Rapport intermédiaire n° 1 (entre 5-10 pages) Acronyme IMU-MIC Titre du projet Intelligence des mondes urbains et risques sanitaires : cas des expositions aux agents infectieux véhiculés par l’eau de pluie Coordinateur scientifique Nom Prénom Fonction Cournoyer Benoit DR CNRS Laboratoire Téléphone Mail LEM - BPOE 06 70 12 51 66 [email protected] Liste Partenaires N° Laboratoire / Equipe Correspondant scientifique Partenaires académiques 1 LGCIE S. Barraud / G. Lipeme-Kouyi 2 EVS S. Vareilles / J. Y. Toussaint 3 LEHNA Y. Perrodin / T. Winiarski 4 LEM B. Cournoyer / D. Blaha 5 GAMA A. Aussem 6 Direction de l’Eau du Grand Lyon R. Visiedo Partenaires académiques Partenaires praticiens I. Rappel des objectifs de la période concernée 1. Mise en place d’un groupe de travail multidisciplinaire regroupant des expertises sur les pratiques sociales à l’encontre des objets urbains, sur la gestion des eaux pluviales, les expositions environnementales aux agents infectieux, et les approches informatiques de «data mining ». 2. A partir d’un « modèle » de bassin-versant industriel urbain : - étudier l’incidence des technologies de gestion des eaux pluviales sur la concentration et la diversité de micro-organismes pathogènes, et déduire leur importance dans l’exposition des populations humaines à ces micro-organismes II. Interactions entre les disciplines impliquées et la valeur ajoutée par cette pluridisciplinarité Le labex IMU a permis des rapprochements entre sciences humaines et sociales, sciences de l’ingénieur, mathématiques et sciences biologiques dont l’écologie de bactéries pathogènes. Le projet IMU-MIC a, entre autre, mis en réseau des experts de ces différents domaines pour permettre la naissance d’autres projets interdisciplinaires couvrant le thème des expositions aux agents pathogènes depuis les aspects de diversité génétique et d’écologie microbienne jusqu’au Page 1 comportement humain en milieu urbain (e. g. deux projets IMU 2013 - Rivière et PRATIC). Ce groupe de travail a été élargi à d’autres chercheurs des équipes partenaires et autres équipes du labex e. g. Centre Camille Jourdan pour les aspect modélisation de données. Un livrable pour ce projet est la rédaction d’un ouvrage sur le thème « les microbes dans la ville ». Cet essai, rédigé par J. Freney et collaborateurs, sera prochainement publié par les PUN-Éditions Universitaires de Lorraine. D’autres ouvrages pourront également voir le jour en fonction des échanges au sein du groupe qui s’appuient désormais sur le groupe de travail du thème 2 « Résilience, risque, sécurité, vulnérabilité, santé » du labex IMU. Ce projet a donc été structurant. Il a permis de faire émerger d’autres projets et générer de nombreuses interactions multidisciplinaires enrichissantes et cohérentes avec les acteurs des thèmes 2 et 5 mais également des ateliers d’IMU, dont l’ATELIER 2 : Environnements, territoires, sociétés, et l’ATELIER 3 : Mondes possibles, écotechnologies, mutations sociales et économiques. En ce qui concerne plus précisément l’évaluation des risques infectieux liés à la gestion des eaux pluviales en milieu urbain (ce projet), les plus-values sont également importantes notamment sur la façon de formuler et résoudre les problèmes. La microbiologie qui est au cœur d’IMU-MIC se focalise sur des moyens d’analyses et sur l’étude de la présence et de la virulence des pathogènes au sein des systèmes de rétention. Le fonctionnement hydrologique des bassins versants et des ouvrages de gestion des eaux pluviales permet notamment de localiser les zones à risque sur lesquels l’effort de mesure doit porter. L’association des compétences multiples (y compris opérationnelles) questionne également les types de risques (e.g. risque de contamination des ouvrages vs risque de contamination des dispositifs à l’aval, ce qui conduit à élargir le champ des expérimentations et qui permet de traiter de manière plus réaliste la notion de risque microbiologique lié à l’accumulation de sédiments. L’étude microbiologique et le couplage avec les sources anthropiques potentielles permettent également de rétroagir sur les technologies elles-mêmes. Par exemple, nous avons pu identifier que certains dispositifs de traitement présents au sein de bassin de retenue (fosse à hydrocarbures) étaient contre productifs vis-à-vis de la microbiologie et de l’écotoxicité des effluents. Une réflexion doit désormais être menée sur la notion / définition des « risques acceptables » en fonction des contraintes économiques et exigences sociétales. III. Résultats obtenus, publications, valorisation et exploitation des résultats Contexte: Les collectivités et acteurs économiques ont renforcé la mise en place de stratégies de gestion des eaux pluviales, en particulier le développement de techniques de traitement de ces eaux. Le déploiement des techniques dites alternatives apparues depuis plus de trente ans à une échelle centralisée (bassins par exemple) et plus récemment à des échelles plus diffuses (toits stockant, chaussées réservoirs, noues) est un moyen de gérer flux hydrauliques et flux polluants. L’une de ces techniques, largement répandue, consiste à stocker l’eau de pluie pendant un certain temps afin de : i) réduire les pics de débits et protéger les secteurs aval contre les inondations, ii) Page 2 permettre une dépollution de ces eaux grâce à la séparation solide-liquide par décantation et iii) permettre la réduction des impacts de ces eaux sur les milieux récepteurs aquatiques superficiels (rivières) ou souterrains (nappe, en cas de migration à travers un bassin d’infiltration connecté au bassin de retenue). Les dépôts constitués au sein de ces ouvrages représentent des zones de contamination importantes (McCuen, 1980 ; Randall, 1983 ; Jocopin et al. 1999 ; Torres, 2008). Il est donc indispensable de caractériser les agents chimiques et microbiologiques pouvant y être retrouvés, et avoir une incidence sur la santé humaine. Echantillonnage – Site Django (Fig. 1) 5 points prélevés dans le bassin de rétention dont un point divisé en trois horizons (P02) et un point témoin (P0). Ces cinq points ont été sélectionnés en fonction d'une étude préliminaire de l'hydrodynamisme du bassin (Yan et al., 2011) 1qui se poursuit à l’heure actuelle. Ces points représentent des zones de dépôts préférentiels des particules. P0 Figure 1: Points de prélèvements définis dans le bassin de rétention du site Django Reinhardt En rouge = points moyens et en orange = points stratifiés Résultats Site d’expérimentation Le site d'étude est le bassin de retenue Django Reinhardt recueillant les eaux drainées par un bassin versant industriel de 185 ha imperméabilisé à 75 % et géré par la Direction de l’Eau du Grand Lyon. Ce bassin a une superficie au sol de 1 ha environ et un volume maximal de 32000 m3. C'est un bassin à ciel ouvert sec entre deux événements pluvieux. Les paramètres suivants sont mesurés en entrée/sortie et au sein du bassin : débit, turbidité, température, conductivité, pH, hauteurs d’eau en 1 Yan H., Lipeme Kouyi, J. G.,. Bertrand-Krajewski J-L. (2011) 3D modeling of flow, solid transport and settling processes in a large stormwater detention basin. 