La saison culturelle n’est pas programmée en fonction des productions de la
Compagnie, mais se veut, au contraire, éclectique. De nombreuses compagnies
sont invitées et les domaines artistiques acceptés sont très divers : arts
plastiques, musique, théâtre, lecture, édition d’un journal, dans lequel sont
publiés les poèmes de ceux qui le souhaitent.
La saison est ouverte et payante. L’entrée coûte 5 francs.
Bien entendu, le public a pour spécificité d’être très captif, et de se trouver dans
une situation de souffrance. Les spectateurs viennent en outre particulièrement
nombreux si l’on en croit le taux de remplissage.
Lorsqu’ils se rendent au théâtre, les malades s’endimanchent et emmènent leur
famille, parents, enfants et proches. Les habitants du district viennent eux aussi
assister à certaines représentations. Ce métissage entre bien-portants et
malades constitue une motivation supplémentaire dans notre travail.
Notre ambition est de faire de ce théâtre un théâtre permanent au sein de
l’hôpital, c’est-à-dire un équipement culturel de proximité, destiné à l’ensemble
des résidents de l’hôpital et aux 25 000 habitants qui peuplent ce canton rural,
totalement sous-équipé en salles de spectacles.
Notre projet ne s’inscrit pas non plus dans une appropriation égoïste de la
définition des orientations culturelles de la saison. Il s’agit au contraire d’inviter
de très nombreuses compagnies. Elles seront onze à se produire à l’hôpital,
pendant trois semaines ou un mois. Un outil de spectacle tout à fait opérationnel
sera mis à leur disposition : moyens techniques, équipement scénique complet,
etc.
La culture ne doit pas être subie. Elle doit faire l’objet d’une démarche volontaire
ou, en d’autres termes, d’une demande de service.
Le théâtre de l’hôpital de Bligny cherche actuellement un soutien financier. Le
coût de la réhabilitation du théâtre est aujourd'hui évalué à 3,5 millions de
francs. Toujours est-il que l’existence, en milieu hospitalier, d’un théâtre ouvert
chaque jour dans la cité constituerait une expérience unique, sinon rare, sur le
territoire français.
Le théâtre pourra, à l’occasion, se muer en cafétéria. La culture, ce sont aussi
les jeux de société, la presse, la discussion en forum avec ses camarades
malades ou le personnel. La culture, c’est aussi le nivellement des
compétences : le malade devient l’égal du médecin.