Intervention d`Ericka BAREIGTS Mesdames et Messieurs, Après

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Intervention d’Ericka BAREIGTS
Mesdames et Messieurs,
Après cinq jours d’échanges et de dialogue en Guyane, je crois pouvoir affirmer
que nous avons mené un travail sérieux, précis et ambitieux en faveur des
Guyanaises et Guyanais.
Avec le Ministre de l’Intérieur, Matthias FEKL, nous avons constamment
travaillé dans un esprit de dialogue républicain et dans une démarche toujours
constructive. Notre souhait a toujours été de répondre de manière concrète et
pérenne aux problèmes soulevés par les Guyanais. Ils se sont mobilisés pour
qu’il y ait davantage de sécurité, d’éducation, de santé, de logement au sein de
leur territoire : nous les avons pleinement entendus.
La facilité, la démagogie ou l’électoralisme auraient pu en conduire certains à
signer toutes les revendications sans se soucier de l’avenir. Nous avons voulu au
contraire que ces mesures soient chiffrées et financées pour qu’elles bénéficient
à la Guyane à court comme à moyen-terme et qu’elles ne soient pas remises en
cause lors des prochaines échéances électorales.
Je rappelle que le Collectif nous a remis plus de 428 propositions issues du
travail de dizaines d’organisations, d’associations ou de syndicats. 428
propositions que nous avons toutes étudiées. Pour chacune d’entre elles, une
réponse a été apportée. Ces demandes étaient légitimes : nous les avons donc
considérées avec attention !
C’est pourquoi, aujourd’hui, la réponse de l’Etat s’articule autour de 3
engagements majeurs :
1. Plan d’urgence pour la Guyane :
Matthias FEKL et moi-même avons présenté un plan d'urgence pour la Guyane
de plus d'1 milliard d'euros. C’est un chiffre particulièrement important
qui montre que le Gouvernement a pris la mesure de l’ampleur des
difficultés immédiates de la Guyane.
Ce plan permettra une relance rapide de l'économie guyanaise. Avec plus de 500
millions d'euros consacrés à la Collectivité Territoriale de Guyane, il répond aux
difficultés financières de cette collectivité, principal acteur de la commande
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publique en Guyane. Il permettra notamment à la collectivité de payer les dettes
dues aux transporteurs. Un effort important est également réservé aux
communes.
La mise en œuvre des mesures en matière de santé, de sécurité ou
d’éducation sera par ailleurs très concrètement ressentie par les Guyanais
dans leur vie de tous les jours.
2. Une série d’accords thématiques
Entendant la volonté du Collectif d’aller plus loin sur un certain nombre de
thématiques et dans l’esprit de dialogue qui m’a constamment animé, j’ai
proposé samedi dernier un travail participatif en ateliers. Ces discussions,
organisés selon plusieurs thématiques ont mobilisé des dizaines de personnes et
d’experts pendant toute la nuit.
Avec des citoyens ayant à cœur de construire l’avenir de leur territoire, nous
avons passé toute une nuit à identifier ensemble comment faire avancer la
Guyane. Les discussions en atelier, qui ont duré jusqu’à 4h du matin, ont été très
productives et conclusives dans la quasi-totalité des domaines. Je tiens à redire
ma reconnaissance à tous les participants à ces échanges pour cet enrichissement
mutuel.
Nous avons signé pas moins de 12 accords dont 9 avec les socioprofessionnels
dans des secteurs majeurs.
o La sécurité
Il s’agit, comme vous le savez, d’une des toutes premières préoccupations
des Guyanais. C’est pourquoi nous avons voulu nous porter à la hauteur de
leurs attentes. Les représentants du collectif m’ont d’ailleurs dit eux-mêmes être
satisfaits quant aux avancées sur la sécurité et sur l’économie. Pour l’atelier
justice/sécurité, nous avons signé avec le collectif Iguane et la première
batonnière de Cayenne. L’Etat s’engage ainsi à :
 La création d’une cité judiciaire à Cayenne : il s’agit d’une
réponse concrète aux demandes des Guyanais qui attendait la
réalisation de cette cité depuis 2005 ;
 Toujours à Cayenne, la construction d’un commissariat ;
 la construction d’un centre pénitentiaire et d’un Tribunal de
Grande Instance à Saint-Laurent du Maroni;
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les barrages volants dans l’Ouest et l’Est guyanais ;
les contrôles fluviaux permanents ;
la création d’une commission frontalière de sécurité ;
la coordination des opérations de police sur les frontières.
o l’économie
Parce que l’économie était au centre de nos préoccupations, nous avons voulu
être précis, concrets et ambitieux dans l’accord que nous avons signé avec le
MEDEF de Guyane et son président, M. LAMBERT.
