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Avant-propos Françoise Gaill
Pendant longtemps, les discussions sur le chan-
gement climatique n’ont pas pris l'océan en
compte. Ces textes montrent que les choses
changent et que cet environnement planétaire
trouve enn sa place légitime dans les enjeux
climatiques. Quel rôle l’océan joue-t-il dans le
climat et quels sont les impacts du changement
climatique sur l’océan sont les questions abor-
dées ici.
Le climat de notre planète dépend en grande
partie de l’océan, mais qui le sait aujourd’hui ?
L’océan est le régulateur du climat mondial
grâce à ses échanges continuels avec l'atmos-
phère qu’ils soient radiatifs, mécaniques et ga-
zeux. Il absorbe, stocke et transporte dans son
mouvement la chaleur du soleil en affectant la
température et la circulation de l’atmosphère.
Sa capacité à stocker la chaleur est bien plus
efcace que celle des continents ou de l’at-
mosphère, mais on ne sait pas encore jusqu’à
quand cette capacité de stockage pour-
ra s’exercer.
Les eaux marines se réchauffent, ce qui a des
conséquences sur les propriétés et la dyna-
mique de l'océan, sur ses échanges avec l'at-
mosphère et sur les écosystèmes marins et leurs
habitats. Les récifs coralliens par exemple re-
couvrent une faible surface des océans, mais
abritent près d’un tiers des espèces marines
connues. Une élévation de moins de un degré,
au-delà d’une valeur seuil, suft à provoquer le
blanchissement et la disparition potentielle du
récif. Les conséquences sont importantes car
ces bioconstructions assurent de nombreux
services dont la subsistance directe à plus de
500 millions de personnes dans le monde.
On ne sait pas assez que chaque jour, les
océans absorbent un quart du CO2 produit par
l’homme. Il s’ensuit une modication chimique
de l’eau de mer qui se traduit par une acidi-
cation des océans. L’acidité des océans a aug-
menté de 30 % en deux siècles et demi et ce
phénomène continue à s’amplier, menaçant
directement des espèces marines.
Oui, l’océan concentre 50 fois plus de carbone
que l’atmosphère ; c’est un puits de carbone.
Des mécanismes physiques et biologiques
contribuent à l’absorption et au stockage du
carbone océanique dont l’écosystème planc-
tonique est un acteur majeur. Si la pompe à
carbone biologique est identiée, l’ampleur
de son action reste à préciser. Il faut savoir que
la diversité marine spécique ne représente
que 13 % des espèces vivantes décrites, ce qui
est peu au regard de l’immensité du volume
océanique. Est-ce lié à un manque de connais-
sances ? L’avenir le dira, mais l’espace encore
inconnu des grands fonds marins pourra peut-
être apporter une réponse s’il est exploré, car
plus de 98 % du volume de l’océan est pro-
fond. L’image d’un milieu stable et homogène
sur de vastes espaces désertiques, biologique-
ment peu actif, ne reète en fait ni la diversité
des écosystèmes profonds, ni leur sensibilité aux
changements climatiques. Surface et fond de
l’océan sont liés, au moins le constate-t-on déjà
pour la biodiversité.
Lorsque la température de l’eau augmente,
l’océan se dilate et la mer monte, et ce d’au-
tant plus vite que la fonte des glaces s’accroît.
Les modèles envisagent une hausse de plus d’un
quart de mètre dès la n de notre siècle avec
un maximum de plus de 80 cm. Quelles sont
les causes et les variabilités de ce phénomène