AIRBNB Thème : le tourisme chez l`habitant

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Mardi 12 Novembre 2013
Office du Tourisme et des Congrès de Paris
Conférence : AIRBNB
Conférence menée par Olivier Grémillon, Directeur Europe de l’Ouest.
Conférence retranscrite par les étudiants du Master 1 TOURISME de l’IREST,
Spécialité Gestion des Activités Touristiques et Hôtelières
AIRBNB : jeune société créée en 2008 et qui dispose de 13 bureaux dans le monde, première
plateforme d’hébergements pour les particuliers.
Thème : le tourisme chez l’habitant, quel impact économique pour les
villes ?
Plan :
I.
Les débuts d’AIRBNB
II.
L’économie du partage
III.
AIRBNB, comment ça marche ?
IV.
Chiffres
V.
Impact local : l’exemple de Paris
VI.
Concours sur le thème : quelle est la meilleure manière d’accueillir
les voyageurs ?
VII. Questions
AIRBNB est une nouvelle façon d’envisager le voyage.
Les débuts d’AIRBNB
I.
AIRBNB a été créé en 2008 dans le but de résoudre un problème : Les deux
fondateurs,
Brian et Joe, étaient colocataires à San Francisco et venaient de subir
brusquement une augmentation de leur loyer de 25%. Disposant d’une chambre vide, ils
décident alors de lancer un bed and breakfast. Mais, n’ayant pas de lits dans cette chambre, ils
ont alors installé des matelas pneumatiques, c’est ce qui a donné le nom de l’entreprise :
AirBed & Breakfast.
L’interaction avec les locataires leur a beaucoup plu et ils décident donc de créer un
site internet avec un troisième fondateur, Nath, informaticien (ancien colocataire de Joe). Ils
ont des idées mais pas d’argent, ni de notoriété. Ils dessinent alors des boites de céréales à
l’effigie des deux candidats à l’élection présidentielle américaine de 2008, Obama O’s et
Cap’N Mc Cain. Ils collectent 30 000$ avec la vente des boites de céréales et se font inviter
sur le plateau de CNN ce qui leur permet de parler de leur site internet.
II.
L’économie du partage
Exemple de la perceuse : une perceuse est utilisée en moyenne 12 minutes sur toute sa
durée de vie. Il y a beaucoup de biens que l’on utilise en dessous de leurs capacités. Beaucoup
de gens ont des appartements qui restent inutilisés lors de leurs départs en vacances, et cela
correspond souvent au moment où la demande de logements pour les vacances est importante.
Qu’est ce que l’économie du partage ?
« L’économie du partage désigne un modèle économique où l’usage prime sur la propriété ».
Pourquoi cela fonctionne-t-il ?
Cela fonctionne pour des raisons sociétales (évolution des mentalités), raisons économiques
(la création d’AIRBNB concorde avec les effets de la crise économique), des raisons
écologiques et des raisons technologiques (les technologies de l’information et de la
communication facilitent les échanges). « La technologie réduit les couts de transactions,
rendant le partage plus abordable et plus simple que jamais – potentiellement à bien plus
grande échelle ».
Les politiques s’intéressent aussi à l’économie du partage : réactions du Maire de San
Francisco face aux catastrophes naturelles, conférence avec Fleur Pellerin (ancienne ministre
du gouvernement français), actions du Maire de Séoul visant à promouvoir le partage et à
placer le collaboratif au centre des préoccupations de la ville, ou encore le Comité
Economique et Social Européen en Septembre 2013 qui a eu lieu à Bruxelles. Cela prend de
l’ampleur dans l’usage et dans la réflexion des institutions.
Le phénomène couvre tous les secteurs. Derrière tous les modèles, il y a des ressources
sous-utilisées et les plateformes de partage permettent d’optimiser l’utilisation des
ressources : location de voiture, repas chez l’habitant, location de matériel, hébergement chez
l’habitant, recyclage, covoiturage, échange de vêtements, financement collaboratif, prêts entre
particuliers, partage de connaissances.
III.
AIRBNB, comment ça marche ?
On peut louer un appartement, un château ou une villa pour une durée variable.