Tout d’abord, nous actons un moratoire des dettes sociales et un étalement du
paiement de la dette RSI. Nous allons tripler les aides aux entreprises pour celles
qui recrutent des jeunes Guyanais en contrats d’alternance ou d’apprentissage.
Enfin, afin que les entreprises reconstituent leur trésorerie, nous allons mettre en
place un fonds de 3 M€.
o l’agriculture, filière dont nous savons toutes et tous qu’elle est
structurante pour l’économie guyanaise ;
Les agriculteurs de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants
Agricoles (FDSEA) ont décidé dimanche dernier (2 avril) la levée des barrages
route de Baduel. Ils ont par ailleurs quitté le siège de la Direction de
l’Agriculture, l’Alimentation et de la Forêt (DAAF) qu’ils ont nettoyé après leur
départ.
Les agriculteurs doivent pouvoir produire et donc doivent disposer de leurs
terres : c’est pourquoi nous avons décidé de travailler sur la question
foncière avec la suspension des demandes de cessions onéreuses et la création
d’une SAFER. Les agriculteurs doivent investir dans leurs exploitations : 5 M€
du fonds SOFIAG serviront à préfinancer leurs investissements. Il faut qu’ils
puissent s’installer : nous engageons donc une simplification des procédures.
o les transports :
Nous allons installer des zones de repos le long des RN1 et RN2 et lutter contre
les zones blanches pour des raisons évidentes de sécurité. Nous créons par
ailleurs des dispositions pour améliorer la situation financière des
entreprises du secteur. Elles souffrent en effet parfois des retards de paiement
des administrations générant à leur tour des difficultés pour payer les cotisations
sociales.
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o Le tourisme
Il s’agit là d’un levier de développement considérable pour la Guyane.
Dans le cadre du partenariat de mon ministère avec Atout France, nous allons
organiser une grande campagne de communication pour promouvoir la
destination Guyane. Il faut faire connaître ce territoire magnifique au plan
national et international : ses paysages riches et variés, ce patrimoine culturel et
humain formidable sont autant d’atouts pour le développement du tourisme en
Guyane.
o les mines :
Dans le domaine des mines, nous avons signé un accord ambitieux avec la
Fédération des Opérateurs Miniers de Guyane (FEDOMG). Vous le savez, le
sous-sol guyanais est une véritable richesse qu'il convient de valoriser dans le
respect de l'environnement.
Dans cette perspective, l'accord renforce les moyens humains de
l'Etat pour accélérer l’examen des projets miniers. Il prévoit par ailleurs la
création d’une école technique des mines. Quelle est notre ambition ? Celle de
créer une véritable filière minière d’excellence nationale voire internationale !
En déployant une offre de formation de haut niveau pour les métiers
d'ingénieur dans le secteur minier, nous permettons aux Guyanais de bénéficier
directement des retombées de l’exploitation minière.
o les peuples autochtones :
Pour permettre aux peuples autochtones de voir leurs droits respectés, je
suis fière d'avoir signé un accord de portée historique en leur faveur.
Je sais que le mot est souvent galvaudé et pourtant, il prend tout son sens
lorsqu’on s’intéresse au contenu de cet accord.
Mesure la plus symbolique et la plus forte, la cession par l’Etat de
400 000 hectares de terres aux peuples autochtones est une avancée
considérable : cette mesure leur permettra de mener une existence conforme à
leurs aspirations.
Nous créons par ailleurs un Office Foncier des Populations
Amérindiennes pour qu’elles puissent gérer comme elles le souhaitent ces terres.
Comme le prévoit la Loi Egalité Réelle Outre-mer, elles pourront également
disposer de représentants participant à la Commission Départementale des
Mines.
Le logement :
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Conscients qu’il nous faut unir nos forces pour agir rapidement en matière de
logement, nous allons organiser des Assises de l’Aménagement et de la
Construction Durables en Guyane. L’ensemble des acteurs du logement, du
bâtiment et de la ville – publics comme privés - se réunira pour penser la ville au
sein du territoire et agir de concert.
o La pêche :
La Guyane dispose d'une zone économique exclusive (ZEE) d'une superficie de
126 000 km² et de stocks non surexploités qu’il convient de valoriser.
La lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée en provenance
du Suriname, du Guyana et du Brésil, est donc l'une des priorités de l’État afin
de préserver les intérêts des pêcheurs guyanais. C’est pourquoi cet accord
accorde de nouveaux moyens, humains et matériels, à la lutte contre la pêche
illégale à la fois à la frontière Est et à la frontière Ouest.
Un fonds de redémarrage de l’activité, doté de 2 M€, sera par ailleurs mis en
place.
o l’énergie :
En matière d'énergie, l'accord que nous avons conclu développera les projets
hydroélectriques et de biomasse. Il permettra au territoire de se rapprocher d'une
production électrique 100% d'énergies renouvelables à l'horizon 2030.