12th ICUD, Porto Alegre/Brazil, 11-16 September 2011 Page 3 2 points du bassin, MES (Matière En Suspension), DCO (Demande Chimique en Oxygène), métaux et HAP; granulométrie et vitesses de chute des particules décantées (utilisation des pièges à sédiments). La figure 2 montre le bassin de retenue-décantation après un événement pluvial ainsi que sa configuration technique. a b Figure 2: Bassin de retenue-décantation Django Reinhardt – Chassieu (Est Lyon) – (a) Bassin en eau lors d’une pluie, (b) configuration globale du bassin (la partie étudiée est le compartiment de rétention) I- Les contours du microbiote d’un bassin de retenue Des profilages taxonomiques des espèces bactériennes présentes dans le bassin de rétention ont été effectués par métagénomique « rrs » (du gène de l’ARNr 16S, marqueur génétique permettant une classification des taxons bactériens) sur sédiments collectés en 2010 et 2012, avant le curage du bassin de rétention qui a eu lieu au printemps 2013. Ces analyses ont permis de définir les contours (groupes taxonomiques dominants et persistants) du microbiote d’un bassin de rétention en milieu « urbain », suite à une longue période d’accumulation et stockage de sédiments. Des prélèvements et extractions d’ADN ont été réalisés en octobre 2013 et janvier 2014, pour étudier les contours du microbiote de sédiments collectés sur une période plus récente et courte (analyses en cours). Page 4 a) Analyse de la taxonomie : 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Point 0 Point 1 Point 12bis Point 2F Point 2I Point 2S Point 4 Point 7 Verrucomicrobia Thermodesulfobacteria Tenericutes Spirochaetes Proteobacteria Planctomycetes Nitrospira Lentisphaerae Gemmatimonadetes Fusobacteria Firmicutes Fibrobacteres Elusimicrobia Deinococcus-Thermus Cyanobacteria_Chloroplast Chloroflexi Chlorobi Chlamydiae Caldiserica Bacteroidetes Autres Armatimonadetes Actinobacteria Acidobacteria Figure 3 : Résultat de la diversité des phyla au sein des points étudiés. Analyse réalisée en métagénomique sur l’ADNr 16S La figure 3 montre le résultat de la métagénomique sur les différents points du bassin. Cette analyse a été réalisée en séquençant un segment l’ADNr 16S de l’ensemble des bactéries présentes dans le point considéré. Cette analyse montre qu’il y a une grande diversité taxonomique dans le bassin avec des points qui ont une diversité plus faible (point 12). L’effet sélectif du « bassin » semble se vérifier, la diversité est plus importante sur le point témoin (P0) qui n’est pas impacté par l’entrée rémanente de polluants. Il reste à vérifier la composition et la nature des polluants afin d’établir des corrélations entre ces paramètres et les paramètres microbiens. Ici on peut également remarquer que la profondeur de prélèvement pourrait jouer un rôle, les points les moins diversifiés étant les points profonds. 100 90 "Pathogene-like" 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Point 0 Pseudomonas Point 1 Aeromonas Point 2S Nocardia Point 2I Point 2F Rhodococcus Point 4 Burkholderia Point 7 Vibrio Point 12b Acinetobacter Figure 4: Sélection des groupes pour l’étude des risques sanitaires Page 5 Les données « métagénomiques » de 2010 et 2012 ont permis de dresser la liste des espèces bactériennes dominantes pathogènes que nous avons sélectionnées pour les études de dynamiques spatio-temporelles. Ces bactéries sont les indicateurs classiques (E. coli et entérocoques intestinaux) de la présence d’agents pathogènes d’origine fécale, Pseudomonas aeruginosa, Aeromonas caviae et Nocardia (Figure 4). II- Dynamiques spatio-temporelles des espèces bactériennes dominantes et pathogènes. Le bassin de rétention que nous avons sélectionné dans le projet pour nos analyses a fait l’objet d’un curage et nettoyage entre janvier et septembre 2013. Pendant cette période, nous n’avons pas eu accès au site donc les expérimentations n’ont pu démarrer qu’à partir d’octobre 2013. Ainsi, deux campagnes de prélèvements ont été effectuées en octobre 2013 au niveau du bassin de retenue et des analyses de microbiologie classique par approches cultivables, par MPN- PCR et par PCR classique ont été utilisées. En parallèle, nous avons réalisé une analyse des particules (granulométries) et des composés chimiques polluants présents (HAP, métaux etc.). Ces campagnes de prélèvements ont été réalisées selon le plan