AIRBNB propose des lieux uniques : bien situés, avec des vues incroyables, des offres
luxueuses,…
Le site permet de faire des recherches en fonction des villes, des dates et l’on a accès à
des annonces. Le paiement se fait en ligne. Il existe plusieurs façons pour vérifier
l’identification des hôtes : passeport, réseaux sociaux, mails mais aussi à travers les notes et
les commentaires des locataires. Seules les personnes ayant réalisé des locations peuvent
laisser des commentaires, et il n’y a aucune modération des commentaires (à l’exception de
ceux à caractère racistes ou sexuels). Le paiement est fait en différé, c’est-à-dire que la
somme est créditée seulement 24 heures après l’arrivée des locataires pour permettre de
vérifier la réalité de l’annonce et d’éviter les mauvaises surprises. Le service client est
disponible 24h/24 et dans une trentaine de langues. Si l’annonce n’est pas fiable, le locataire
peut appeler le service client sous 24h : c’est ainsi que le paiement en différé est utile puisque
le versement aux propriétaires peut être annulé.
Ils essayent de réduire les freins pouvant exister, particulièrement chez les
propriétaires, en leur offrant une garantie pouvant couvrir jusqu’à 700 000€. Le site propose
également un service de photographie gratuit fait par des professionnels pour les propriétaires
afin de mettre en valeur leurs logements. Cela rassure également les locataires puisque ça
implique qu’une personne d’AIRBNB est passée dans le logement avant la mise en location.
L’accès au site et la mise en ligne des logements sont gratuits, la rémunération passe
uniquement par des commissions : 3% du prix auprès des propriétaires et 6% auprès des
voyageurs.
De plus, ils essaient de valoriser au maximum les connexions sociales, on peut ainsi
voir si un de nos amis de Facebook est déjà passé dans le logement et voir ce qu’il en a pensé.
IV.
Chiffres
-
500 000 logements
-
35 000 villes
-
192 pays
-
8 millions de voyageurs venant de 150 pays dont la moitié dans l’année 2013
V.
Impact local : l’exemple de Paris
Propriétaires / Hôtes : moyenne d’âge de 37 ans et ils louent essentiellement leurs
résidences principales (83%) de manière ponctuelle.
39% des gens deviennent hôtes afin de conserver leurs logements et 20% le
deviennent pour mener à bien des projets personnels ou créer une nouvelle activité. Les
propriétaires gagnent en moyenne 297€ par mois et dépensent cette somme de la manière
suivante : 140€ dans des dépenses courantes, 78€ pour des vacances, 40€ comme de l’argent
de poche, 18€ dans de l’épargne longue durée et 21€ dans d’autres dépenses.
Les voyageurs à Paris : 35% viennent d’Europe, 36% d’Amérique du nord, 9% de
France, 13% d’Asie et d’Océanie, 6% d’Amérique du Sud, 1% d’Afrique avec une moyenne
d’âge de 42 ans. Ils choisissent ce type de voyage tout d’abord dans une visée de tourisme
familial (54% des voyageurs viennent en famille) et 90% des voyageurs recherchent plus
d’équipements que dans une chambre d’hôtel (cuisine…). De plus, cela permet de vivre
l’expérience d’une vie locale authentique (93% des voyageurs veulent vivre comme des
locaux) et 70% des logements où vivent les hôtes se situent en dehors des principaux quartiers
hôteliers. Il y a une complémentarité géographique entre les logements et les hôtels. Les
voyageurs AIRBNB restent en général plus longtemps (5,2 nuits contre 2,3 nuits en hôtel) et
dépensent plus (865€ au lieu de 439€). Les voyageurs économisent sur le logement (41€ au
lieu de 100€) et ils le réinvestissent dans des activités dans la ville (125€ au lieu de 82€).
Parallèlement à l’essor d’AIRBNB, les taux d’occupation (80%) et les prix (164 € prix
moyen) des hôtels à Paris ont atteint des niveaux record.
Impact économique qu’AIRBNB peut avoir sur la ville de Paris : 185 millions d’euros
sur une année et 1100 emplois induits à Paris. Pour New-York, 632 millions de $ et 4577
emplois induits, pour Sydney, 214 millions AUD$ et 1642 emplois et enfin pour Berlin, 100
millions d’€ et 3166 emplois.
VI.
Concours sur « quelle est la meilleure manière d’accueillir les
voyageurs ? »
La dimension économique est vite oubliée et la relation entre les propriétaires et
voyageurs devient très vite amicale avec des cadeaux, des visites personnalisées,… créant des
expériences exceptionnelles. En effet, on rentre dans l’intimité des gens, on échange des
bonnes adresses…
Sur le site www.airbnb.fr/live/open , on peut découvrir le lancement d’une nouvelle
application pour les Smartphones et une réflexion sur les nouveaux standards d’hébergements.
VII. Questions
Michel TIARD, professeur à l’IREST : une partie des hébergements sur Paris ne sont pas des
résidences principales, sur ce point il y a un certain nombre de polémiques et de retour en
arrière des élus car il a été affirmé que cela faisait sortir un certain nombre de logements du
parc locatif.
