la presse bulgare – n°3869 - Ambassade de France en Bulgarie

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Mercredi 21 janvier 2015
AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
LA PRESSE BULGARE N°3869
LE DISCOURS
ROSSEN PLEVNELIEV :
« J’ŒUVRERAI POUR QUE 2015 SOIT
L’ANNEE DES REFORMES »
L’ANALYSE
CENSURE PAR LA COMMISSION DE
CONTROLE FINANCIER : UN USAGE
INDU DU DROIT EUROPEEN
LE COMMENTAIRE
L’ISLAMISME : CHOC DES
CIVILISATIONS OU CONFLIT AU
SEIN DE L’ISLAM ?
LE DISCOURS
ROSSEN PLEVNELIEV :
« J’ŒUVRERAI POUR QUE 2015 SOIT
L’ANNEE DES REFORMES »
Lors d’une longue conférence de presse,
donnée aujourd’hui, le président de la
République Rossen Plevneliev a présenté
son bilan à l’issue de la troisième année de
son entrée en fonction. En voici quelques
extraits.
« Les trois premières années de mon
mandat se sont déroulées sous le signe
d’importants défis, rencontrés pour la
première fois dans notre histoire
démocratique : la plus grave crise
économique et financière mondiale depuis
quatre-vingts ans, la crise la plus grave au
sein de l’UE depuis sa création des pays
et des banques ont fait faillite, la
démagogie et le nationalisme en Europe
ont pris de l’ampleur, des valeurs
fondamentales de l’UE ont été mises en
cause. En Bulgarie, nous traversons une
combinaison de crises politique,
démographique, économique et sociale.
Nous avons vu une vague de protestations
[…], un acte terroriste sur notre sol natal,
une pression migratoire d’ampleur
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inconnue, le taux de confiance le plus bas
des citoyens dans les institutions,
l’opposition et le revanchisme les plus forts
entre les leaders politiques. 2014 était une
année d’instabilité politique, d’élections
législatives anticipées, de déficits énormes,
de faillite d’une banque, de gel des fonds
européens, de sanctions et de dégradation
nette des relations entre l’UE et la Russie,
une année d’importantes inondations,
accidents industriels et naturels […].
La combinaison de multiples et différentes
crises, extérieures et intérieures, a généré
de l’instabilité dans le pays. Les citoyens,
les investisseurs et les marchés sont
inquiets. Les secteurs non réformés
dévorent le peu de ressources publiques
Durant les derniers mois de 2014, nous
avons vu une nouvelle approche de la part
des forces politiques : le dialogue […]. Il
est temps de démontrer que la démocratie
bulgare est mûre pour des coalitions
efficaces reposant sur des principes. […]
Je veux encourager le gouvernement à
entreprendre sans plus tarder les réformes
indispensables… 2013 était l’année de
l’énergie citoyenne, 2014 l’année de
l’instabilité extrême. J’œuvrerai pour que
2015 soit l’année des réformes.
Le président a une voix forte, il peut
montrer la direction. […] En tant que
président, je cherche la concorde et la
continuité sur les objectifs nationaux… Un
bon exemple en est l’accord absolu atteint
en février dernier sur les priorités du
programme national de développement
« Bulgarie 2020 » […].
Je travaille en dialogue avec la société
civile. Je sers les citoyens et non les élites
politiques. […] Je défends une position de
principe sur les questions sensibles d’ordre
politique intérieur ou extérieur la crise
ukrainienne, South Stream, le jugement
porté sur le régime communiste en
Bulgarie, les agents des services secrets
communistes, etc. Nous nous sommes
dressés contre l’oligarchie en mettant en
place des critères nets de gestion des
deniers publics et en prenant une position
de principe contre la tentative de nommer
un oligarque médiatique à la tête de la
DANS. Je ne suis pas le président d’un
parti ou autre, mais des citoyens. J’ai
soutenu les revendications justes de la
société civile et je me suis rangée de son
côté. Lorsque la société a posé la question
« Qui ? », j’ai retiré ma confiance dans les
gouvernants et j’ai désigné par leurs noms
les responsables de cet acte par excellence
de la politique en trompe-l’œil. Le chef de
l’Etat est censé unir la nation, mais cela ne
veut pas dire qu’il doit rester passif ou
fermer diplomatiquement les yeux sur les
problèmes, les turpitudes et les crises dans
l’Etat. En tant que président, j’ai une
position, j’indique les problèmes qui ne
sauraient être résolus si l’on ne les nomme
pas. J’agis sans émotions et de façon
pragmatique, malgré les attaques dirigées
contre moi. Je m’intéresse non aux
batailles gagnées, mais au maximum de
résultats sensés au profit de l’Etat. Je ne
veux pas être un président fort, mais un
président utile à la société.