d’échantillonnage de la figure 1 i. e. campagnes par temps sec et par temps de pluie. a) Résultat de la campagne de prélèvement par temps sec Fig 5: concentration des hétérotrophes cultivables sur TSA (dlution 1/10), valeur en UFC/g de sédiments secs 1.00E+08 1.00E+06 1.00E+04 1.00E+02 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 Points de prélèvements P12 UFC/g de sédimenst sec UFC/g de sédiments sec Comme le bassin a été curé lors du printemps 2013, nous estimons que cette première campagne de prélèvement correspond à notre temps zéro. Nous pourrons ensuite nous référer a ces données pour étudier l’accumulation en polluants et en microorganismes au cours des 3 années. Lors de la campagne de prélèvement par temps sec (octobre 2013), 6 points de prélèvements ont été réalisés dans le bassin (Fig 1, P0, P1, P2, P4, P7 et P12). Fig 6: concentration en UFC/g de sédiments sec des dégradeurs d'hydrocarbures 1.00E+08 1.00E+06 1.00E+04 1.00E+02 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 P12 points de prélèvements Tout d’abord, nous nous sommes intéressés aux bactéries cultivables sur milieu « gélosé » généraliste (TSA dilué I/10) à partir des différents points de prélèvements (Fig 5) et aux bactéries capables de dégrader les hydrocarbures (Fig 6). Il apparait que les sédiments sont riches en bactéries cultivables (107UFC/g en moyenne) et qu’elles sont largement adaptées à l’utilisation des Page 6 Fig 7: Concentration d'E.coli en UFC/g de sédiments sec 1.00E+05 UFC/g de sediments sec UFC/g de sédiments sec hydrocarbures comme source de carbone (107UFC/g en moyenne). Le point 0 indique également que même situé hors du bassin, l’environnement proche est sous l’influence des voiries et donc de polluants tels que des hydrocarbures (route de grande affluence qui longe le bassin). 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 Fig 8: Concentration d'enterocoques en UFC/g de sédiments sec 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 P12 P0bis Points de prélèvements P1 P2 P4 P7 P12 Points de prélèvements Fig 9: Concentration de Nocardia like en UFC/g de sédiments sec 1.00E+07 1.00E+06 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 P12 UFC/g de sédiments sec UFC/g de sédiments sec Ensuite, nous avons calculé l’abondance en bactéries indicatrices de contaminations fécales pour chaque point avec l’étude d’E. coli, des Entérocoques intestinaux et des coliformes fécaux (Figure 7 et 8). Nous n’avons pas pu calculer cette concentration pour les coliformes fécaux car leur nombre était trop élevé, cela indique que le bassin est très fortement contaminé en bactéries d’origine fécale. Nous allons dans les prochaines campagnes de prélèvements ajuster notre méthodologie afin de pouvoir également suivre ce groupe. Les figures 7 et 8 montrent que les contaminations fécales dans le bassin sont régulières et importantes. A titre de comparaison, le seuil admis dans l’eau par la directive Européenne 76/160/CE est de 2*103 UFC/ml. Les points P4 et P12 (7,32*104 UFC/g sec) sont donc largement au-dessus de cette norme. Ces figures indiquent également que ces contaminations proviennent du bassin versant industriel ; ces sources peuvent d’être d’origine animale ou provenir de raccordements illicites d’eaux usées sur le réseau pluvial. Pour les entérocoques, leur concentration est assez homogène sur l’ensemble du bassin avec également un maximum au niveau de la fosse (point 12). Fig 10: Concentration de P.aeruginosa en UFC/g de sédiments sec 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 P12 Points de prélèvements Points de prélèvements Page 7 UFC/g de sédiments sec Fig 11: Concentration d'A.caviae en UFC/g de sédiments sec 1.00E+08 1.00E+06 1.00E+04 1.00E+02 1.00E+00 P0bis P1 P2 P4 P7 P12 Points de prélèvements En ce qui concerne les concentrations en bactéries pathogènes. La