5
bases historiques du phénomène partisan au Maroc et faire ressortir la signification
attachée à cette nouvelle réalité pour l’évolution du système politique marocain. On
pourra ensuite établir l’état actuel du champ partisan et de sa représentativité
électorale. Une démarche monographique sera également nécessaire dans ce cadre
pour rendre compte des forces politiques les plus significatives ou les plus
emblématiques de la réalité partisane marocaine. Dans un deuxième axe, on pourra
s’interroger sur cette réalité et en proposer une interprétation et des analyses. On
pourra dans ce cadre entreprendre une démarche taxinomique pour une mise en ordre
typologique et classificatoire de la variété des partis politiques. On pourra ensuite
répondre à un certain nombre de questions : quelle est la valeur du multipartisme et du
pluralisme ? Quels en sont les déterminants (le parti comme forme moderne de
mobilisation collective ; artificialisme du pouvoir central à travers le phénomène du
« parti administratif », qui n’exclut pas la capacité de ce type de parti d’acquérir, via le
clientélisme ou l’ancrage dans les « structures primaires » de la société [parenté ;
tribalisme], une certaine représentativité ; « mécanisme segmentaire » ; mode de
scrutin…) ? Quelle configuration/reconfiguration idéologique du champ politique
marocain la réalité partisane dessine-t-elle ? Quel est le degré de différenciation
idéologique entre les partis ? Cette configuration/reconfiguration ne semble-t-elle pas
s’articuler entre une sensibilité islamique, ventilée entre un « islamisme culturel »
d’assise bourgeoise à la manière du P.I. et un « islamisme idéologique » ancré
socialement dans les couches sociales moyennes/inférieures à la manière du P.J.D.,
une sensibilité moderniste/séculariste sociale-démocrate, à la manière de l’U.S.F.P. et
du P.P.S. d’assise sociale petite/moyenne bourgeoise, et enfin une sensibilité
« libérale » ? Dans cette configuration/reconfiguration, le « libéralisme » idéologique
n’apparaît-il pas comme une idéologie plus artificialiste qu’ « organique », plus
représentative d’une élite économique et makhzénienne que l’expression d’une
« société civile » économique porteuse d’une autonomisation à l’égard du pouvoir
central ? Comment expliquer que le libéralisme soit à ce point peu porté par la
configuration « spontanée » du champ partisan qu’il en vient à être une ressource
idéologique pour le pouvoir central ? Est-ce la conséquence de la faiblesse
« organique » de la bourgeoisie économique ou d’une culture autoritaire qui déteint
sur l’ensemble du champ partisan, y compris sur les partis porteurs d’une idéologie
moderniste et sécularisatrice, ou des deux ? On pourra également dans ce cadre faire
l’étude du leadership et des évolutions récentes à cet égard, traiter du phénomène de la
scissiparité, s’interroger sur la théorie du parti-zouia, etc. Dans un troisième axe, on
pourra considérer les partis politiques dans leur rapport avec l’enjeu du pouvoir. La
vocation du parti étant de gouverner, la manière dont le pouvoir central détermine
discursivement et juridiquement le rôle des partis politiques ne les condamne-t-il pas à
être de simples aide-gestionnaires de l’exercice du pouvoir par le pouvoir
monarchique ou d’être des partis-tampons destinés à prendre sur eux le
mécontentement politique ? La représentativité « démocratique » des partis politiques
ne devait-elle pas dans ces conditions rester dans l’incertitude ou dans la relativité
artificielle (falsification des résultats électoraux ; minimisation « volontaire » par un
parti de sa représentativité électorale…) ? L’évolution politique au cours des dernières
décennies n’augure-t-elle pas, à la faveur de la crédibilisation relative des procédures
électorales, d’une plus grande reconnaissance de la vocation des partis politiques à
gouverner ? La capacité du pouvoir monarchique à faire obstacle à cette vocation,
matérialisée par l’arrêt décrété de la « méthodologie démocratique » mettant fin à
l’expérience de l’ « alternance consensuelle », a-t-elle été réduite par la configuration
politico-institutionnelle postérieure aux évènements du « printemps arabe » ? Le mode