J’ai initié un referendum sur le changement
des règles de scrutin en vue de promouvoir
la démocratie directe. Je veux que la voix
du peuple soit entendue et non achetée.
Plus de 570 mille citoyens ont soutenu
cette pétition en quelques semaines…
Malheureusement, la majorité à la 42e
Assemblée nationale a fait fi de ce
referendum et de ces citoyens. Je
continuerai à travailler pour que cette
initiative aboutisse.
La démocratie est un processus et non un
objectif. Nous devons être actifs pour
défendre nos valeurs. […] Pour en finir une
fois pour toutes avec la transition
manipulée, mais aussi avec la véritable
transition entamée il y a 25 ans, il faut que
le communisme et ses services secrets
entrent de façon objective dans les livres
scolaires et les musées. Il faut nous unir sur
la vérité sur le communisme, sur le bien et
le mal, pour nous soulager et marcher de
l’avant. […] Voilà pourquoi j’ai lancé
l’idée d’un musée consacré au « XXe siècle
de la Bulgarie » et j’ai mis en œuvre
l’initiative « 25 ans de Bulgarie libre ».
[…]
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Pour moi, le véritable héros de l’année
dernière est la société civile bulgare. Elle
s’est montrée de loin plus mûre que la
classe politique, d’une sensibilité
impeccable à l’égard de tout acte
malhonnête et de toute manipulation
politique. La société civile en Bulgarie est
le vrai garant du développement
démocratique européen du pays et je ne
cesserai pas de la soutenir par tous les
moyens. […] »
L’ANALYSE
CENSURE PAR LA COMMISSION DE
CONTROLE FINANCIER : UN USAGE
INDU DU DROIT EUROPEEN
Dernièrement, on observe des tentatives
d’utiliser des lois régissant la concurrence,
les établissements de crédit et le contrôle
financier pour exercer une pression sur des
médias se permettant la critique, constate
Nelly Ognianova (experte en matière de
médias et professeur de droit européen des
médias à l’Université de Sofia) dans son
blog elle explique comment la
Commission de contrôle financier (CCF)
exerce un contrôle sur les publications dans
les médias et leur inflige des sanctions
pécuniaires importantes (voir nos revues
des 15 et 20 janvier). Indignée par cette
pratique qui vise à faire taire les médias sur
d’importants sujets financiers par la peur
des sanctions pécuniaires, Mme Ognianova
se lance dans une analyse juridique de la
directive relative aux abus de marché que
la Bulgarie a transposée dans son droit
interne.
Le législateur européen a clairement
indiqué dans l’un des considérants de cette
directive que celle-ci respecte les droits
fondamentaux et observe les principes
reconnus par la charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne,
notamment dans son article 11 (visant le
respect de la liberté d’expression et
d’information) ainsi que par l’article 10 de
la Convention européenne des droits de
l’homme. Par conséquent, aucune
disposition de la directive ne vise à
restreindre la liberté de la presse ou la
liberté d’expression dans les médias et
n’empêche les Etats d’appliquer leurs
dispositions constitutionnelles dans le
domaine de ces libertés. La directive ne
constitue donc pas une base juridique
permettant une intervention avant de
chercher si un juste équilibre a été respecté
entre le droit fondamental d’un individu à
la liberté d’expression et le droit de
protéger l’intégrité des marchés financiers.
Ensuite, Mme Ognianova cite ce que la
directive entend par un comportement de
« manipulation de marché » et précise que
lorsqu’il s’agit de journalistes, la diffusion
d’informations doit être évaluée à la
lumière du respect des dispositions
relatives à leur profession sauf s’ils ne
tirent pas, pour eux-mêmes ou pour autrui,
un avantage ou un profit de la diffusion des
informations. Cela implique que la CCF ne
s’attribue pas le rôle d’une commission de
déontologie. Si elle s’en remettait à des
experts, aucun ne recommanderait
l’obligation de divulguer les sources
d’informations.
En outre, la CCF assure, dans un
communiqué sur son site, se conformer
dans l’exercice de sa politique de contrôle
aux orientations du Comité européen des
régulateurs des marchés de valeurs
mobilières (composé de représentants des
autorités de gulations nationales). L’une
de ces orientations stipule que la
manipulation du marché implique que la
personne diffusant les informations sache
que celles-ci sont fausses, trompeuses et
les diffuse afin d’induire en erreur. Par
conséquent, il incombe à la CCF de le
prouver en l’espèce.
