formation continueorthodontie L’ancrage squelettique “Bollard” Nouvelle utilisation Adrien Marinetti, Georges Khoury ÉVALUATION FORMATION CONTINUE 1 Des extractions de prémolaires ont été nécessaires pour permettre le recul des incisives maxillaires. ■ Vrai ■ Faux 2 Les ancrages squelettiques peuvent être utilisés au maxil■ Vrai ■ Faux laire et à la mandibule. 3 Le recul d'une arcade maxillaire ne peut pas se faire sans port d'une force extra-buccale. ■ Vrai ■ Faux 4 Les ancrages squelettiques peuvent permettre d’ingre sser ou de redresser une ou plusieurs dents. ■ Vrai ■ Faux 5 Les ancrages squelettiques initialement prévus pour un usage vestibulaire ne peuvent pas être adaptés à une pose palatine en vue d'un traitement invisible. ■ Vrai ■ Faux Les réponses à ces questions sont disponibles sur le site internet de l’ID : www.information-dentaire.com L’appareil multi-attache lingual a rendu l’orthodontie attractive auprès des patients adultes refusant le port d’appareil visible. Si l’inconfort dû à l’encombrement des attaches est maintenant grandement diminué, il reste que les porteurs d’appareils invisibles sont difficiles à solliciter pour le port d’élastiques intermaxillaires, très souvent nécessaires à l’obtention d’un bon résultat occlusal. Les ancrages squelettiques de type “Bollard” sont utilisés en orthodontie vestibulaire pour renforcer l’ancrage orthodontique antérieur ou postérieur tant au maxillaire qu’à la mandibule. Il est possible de les adapter à la technique linguale afin de corriger, sans coopération du patient, des rapports dentaires de classe II. Cet article répond-t-il à vos attentes en matière de formation continue ? : votre opinion à [email protected] L’INFORMATION DENTAIRE n° ?? - ? ?? 2007 1 formation continueorthodontie Le système « Bollard » d’H. De Clerck® (fig. 1) Le système Bollard est composé de trois éléments : - une plaque en titane perforée de deux ou trois trous est fixée à l’os par l’intermédiaire de vis mono-corticales ; - une barre de connexion de section ronde (1,5 mm de diamètre) traverse les tissus mous ; - une unité cylindrique de fixation, munie d’une vis de verrouillage, permet l’insertion d’arcs auxiliaires reliant l’ancrage squelettique à l’appareillage orthodontique. Applications orthodontiques conventionnelles De Clerck recommande trois sites anatomiques qui sont le cintre zygomatico-maxillaire, la région canine au niveau de la mandibule, et la région molaire au niveau de la mandibule. En fonction de ce site, les applications orthodontiques sont diff érentes et peuvent être séparées en quatre groupes: - distalisation du secteur antérieur ou mésialisation du secteur postérieur après une ou des extractions ; - ingression et/ou de redressement d’une ou plusieurs dents ; - traction orthopédique intermaxillaire ; - distalisation d’une arcade entière sans extraction de prémolaires. des mouvements de l’arcade tout entière. De plus, l’ancrage peut être fortement sollicité grâce à sa fixation par deux ou trois vis solidement implantées dans la corticale osseuse. Il est à noter que le risque d’infection locale est minimal en raison de la section ronde de la barre de connexion, favorisant la cicatrisation des tissus mous. L’ancrage peut ainsi rester longtemps sans souci d’infection. Les recommandations postchirurgicales à la pose d’un ancrage squelettique sont les suivantes : - faire des bains de bouche antiseptiques et brosser doucement la région implantée la première semaine après l’intervention ; - éviter de toucher l’implant avec la langue. Les forces discontinues peuvent causer la perte de l’implant quelques semaines après la chirurgie ; - mettre l’implant en charge orthodontiquement deux semaines après la chiru rgie (selon Hugo de Clerck). Pour ce faire, les arcades dentaires doivent être nivelées avant le placement de l’ancrage squelettique. En profiter pour retirer les fils de suture persistants ; - faire déposer l’ancrage squelettique dès qu’il n’est plus utile. Nous proposons un nouveau site de pose de ces ancrages, tout particulièrement adapté à la technique linguale, comme l’illustre le cas suivant. Présentation du cas clinique Cette dern i è re application est rendue possible grâce au fait que les vis de fixations sont situées à distance des racines, ce qui perm e t 2 Un jeune homme de 29 ans se présente en consultation avec un encombrement antérieur maxillaire qu’il aimerait corriger avec 3 1. L’ancrage Bolla rd: la mini plaque (M), la barre de connexion (N), l’unité cylindrique de fi xation munie d’une vis de verro u i l lage (F). 