Pluie La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des

Pluie
La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre
c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes
probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, / une fraction intense /
du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des
gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d’ un grain de blé , d’ un pois ,
ailleurs presque d’ une bille . Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court
horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots
convexes. Selon la surface entière d’un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en
nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses
de la couverture. De la gouttière attenante elle coule avec la contention d’un ruisseau creux sans
grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tressé,
jusqu’au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes.
Chacune de ses formes a une allure particulière : il y répond un bruit particulier. Le tout vit
avec intensité comme un mécanisme compliqué, aussi précis que hasardeux, comme une
horlogerie dont le ressort est la pesanteur d’une masse donnée de vapeur en précipitation.
La sonnerie au sol /des filets verticaux, /le g
glou-g
glou des g
gouttières,/ les minuscules coups
de g
gong
g se multiplient et résonnent à la fois en un concert sans monotonie, non sans délicatesse.
Lorsque le ressort s’est détendu, certains rouages quelque temps continuent à fonctionner,
de plus en plus ralentis, puis toute la machinerie s’arrête. Alors si le soleil reparaît tout s’efface
bientôt, le brillant appareil / s’évapore : il a plu./
Idées essentielles :
-
-
-
-
-
-
-
Problématique :
Plan :
I.
A.
B.
C.
II.
A.
B.
C.
III.
A.
B.
C.
Preuves :
JE CITE JE NOMME J'EXPLIQUE
La pluie
je la regarde tomber
c’est un fin rideau
la pluie court
elle se suspend
elle ruisselle
elle coule elle choit
elle se brise
Chacune de ses formes
Reprises pronominales
Pronom personnel « elle »
Le groupe nominal « la pluie »
Le groupe nominal n'est utilisé
que deux fois dans le texte :
dans le premier paragraphe. Ce
groupe nominal est rappelé
dans la dernière phrase du
poème, avec la chute : « il a
plu ». Cette fois, c'est le verbe
« pleuvoir ».
Dans la suite du texte, le poète
utilise des pronoms, qui ont
tendance à :
1°) nous faire oublier qu'il parle
de pluie
2°) personnifier la pluie : le
lecteur a le sentiment qu'il parle
davantage d'une personne que
d'une chose, la pluie.
Tout le travail du poète consiste
à donner l'illusion que la pluie
devient autre chose, sous son
regard, grâce au travail de
l'écriture, de l'imagination.
Ce sera vrai pour d'autres
poèmes du recueil,
évidemment.
dans la cour
Au centre
A peu de distance des murs de
droite et de gauche
Ici
ailleurs
Sur des tringles, sur les
accoudoirs de la fenêtre
sur la face inférieure des mêmes
obstacles
De la gouttière attenante
Indications spatiales
Indications de lieu
Dans le premier paragraphe, la
description est organisée,
balisée par des connecteurs
logiques : il y a un ordre bien
précis, celui du regard (puisque
dès la première phrase le poète
écrit : « La pluie, dans la cour
je la regarde tomber »).
Nous suivons donc le regard du
poète : la cour, d'abord, puis, les
murs, les fenêtres, la gouttière,
enfin le sol.
jusqu’au sol
je Pronom personnel de la
première personne
Le pronom personnel « je »
n'apparaît qu'une fois, dans la
première phrase. Par la suite, il
s'efface complètement.
Ce n'est pas le cas dans tout le
poème. Ici, le poète est
admiratif du spectacle de la
nature (spectacle quelconque,
banal : qui regarde la pluie
comme cela?) : il disparaît pour
n'évoquer que la beauté de ce
spectacle.
tomber, descend
tombent
court
ruisselle
coule
choit
se brise et rejaillit
Verbes de mouvements Les mouvements dominent,
dans le premier paragraphe. La
plupart de ces verbes sont des
synonymes du verbe
« tomber ». En utilisant des
synonymes, en ne se contentant
pas d'utiliser le verbe
« tomber », qui est le plus banal
(la pluie... tombe), le poète
montre qu'il aime travailler sur
la langue, sur les mots. Des
verbes, dans cette série,
constituent des intrus, en
quelque sorte : « courir »
(personnification), « se briser »
et « rejaillir » (le premier
paragraphe se clôt sur une sorte
d'apothéose : la pluie rebondit
sur le sol).
c’est un fin rideau Métaphore Dès la deuxième phrase, dans
laquelle le mot « pluie »
disparaît (provisoirement,
puisqu'il réapparaît à la ligne 6)
et se trouve remplacé par une
métaphore : la pluie devient un
rideau, sous le regard et sous la
plume du poète.
une chute implacable mais
relativement lente de gouttes
probablement assez légères, une
précipitation sempiternelle sans
vigueur, une fraction intense du
météore pur.
