On n’insistera jamais assez sur le rôle de veille intellectuelle que l’UNESCO a pour
mission de jouer, en tant que seule organisation du système des Nations Unies à
conjuguer éducation, science, culture, communication et sciences sociales et
humaines. Fruit d’un héritage mondial — la pensée moderne dans son inflexion
plurielle —, l’UNESCO doit être une mémoire, en même temps qu’un lieu où les
idées s’échangent, s’affrontent, se précisent et s’épanouissent.
En cette fin de millénaire, nos repères éthiques se font de plus en plus
rares et fragmentaires. Un bilan s’impose, non seulement des traditions philo-
sophiques, mais aussi du questionnement auquel elles sont soumises, ainsi que du
rôle même du penseur, aujourd’hui contesté, voire éclipsé à la fois par les techno-
sciences et par la médiatisation. Tandis que celles-ci transforment nos sociétés, on
en vient, face à l’échec des utopies successives, à se demander si le philosophe doit
— ou peut — renoncer à figurer le monde autrement.
Pour dégager de nouvelles perspectives, primordiales pour notre
réflexion et indispensables à notre action, le professeur Eduardo Portella a été
invité à lancer dès 1997 un dialogue ouvert, sans parti pris, qui porte sur cet
héritage un regard à la fois critique et constructif. Le projet Chemins de la
pensée aujourd’hui : nouveaux langages à l’aube du IIIemillénaire est né de cette
demande.
Aujourd’hui rassemblés dans ce volume, les travaux entrepris dans le
cadre du projet ne vont pas s’y arrêter. A peine ouverts, ces chemins ne prétendent
Préface