2, 3 et 4. Occlusion droite et gauche, et arcade supérieure du patient. 1 4 2 L’INFORMATION DENTAIRE n° ?? - ? ?? 2007 l’ancrage squelettique « bollard » 5 6 5, 6 et 7. Mise en place de l’ancrage squelettique après le nivellement de l’a rcade supérieure : not ez la position des dernières molaires par rapport aux unités de fi xation. 8. V i s u a l i sation du recul de l’arca d e supérieure : not ez la position des dernières molaires par rapport aux unités de fi xation et comparez avec la figure 7. 7 un appareil invisible (fig. 2, 3 et 4). Son profil est harmonieux et il n’est opportun de le modifier. Les rapports de classe II sont trop faibles pour indiquer soit des extractions de prémolaires maxillaires soit une chiru rgie d’avancée mandibulaire. Pour autant, il ne faut pas les sous-estimer car ce décalage sera plus apparent une fois les arcades alignées. Les 38 et 48 sont partiellement évoluées mais sans antagoniste. Plan de traitement Il est convenu avec le patient de procéder : - aux extractions des 38 et 48 sans antagoniste ; - à la pose d’un appareil lingual au maxillaire et à la mandibule ; - à la réévaluation du décalage de classe II une fois que les arcades seront nivelées. La possibilité de mise en place de deux ancrages squelettiques est évoquée dès le début du traitement afin que cela ne soit pas ressenti comme un échec au cours du traitement. Le patient est adressé pour les extractions des 38 et 48 chez le praticien qui procédera à la pose des ancrages afin qu’ils fassent connaissance. L’INFORMATION DENTAIRE n° ?? - ? ?? 2007 8 Évolution du cas En dix mois, les arcades sont nivelées et coordonnées faisant apparaître plus nettement le décalage de classe II. Comme prévu, la pose de deux plaques d’ancrage est effectuée sous anesthésie locale en deux temps (fig. 5, 6 et 7). Les fils de sutures sont retirés par l’orthodontiste en même temps qu’il démarre la traction deux semaines après l’intervention. Elle s’exerce grâce à une chaînette élastomérique tendue faiblement à la pre m i è re séance puis de plus en plus fort afin que toute l’arcade recule symétriquement en un temps. Un arc remplissant totalement la gorge des brackets évite les effets parasites. Fin de traitement Le recul de l’arcade maxillaire est contrôlé chaque mois en examinant la position des têtes de connexion par rapport aux tubes des deuxièmes molaires. La correction du décalage de classe II a pris cinq mois mais trois mois supplémentaires ont été nécessaires pour corriger les rotations mésio-palatines excessives dues à la traction (fig. 8). 3 formation continueorthodontie 9 et 10. Occlusion de fin de traitement. Le patient n’a jamais porté d’élastiques interm a x i l l a i res et il ne lui a jamais été demandé autre chose que de procéder à un nettoyage rigoureux de son appareil et de ses ancrages. En fin de traitement, l’appareil orthodontique est retiré et deux fils de contention sont collés de 13 à 23 et de 33 à 43. L’occlusion en ICM est normalisée (fig. 9 et 10). RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Fillion D. Orthodontie linguale, la révolution du confort. Inf Dent 2005 ; 87 (12) : 689-693. 2. Galletti-Schweitz C. et Garcia R. Orthodontie linguale une technique d’avenir. Inf Dent 2004 ; 86 (32) : 2043-2051. 3. De Clerck H, Geerinckx V. et Siciliano S. The zygoma anchorage system. J. Clin. Orthod. 2002 ; 36 (8) : 455-459. 4 Discussion Deux autres types d’ancrages extrinsèques sont utilisés en ort h odontie, ce sont les mini-vis et les implants ostéointégrés. Bien que leur mise en place soit plus simple par rapport aux ancrages Bollard, ces techniques ne permettent pas, à notre connaissance, le recul en une fois de l’arcade maxillaire sans la coopération du patient. ■ Adresse des auteurs Adrien Marinetti, SQODF 4, Boulevard Pasteur 75015 Paris Georges Khoury 87, boulevard Murat 75116 Paris L’INFORMATION DENTAIRE n° ?? - ? ?? 2007