Enumération
Gradation ?
La deuxième phrase a la
particularité d'être longue. Le
poète énumère tout ce que la
pluie évoque pour lui : rideau,
d'abord, puis chute,
précipitation enfin. On peut
parler de gradation dans la
mesure où, en même temps que
la phrase s'allonge (la deuxième
phrase est plus longue que la
première, elle est aussi une des
plus longues du paragraphe),
l'impression rendue par la pluie
est plus impressionnante.
une chute implacable mais
relativement lente de gouttes
probablement assez légères,
elles semblent de la grosseur
d’un grain de blé
un filet parfaitement vertical,
assez grossièrement
Marques de la subjectivité Le pronom personnel « je »
disparaît après la première
phrase, mais le poète est tout de
même présent dans le texte, à
travers des expressions qui
indiquent une prise de position,
un avis. Ce sont, pour la plupart
des adverbes relativement »,
« probablement »,
« parfaitement »,
« grossièrement »). le poète
nous rappelle sa présence. Ce
n'est pas une description
objective, mais une description
subjective : la pluie vue par,
regardée par le poète. On
pourrait relier cette constatation
au titre : il y a un parti pris du
poète, un point de vue assumé.
de gouttes probablement assez
légères, # des gouttes plus
lourdes,
Ici elles semblent de la grosseur
d’un grain de blé, # d’un
pois, # ailleurs presque d’une
bille.
Sur des tringles, sur les
accoudoirs de la fenêtre la pluie
court horizontalement # tandis
que sur la face inférieure des
mêmes obstacles elle se
suspend en berlingots convexes.
Antithèses Le poète n'a pas une vision
homogène, uniforme de la
pluie. La pluie est vivante ; elle
se manifeste de façons diverses
et variées.
une précipitation
il a plu.
Polysémie
Jeu de mots
On le sait, Francis Ponge aimait
jouer avec les mots et écrivait
avec son dictionnaire Littré.
Deux expressions méritent que
l'on s'y arrête :
1°) le mot « précipitation » a au
moins deux sens dans le
dictionnaire et dans le texte :
c'est un synonyme de « pluie »
et de « vitesse ». or, le premier
paragraphe évoque les deux
idées travers les verbes de
mouvements, notamment). La
pluie est bien nommée : c'est
une... précipitation. (le mot
« chute », lui aussi, à la ligne 2,
est ambigu : est-ce une chute au
sens de barrage, comme les
chutes du Niagara) ou une chute
au sens de « tomber », comme
dans l'expression « faire une
chute » ?)
2°) La chute du poème, partie
importante est : « il a plu ».
Alors que le poète s'est attaché
à faire disparaître le mot
« pluie » (présent deux fois
seulement, dans le premier
paragraphe), il fait réapparaître
l'idée de pluie à la fin du texte,
c'est-à-dire au moment la
pluie s'achève. « Il a plu » est à
la fois un retour à la réalité
(« Moi, poète, je parlais bien de
la pluie ») et aussi l'occasion
d'un jeu de mots : « il a plu »
peut aussi se comprendre
comme « ce spectacle/ ce
brillant appareil a plu » (du
verbe « plaire ». L'ambiguïté est
possible, parce que le dernier
groupe nominal utilisé avant
cette proposition est « le brillant
appareil » (groupe nominal
masculin, non pas féminin
comme le groupe nominal « la
pluie »).
une fraction intense / du
météore pur.
La sonnerie au sol /des
filets verticaux, /le glou-glou
des gouttières,/
le brillant appareil / s’évapore :
il a plu./
Vers blancs On trouve çà et dans le texte
des alexandrins. Evidemment,
on peut considérer qu'il s'agit de
purs hasards. Mais ils se
trouvent à des endroits précis
du texte :
- à la fin de la deuxième
paragraphe, qui marque un
emballement : le mot « pluie »
disparaît pour laisser place à
une gradation (« rideau »,
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