de la végétation est cependant à l'origine de la disparition des milieux pionniers favorables à l'expression des espèces les plus rares. Ainsi, les
effectifs de certaines populations d'animaux et de plantes telles que l'Herminion à un bulbe, l'Ophrys araignée et l'Hélianthème obscur, sont
actuellement très réduits et nécessitent, à brève échéance, des opérations de préservation ciblées.
Des refuges pour de nombreux
papillons
Les savarts de la vallée de la Marne abritent des populations relic-
tuelles de nombreuses espèces de papillons actuellement en régres-
sion dans les plaines du nord-ouest de la France. Si des espèces
telle que la Petite Violette sont encore présentes en nombre signifi-
catif, d'autres comme l'Azuré du Cytise, l'Azuré des Coronilles et
l'Hespérie de la Passe-Rose ne se rencontrent plus que sporadique-
ment. Pour celles-ci, c’est autant la qualité des habitats favorables à leur survie et leur
superficie qui importent, que le nombre de sites existants dans un périmètre permettant
aux individus de migrer, de coloniser des espaces et de se reproduire. La préservation
de l'ensemble des savarts existant à ce jour, dans le cadre d'un réseau fonctionnel,
c'est-à-dire relié par des connections fonctionnelles, est une condition importante à la
pérennité de ces populations de papillons.
L'Azuré des cytises
Se nourissant de la Coronille bigarrée, ce papillon au bleu éclatant n'est plus présent
en Picardie que dans le camp militaire de Sissonne et sur quelques coteaux de la val-
lée de la Marne. Il peut être vu en mai-juin sur les coteaux de Courcelles, de Barzy-
sur-Marne et de Trélou-sur-Marne.
La Petite Violette
Papillon diurne, la Petite Violette, dont la che-
nille se nourrit des feuilles de différentes
Violettes, fréquente les pelouses calcicoles entre
les mois de juin et de septembre. En Picardie, elle est
actuellement localisée sur certains coteaux du sud de
l'Oise et de l'Aisne.
Les lisières
et prés bois calcicoles
L'abandon du pâturage a entraîné l'embroussaillement et le boisement des coteaux.
Les pré-bois calcicoles constituent des biotopes favorables à une flore cherchant un
certain ombrage et une mosaïque de milieux pour les différents stades de vie de nom-
breux insectes. La présence de massifs forestiers de grande taille (bois de Verdilly,
forêts de Ris et de Fère et bois du Rouvray) est importante dans un rôle de tampon
mais aussi de refuge pour les espèces faunistiques.
L'Inule à feuilles de saule
Grande plante de la famille des chrysanthèmes, l'Inule à feuilles de
saule apprécie les ourlets, les pelouses et les prairies aux sols cal-
caires pauvres en nutriments. Ses fleurs jaunes s'épanouissent en
juillet. Il s'agit d'une plante rare en Picardie et protégée par la loi
présente en populations importantes sur les savarts de la vallée de
la Marne.
Le Torcol fourmiller
Cet oiseau est présent sur quelques coteaux de la vallée et notamment celui de Trélou-sur-Marne et de Chartèves.
Il recherche des espaces plus ou moins boisés, secs et chauds où sont présents des arbres creux, des zones de
sol à nu et de végétation rase. Il se nourrit essentiellement de fourmis. En Picardie, il n'est plus présent que dans
quelques sites du département de l'Aisne et des massifs forestiers de l'Oise.
Les savarts : vestiges des anciens parcours à moutons
Les coteaux secs, appelés "Larris" en Picardie et "savarts" en Champagne sont
caractérisés par la nature de la végétation (appelée pelouse calcicole), constituée
principalement d'herbes jaunissant rapidement du fait de la sécheresse qui règne
sur ces espaces. Ces lieux ont été historiquement voués à l'élevage et notamment
à l'élevage ovin. En effet, dans le cadre des modes agro-pastoraux anciens, ils
constituaient des compléments alimentaires indispensables à l'élevage des trou-
peaux. Les milieux naturels de pelouses existant encore aujourd'hui sont issues
directement du travail des habitants de la vallée au cours des siècles passés.
Les pelouses : des milieux originaux
Souvent, les pelouses calcicoles (sur sol calcaires) qui occupent
ces savarts, sont, composées d’une mosaïque de
milieux naturels allant de l'éboulis de roches calcaires, à la pelouse bien constituée évoluant vers le boi-
sement par installation de fourrés arbustifs. Les conditions écologiques particulières liées à la
nature du sol, à la sécheresse et à la chaleur, et les pratiques de pâturage ont entraîné la
sélection d'espèces particulières de la faune et de la flore.
Le royaume des orchidées
Parmi les plantes particulièrement bien adaptées
aux savarts, les orchidées forment un groupe
riche de diversité dont de nombreuses espèces
sont considérées comme remarquables du fait
de la raréfaction de leur milieu de vie. Les
savarts de la vallée de la Marne accueillent
ainsi de nombreuses espèces embléma-
tiques telles que l'Acéras homme-pendu,
l'Herminion à un bulbe et la
Céphalanthère à feuilles en épée.
L'Ophrys araignée, discrète orchidée,
forme une population importante de la
pelouse de Chartèves. Elle se reconnaît
à la forme de son labelle (pétale central) qui mime l'abdomen d'une
araignée. Rare et protégée par la loi en Picardie, cette orchidée est pré-
sente en faible nombre sur les coteaux où
elle survit aujourd'hui.
Une faune méditerranéenne
Chaleur, ensoleillement et sécheresse favorisent la présence d'animaux typiques
des contrées méridionales. C'est le cas, par exemple, du Lézard vert qui apprécie
une structure de végétation associant pelouses rases, affleurements calcaires, our-
lets et fourrés. Ce reptile discret fréquente encore de nombreux sites tels que ceux
de Chartèves, de Trélou-sur-Marne et de Barzy-sur-Marne.
La petite Cigale des montagnes
Insecte se trouvant en limite nord de son aire de répartition, la petite Cigale des montagnes apprécie les buissons pique-
tant les pelouses calcicoles. Elle y effectue sa mue et il est possible de l'entendre striduler au cours de la journée. Une
mosaïque de milieux ouverts et boisés est indispensable à son maintien sur les sites. La petite Cigale fréquente encore
l'ensemble des coteaux de la vallée de la Marne.
Un réseau de pelouses
diversifiées…et menacées
La diversité des pratiques de gestion et des situations géomorphologiques ont conduit à une
évolution différenciée de ces savarts. La diversité des milieux naturels qui en résulte est favo-
rable à l'existence de niches écologiques variées garantes du maintien d'un grand nombre
d'espèces de la faune et de la flore considérées comme remarquables. L'évolution spontanée
Photo : J.C. Hauguel - CSNP
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Pelouse calcicole
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