Les registres critiques 1. Le registre ironique Définition : L’ironie est employée dans tout le texte, dans lequel l’auteur dit le contraire de ce qu’il pense (= antiphrase). Ce registre se caractérise par une logique absurde (pas de lien logique entre les causes et les conséquences), des effets de décalage entre le propos tenu qui contraste avec les circonstances, une tendance forte à la caricature et au cynisme. Ex : la critique de la guerre dans le chapitre III de Candide. Formes : On la trouve dans la narration, la description, l’argumentation. Elle mêle souvent des registres de langues différents afin d’établir des jeux de contrastes permettant de la repérer. Elle peut apparaître dans l’antiphrase, mais aussi être transcrite par l’hyperbole, la litote, l’euphémisme, la périphrase, le zeugma, la prétérition, enfin toutes les figures créant des effets de décalage. Effet produit : Elle a une forte portée critique et vise à dénoncer des comportements ou des idées de façon assez violente. Elle traduit la révolte. 2. Le registre polémique Définition : l'adjectif polémique est issu du grec polemos (=guerre). Ce genre très ancien regroupe des textes engagés dans l'actualité, dont ils condamnent les errements moraux, religieux, politiques, artistiques... Le locuteur marque une opposition à une position idéologique ou à des comportements dont il dénonce l’injustice ou l’immoralité, ou encore qu’il juge erronée. Ex : discours du vieillard dans Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, discours de Hugo contre la peine de mort à la fin de Claude Gueux. Formes : On le trouve dans les textes argumentatifs. Il utilise un lexique moral mélioratif (vérité, vertu, liberté, intelligence, beauté) qu'il oppose à celui du dérèglement, de la dépravation, de l’erreur, de la bêtise (termes violemment péjoratifs). Le texte est fortement modalisé. Le registre polémique s’alimente des registres ironique, satirique et oratoire qui renforcent sa portée critique. Effet produit : Il traduit la position du locuteur par rapport à des idées, des comportements et témoigne souvent des grands débats d’une époque. Il marque une opposition forte entre des idéologies différentes. 3. Le registre satirique Définition : Il fait une critique, virulente et moqueuse, d’un ridicule, d’un défaut ou d’un vice; il est proche de la raillerie, du sarcasme. Il utilise la déformation par exagération, peut se rapprocher de la caricature. Ex : les nombreux portraits présents dans les Caractères de La Bruyère. Formes : On le trouve le plus souvent dans le portrait d’une personne, d’un groupe social, d’une génération. Le vocabulaire y est volontiers réaliste et familier, et se caractérise par des termes péjoratifs, parfois violemment caricaturaux. Le texte est fortement modalisé. Effet produit : Sa portée est à la fois comique et critique. Il a une forte fonction expressive. 4. Le registre épidictique Définition : Il fait l’éloge ou le blâme et vise à susciter admiration ou dégoût. Ex : le blason. Formes : On le trouve le plus souvent dans le portrait d’une personne, d’un groupe social, d’une génération. Le texte est fortement modalisé, le vocabulaire étant laudatif s’il s’agit d’un éloge, péjoratif s’il s’agit d’une critique Effet produit : Il vise à emporter l’adhésion du destinataire dans l’éloge ou le blâme. Il peut avoir une fonction esthétique (=attirer l’attention sur la beauté), ou didactique (=attirer l’attention sur des valeurs morales). 5. Le registre didactique Définition : Il se rencontre dans les textes qui ont pour but de délivrer des conseils, un enseignement, d’instruire, de guider à travers l’exposition d’une doctrine, la transmission d’un savoir. Il sert l’expression de thèmes liés à la morale, à l’instruction. Ex : la lettre de Gargantua à Pantagruel dans Pantagruel de Rabelais. Formes : On le trouve dans la fable, l’essai, éventuellement le dialogue romanesque ou théâtral…Il emploie le proverbe, la fonction injonctive (=donner des ordres, des conseils, de façon plus générale, tout propos visant à faire agir ou réagir le destinataire de la manière voulue par l’émetteur), le discours explicatif, les liens logiques. Effet produit : Il crée entre l’émetteur et le destinataire un rapport maître / élève. 6. Le registre oratoire Définition : Discours ou propos qui s’emploie à emporter l’adhésion du public ou des destinataires. Ex : discours du vieillard dans Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, discours de Hugo contre la peine de mort à la fin de Claude Gueux. Formes : Il est lié au texte argumentatif. Il emploie l’apostrophe, les impératifs, subjonctifs à valeur d’ordre. Il joue du rythme afin de maintenir l’attention de l’auditoire : parallélisme, rythmes binaires et ternaires, antithèses et effets d’oppositions, gradations ascendantes...Il cherche à frapper l’esprit du destinataire par des métaphores, hyperboles. Il développe une argumentation très structurée autour de connecteurs logiques qui en marquent la progression. Effet produit : Il est destiné à convaincre et persuader par en impliquant constamment le destinataire.