Enfin, la loi régissant le contrôle financier
prévoit que la CCF rende publique la
politique qu’elle met en œuvre et la
pratique relative à l’application des textes.
Il reste à voir si une telle politique a jamais
été rendue publique et si celle-ci tient
compte des principes à respecter à l’égard
des journalistes.
(https://nellyo.wordpress.com)
LE COMMENTAIRE
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L’ISLAMISME : CHOC DES
CIVILISATIONS OU CONFLIT AU
SEIN DE L’ISLAM ?
Le journaliste bulgare d’origine irakienne
Mohamed Khalaf livre dans les colonnes
de 24 Tchassa ses réflexions nérées par
l’attentat contre la rédaction de Charlie
Hebdo à Paris et la remise en circulation
dans l’espace public de la notion de « choc
des civilisations », développée en 1993 par
Samuel Hungtington dans une étude de
lAmerican Enterprise Institute et
popularisée plus tard dans son livre du
même nom (1996).
A la différence du théoricien américain qui
estime que l’évolution sociale nous pousse
inévitablement vers un choc entre l’Islam
et l’Occident, M. Khalaf relève que
l’islam, dont on parle aujourd’hui, est
moins une religion qu’une interprétation
politique, salafiste et fondamentaliste, de la
doctrine religieuse. Une interprétation,
vouée à disparaître parce que ne répondant
pas aux évolutions de la société et à la
modernité. Mais de nos jours elle est
inculquée aux musulmans dès leur
naissance dans la famille, à l’école, dans
la société et finit par formater leur vision
du monde. L’Etat en est responsable dans
une large mesure parce qu’il a abdiqué ses
fonctions éducatrices, les laissant à des
institutions religieuses soumises au dogme
et aux superstitions.
Le conflit entre ces idées et courants de
l’islam, en décalage par rapport à la vie
moderne, et les exigences de la modernité
s’approfondit avec le développement de la
mondialisation et les énormes avancées du
monde occidental dans le domaine des
sciences et des techniques, de la médecine,
de l’économie et des sciences sociales.
Le sentiment de calage, d’inaptitude,
renforce le sentiment de marginalisation
chez les musulmans dont les sociétés sont
réduites au rang de simples consommateurs
de la civilisation chrétienne occidentale.
Bien qu’héritiers d’un passé historique
glorieux, symbolisé par le califat, la plupart
des musulmans se rendent bien compte de
l’absurdité de vouloir faire vivre les gens
d’aujourd’hui selon les normes des temps
anciens. Ils rejettent l’« Etat islamique »
proclamé par le « calife » autoproclamé
Abou Bakr al Baghdadi et sont prêts à
s’opposer aux terroristes. Mais les
musulmans doivent rejeter aussi la lecture
salafiste de la religion et se rendre compte
de l’état catastrophique de la société
islamique, résultat des orientations
extrémistes de leurs dirigeants.
Par conséquent, on assiste, d’une part, à un
conflit au sein de l’islam et, d’une autre, à
un conflit entre l’islam et le reste du
monde. Autrement dit, il n’y a pas de
conflit religieux entre l’islam et l’Occident.
D’après le dogme salafiste, Daech et les
autres formations de ce type sont les
véritables successeurs de la religion que les
sociétés arabes sont tenues d’adopter. Ces
organisations islamistes sont le fruit d’un
enseignement religieux rempli de haine
envers les non-musulmans, dispensé depuis
les écoles maternelles jusque dans les
facultés. Rien qu’au Pakistan, plus de
20 000 écoles religieuses enseignent la
haine et la violence contre les autres
religions ou minorités, ainsi que les
rudiments du terrorisme.
L’idéologie de la terreur s’est également
imposée dans le monde de l’islam grâce à
un ouvrage, paru il y a une dizaine
d’années « Gestion de la barbarie »
d’Abou Bakr Naji. Ce livre a joué un rôle
clé pour la formation des adeptes du
terrorisme. Marquant une crise de la
pensée islamiste, cette idéologie est liée à
l’interprétation littérale des textes appelant
à la violence (au détriment de leur lecture
éclairée prônée par l’islam pluraliste) et a
mené à la naissance de nombreux courants
fondamentalistes, salafistes ou djihadistes.
C’est cet islam fondamentaliste qui
représente une menace pour l’humanité
parce qu’il ne fait pas de différence entre
religion et politique. (24 Tchassa)
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