figure 9 montre les concentrations en Nocardia like cultivables obtenues (pathogènes et non pathogènes), cela indique que ces bactéries sont abondantes (5*105 UFC/g en moyenne) et adaptées à cet environnement ; leur distribution est relativement homogène à l’intérieur du bassin (avec un maximum dans le point 12). Ces bactéries sont également abondante dans le point témoin (P0) ce qui confirme que ce sont des bactéries abondantes dans les sols. La figure 10 montre que la bactérie pathogène opportuniste Pseudomonas aeruginosa est également détectée dans le bassin de retenue. Cette bactérie n’a pas pu être détectée dans les points 0 et 1 mais elle est détectée dans les autres points du bassin avec une forte abondance dans le point 12. La figure 11 montre que les Aeromonas caviae se répartissent de façon homogène dans le bassin (105 UFC.g en moyenne) avec une plus forte proportion dans le point 12. Toutes ces données montrent que dès les premières semaines de mise en route de ce type de bassin, les bactéries pathogènes opportunistes de l’étude sont introduites par diverses sources dont l’origine reste à préciser. L’étape suivante de ce travail sera d’établir la capacité de ces micro-organismes à s’installer de façon pérenne dans l’ouvrage. b) Résultat de prélèvement par temps de pluie La campagne de prélèvement a eu lieu lors de 2 pluies successives du 4 et 5 octobre 2013. Les prélèvements ont été réalisés en entrée de bassin les 4 et 5 octobre 2013 (point EE1 et EE2) et au niveau d’un piège à sédiments positionné au niveau du point 2 du bassin. Un prélèvement a été effectué dans le piège au niveau du mélange (M : eau plus sédiments) et au niveau de la fraction sédimentée (S) au fond du piège. Les mêmes analyses microbiologiques que précédemment ont été réalisées. Pour comparaison, nous avons reporté dans les figures ci-dessous les valeurs obtenues pour le point 2 issues de la partie précédente. Page 8 1.00E+07 1.00E+06 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 EE1 EE2 M S points de prélèvements P2 Points de prélmèvements UFC/g de sédiments secs Fig 13: concentration d'E.coli en UFC/g de sédiments secs ou en UFC/ml Fig 14: concentration d'enterocoques en UFC/g de sédiments secs ou en UFC/ml 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 EE1 EE2 M S P2 Points de prélèvements En ce qui concerne les contaminations d’origine fécale, les figures 13 et 14 indiquent que la contamination se fait bien par le point d’entrée d’eau dans le bassin (EE1 et EE2). La forte concentration dans les prélèvements de sédiment (S) indique que bactéries sont portées par les particules. Si l’on compare avec le point P2 (issus du prélèvement par temps sec) on voit que pour les E. coli leur quantité diminue fortement lors du temps sec alors que pour les Entérocoques il y a une augmentation dans les sédiments (P2). Deux explications sont possibles, tout d’abord, cela peut s’expliquer par une capacité moindre des E. coli à survivre dans les sédiments, contrairement aux Entérocoques, ou sinon cela peux s’expliquer par une resuspension des particules et une évacuation via l’eau de surface vers le bassin d’infiltration pour les E. coli et pas pour les Enterocoques (particules différentes ?). En raison d’une défaillance technique nous n’avons pas pu obtenir de données sur les eaux en sortie du bassin et donc nous ne pouvons pas avec cette campagne avoir les concentrations obtenues en sortie. Ces données seront obtenues lors des prochains prélèvements afin de tester les deux hypothèses. 