En Allemagne, la loi sur la protection des animaux permet d'abattre des animaux "uniquement pour
une bonne raison". La castration et la séparation d'animaux de zoo à des fins de contrôle des
effectifs sont autorisées. "Mais être en surnombre" ne veut pas dire en Allemagne "bonne raison",
par conséquent de jeunes animaux ne peuvent, une fois nés, être abattus pour le simple motif qu'il
manque de la place pour eux. Mais ceci a également pour effet que de telles bêtes atterrissent
souvent en Suisse, dans de mauvaises conditions de détention. Ceci ne peut et ne doit en aucun
cas être une solution pour nous!
La "bonne raison" n'est pas clairement définie en Allemagne, et ce intentionnellement. La loi doit
donc refléter ce que pense le public. "Etre en surnombre" n'est pas reconnu actuellement dans le
public comme étant une bonne raison d'euthanasier. En Suisse, la situation pourrait être similaire:
les communiqués des zoos/médias concernant une possible euthanasie de jeunes animaux de zoo
suscitent régulièrement colère et soucis dans tout le pays.
Les programmes européens d'élevage à des fins de conservation (EEP) sont prévus selon
WAZA/EAZA sur une période de 100 à 200 ans. Durant cette période, il s'agirait de conserver "in
situ" les espèces animales menacées jusqu'à ce que les biotopes naturels et les conditions sur
place permettent une réimplantation. On ne tranchera pas la question de savoir si ceci conviendra
uniquement pour une partie des espèces respectives élevées dans le cadre de l'EEP. Mais il est
également cynique de considérer uniquement comme du "matériel de production" génétique les
animaux vivant aujourd'hui dans des zoos, matériel qui sera déterminant éventuellement dans 200
ans, et non pas comme des individus qui vivent ici et maintenant! Exploiter des zoos à l'heure
actuelle, autrement dit faire, entre autres choses, de la "gestion génétique" - voilà qui n'a rien à
voir avec la protection des animaux! Ce d'autant plus que les découvertes les plus récentes issues
de la dénommée épigénétique laissent présumer qu'une information génétique sera activée ou
désactivée au début de l'enfance selon les circonstances de la vie - et sera alors transmise en
conséquence aux descendants. Il est donc fort probable que même des espèces animales élevées
avec le plus grand soin au zoo se distingueront nettement au plan génétique, après quelques
générations, de leurs congénères vivant à l'état naturel et ne seront éventuellement plus aptes à
vivre en liberté dans le milieu naturel! Au zoo, les animaux sauvages perdent au fil des générations
des traditions comportementales qui leur ont été transmises dans leur vie en liberté. Il est par
conséquent douteux qu'ils puissent être réintroduits dans la nature.
La protection des animaux devrait argumenter en fonction de l'animal pris individuellement, au plan
éthique et philosophique et ne pas se laisser imposer les arguments purement
écologiques/biologiques des zoos. La protection animale est une tâche concrète entreprise dans
l'intérêt des animaux considérés individuellement. L'argument écologique des zoos n'exprime
qu'une partie de la réalité. "Dignité" et "droits" des divers animaux devraient être à notre avis des
arguments tout aussi importants que la "protection de la nature" et la "biodiversité"!
Si les zoos étaient, en qualité de "conservateurs des espèces", logiques et orientés vers l'objectif,
ils n'élèveraient pas des hippopotames, des ours bruns, gorilles et tigres, dont le comportement et
la biologie sont complexes et dont la réintroduction dans la nature demeure très problématique -
mais des reptiles! Ceux-ci sont bien plus aisés à réintroduire, ne sont pas dotés de comportements
sociaux complexes comme les mammifères, ont des besoins en espace très limités, ne serait-ce
qu'en raison de leurs corps poïkilothermes, et sont attrayants et adaptés en tant "qu'objets
pédagogiques" pour la protection des espèces et de la nature.
Le zoo montre une faune sauvage hors de son milieu, sans les forces de la nature (par ex. des
situations de pénurie et d'urgence; une flore et faune des plus variées, en symbiose et