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Numérisation, intégration et programmation de la version numérique : rebelles.com inc.
Conception, production et marketing numérique du site www.36cordes.com: rebelles.com inc.
Avril 2001 à novembre 2002.
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Numérisation, intégration et programmation de la version numérique : rebelles.com inc.
Conception, production et marketing numérique du site www.36cordes.com: rebelles.com inc.
Avril 2001 à novembre 2002.
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Note de l’auteur : La revanche des cerveaux
Étant né avant la télévision, je suis de ceux qui s’émerveillent encore quand ils appuient sur la commande et voient
l’image apparaître dans la lucarne. Je me souviens de l’arrivée des premiers appareils de télévision dans les vitrines du grand
magasin Dupuis Frères, rue Sainte-Catherine; des centaines de «téléspectateurs» venaient admirer la tête immobile du chef
indien qui servait de mire à Radio-Canada. Cinquante ans ont passé.
Et voilà que les sorciers de la toile réalisent une grande première en numérisant les «36 cordes», ses trois cents pages
au grand complet. Ils méritent toute mon admiration pour cette prouesse technique, et mes remerciements les plus empressés.
À l’époque où fut écrit cet essai, il n’y avait pas encore d’ordinateur, ni de traitement de texte. Il fut rédigé «à la plume
fontaine» comme dans le bon vieux temps. Je trimbalais trente-six dossiers que je nourrissais patiemment de mes notes de
lecture et de mes prémonitions, des centaines de petits bouts de papier, sautillants, indisciplinés, qu’il eût été si facile de ranger
dans un ordinateur. C’était en 1978.
On me demande souvent si ce polaroïd des Québécois tient encore la route après tant d’années. Le livre étant
devenu un jeu de société, plusieurs chercheurs et communicateurs en ont proposé des versions améliorées, revues et corrigées,
des mises à jour, non sans à-propos, j’en conviens, et toujours dans les meilleures intentions du monde. Que répondre? Un
quart de siècle est un laps de temps bien court dans la vie d’une société. On le saura mieux plus tard. Certaines cordes sont
devenues «plus ou moins sensibles», d’autres ont disparu ou apparu, c’est selon; elles ont évolué avec les sujets qu’elles
décrivent. Je n’avais pas proposé une version idyllique de ceux que l’on appelait alors les Canadiens français; encore
aujourd’hui, il faut nous regarder avec nos faiblesses et nos qualités sans nous prendre pour le nombril du monde, mais non plus
pour des demeurés.
Marx (un penseur rarement cité de nos jours) disait que l’on ne fait pas son histoire de son plein gré, «que la tradition
de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ». Sans minimiser la fragilité de notre
société, ne tombons pas dans le fatalisme de la corde numéro 22. Il en va des peuples comme des individus : nos défauts
semblent nous coller à la peau alors qu’il paraît plus difficile de monter nos qualités en épingle. Mais impossible n’est pas
français. Sentir que notre évolution est positive, que nous ne stagnons pas en tant qu’individus et en tant que société serait déjà
fort louable.
Plus inquiétante est cette balance démographique qui pèse de moins en moins en notre faveur. Comme il ne semble
pas que nous voulions répéter la fameuse «revanche des berceaux» de nos grands-mères, force nous est faite d’entreprendre
la revanche des cerveaux. Notre défi pour le millénaire qui commence est bien simple : il faut créer des cerveaux et les retenir
chez nous; il faut pousser l’éducation des jeunes «à marche forcée», pallier le décrochage scolaire, promouvoir la culture et le
respect de la langue française, devenue notre grand, notre seul dénominateur commun; il faut profiter de tous les courants
porteurs de nos cordes américaines, s’associer aux nouveautés culturelles par nos cordes européennes, et ne pas rater la
mondialisation.
Il est vrai que des Québécois dirigent de grands organismes internationaux comme l’OCDE et l’IATA ; des dizaines
d’entreprises québécoises, dont Quebecor et Bombardier, prospèrent à l’échelle mondiale; nos artistes, pour ne nommer que
Céline Dion et le Cirque du Soleil, recrutent des fans planétaires; néanmoins, il nous faudrait multiplier par mille ces exemples
pour que s’accomplisse la revanche des cerveaux.
Autrement, il se pourrait que les Québécois disparaissent dans un siècle, plus ou moins, pour rejoindre la nébuleuse
des Kazars, des Romains et des Aztèques. Les historiens des civilisations perdues qui se pencheraient sur cet ultime
phénomène québécois s’étonneraient : «Pourtant, ces gens-là ne manquaient pas de cordes sensibles à leur arc.».
Jacques Bouchard
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