1.00E+06 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 EE1 EE2 S M Points de prélèvements P2 UFC/de sédimlents secs UFC/g de sédiments secs Fig 15: concentration de Nocardia like en UFC/g de sédiments secs ou en UFC/ml Fig 16: concentration en P. aeruginosa en UFC/g de sédiments secs ou en UFC/ml 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 EE1 EE2 M S P2 Points de prélèvements En ce qui concerne les concentrations en bactéries pathogènes. La figure 15 montre les concentrations en Nocardia like cultivables (pathogènes et non pathogènes) obtenues. Cette figure montre toujours la forte abondance en Nocardia dans le bassin mais également la figure montre que les Nocardia entrent via le réseau d’eaux pluviales (Points EE1 et EE2). Ensuite ces bactéries sont de la même manière présentent en suspension (eau plus particules en suspensions, point M) et dans le sédiment (point S). Les Nocardia like semblent donc plutôt portées par les particules qui sédimentent Page 9 dans le bassin. Cependant le point P2 indique que le bassin semble bien jouer son rôle de piège et de concentration en particules puisque l’abondance en Nocardia y est très élevée. Cela indique que ces bactéries sont bien adaptées à cet environnement. En ce qui concerne la bactérie P .aeruginosa (Figure 16), nous avons retrouvé peu de bactérie dans les eaux d’entrée lors des épisodes pluvieux (EE1 et EE2), par contre une forte concentration (104 UFC/g) est retrouvé dans la partie sédimentée du piège (S) et légèrement moins dans la fraction en suspension. La source de contamination par P. aeruginosa se fait donc via l’eau d’entrée du bassin, et la quantité en bactérie dans le piège est très élevée. Si l’on compare avec le point 2, cela nous montre que ces bactéries connues pour être préférentiellement hydrique ne survivent pas ou très peu dans les sédiments lors de temps sec ou alors elles sont remobilisées avec les particules lors de différents évènements pluvieux. UFC/g de sédiments secs Fig 17: concentration d'A.cavie en UFC/g de sédiements secs ou ou en UFC/ml 1.00E+08 1.00E+07 1.00E+06 1.00E+05 1.00E+04 1.00E+03 1.00E+02 1.00E+01 1.00E+00 EE1 EE2 M S Points de prélèvements P2 En ce qui concerne les A. caviae le comportement est similaire à la population des P. aeruginosa. Nous en retrouvons peu dans les eaux d’entrée mais il y a une forte accumulation dans le sédiment du piège (point S). La valeur obtenue en temps sec dans le point 2 indique que ces bactéries survivent bien dans le sédiment et semblent adaptées à cet environnement. Toutes ces données montrent que les évènements pluvieux représentent une source d’entrée de bactéries pathogènes opportunistes dans ces ouvrages et que ces bactéries n’ont pas les mêmes capacités de survie dans cet environnement ou peuvent être remobilisées avec les particules (hypothèses à tester lors des prochaines campagnes). III- Etude de la virulence d’isolats de Nocardia. Afin d’évaluer la dangerosité des souches de Nocardia isolées, des tests de virulence ont été développés en utilisant un hôte alternatif, le nématode Caenorhabditis elegans. Ces tests ont été réalisés selon la méthode de Caldwell et al., 2009. Cette approche sur nématode a été effectué en partenariat avec la plateforme "Biologie de Caenorhabditis elegans", UMS3421, UCB Lyon1. Ce test permet de montrer l’effet sur les neurones des nématodes des surnageant de culture des Nocardia étudiées. Nous étudions donc la virulence méningée des bactéries du genre Nocardia. Nous avons Page 10 comparé deux milieux de cultures différents pour mesurer l’influence du milieu de culture. Le premier milieu est très riche alors que le second est un milieu pauvre en nutriments. * 50.00 50.00 45.00 N. cyriacigeorgica OFN 04.107 40.00 * 33.33 35.00 *26.67 30.00 25.00 20.00 16.67 16.13 15.00 10.00 5.00 0.00 Témoin négatif 10.00 6.676.67 3.57 N. cyriacigeorgica N36B N. cyriacigeorgica DSM 44484 N. asteroides ATCC 19247 N. cyriacigeorgica OFN 04.100 N. cyriacigeorgica OFN N27 N. cyriacigeorgica GUH2 N. farcinica IFM 10152 B 50.00 Pourcentage de nématodes affectés (%) Pourcentage de nématodes affectés (%) A Témoin négatif 45.00 N. asteroides