Vous le voyez, nous sommes ambitieux pour la Guyane : ce territoire sera un
territoire-pilote au niveau national et international en matière de développement
durable !
o le BTP :
Entre 2012 et 2016, le parc locatif social guyanais est passé de 12 600 à 16 100
logements, soit une progression de 27,8 %, presque trois fois supérieure à celle
de la France hexagonale. Il faut néanmoins aller plus loin. C’est le sens de
l’accord en 7 points que nous avons signé.
J’aimerais insister sur un point : la réservation d’un pourcentage de la Ligne
Budgétaire Unique pour les projets sur le Maroni où la croissance
démographique est la plus forte. A Maripasoula, par exemple, l'augmentation
annuelle de la population est évaluée à 7,7 %, soit plus de trois fois la moyenne
guyanaise et presque 17 fois la moyenne nationale ! L’Etat sera pleinement au
rendez-vous pour assurer la construction de logements sociaux et intermédiaires
aux habitants du Maroni.
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Nous avons par ailleurs convenu d’organiser des réunions mensuelles pour veiller à la mise en
œuvre rapide de l’Opération d’Intérêt National (OIN). L’OIN permet, je le rappelle, la cession
de foncier par l’Etat et la construction de logements sociaux à loyers minorés par la suite :
c’est un dispositif nous permettant d’aller vite et c’est donc un dispositif parfaitement adapté à
la Guyane.
o éducation routière
Les services de l’Etat maintiendront tous les postes d’inspecteurs du permis de
conduire sur le territoire et s’engagent à pourvoir rapidement les postes lorsque
besoin est. La sécurité des centres d’examen du permis de conduire sera par
ailleurs renforcée.
Ces accords enrichissent et complètent le plan d’urgence. Ils permettent en
particulier de lever de nombreux blocages administratifs qui entravaient le
développement économique de la Guyane.
Lors de notre dernière rencontre, le Collectif, par la voix de Michaël MANCE, a
acté qu’il y avait des avancées « satisfaisantes » dans l’ensemble des domaines.
Mes collègues de l’Education et de la Santé se sont par ailleurs engagées dans
leurs champs d’action respectifs et vont détailler leurs actions.
Il s’agit de deux thématiques essentielles pour les Guyanaises et les Guyanais.
Aujourd’hui nous actons les résultats des travaux, qui ont fait l’objet d’un
consensus. Nous demeurons ouverts au dialogue.
Nous aurions pu dire que nous nous arrêterions à ce que nous avions proposé et
acté (le plan d’urgence ; les plans sectoriels, fruits de débats riches et
constructifs) mais nous souhaitons poursuivre le travail. Il s’agit d’un gage de
considération des Guyanaises et des Guyanais car le retard accumulé doit être
pallié.
3. Le Plan de convergence de la Guyane :
Nous savons que nous ne pouvons tout régler tout de suite et qu’il nous faut
encore travailler sur la durée : il nous faut construire ensemble, patiemment, sur
le long-terme l’avenir de la Guyane.
Vous le savez, j’ai récemment défendu au Parlement la Loi Egalité Réelle
Outre-mer, votée à l’unanimité au Parlement.
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Cette loi prévoit que chaque collectivité d’Outre-mer puisse définir au sein d’un
plan de convergence une stratégie de développement économique et social sur le
long-terme.
Chaque plan de convergence – et c’est un point auquel je suis particulièrement
attachée – sera co-construit par l’Etat et l’ensemble des acteurs locaux :
socioprofessionnels, société civile, organisations syndicales et associatives… Il
est fondamental que nos politiques publiques soient co-construites avec le
territoire.
Grâce à ce travail d’écoute et de dialogue, les spécificités et les atouts de la
Guyane pourront être pleinement pris en compte au service de son
développement et de sa croissance. J’invite d’ores et déjà chacune et chacun à se
saisir de cette opportunité qu’est le plan de convergence pour réfléchir aux
besoins et aspirations de la Guyane à horizon de dix ou quinze ans.
--Mesdames, Messieurs,
Le gouvernement s’est puissamment mobilisé pour la Guyane.
Entre le plan d’urgence, présenté hier matin, et le plan de convergence, c’est un
soutien de l’Etat à court, moyen et long-terme pour le territoire.
Vous l’avez compris, des chantiers sont sur la table comme celui du plan de
convergence. J’appelle chacune et chacun à travailler pour la finalisation de ces
projets importants.
Le collectif m’a fait part de sa confiance et c’est sur cette confiance que nous
avons bâti les avancées majeures pour le développement de la Guyane, entérinée
aujourd’hui en Conseil des ministres.
Le travail continue depuis Paris et je compte sur le sens des responsabilités du
collectif pour le faire aboutir et permettre aux jeunes Guyanais de retrouver le
chemin de l’école, pour permettre aux services publics de fonctionner à nouveau
normalement, pour permettre à la Guyane de décoller dans un élan commun et
positif.
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