Sur les résidences principales, il n’y a pas de débat car cela permet d’optimiser
l’utilisation et cela n’a pas d’impact sur les hôtels et les logements locatifs. La discussion est
sur les 17% de résidences secondaires avec une politique de la ville pour développer le
logement potentiellement au détriment du tourisme. Sur les 17%, une partie ce sont des pieds
à terre, cela n’impact pas le logement locatif mais la Mairie essaye de prévenir l’achat de
logement juste pour faire de la location courte durée, ce qui enlève des logements pour les
locataires parisiens. Il faut donc limiter les logements faisant uniquement de la location courte
durée. La discussion porte sur le « bon » nombre d’appartements réservés à la location courte
durée. Il y a une discussion au Parlement pour réguler ce phénomène au niveau national et qui
dit que pour les résidences secondaires ce sont les villes qui doivent faire des démarches
particulières de changement d’usage des appartements ou donner des autorisations
temporaires de location courte durée.
Eva FRESSE, étudiante en M1 EDTI: quelles sont vos missions en tant que directeur AirBnb
Europe de l’ouest ?
Je chapote plusieurs pays et je fais en sorte que le service se développe dans cette
partie et de faire rencontrer l’offre et la demande. Au début, on avait essentiellement de
l’offre, aujourd’hui cela est rééquilibré. La France a une équipe de 20 personnes qui se
baladent en France pour présenter le service à des propriétaires potentiels, en ce moment sur
les stations de ski avec la ville de Chambéry. Sur la demande, on fait du marketing, des
articles dans la presse mais ce qui fonctionne le mieux c’est le bouche-à-oreille car cela
enlève un maximum de freins. Notre croissance est actuellement à 3 chiffres.
Assistance : Vous présentez des logements vides et en même temps des logements avec les
propriétaires. Quel est le profil le plus répandu ?
La moitié de nos logements sont sur des logements vides et l’autre moitié sur des
propriétaires qui louent une chambre et qui restent dans le logement. En Angleterre, on a plus
de chambres chez l’habitant tandis qu’en France, c’est plus des logements vides. Les
voyageurs n’ont pas tous les mêmes attentes, pour des gens en couple ou seul, ils préfèrent
des chambres chez les habitants pour se mêler à la population locale. Même dans les
logements vides, il y a une communication entre les deux parties avec une interaction en
amont du voyage. Cela permet d’apprendre des langues ou de se faire un réseau dans le
monde afin de voyager plus tard. Il y a une interaction possible par mail dans les deux cas.
Barbara SIN, étudiante en M1 GATH : êtes-vous en concurrence avec le coach surfing ?
On a un aspect similaire avec la communauté mais la différence c’est le prix, le coach
surfing, c’est gratuit. Beaucoup d’anciens coach-surfeurs utilisent AirBnB pour voyager. On a
des philosophies similaires mais ce n’est pas le même segment de marché.
Michel TIARD, professeur à l’IREST : Paris est très visible de l’étranger, il y a une demande
mais y a-t-il des demandes pour des villes françaises que vous n’attendiez pas avec une
demande supérieure à l’offre ?
Au début, on avait des produits très urbains, actuellement on se développe en dehors
des principales villes comme dans les régions de la méditerranée, la Corse, le Sud-Ouest. On
observe également des pics de réservation sur certaines villes notamment lors d’événements
comme sur Lyon avec une conférence de chirurgiens, également pendant les vacances selon
les zones… On a des logements dans des lieux atypiques : la résidence qu’occupait Obama à
Hawaï, une île aux îles Fidji, un Etat (celui du Lichtenstein), des lieux habités par des
personnalités, la tour de Saint Pancras à Londres,…
Responsable de l’observatoire de l’OTCP : combien d’appartement sont loués sur Paris via
AIRBNB et quels sont les axes de développement et avez-vous une réflexion sur la clientèle ?
On a plus de 15000 appartements disponibles à Paris mais pas toute l’année. Sur Paris, on ne
fait pas de campagnes particulières pour avoir de nouveaux appartements mais on fait des
rencontres avec les propriétaires pour répondre à leurs questions ce qui permet d’entretenir le
bouche-à-oreille. On est passé de 4000 logements début 2012 à plus de 15000 appartements
aujourd’hui. On va de logement à 30€ la nuit à 1000€ la nuit, les locataires de cet appartement
sont en majorité des hommes d’affaires. Le design du site est épuré et les offres sont variées,
cela convient à tous les types de touristes.
