemples de partis rigides : tous les partis de masse sont
plus ou moins rigides.
C- Les types de partis selon les courants de pensée
Depuis que le suffrage universel s’est généralisé et que les partis politiques ont abondé, il a
été nécessaire que se mettent en place des repères qui puissent faciliter l’identification des
projets, des programmes et des candidats. Ces repères sont des idéologies. Les idéologies
peuvent être regroupées de façon à former une échelle à triple dimension : la droite, la gauche
et le centre. Les partis pourront se positionner sur l’un ou l’autre segment.
- Pour la droite, les doctrines défendues sont : le libéralisme et le nationalisme. Comme
valeurs morales : responsabilité individuelle, initiative privée et esprit national.
Comme thèmes développés dans les discours : exaltation de la patrie, de la rigueur
économique et la défense de l’entreprise.
- Pour la gauche, les doctrines prônées sont : le socialisme et la philosophie des
lumières. Comme valeurs morales : l’égalité et la solidarité. Comme thèmes
privilégiés : le service public, les droits de l’homme et l’émancipation des travailleurs.
- Au centre, comme doctrines, on a le personnalisme, le radicalisme. Comme valeurs
morales partagées : justice sociale et équilibre entre les extrêmes. Comme thèmes
privilégiés : l’économie au service de l’homme.
Page 4 sur 6
Toutefois, les observations sociologiques approfondies ont montré que face à des situations
concrètes, les gens qui se positionnent à gauche ou à droite ont en gros les mêmes réactions.
Par ailleurs, les bouleversements politiques qui contraignent à des choix porteurs de sens
mettent en évidence la fragilité de ces identifications comme moteur de l’action.
II- LES DIFFERENTS SYSTEMES DE PARTIS
On appelle système de parti l’ensemble des rapports entre les partis politiques. Il se dé finit
par rapport au nombre de partis qui animent la scène politique. On distingue : les systèmes
pluralistes, à parti unique et sans parti.
A- Les systèmes pluralistes
Ce sont des systèmes où plusieurs partis politiques animent la scène politique. Il peut s’agir
du bipartisme ou du multipartisme.
1- Le bipartisme
C’est un système caractérisé par l’alternance au pouvoir de deux partis politiques, les autres
petits partis minoritaires ayan-y peu de chance de conquérir le pouvoir ou d’influencer le
résultat de l’élection. Ce système des partis est très fortement intégré dans les mentalités en
Grande-Bretagne et aux États-Unis, au Japon (démocrates libéraux et socialistes).
2- Le multipartisme
Dans ce système, la compétition électorale ne se joue pas seulement entre deux partis. Ils sont
nombreux les partis qui peuvent prétendre accéder au pouvoir, que ce soit au niveau national
ou local, soit influencer le résultat des élections. Cependant, on peut observer ici un
multipartisme à parti dominant c’est le cas en Inde avec le parti du congrès, en Afrique du sud
avec l’ANC, au Cameroun avec le RDPC ; un multipartisme tempéré dans lequel les partis
concluent des alliances pour conquérir le pouvoir (exemple : Italie, Israël).
Ce système semble être la survivance de l’ancien ordre féodal. Les partis de droite
représentent les intérêts des classes privilégiées et les partis de gauche ceux de la classe
ouvrière.
Dans les pays la dispersion des forces politiques est très grande, les gouvernements se
forment à partir de majorités composites, d’où leur grande instabilité. Les gouvernements
formés dans de pareilles circonstances manquent d’autorité. Ils ne sont pas en mesure
d’encadrer et de mobiliser les masses. Le multipartisme à base tribale est un facteur de
division ; il entretient l’hétérogénéité et l’antagonisme tribal.
B- Le système à parti unique
Il suppose l’existence de droit ou de fait d’un seul parti politique sur la scène politique d’un
pays. Le parti unique se rencontre essentiellement dans les pays la démocratie ne s’est pas
développée. Le parti est au service du pouvoir en place, il est un outil de propagande et
d’imposition des politiques.
Page 5 sur 6
Les partis uniques se considèrent comme l’avant-garde ou parti-peuple. Ils ont deux variantes,
chacune avec sa justification.
Dans la conception marxiste-léniniste, le parti est l’avant-garde éclairée de la classe ouvrière.
Formé de militants aguerris à la lutte des classes et rigoureusement éduqués au niveau
idéologique, cette avant-garde a donc le droit de se considérer comme le représentant exclusif
des aspirations révolutionnaires des travailleurs. C’est pourquoi, une fois arrivée au pouvoir,
elle ne tolère ni parti concurrent, ni tendance en son sein. Exemple : le PCUS, le PCC, le PC
de Corée du Nord.
L’autre variante des partis d’avant-garde est les mouvements de libération nationale entre
1950 et 1960. Ces mouvements sont considérés comme le creuset
3
de la nation à construire
4
,
comme un foyer de résistance à l’impérialisme. Exemple : l’UNC au Cameroun, le RPT au
Togo, le MPLA en Angola…
Le monopartisme présente de nombreux avantages pour les jeunes nations. Le parti est ici le
moteur du gouvernement national ; il joue un rôle important dans l’articulation du pays en
renforçant sa cohésion ; c’est un instrument d’encadrement et d’intégration des masses dans la
nouvelle communauté ; la propagation de l’idéologie est mieux assurée du fait que le parti est
un parti de masse.
C- Le système sans parti
De nos jours, il subsiste encore dans le monde des Etats qui fonctionnent plus ou moins
démocratiquement sans parti politique. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, du Koweït, de
l’Ouganda. Ce d fut aussi le cas de la Libye de Kadhafi.
D- Les facteurs qui déterminent l’existence des systèmes de partis
1- Le système électoral peut déterminer le nombre de partis dans un pays. Le scrutin
majoritaire à deux tours et la représentation proportionnelle favorisent la dispersion des forces
politiques. Le scrutin majoritaire uninominal à un seul tour ne donne aucune chance aux petits
partis. Il détermine le regroupement des forces politiques en deux grandes formations. Le
système électoral de la liste nationale limite la dispersion des forces politiques
5
.
3
Lieu où prennent naissance, se rencontrent ou se mêlent diverses choses Exemple : un creuset de civilisations
4
C’est ainsi que la plupart des pays africains ont rejeté le multipartisme à base tribale hérité de la colonisation.
Ils ont opté pour le monopartisme qui est conforme à l’esprit communautaire et au penchant pour l’unanimité de
l’Afrique traditionnelle : « l’Homme n’est pas individualisé et il constitue seulement un élément de l’ensemble
au sein duquel il vit. Il n’y a pas de propriété privée à proprement parlé, mais une propriété communautaire dont
les individus n’ont que l’usufruit. C’est le travail qui est le seul mode de subsistance. Dans le même sens, les
Africains ont l’habitude du travail communautaire et tous les grands travaux sont effectués grâce à la
collaboration des membres du groupe. » Marcel Merle
De nombreux hommes politiques affirment que l’absence de classes en Afrique rend le multipartisme dénué de
sens.
5
« Au lendemain de l’indépendance, pratiquement tous les pays d’Afrique noire, sauf le Cameroun, ont adopté le
système de la liste nationaleLes régimes africains qui ont adopté le système de la liste nationale (…) insistent
sur le fait que cette technique permet de favoriser l’unité nationale. » Marcel Merle.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !