Résumé
Le raton laveur (Procyon lotor) est porteur de nombreux parasites dont certains sont
des agents de zoonose. Il nous est apparu opportun d’étudier la faune parasitaire intestinale
du raton laveur québécois, particulièrement l’espèce Baylisascaris procyonis. L’étude a
donc porté sur l’examen de matières fécales (n = 301) et de contenus intestinaux (n = 203)
de 351 ratons laveurs provenant de deux programmes gouvernementaux sur la rage du raton
laveur et d’excréments (n = 409) provenant de latrines dans des parcs nationaux du Québec.
Des œufs de B. procyonis étaient excrétés par 23,3 % des ratons laveurs, alors que 29,1 %
étaient porteurs de vers. La charge parasitaire moyenne des vers B. procyonis de tout stade
variait de 8,5 chez les adultes à 27,1 chez les juvéniles. Chez ces derniers, la charge
parasitaire était 11,4 fois supérieure à celle des ratons adultes (p < 0,0001) dont 23,7 fois
plus de vers immatures (p < 0,0001) et 9,1 fois plus de vers matures (p = 0,01). Le nombre
d’œufs était 24,7 fois plus élevé chez les ratons juvéniles (p = 0,02) et 50,0 fois moins élevé
chez la femelle allaitante. La probabilité du raton d’excréter des œufs l’automne était de
11,1 (IC95 %: 1,21-101,60) par rapport au printemps et de 21,1 (IC95 %: 2,91-153,18) par
rapport à l’été (p < 0,01). La sensibilité (Se) et la spécificité (Sp) de la coproscopie
comparée à la nécropsie (norme étalon) ont été calculées en se basant sur l’observation des
vers matures (Se : 81,8 %; Sp : 97,7 %) et des vers de tout stade (Se : 53,9 %; Sp : 97,0 %).
De plus, la recherche des parasites intestinaux nous a permis de découvrir des ookystes de
Giardia (6/159), espèce parasitaire nouvellement rapportée chez le raton. En 2007, nous
avons trouvé, par échantillonnage unique, des œufs de B. procyonis dans 15,8 % des
latrines (n = 165) identifiées dans des parcs nationaux du sud du Québec et en 2008, par
échantillonnage multiple, dans 89,7 % des latrines (n = 26) actives situées dans des secteurs
accessibles à l’homme dans trois parcs nationaux de la Montérégie. Le potentiel zoonotique
de B. procyonis est un problème de santé publique qui pourrait devenir sérieux étant donné
le pourcentage élevé de ratons laveurs qui excrètent le parasite et qui contaminent des
secteurs accessibles par les humains.
Mots-clés : Nématodes, parasite intestinal, raton laveur, Baylisascaris procyonis, zoonose