Responsable de l’observatoire de l’OTCP : Vous avez une idée de la part Loisirs/affaires en
termes de fréquentation ?
20% affaires comprenant les gens pour le business, les gens pour des congrès,… et
80% clientèle touristique. On a beaucoup de pics sur des villes en fonction des événements
qui s’y passent.
Assistance : dans les axes de développement, avez-vous prévu d’instaurer un yield
management avec des changements des prix en fonction des saisons ou des lieux ?
Le prix est fixé par le propriétaire, certains font une sorte de Yield mais ils sont très
peu. On leurs dit de regarder le prix autour d’eux, de mettre au début un prix inférieur à leurs
attentes pour avoir les premiers commentaires et il existe un tableau de bord pour savoir
combien de personnes ont vu leurs hébergements sur le site. Les propriétaires peuvent
changer leur prix tous les jours.
Michel TIARD, professeur à l’IREST : Savez-vous si certain de vos clients enchainent des
locations pour faire un circuit européen ?
Oui certains le font, soit ils planifient tout avant, ou au jour le jour avec les Smartphones en
arrivant de l’avion. Par exemple, des personnes ont fait un tour de l’Europe on réservant
uniquement des hébergements par AirBnB. Des autres personnes ont fait un tour du monde
pendant sept mois uniquement avec AIRBNB (sauf une nuit).
Linda BOUKHRIS, professeur à l’IREST : peut-on revenir sur votre business modèle ?
Si vous mettez votre appartement à 100€, vous gagnerez 97€ et le voyageur va payer
106€, il y a 3 % de frais de services qui sont payés par l’hôte et 6 à 12 % pour le locataire.
Les pourcentages de frais de services varient en fonction du prix. Il n’y a aucune publicité sur
le site internet de AirBnB et cela ne fonctionne pas par système d’abonnements, les frais de
services sont payés seulement s’il y a une réservation.
Linda BOUKHRIS, professeur à l’IREST : La répartition des équipes ?
On a 700 personnes avec 300 personnes au service client, 150 personnes qui
développent le site, 140 personnes dans les bureaux et des personnes au siège. Le service
client représente la plus grosse partie pour pouvoir répondre aux questions des internautes et
surtout des propriétaires.
Assistance : l’économie du partage est caste, le séjour englobe différents types de prestations,
avez-vous essayé de créer des packages ?
On échange beaucoup avec d’autres plateformes mais on n’a pas fait de packages. On
a des utilisateurs qui recoupent pas mal. Cela pourrait être envisagé un jour, mais les clients
de AirBnB le font déjà très bien sans notre aide.
Assistance : dans les autres pays, quel est la place des pays émergents ?
La part augmente, mais cela diffère en fonction des pays. Il y a de plus en plus
d’acteurs venant de Chine, du Brésil. En Afrique, le Maroc et l’Afrique du Sud marchent bien
mais on a des soucis dans d’autres pays avec par exemple en Tunisie, avec un attentat qui a
freiné les touristes. Il y a une instabilité politique dans pas mal de pays en Afrique qui est une
cause de leur faible importance sur la plateforme.
Morgan MORVAN, étudiant en M1 DATT : Qu’en est-il de la sous-location ?
Quand on est locataire, on peut sous-louer si l’on a l’accord du propriétaire et si l’on
ne facture pas plus que le loyer. Il y a de plus en plus de propriétaire qui sont d’accord car
cela solvabilise leurs locataires. Ce qui est plus compliqué c’est quand le bailleur appartient à
une institution.
Morgan MORVAN, étudiant en DATT : Comment pouvez-vous être sûr que le propriétaire
est d’accord et qu’ils ne font pas de marge ?
Nous on met en relation, on informe sur les réglementations, les hôtes sont
responsables du reste. Pour les impôts, on leur explique comment payer les impôts en
remplissant la case prévue à cet effet (revenus de la location) sur leur déclaration de revenus.
Ceux qui ne payent pas sont responsables. On offre une vraie traçabilité ce qui donne une plus
grande transparence.
Assistance : les logements sont dans des quartiers plus populaires que bourgeois, avez-vous
une explication ?
Dans certains quartiers, il y a peu de logements car les mentalités n’ont pas encore beaucoup
évoluées ou que ce sont des quartiers d’affaire. D’autres disent qu’AIRBNB est un truc de
bobo ou que les quartiers que l’on a envie de visiter sont des quartiers populaires qui sont plus
vivants. Une augmentation des locations serait intéressante dans le 16ème arrondissement.
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