ATCC 19247 40.00 35.00 30.77 30.00 26.67 25.00 19.35 16.13 19.35 15.63 20.00 15.00 10.34 10.00 6.67 6.45 5.00 N. cyriacigeorgica OFN 04.100 N. cyriacigeorgica DSM 44484 N. cyriacigeorgica OFN 04.107 N. cyriacigeorgica GUH2 N. cyriacigeorgica OFN N27 N. cyriacigeorgica N36B N. farcinica IFM 10152 0.00 Fig 18 : Effet des différents surnageants de culture bactérienne en milieu Bennett (A) et en milieu DHB (B) sur les neurones dopaminergiques de C. elegans. Les pourcentages de nématodes C. elegans affectés correspondent aux nombres de nématodes possédant au moins un neurone dopaminergique altéré parmi 30 vers observés par microcopie. Les données ont été obtenues après 10 jours d’exposition surnageantnématode. Chaque condition a été comparée avec le témoin négatif en réalisant le test exact de Fisher (*p<0,05). Après 10 jours de contact avec les nématodes, les surnageants obtenus à partir des cultures en milieu Bennett des souches N. cyriacigeorgica GUH-2 et N. farcinica IFM 10152 (origine clinique) et de la souche N. cyriacigeorgica OFN N27 (origine environnementale) ont un effet significatif sur la dégénérescence des neurones dopaminergiques de C. elegans (p<0,05). On observe respectivement que 33,33%, 50% et 26,67% des vers sont affectés par ces souches, contre 3,57% avec le contrôle (figure 18A). Lorsque ces mêmes souches sont cultivées en milieu minimum DHB, les surnageants affectent 30,77% des nématodes pour N. farcinica IFM 10152 et 19,35% pour les souches N. cyriacigeorgica GUH-2 et OFN N27 (figure 18B). Cependant, ces pourcentages ne sont pas significativement différents du contrôle où 10,34% des vers présentent des neurones dégradés (p>0,05). Tous les autres surnageants testés, qu’ils soient issus de culture en milieu Bennett ou DHB n’ont pas d’effet significatif par rapport au témoin négatif de l’expérience. Page 11 L’intérêt de ces travaux réside dans la mise en évidence que cette virulence est présente aussi bien chez des souches d’origine clinique (i.e. GUH2, IFM 10152) que chez des souches environnementales (i.e. N27, isolé d’un sol contaminé par des hydrocarbures). Une souche issue de milieux contaminés aux hydrocarbures est donc capable d’induire une dégénérescence des neurones dopaminergiques. Le risque d’exposition à ce genre de pathogène est donc possible pour les populations au contact des bassins de rétention en eaux pluviales. Aucune N. cyriacigeorgica n’ayant été isolée à ce jour à partir du BR de Chassieu, ce test de virulence n’a pas pu être réalisé pour des souches issus des bassins étudiés. Cependant, la souche N. cyriacigeorgica N36B isolé en 2012 des sédiments du bassin d’infiltration de Django Reinhardt (Chassieu) a pu être testée. Les résultats montrent que cette souche n’a pas d’effet significatif par rapport aux contrôles et ne semble donc pas être virulente au niveau neuronale. Publications: 1. Sébastian C, Barraud S, Ribun S, Zoropogui A, Blaha D, Becouze-Lareure C,Kouyi GL, Cournoyer B. 2013 Sous presse. Accumulated sediments in a detention basin: chemical and microbial hazard assessment linked to hydrological processes. Environmental Science and Pollution Research. 2. Lipeme Kouyi G., Cren-Olivé C., Cournoyer B. 2013 Sous-presse. Chemical, microbiological, spatial characteristics and impacts of contaminants from urban catchments: CABRRES project. Environmental Science and Pollution Research. 3. Freney J, Doléans-Jordheim A, Blaha D, Cournoyer B. Les microbes dans la ville. PUN-Éditions Universitaires de Lorraine. En préparation. Soumise Bernardin C., Bécouze C., Gonzalez-Merchan C. Barraud S., Blaha D., Cournoyer B. (2014). Caractérisation microbiologique et risques sanitaires associés aux dépôts sédimentaires dans le Bassin de rétention de Django-Reinhardt (Chassieu, Rhône)- Journées doctorales de l’Hydrologie Urbaine Juilllet 2014. Page 12